Deux vieilles France en échauguette - article ; n°1 ; vol.5, pg 91-100
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1985 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 91-100
Two old Frances at watch towers. The wars of religion, Janine Garrisson.
From 1559 to about 1600, two Frances stood face to face. The most obvious break was the religious division and the confrontation between Catholics and Protes tants. But this Franco-French war can be interpreted as the continuation of older conflicts, those that opposed the North and the South, the inhabitants of cities and those of the countryside, the faithful supporters of royal power and the big feudal lords : two different political conceptions and two visions of society. This major conflict, which brought about 40 years of murders and plunder, seems to have been effaced from the collective memory of the French, which has retained only one event : the Saint Barthelemy day massacre. As if the horror of this massacre hid the very foundation of the wars of religion : the existence of several Frances, each refusing to listen to the other.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Janine Garrisson
Deux vieilles France en échauguette
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°5, janvier-mars 1985. pp. 91-100.
Abstract
Two old Frances at watch towers. The wars of religion, Janine Garrisson.
From 1559 to about 1600, two Frances stood face to face. The most obvious break was the religious division and the
confrontation between Catholics and Protes tants. But this Franco-French war can be interpreted as the continuation of older
conflicts, those that opposed the North and the South, the inhabitants of cities and those of the countryside, the faithful
supporters of royal power and the big feudal lords : two different political conceptions and two visions of society. This major
conflict, which brought about 40 years of murders and plunder, seems to have been effaced from the collective memory of the
French, which has retained only one event : the Saint Barthelemy day massacre. As if the horror of this massacre hid the very
foundation of the wars of religion : the existence of several Frances, each refusing to listen to the other.
Citer ce document / Cite this document :
Garrisson Janine. Deux vieilles France en échauguette. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°5, janvier-mars 1985. pp. 91-
100.
doi : 10.3406/xxs.1985.1117
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1985_num_5_1_1117DEUX VIEILLES FRANCE
EN ÉCHAUGUETTE
LES GUERRES DE RELIGION
Janine Garrisson
Le tocsin de la Saint-Barthélémy de 1559, s'établit dans le royaume une
sonne encore dans la conscience natio église construite à la genevoise, suivant
nale. Mais, au-delà de cet événement la théologie de Calvin. Son organisation
qui a fait choc, quarante ans de guerres est relativement démocratique. La paroisse
civiles et de tueries sans nom du 16e de la base est dirigée par son ou ses
siècle ont été effacés de la mémoire pasteurs qu'assistent les anciens : quatre
collective et n'ont guère été attisés plus ou six fidèles cooptés chaque année et
tard par d'autres feux. Serait-ce, nous chargés de la gestion administrative ainsi
dit Janine Garrisson, parce qu'il fallait que de l'ordre moral de la communauté ;
bien oublier la funeste tentation des cette église locale possède donc une grande
deux France, Nord contre Sud, Roi autonomie. Représentée aux colloques,
contre Grands, villes campagnes ? aux synodes régionaux et lorsqu'elle est
Les guerres de religion nous auraient- prestigieuse et populeuse, aux synodes
elles vaccinés contre, disait Montaigne, nationaux, la communauté se situe donc
« ces humeurs peccantes qui dominent au cœur d'une structure fédérale dans
notre corps » ? laquelle pasteurs et laïcs se partagent
l'autorité. Même un simple fidèle devient
partie prenante de l'ensemble puisqu'il
Un fait, monolithique, indéniable : peut mettre son veto à l'installation d'un
de 1559 à environ 1600, deux ministre et s'opposer à la désignation
France antagonistes se dressent d'un ancien. Ce système ecclésiastique,
face à face ; leurs rapports sont agressifs tellement différent de celui pratiqué par
et violents. Mais les failles zigzagantes l'Eglise romaine, s'officialise dans une
dans la masse se trouvent être si nomb sorte de constitution appelée Discipline.
reuses, si différentes de nature, qu'il Celle-ci ainsi qu'une Confession de foi serait plus juste de parler d'un royaume ont été rédigées lors du premier synode
brisé comme peut se briser un miroir national tenu en 1559 à Paris. Ces deux
où apparaissent de gros éclats mais où textes dressent l'ossature d'une nouvelle la surface restante se fendille en multiples Eglise, d'un nouveau réseau de croyances,
lignes de cassure. d'une manière neuve de penser les rap
ports de Dieu et de l'homme. Ici, à ce L'opposition majeure, la plus évidente
point, surgit le conflit, l'antagonisme aussi, comme la partie visible d'un ice
franco-français. berg, est l'opposition religieuse. A partir
91 ARTICLES
O LE SIGNE DE LA FIN DU MONDE La Charité, à Lyon, à Gaillac, à Toulouse,
à Bordeaux... en 1572, lors des Saint-
Dans les mentalités frottées de millé- Barthélémy, qu'elles se déchaînent. La
narisme des gens du 16e siècle, cette liste n'est pas exhaustive, elle peut être
installation du protestantisme représente prolongée jusqu'en 1621 et 1622 avant
comme un traumatisme. Cette religion que le roi n'affirme sa volonté de maîtriser
vécue comme hérésie, proclamée telle par par les armes et par la loi la minorité
les autorités catholiques, ayant désormais et donc d'accomplir, aux yeux du popul
aire, son devoir de Très- Chrétien. pignon sur rue, pourrait bien être l'un
des signes désastreux, avant-coureurs du
désastre ultime : la fin du monde, le
O L'ETRANGE BALLET DES GRANDS Jugement dernier ! Le huguenot, dès lors,
devient pour le catholique banal comme
« Autres étaient les pensées des un pestiféré, porteur de germes conta
suprêmes dominateurs », écrit d'Aubigné, gieux, propagateur et adepte d'une doc
il est vrai ! Parmi ceux-là, les grandes trine subversive qui rompt l'équilibre du
familles au sang bleu : celles qui siègent monde temporel. N'oublions pas que
de droit au Conseil du roi, celles qui toute « novelleté », fût-elle mince, voire
détiennent aux armées les hauts commanddérisoire, atteint ainsi les individus au
ements et en province les fonctions de vif de leur compréhension du monde.
gouverneur, celles qui ont toujours l'un Réflexe provoqué par la peur que vient
d'entre elles porteur d'une mitre épis- sous-tendre l'inévitable réflexe de
copale dans l'un des diocèses du royaume. défense ! Les habitants des villes et des
Cette haute noblesse qu'ont tenue en bourgs, les paysans aussi, confrontés aux
lisière François 1er et Henri II, alors hommes de l'autre croyance s'efforceront
qu'elle était présente sur le front des de les détruire. Les détruisant, ils en
diminuent le nombre et donc reculent le batailles contre les Habsbourg, n'a rien
perdu de son appétit de puissance ! Freiné danger planant de la fin du monde. Les
par la personnalité du premier Valois détruisant, ils accomplissent une sorte de
d'Angoulême, son désir éclate de contrôljustice populaire relayant celle du roi,
er la machine monarchique au travers inefficace ou incompétente. Les détrui
du souverain. Car l'instant s'annonce sant, purifiant dès lors le royaume, ils
favorable pour ces gentilhommes aux offrent à Dieu le sacrifice expiatoire
dents longues. Henri II vient de mourir destiné à l'adoucir. Alors on assiste, au
sur le sable du tournoi, son fils long des années de troubles, à des sou
François II, adolescent souffreteux, lui daines et meurtrières pulsions : les catho
succède pour un an de 1559 à 1560. liques tuent les religionnaires, ils les
Après lui, l'héritier de la couronne, âgé brûlent, les traînent à la voierie, les
jettent à l'eau, retrouvant les gestes immé d'à peine dix ans, ne peut encore régner,
c'est donc sa mère Catherine de Médicis moriaux du grand nettoyage rituel. Vio
que l'on charge de la régence. Une femme, lences en chaîne, violences contagieuses,
un enfant, quelle aubaine pour ces derc'est à Meaux, à Limoux, à Sens, à
niers féodaux. Tours, à Toulouse, à Gaillac en 1562, à
Rouen, à Dieppe, à Orange en 1571, à C'est donc sous couvert de religion
(ou sous couvert de politique ?) que Paris, à Troyes, à Meaux, à Orléans, à
92 LES GUERRES DE RELIGION
de nobles de bon lignage. En Gascogne,
se situent leurs châteaux et leurs manoirs,
mais aussi en Languedoc, en Cévennes,
en Vivarais, en Dauphiné, en Poitou, en
Aunis et Saintonge ; leur présence existe
d'une manière moins massive en Nor
mandie, Champagne, Ile-de-France. Très
Rome près privilégié l'aura protestants. popularité. leurs et Or l'étrange également s'effectue dans afin de executive, de la d'influer affidés l'Empire, seigneureries sont compris, la haute ballet personne honneurs, autour divisée Les les en sur assurant noblesse armée, des Guise, champions Parisiens de suscitant sa physique entre d'un Grands. dans se profits puissance disposant capables dès trouver est adorent trône le catholiques incontestés une lors du et Il à royaume p

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