Deux trésors monétaires carolingiens: Saumeray (Eure-et-Loir), Rennes (Ille-et-Vilaine) - article ; n°7 ; vol.6, pg 262-305

Jean Lafaurie

Description

Revue numismatique - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 7 - Pages 262-305
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_NUMISMATIQUE
• Publié le: 01 janvier 1965
• Nombre de lectures: 46
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jean Lafaurie
Deux trésors monétaires carolingiens: Saumeray (Eure-et-Loir),
Rennes (Ille-et-Vilaine)
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 7, année 1965 pp. 262-305.
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Lafaurie Jean. Deux trésors monétaires carolingiens: Saumeray (Eure-et-Loir), Rennes (Ille-et-Vilaine). In: Revue
numismatique, 6e série - Tome 7, année 1965 pp. 262-305.
doi : 10.3406/numi.1965.935
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1965_num_6_7_935LAFAURIE Jean
DEUX TRÉSORS MONÉTAIRES CAROLINGIENS
SAUMERAY
(EURE-ET-LOIR)
RENNES
(ILLE-ET-VILAINE)
PL. XXIV-XXXI
Deux trésors de monnaies carolingiennes ont été récemment
découverts et sont presque intégralement conservés dans deux
dépôts publics. Ce fait est assez rare en France pour être mentionné.
En effet tous les trésors monétaires carolingiens découverts en
France — ils sont relativement nombreux — ont été dispersés
dès leur invention et la connaissance que nous en avons est due,
la plupart du temps, aux recherches faites postérieurement par des
collectionneurs qui, par chance, se sont révélés bien souvent des
numismates de talent. Peut-être est-ce d'ailleurs leur soif de
connaissance qui les a poussés à la reconstitution de ces documents
si importants pour l'histoire des vine-xe siècles.
Les inventaires de ces trésors ont été répertoriés par E. Gariel
en 1883 x, d'autres ont été publiés depuis, mais ces publications
restées semi-confidentielles dans une multitude de revues ou bulle
tins locaux, sont pour la plupart du temps ignorées des historiens
1. E. Gariel, Notes sur la classification des monnaies de la race carolingienne au
moyen des trouvailles. Ann. soc. fr. num. V, 1877-1881, p. 158-174. Du même auteur :
Les monnaies royales de France sous la race carolingienne, I, Strasbourg, 1883. Les
trouvailles de monnaies contenant des monnaies de Pépin le Bref et de Charlemagne
jusqu'à son couronnement comme empereur ont fait l'objet d'un ouvrage récent de
Hans Hermann Vôlckers, Karolingische Miinzfunde (751-800). Abhandlungen der
Akademie der Wissenschaften in Gôttingen. Philologisch-Historische Klasse, 3e série,
n°61, Gôttingen, 1965. DE SAUMERAY ET DE RENNES 263 TRÉSORS
et des numismates. Le Cabinet des Médailles s'est attaché, depuis
plusieurs années, à l'établissement de ce répertoire des trésors
médiévaux découverts en France : révisions des publications
anciennes, recherche des pièces des trésors dispersés, critique de
ces publications et ce répertoire rédigé avec une minutieuse et
savante compétence par notre collègue M. Jean Duplessy facilitera
grandement la connaissance de l'histoire économique du Moyen Age.
L'étude présentée ici doit beaucoup à ce répertoire dont nous
avons rédigé la partie carolingienne en collaboration avec
M. Duplessy.
Les deux petits trésors étudiés ici ont été découverts, l'un en
mai 1933 à Saumeray (Eure-et-Loir, ar. Châteaudun, с Bonneval)
au lieu dit Les Pâtures ou Les Mortœuvres. Il comprenait 63 deniers
dont 57 ont été acquis par Albert Sidoisne, ancien bibliothécaire
à l'École Coloniale, les cinq autres ayant été conservés par
Charles Marolles, entrepreneur de la ballastière de Saumeray, et
par un de ses ouvriers1. Le trésor fut légué par A. Sidoisne à la
Société « Les amis de Bonneval » qui le conserve dans les collections
de son Musée. Grâce à l'amabilité de M. Bernard Lecomte, secrétaire
de la Société, ce petit trésor a été déposé pour étude au Cabinet des
Médailles en 1962, où il a pu être nettoyé et inventorié.
Le second trésor a été découvert le 8 avril 1964 à Rennes
(Ille-et- Vilaine), place Saint-Melaine, à l'entrée du jardin du
Thabor, au niveau de la première fenêtre sud de la nef de l'église
Notre-Dame, à 50 cm. de profondeur dans les vestiges d'un
cimetière. Ce trésor a été déposé au Cabinet des Médailles le 11 avril
1964 par M. Buffet, directeur des services d'archives du dépar
tement d'Ille-et- Vilaine, qui a bien voulu communiquer un peu
plus tard trois pièces acquises aux ouvriers par M. Le Guél.
M. Bousquet, professeur à la Faculté des Lettres de Rennes, a pu
se procurer un nouveau denier qu'il s'est empressé de nous confier.
Quelques pièces ont-elles échappé aux recherches ? Dans son état
actuel le trésor de Rennes se compose de 132 deniers et 4 oboles.
Les efforts conjugués de Mlle Marie Berhaut, conservateur des
Musées des Beaux-Arts et d'Archéologie de Rennes, et de M. Buffet
ont permis l'acquisition, par le Musée de de 128 deniers
et 4 oboles de ce trésor d'une extrême importance, qui ont, grâce
à l'amabilité de Mlle Berhaut, été exposés à Paris lors de la célébra-
1. La découverte de ce trésor a été signalée par A. Sidoisne dans Bull. soc. Dunoise,
XVI, p. 207. 264 JEAN LAFAURIE
tion du centenaire de la Société française de numismatique1.
Il nous a paru intéressant de' confronter les inventaires de ces
deux trésors carolingiens enfouis dans l'ancienne Neustrie et de
rechercher ce qu'ils pouvaient apporter à la connaissance de la
monnaie carolingienne. L'achèvement du fichier central des
trésors médiévaux, le perfectionnement des méthodes non
destructives d'analyses des monnaies, permettront, dans l'avenir,
de rendre cette confrontation plus précise et il est heureux que ces
trésors soient conservés dans des dépôts publics.
Inventaires sommaires
I. — Trésor de Saumeray.
A. Type GRATIA DEI REX, monogramme de Karolus:
Angers 1
Blois 4
Chartres 2
Curli Sasoniens 1
Lisieux 1
Mans (Le) 6
Orléans 33
Rennes 1
Tours 5
B. Deniers au monogramme de Louis :
Tours 3
Total 57
Poids total : 99,05 g. ; poids moyen : 1,737 g.
II. — Trésor de Rennes.
A. Type GRATIA DEI REX, monogramme de Karolus :
Blois 1 denier 1 obole
Chartres 2 deniers
1. J. Lafaurie, Trésor découvert à Rennes le 8 avril 1964. Centenaire de la Société
française de numismatique, Hôtel des Monnaies, Paris, juin-septembre 1965, p. 253-255.
Une erreur typographique a fait omettre, p. 254, les monnaies de Tours dans la série
des pièces de Charles le Simple. DE SAUMERAY ET DE RENNES 265 TRÉSORS
Châteaudun 1 denier
Curli Sasonien 1
Mans (Le) 12 deniers
Orléans 25 1 obole
Rennes 23 deniers
Saint-Denis 1 denier
Senlis 1
Soissons 1 denier 1 obole
Toul 1
Tours 35 deniers
B. Monnaies de Charles, empereur :
Bourges 17 deniers
Nevers 1 denier
C. Monnaies au monogramme d'Eudes :
Bourges 1 denier
Tours 3 deniers
D. Monnaie au nom de Louis :
Metz 1 denier
E. Monnaie seigneuriale :
Brioude 1 denier
F. Monnaie italienne :
Pavie 1 denier
G. Monnaies anglaises :
Estanglie, St Edmond 3 deniers
H. Monnaie illisible :
Reims (?) 1 denier
Total 132 deniers 4 oboles
Poids moyen : le lot acquis par le Musée de Rennes, composé de 128 deniers
et 4 oboles pesait avant nettoyage 189,58 g., après nettoyage 180,51 g.
Il convient de déduire de ce poids total ceux de deux deniers faux dont il
ne reste que des pellicules pesant 0,40 et 0,12 g. et un denier brisé pesant
0,67 g. Le poids total doit donc être réduit à 178,92 g. pour l'équivalent
de 127 deniers (2 oboles étant prises pour 1 denier). Le poids moyen des
deniers en bon état est donc 1,408 g.
Les deux trésors sont composés, en majorité, de deniers à la
légende GRATIA D"l REX inscrite autour du monogramme de
Karolus, deniers dits, improprement, au « type de l'Édit de
9—1 266 JEAN LAFAURIE
Pîtres »1. La différence des poids moyens des deniers de ces deux
trésors, 0,329 g., différence qui provient essentiellement de ces
deniers majoritaires au type G DR2, montre une double évolution,
chronologique et inflationiste, que le calcul des dates d'enfouiss
ements permet de préciser.
Le trésor de Saumeray est composé de 54 deniers au type G DR
de poids élevé et de 3 deniers au monogramme de LVDOVICVS
frappés à Tours. Depuis la mort de Louis le Pieux, le 20 juin 840,
deux roi