Dynamique des systèmes techniques et «capitalisme» : le cas de l'industrie électrique en France, 1880-1939 - article ; n°3 ; vol.19, pg 387-410

François Caron

Description

Histoire, économie et société - Année 2000 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 387-410
Abstract This article analyses the effects of emergence and development of electricity on the organization of capital markets and financial institutions. At first, large corporations have superseded the small enterprises, initially created. Then holdings companies have been founded able to gather capital to finance the development of electrical firms.
Résumé Cet article analyse les effets de l'émergence et du développeront de l'électricité sur l'organisation des marchés et des institutions financières. Dans une premier temps, de grandes entreprises ont remplacé les petites sociétés initialement créées. Dans un second temps, ont été fondées des sociétés holding capables de rassembler des capitaux pour financer le développement des firmes électriques.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 2000
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Extrait

François Caron
Dynamique des systèmes techniques et «capitalisme» : le cas
de l'industrie électrique en France, 1880-1939
In: Histoire, économie et société. 2000, 19e année, n°3. pp. 387-410.
Résumé Cet article analyse les effets de l'émergence et du développeront de l'électricité sur l'organisation des marchés et des
institutions financières. Dans une premier temps, de grandes entreprises ont remplacé les petites sociétés initialement créées.
Dans un second temps, ont été fondées des sociétés holding capables de rassembler des capitaux pour financer le
développement des firmes électriques.
Abstract This article analyses the effects of emergence and development of electricity on the organization of capital markets and
financial institutions. At first, large corporations have superseded the small enterprises, initially created. Then holdings companies
have been founded able to gather capital to finance the development of electrical firms.
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Caron François. Dynamique des systèmes techniques et «capitalisme» : le cas de l'industrie électrique en France, 1880-1939.
In: Histoire, économie et société. 2000, 19e année, n°3. pp. 387-410.
doi : 10.3406/hes.2000.2125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2000_num_19_3_2125DYNAMIQUE DES SYSTEMES TECHNIQUES
ET «CAPITALISME» : LE CAS DE L'INDUSTRIE
ÉLECTRIQUE EN FRANCE 1880-1939
par François CARON
Résumé
Cet article analyse les effets de l'émergence et du développeront de l'électricité sur l'orga
nisation des marchés et des institutions financières. Dans une premier temps, de grandes entre
prises ont remplacé les petites sociétés initialement créées. Dans un second temps, ont été
fondées des sociétés holding capables de rassembler des capitaux pour financer le développe
ment des firmes électriques.
Abstract
This article analyses the effects of emergence and development of electricity on the organi
zation of capital markets and financial institutions. At first, large corporations have superseded
the small enterprises, initially created. Then holdings companies have been founded able to
gather capital to finance the development of electrical firms.
Pour Schumpeter le capitalisme n'était qu'une forme particulière prise par
la société commerciale, fondée sur la libre entreprise et la propriété privée.
Elle ajoutait à ces deux caractères le financement des entreprises, et plus spé
cialement des entreprises innovantes, par le crédit bancaire, ce qui, pour
Schumpeter, était la source de l'inflation durant la période de prospérité du
cycle. Mais la force propulsive du changement et de l'accumulation était l'i
nnovation. Elle rendait possible un renouvellement perpétuel des sources de la
demande. Bien loin d'être un frein à l'innovation, la concentration des entre
prises et la formation de profits monopolistiques devaient jouer un rôle positif
dans le processus de croissance à long terme. Ils en étaient même le plus puis
sant instrument. À partir de cette problématique deux questions se posent :
celle des conditions de l'émergence des nouvelles technologies, celle des
conditions de leur diffusion et de leur développement, par le biais de leur
financement. On ne peut répondre à ces deux interrogations qu'en intégrant
dans l'analyse les concepts élaborés par les historiens des techniques et en éta
blissant une relation concrète entre l'évolution des nouvelles technologies et
les conditions institutionnelles et sociales de leur émergence et du financement
de leur développement.
HES 2000 (19e année, n° 3) 388 Histoire Economie et Société
Le concept de système technique s'est imposé comme un instrument d'ana
lyse nécessaire à la compréhension de l'histoire des techniques. Il repose sur la
constatation d'une étroite solidarité ou interdépendance entre les différentes
filières. Faut-il rappeler la définition qu'en donnait Bertrand Gille en 1978?
«À la limite, en règle très générale, toutes les techniques sont à des degrés
divers, dépendantes les unes des autres, et il faut nécessairement entre elles
une certaine cohérence : cet ensemble de cohérences aux différents niveaux de
toutes les structures de tous les ensembles et de toutes les filières compose ce
qu'on peut appeler un système technique». Nathan Rosenberg a lui aussi insisté
sur l'importance des «interdépendances», en 1979 l. Il nous semble possible
d'établir une liaison forte entre cette vision proprement technique de l'interd
épendance et la vision d'une structure économique soumise à la loi de «l'inte
rdépendance générale» décrite par Leontief, comme définissant «les relations
qui unissent les différents secteurs d'une économie nationale telles qu'elles
apparaissent au travers des covariations des prix, des productions, des investi
ssements et des revenus»2. Anne Carter affirmait en 1970 : «It is the composit
ion of interindustry sales that mirrors most directly the effects of changing
technology and the organisation of production» 3. Les transformations des
structures intersectorielles ne font que refléter les modifications intervenues
dans les structures de la demande finale dues à l'émergence et au développe
ment de la consommation de nouveaux produits. L'innovation de produit pré
cède dans le cycle des produits une innovation de procédés qui rend possible
sa diffusion. Ainsi s'impose une triple cohérence, entre le changement tech
nique et la mobilité des structures intersectorielle et de la demande finale.
Une autre cohérence, mise en valeur par les théoriciens des cycles de pro
duits, s'établit entre les systèmes techniques et les systèmes d'organisation, de
production et de financement des entreprises. L'émergence des nouvelles tech
nologies résulte des initiatives d'entrepreneurs innovants, prises dans une
atmosphère d'intense concurrence. La concentration ultérieure des entreprises
résulte de la recherche d'économies d'échelle, comme de la volonté de contrôl
er le développement des techniques et des marchés. Mais les particularités de
chaque secteur dans ce domaine, qu'il s'agisse du degré ou de la rapidité de la
concentration, sont largement déterminées par les caractères originaux de la
technologie. La concentration est une conséquence naturelle d'un besoin crois
sant de financement lié à une évolution de plus en plus capitalistique de la André Strauss note fort justement que : «dans un contexte institu
tionnel donné historiquement et spatialement déterminé, il existe une relation
entre certaines des caractéristiques techniques et commerciales permanentes et
les modalités de leur financement».
1. N. Rosenberg, «Technological Interdépendance in the American Economy», Technology and Culture,
January 1979, p. 25-50.
2. Voir F. Caron, «Histoire économique et dynamique des structures», L'Année sociologique, 1991,
n°41,p. 107-128.
3. A. Carter, Structural Change in the American Economy, Cambridge, Mass, 1970, p. 4.
HES 2000 (19e année, n° 3) des systèmes techniques et «capitalisme» 389 Dynamique
L'hypothèse d'une complémentarité entre système technique et structures
économiques, permet de définir une «dynamique des structures», c'est-à-dire
d'analyser, dans le cadre du système capitaliste, les conditions du passage
d'un système à l'autre. Le processus peut se décomposer en deux temps :
celui de l'émergence, dans le système ancien, de nouvelles technologies, celui
de leur mise en cohérence, à la suite d'un processus de recomposition, qui
concerne à la fois la technologie et le système économique et social. Afin de
donner une base concrète à notre analyse, nous avons choisi de décrire le
«passage», à la fin du xixe et dans la première partie du XXe siècle, du systè
me technique de la première révolution industrielle à la seconde, en concent
rant notre attention sur le secteur de l'électricité et en insistant plus
particulièrement sur l'exemple français. L'histoire de l'électricité joue un rôle
central dans la descrip