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Conseil International des Architectes
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9, rue Borromée - 75015 Paris - Tél. 01 56 58 67 00 - Fax 01 56 58 67 01 - mail : ciaf@cnoa.com


Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains
(U.N.H.S.P.)




WORLD URBAN FORUM III
EME3 FORUM MONDIAL URBAIN

Vancouver, Canada, 19-23 Juin 2006




DEVELOPPEMENT LOCAL ET
SECURITE URBAINE
LIVRE BLANC POUR LA COHESION SOCIALE
PERPIGNAN – FRANCE – MAI 2006




Compte Rendu Post Forum
VERSION N 2



Le 17 août 2006

Georges WURSTEISEN, Architecte DPLG, Urbaniste
5, rue Henri Becquerel – Mas Guérido - 66330 CABESTANY
Tél : 04.68.66.89.56 – Fax : 04.68.67.38.42
georges.wursteisen@club-internet.fr





PERPIGNAN LA CATALANE www.mairie-perpignan.fr
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LE III FORUM MONDIAL DE VANCOUVER :
UN GRAND SUCCES


Il y a 30 ans, c’est ici en 1976 que la conférence Habitat I a réussi à faire reconnaître par les Nations Unies
les enjeux de l’urbanisation et de l’aménagement du territoire et le rôle des collectivités locales et s’est
engagée dans la lutte contre l’exclusion.
La troisième session du Forum Urbain Mondial qui se tient tous les 2 ans depuis 2002, a attiré près de
10 000 participants provenant de plus de 150 pays soit près du double de celle de Barcelone qui la
précède.
Avec une participation équilibrée du secteur public et de la société civile et un accroissement notable de la
participation du secteur privé, les ...

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Conseil International des Architectes Français 9, rue Borromée - 75015 Paris - Tél. 01 56 58 67 00 - Fax 01 56 58 67 01 - mail : ciaf@cnoa.com Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains (U.N.H.S.P.) WORLDURBANFORUMIII EME 3FORUMMONDIALURBAINVancouver, Canada, 19-23 Juin 2006  DE TE V E L O P P E M E N T L O C A L  S E C U R I T E U R B A I N ELI V R EBL A N C S O C I A L EC O H E S I O N L A P O U R PE R P I G N A N– FR A N C E– MA I2006Post ForumCompte Rendu  VERSION N 2 Le 17 août 2006 Georges WURSTEISEN, Architecte DPLG, Urbaniste 5, rue Henri Becquerel – Mas Guérido - 66330 CABESTANY  Tél : 04.68.66.89.56 – Fax : 04.68.67.38.42 georges.wursteisen@club-internet.fr PERPIGNAN LA CATALANE www.mairie-perpignan.fr
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LE III FORUM MONDIAL DE VANCOUVER : UN GRAND SUCCES Il y a 30 ans, c’est ici en 1976 que la conférence Habitat I a réussi à faire reconnaître par les Nations Unies les enjeux de l’urbanisation et de l’aménagement du territoire et le rôle des collectivités locales et s’est engagée dans la lutte contre l’exclusion. La troisième session du Forum Urbain Mondial qui se tient tous les 2 ans depuis 2002, a attiré près de 10 000 participants provenant de plus de 150 pays soit près du double de celle de Barcelone qui la précède. Avec une participation équilibrée du secteur public et de la société civile et un accroissement notable de la participation du secteur privé, les échanges sur la lutte contre l’exclusion et la misère, la protection de l’environnement, la responsabilité des collectivités locales et la participation des habitants ont été particulièrement fructueux. La recherche de démarches inclusives s’est poursuivie au cours de 6 dialogues, 13 tables rondes et plus de 160 séances de réseaux ainsi que dans les nombreux stands de l’exposition. Le doublement de la population des villes du tiers monde étant prévu d’ici 30 ans. Il a été regretté à diverses reprises que les généreuses déclarations dans les réunions nationales et internationales ne sont que trop rarement suivis d’effet sur le terrain sous la pression des intérêts économiques immédiats. La diversité des exemples de bonnes pratiques issues de toutes les parties du monde, même si elles sont encore trop rares, ont une grande valeur d’incitation pour ceux qui sont moins avancés mais nécessite une organisation de collecte et d’échange d’information encore trop insuffisante. En dépit des grandes différences notamment concernant les moyens d’intervention, entre pays en voie de développement et pays développés, il a été reconnu que la nature des besoins était très voisine. On a particulièrement souligné que des secteurs de pauvreté très vastes se maintiennent dans la plupart des pays développés. L’ampleur du phénomène des bidonvilles, les difficultés pour résorber l’habitat indigne, fournir les équipements et services publics de base nécessitent, à la fois le renforcement et l’efficacité de la solidarité Nord Sud, mais aussi l’amélioration de l’organisation des administrations locales et de leur coopération avec la société civile, des modes de financement innovants qui mobilisent les capacités locales, des procédures nouvelles de planification urbaine, qui intègrent les initiatives individuelles et collectives des habitants, dans toute leur diversité. Divers exemples ont en effet démontrés que l’aménagement urbain, l’amélioration de l’habitat et la fourniture des services de base, constituent en outre, une puissante incitation au développement économique et social qui dépasse sensiblement l’effet induit par l’ampleur des investissements engagés.Il est apparu au Nord comme au Sud que la mobilisation des femmes et des jeunes devait être largement accentuée et les procédures équilibrées de partenariat public privé, multipliées.
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Les principaux thèmes abordés étaient : -Inclusion et cohésion sociale - Sécurité urbaine - Partenariat et finance - Croissance urbaine, environnement et énergie. La relation entre sécurité urbaine, inclusion et cohésion sociale, développée dans de nombreuses séances, sous de multiples aspects, est apparue l’une des préoccupations majeure de cette manifestation. Plusieurs organisations ont présenté leurs recherches, orientations et activités sur ces questions. Des colloques spécialement consacrés à ce sujet ont déjà eu lieu récemment notamment dans le cadre de « Safer Cities Programme » de UN-Habitat dans la plupart des régions du monde. En même temps que WUF III s’est tenu à Vancouver le Forum Mondial pour la Paix 2006 dont le sous-titre était « Cités et Communautés, travaillons ensemble pour mettre fin à la guerre et construire un monde juste, pacifique et durable ». J’étais invité à une manifestation parallèle placée sous le patronage du Forum Mondial de la Paix, de YMCA (les jeunes pour la paix), Youcan (Youth Canada Association) : « Des initiatives locales pour la paix ». Cette rencontre internationale de jeunes avait pour objet de montrer comment les collectivités locales peuvent contribuer à la réconciliation entre communautés opposées. Parmi les sujets abordés en effet, une grande place était accordée aux difficultés de relations sur un même territoire d’une majorité de population de culture relativement homogène et unifiée avec des minorités attachées à préserver leur culture d’origine (immigrés, aborigènes, nomades, minorités ethniques, religieuses ou culturelles etc.…). La présentation que j’ai faite des actions engagées par la municipalité de Perpignan, dans le cadre du Livre Blanc pour la Cohésion Sociale et du Programme de Rénovation Urbaine qui répondait exactement à ce type de problème, a suscité de nombreux commentaires et questions. Après ceux de Paris en 1991, Naples ème en 2000, se tiendra à Sarragosse les 2, 3 et 4 novembre 2006, le 3 Forum Européen pour la Sécurité Urbaine. En conclusion, le message implicite qui m’est apparu destiné aux participants du Forum serait le suivant : L’économie rurale et les modes d’échange du passé, qui ont suscité le premier essor des villes et la grande diversité des organisations sociales et des cultures, structurent encore la vision du monde de nos contemporains et les opposent trop souvent. Pour favoriser les intérêts d’une minorité de privilégiés, la mondialisation qui transforme profondément les conditions de vie sur l’ensemble de la planète, tend à imposer un modèle de civilisation qui détruit la variété des paysages et des milieux naturels et efface l’histoire des peuples qui les habite. Le renouvellement urbain des villes existantes et un développement durable des nouvelles cités offrent une occasion remarquable de tisser des modes de coopération et de relation entre les hommes et l’environnement qui tiennent mieux compte, à la fois de la diversité des milieux, des hommes et de l’évolution du monde.
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QUELQUES ENSEIGNEMENTS RETIRES DE LA CONFERENCE DE VANCOUVER Suite à ma proposition d’intervention transmise aux organisateurs de la Conférence WUF III sur le phénomène des violences urbaines tel qu’il se manifeste dans les banlieues françaises depuis près de 25 ans, j’ai participé à plusieurs tables rondes, dialogues ou commissions. Le thème de la Sécurité Urbaine est apparue un sujet d’actualité pour de nombreux pays et donne lieu à des études, recherches et expérimentations variées. Cela m’a permis de prendre contact avec d’autres organisations et experts pour des contacts ultérieurs. Je me bornerai ici à présenter les enseignements retirés de la lecture d’un ouvrage publié récemment au Canada par une des conférencières rencontrées lors de mon exposé à la bibliothèque de Vancouver dans le cadre d’une table ronde sur le thème « Des Initiatives pour la Paix : le rôle des collectivités ». L’objet de cette rencontre internationale était de montrer que les collectivités locales peuvent contribuer à promouvoir la non violence et la paix et comment mettre en œuvre un programme dans ce but. Après nos exposés, j’ai eu un entretien avec Madame Jessie Sutherland, l’auteur de « Worldviewskills », qui connaît bien Montpellier et nous avons convenus de rester en contact. J’ai été très impressionné par l’importante bibliographie relative au thème de la résolution des conflits et de la réconciliation, au fait que la plupart des œuvres citées qui sont canadiennes aient été publiées depuis sans que, à ma connaissance il n’y ait aucune démarche équivalente en France.moins de 10 ans La lecture de cet ouvrage m’a rappelé l’étonnement que j’ai éprouvé au début des années 90 en découvrant les premiers textes anglo-saxons en faveur du développement durable. Ma culture d’intellectuel de gauche à la française était trop marquée par un concept de la lutte des classes pour imaginer la moindre amélioration de justice sociale sans un combat acharné des classes défavorisées contre les détenteurs de l’ordre établi. Or l’examen des travaux et recherches effectuées depuis 25 ans sur le problème des banlieues m’avait déjà convaincu que parmi leurs causes résidait sans doute le défaut de prise en considération de la gravité du problème par les pouvoirs publics, l’ampleur des résistances de l’opinion et des Medias à l’intégration, mais aussi la diversité d’origine des populations de notre pays et la dégradation croissante des conditions de vie des catégories les plus démunis. Je pensai qu’il était donc illusoire d’espérer mettre un terme aux « désordres » constatés sans examen commun des relations dans l’histoire, sans reconnaissance commune de la nécessité de corriger les erreurs passées et sans mettre en œuvre un programme concret de réajustement du niveau de vie. Or comme un tel programme implique la perte de certains privilèges et avantages pour les classes et les institutions actuellement dominantes, je craignais que leur opposition résolue n’interdise toute évolution positive de manière pacifique. Cependant, quand on récapitule le nombre et l’ampleur des échecs qui ont à moyen et à long terme depuis un siècle accompagné toutes les mesures, déclarées en faveur du progrès et de l’humanité, mais prises sans aucune concertation et imposées par la force et la violence, le moment est peut être venu de s’interroger sur le bien fondé de telles procédures et explorer des voies nouvelles. Depuis que Gandhi a popularisé les principes de la non violence, leur efficacité pour mettre un terme à des conflits a été démontrée en maintes circonstances. Toutefois, le nombre et la violence des affrontements qui opposent non seulement des pays voisins mais aussi les membres d’une même communauté, témoignent de l’impact limité qu’a eu jusqu’à présent une telle démarche.
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L’ouvrage de Jessie Sutherland a l’intérêt de montrer qu’ici où là, l’application des principes de la non violence a permis, au moins dans un cadre limité, de mettre un terme à certaines oppositions .Sans doute cela n’aurait pu se faire sans remise en cause des convictions des diverses parties sans l’élaboration en commun d’une stratégie appropriée et sans un minimum de tolérance de la part des institutions établies. Si avec le soutien du CIAF et le concours du Programme de Rénovation Urbaine de Perpignan j’ai eu la possibilité de rédiger et de présenter à la Conférence WUF III à Vancouver le rapport sur le « Développement Local et Sécurité Urbaine – Livre Blanc pour la Cohésion Sociale, Perpignan, Mai 2006 », c’était dans le double but de montrer que: - à l’échelle d’une agglomération de 100 000 habitants, une ville peut réagir au phénomène de violence urbaine tel qu’il s’est manifesté dans le nombreuses banlieues depuis près d’un quart de siècle en France . - si, sous d’autres formes et pour d’autres raisons, mais toujours en raison des effets pervers de la globalisation, ce phénomène existe dans la plupart des métropoles du monde, la confrontation, l’échange de connaissances, d’expérience et de savoir faire est indispensable et son traitement doit se faire conjointement au niveau local et au plan global. Les extraits de l’ouvrage qui ont été traduits ou les résumés de certains passages joints ci-après ont été retenus parce qu’ils me paraissent de nature à élargir la vision trop limitée dans notre pays du malaise des banlieues et suggérer des modes d’approches nouveaux intégrant de telles préoccupations. La confrontation de la procédure engagée par la Municipalité de Perpignan, avec les réflexions, expériences et propositions avancées dans cet ouvrage, nous paraît témoigner de la richesse de telles rencontres et de la nécessité de les poursuivre et de les faire connaître.
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« WORLD VIEWS SKILLS » « HARMONISER LES CONCEPTIONS DU MONDE » TRANSFORMER LES CONFLITS DE L’INTERIEUR VERS L’EXTERIEUR JESSIE SUTHERLAND Traduction et résumé de quelques extraits : G. Wursteisen « Mon espoir est que cet ouvrage aide à clarifier ce que signifie une réconciliation authentique, puisse offrir des conseils pratiques et surtout renforce et élargisse le réseau de ceux qui oeuvrent pour un monde plus paisible et plus juste. Dans ce but, je souhaite recevoir de nombreuses contributions et réactions à l’adresse suivante :jessie@worldviewstrategies.com» PREFACE Le monde a beaucoup à apprendre sur la manière de réconcilier les peuples indigènes et leurs colonisateurs c'est-à-dire ceux qui subissent l’oppression avec ceux qui les oppriment. Le livre de Jessie Sutherland est peut être l’approche qui permettra à la cicatrisation des plaies et la réconciliation nécessaire. Elle peut être l’étincelle qui apporte une paix réelle, l’équilibre et l’harmonie entre les parties réconcilie le Canada et les aborigènes. Je partage entièrement le point de vue de Jessie Sutherland qu’au cœur de la réconciliation pour passer d’un système de domination et de mépris à un système de coopération et de respect mutuel, il faut conduire parallèlement un processus de transformation sur le plan personnel et sur le plan politique. Un grand nombre de plaies sont restées trop longtemps ouvertes pour qu’un processus approprié de réconciliation soit encore reporté. Le cœur, l’âme, l’esprit et la vitalité des populations aborigènes du Canada ont été trompés et exploités trop longtemps. Dieu soit loué pour leur résistance ! Mais à présent, se manifeste un mouvement de protestation et de revendication dans la communauté aborigène. Ils réclament la reconnaissance de leur origine et de leur histoire. Ils défendent leur langue, leur culture ainsi que leurs institutions politiques spécifiques. Ils sont fiers de leur héritage riche et fécond. Y a-t-il jamais eu meilleure occasion qu’à présent pour exprimer un respect mutuel entre nos 2 cultures ? Le Canada devrait tirer les enseignements de ses erreurs, notamment les églises. Les idées de Jessie Sutherland sont d’actualité et son livre devrait aider les parties à concevoir des stratégies conduisant à la réconciliation. Parmi les 4 pierres de touche choisies par Jessie Sutherland, l’harmonisation des conceptions du monde est la plus fondamentale dans la mesure ou celles des aborigènes sont enfin reconnues. Il y a longtemps que j’ai pris conscience de l’impact destructeur que les conceptions dominantes peuvent exercer sur les cultures minoritaires. J’ai toujours pensé que la seule manière de l’éviter était de favoriser une acceptation mutuelle de nos différences. Le livre de Madame Sutherland le confirme de la façon la plus convaincante. C’est par le contact, d’homme à homme, de famille à famille, communauté par communauté qu’elle nous fait comprendre qu’il n’y a pas d’autres moyens d’atteindre une véritable réconciliation.  CHEF ROBERT JOSEPH Chef héréditaire de la Première Nation Gwa Wa Enuk, Président de l’Alliance Américaine Aborigène pour la Paix et la Réconciliation, Conseiller du Gouvernent Fédéral pour les « Ecoles Résidentielles », Ancien Président de la Société des Anciens Elèves des Ecoles Résidentielles Indiennes de Colombie Britannique et de diverses organisations ayant des buts analogues.
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TERMINOLOGIE RECONCILIATION L’idée à la base de ce livre est que pour obtenir une réconciliation on doit s’engager dans un processus à la fois au plan individuel et politique de substitution, d’un système de domination à une relation de compréhension mutuelle. Je suggère de prendre appui sur les 4 pierres d’angle suivantes : Identifier la conception du monde propre à chaque partie, dépasser le cycle de l’opposition offenseur-offensé, entreprendre un vaste programme de réformes sur le plan social, mettre en œuvre un programme d’évaluation dans le temps du processus engagé et des résultats obtenus. CONCEPTION DU MONDE Pour moi, ce terme est l’équivalent de « Monde », Organisation du Monde ou Cosmologie. J’ai retenu la définition de Thomas Berry pour lequel chaque culture se caractérise par ses relations avec le reste de l’univers, ses origines et de la manière dont les relations humaines se situent dans un ensemble plus vaste. HARMONISATION DES CON IONS DU MONDE Jayne Docherty souligne le caractère métaphorique de la conception du monde qu’exprime mieux un verbe qu’un nom parce qu’il s’agit d’un processus en évolution permanente .C’est pour la même raison que Michèle Le Baron suggère que nous devons nous engager dans une pratique où nous devons accorder notre conception du monde avec nos actes. La réconciliation étant un processus destiné à passer d’un système de domination à des relations de coopération volontaire et respect mutuel, comme Docherty je pense qu’un verbe exprime mieux la diversité des conceptions du monde. PLURALITE DES CONCEPTIONS DU MONDE Je m’inspire du sens que Raimon Panikkar et Robert Vachon donnent à « pluralisme ». Le concept de pluralité fait référence au nombre des concepts qui peuvent être différenciés dans la pensée logique. D’autre part, ce terme se réfère à la diversité radicale et a la multiplicité des croyances qui définissent la relation de l’homme à l’univers. La notion de pluralisme tient compte de la diversité des relations à la vérité, de perception du réel et de la manière dont chaque communauté exprime ses croyances. RIGIDITE ET FLEXIBILITE DES CONCEPTIONS DU MONDE Ce sont les termes employés par Mary Clark pour décrire la capacité d’une culture à adapter sa conception du monde à l’évolution. Dans ce livre, je les utilise également pour décrire le rejet systématique de toutes différence dans les conceptions du monde. Dans ce contexte, le flexibilité est étroitement liée au pluralisme dans la mesure où c’est la capacité d’accepter les différences tout en restant fidèle à sa conception du monde. Je m’inspire du sens que donne à la culture Kalpana Das pour inclure à la conception du monde les structures de la société et ses manifestations les plus visibles telles que coutumes, langage, alimentation, habitat et technologies. C’est pourquoi dans ce livre, la culture occidentale ne fait aucune référence à la diversité des populations vivant dans l’hémisphère occidental mais plutôt à la conception du monde commune dans la majorité des institutions et modes de vie occidentaux. Alors que dans le passé la culture occidentale a été centrée, à l’origine sur la terre puis plus tard sur Dieu, Thomas Berry démontre que les fondations actuelles sont centrées sur l’homme et que la terre est au service de l’homme.
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RENOVATION DES CULTURES OCCIDENTALES Il n’est pas dans mes intentions de suggérer que les civilisations anciennes sont le moyen ultime d’organiser les affaires humaines mais plutôt de faire le bilan des dégâts causés au cours des derniers siècles par les cultures occidentales et la nécessité d’opérer un réajustement entre ce que nous savons et la manière d’organiser les affaires humaines en conséquence. En utilisant le terme re-civilisation, je situe l’état actuel des affaires publiques dans le contexte de l’essor et la disparition des civilisations décrit par Arnold Toynbee : « Study of History » 1955. Dans cet esprit, les changements sociaux peuvent être analysés dans le cadre de la désintégration de l’ère des lumières. Par conséquent, je suggère la réconciliation comme une théorie du changement pour préparer la naissance d’une ère nouvelle plus conforme avec notre connaissance de l’univers et l’organisation des affaires humaines. 2 EXPERIENCES INTERESSANTES Prenant appui sur diverses expériences canadiennes récentes vécues, l’auteur cite également de nombreux travaux théoriques et comptes rendus d’activités dans le but de réconcilier des communautés trop longtemps opposées un peu partout dans le monde. LE PROJET D’UNE PIECE DE THEATRE POUR LE VILLAGE D’ENDERBY ET LE CANTON Une troupe de théâtre professionnel travaille dans une commune pendant un certain temps et crée une pièce sur la communauté pour la communauté et essaie de faire participer le plus grand nombre de membres de la communauté, le texte est rédigé d’après l’expérience vécue de la population locale. Soudain, il apparaît aux yeux de la troupe que jusqu’à présent, personne n’a pensé à intégrer au spectacle de représentants de la communauté de la première nation. Cela reflète bien le fait que jusqu’à présent, cette communauté n’a que des relations très limitées avec la communauté euro canadienne. Après diverses négociations, on a réussi à impliquer dans le spectacle les 2 communautés qui ont chacune contribué fortement à élaborer le texte concernant leur histoire. Le spectacle a eu un grand succès et a contribué fortement à créer un lien durable entre des communautés qui se sont trop longtemps ignorées. L’HISTOIRE D’UN ECHANGE DE JEUNES ENTRE QUEBECOIS FRANCOPHONES ET INDIENS CREES Suite à une tentative de camp entre jeunes issus des mêmes communautés l’an précédent qui avait été un échec, l’auteur de l’ouvrage était chargé d’organiser une nouvelle expérience du même type. Les premiers contacts furent difficiles à cause de la conception du monde trop rigide des jeunes francophones. Ils ne pouvaient admettre d’autre conception du monde que la leur que comme inférieure ou erronée et s’efforçaient par tous les moyens d’imposer la leur. Comme Nudler l’explique dans sa thèse, la conception du monde propre à chaque culture répondant à un besoin de sens fondamental chez l’homme, celui qui s’appuie sur une conception du monde très rigide se sentira menacée par toute cosmologie différente. Plutôt que de se poser des questions sur la pertinence de sa propre culture, il est plus facile de dénigrer et d’essayer de dominer les autres. Le personnel d’encadrement du camp préparé à ce type de relation offenseur- offensé a réussi à vaincre les oppositions en rappelant le processus historique qui a conduit les 2 communautés à l’état actuel de leur relation, en aidant les 2 groupes à développer un sens de curiosité et d’ouverture et à identifier les points positifs et les points négatifs de chaque communauté.
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CONCLUSION Jessie Sutherland est très consciente des difficultés à surmonter pour mettre un terme, entre populations d’origine diverse, à un conflit et surtout pour amorcer un processus de réconciliation authentique. Trop de procédures hâtives inadaptées, manipulations diverses, et malversations prétendument engagées dans ce but se sont soldées par de cuisants échecs. N’ayant, en aucune manière, réduit les sources des conflits et des tensions, ni porté remède aux revendications, elles ont au contraire trop souvent perpétué et même aggravé des formes d’injustice et d’abus de pouvoir, quand elles n’en ont pas créées de nouvelles. L’auteur ne manque pas de citer un certain nombre de témoignages qui confirment que la gestion d’un processus qui conduise à la paix ne saurait reposer que sur de bonnes intentions. Il implique une grande rigueur dans la définition des objectifs et leur respect, mais aussi vigilance et ouverture d’esprit des intervenants dans l’examen, l’évaluation et le traitement de l’évolution de la procédure engagée. Au cœur de toute réconciliation se trouve un processus de changement social à grande échelle de l’intérieur vers l’extérieur. Passer d’un système de domination à une relation de respect mutuel doit être effectué en même temps au niveau des individus et des institutions .Aussi longtemps qu’une des parties se refusera à engager le processus, il est inutile de vouloir brusquer les choses. Trop souvent dans leur hâte de mettre de l’ordre dans le chaos et un terme à des conflits, de nombreuses initiatives d’instances internationales se sont soldées par des échecs parce qu’au lieu de tenir compte de l’histoire, des spécificités culturelles et des initiatives locales, on a préféré imposer des solutions et des méthodes occidentales. De toute façon, comme elle le déclare, recourir à la force pour mettre fin à un conflit dont les origines sont profondes, lointaines et complexes ne peut qu’aggraver le cycle offenseur- offensé comme on le voit après l’intervention des USA en IRAK. Jessie Sutherland, les auteurs qu’elle cite et les exemples qu’elle donne, témoignent sans doute de la nécessité de réformes sociales susceptibles de corriger les abus, privilèges et inégalités les plus criantes mais aussi de créer une culture commune qui intègre les diversités héritées de l’histoire. COMMENTAIRE Le cadre de l’ouvrage cité est bien sûr trop limité pour que la question du règlement pacifique des conflits entre communautés partageant un même territoire puisse être traité dans toutes ses dimensions et lui apporter une solution globale. Dans un pays et à un moment où la valeur attachée à la diversité culturelle contestée par ceux qui craignent les dangers du communautarisme, il a cependant intérêt de rappeler que la loi du plus fort, le pouvoir centralisé même exercé de la façon la moins autoritaire, n’ont qu’une efficacité limitée dans l’espace et le temps si les divers groupes constituant la société n’ont pas acquis le minimum de reconnaissance de leur identité qui conditionne des relations intercommunautaires équilibrées et leur intégration dans une collectivité plus vaste.
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