En et y : deux clitiques pronominaux antilogophoriques - article ; n°97 ; vol.25, pg 51-81
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Description

Langages - Année 1990 - Volume 25 - Numéro 97 - Pages 51-81
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Nicolas Ruwet
En et y : deux clitiques pronominaux antilogophoriques
In: Langages, 25e année, n°97, 1990. pp. 51-81.
Citer ce document / Cite this document :
Ruwet Nicolas. En et y : deux clitiques pronominaux antilogophoriques. In: Langages, 25e année, n°97, 1990. pp. 51-81.
doi : 10.3406/lgge.1990.1574
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1990_num_25_97_1574Nicolas RUWET
Université de Paris VIII
En et y : deux clitiques pronominaux antilogophoriquee *
à Shigeyuki Kuroda
1. Considérons les exemples suivants, où les mots en italiques sont censés être coréfé-
rentiels : '
(1) a. Emile pense que Sophie J'aime.
b.espère que /'aimera un jour.
c. Emile souhaite que Sophie /'aime un jour.
(2) a. pense que Sophie est amoureuse de lui.
b. Emile espère que tombera amoureuse de lui.
с É—mile souhaite que Sophie tombe de lui.
Toutes ces phrases sont acceptables dans l'interprétation indiquée. Jusqu'ici, rien que de
très banal : /' (le) en (1), lui en (2), sont des pronominaux, ou pronoms de type P. Alors
que les « anaphores » (par exemple les réfléchis) 2, ou pronoms de type A, doivent être
« liés » dans leur « catégorie gouvernante minimale » (la subordonnée dans « * Emile
pense que Sophie s'aime »), les pronominaux doivent être « libres » dans leur catégorie
gouvernante minimale \ mais ils peuvent avoir un antécédent dans la même phrase, hors
de cette catégorie. La théorie du Liage de Chomsky (1981, 1986) est censée rendre compte
de ces possibilités et impossibilités (pour un bon résumé de la théorie du Liage, voir
l'article d'Anne Zribi-Hertz dans ce numéro, section 2).
En et y, clitiques comme le [la /les /lui fleur, ont été très généralement traités comme des
pronominaux ; mais alors que le, etc., sont des pro-N" 4, en et y sont des pro-P", non
marqués pour le nombre, le genre et la personne 5 : en correspond à de N", et y à à N" (ou
à préposition de lieu + N") 6.
* J'ai commencé ce travail en automne 1985, en réation à la lecture d'un article, resté inédit, de
Guy Carden et Béatrice Lamiroy (1985). Depuis, Béatrice Lamiroy a rédigé, seule, un article sur le
même sujet (Lamiroy, 1988). Il sera beaucoup question de cet article ci-dessous, et on verra que mon
analyse est fort différente. Mais j'ai une grande dette de reconnaissance envers Béatrice Lamiroy,
car, si je n'avais lu ces deux travaux, et si je n'avais été très frappé par une ou deux observations
que Béatrice m'avait communiquées à l'époque, il est douteux que je me sois jamais intéressé à la
question ici traitée. Béatrice Lamiroy est donc, au plein sens du terme, |if|XT|p xoû éuoû Xóyou.
Le comportement particulier de en et de y qui fait l'objet de cet article rappelle, en l'inversant,
celui des « réfléchie à longue distance » ou « pronoms logophoriques » (voir Hagège, 1974 ; Cantrall,
1974 ; Kuno, 1987 ; Sells, 1987 ; et bien d'autres, ainsi que l'article d'Anne Zribi-Hertz dans ce
numéro) — d'où mon titre.
Le sujet que je vais traiter pose un problème de données très délicat. Je ne m'y étais pas mis
depuis longtemps quand j'ai commencé à me méfier de mes propres jugements d'acceptabilité. J'ai
donc pris le parti de rédiger une longue liste d'exemples (six pages), vierge d'astérisques, points
d'interrrogation, etc., que j'ai distribuée à un certain nombre d'amis linguistes, en leur demandant
51 Les grammairiens se sont souvent demandés si, et dans quelles conditions, en et y
peuvent avoir un antécédent humain. Il suffit de feuilleter les livres de Sandfeld (1965),
Pinchon (1972), Togeby (1982), pour être édifié : en et y peuvent avoir des antécédents
humains dans toutes sortes de contextes (comparer (2) et (3)) ; ils peuvent même avoir des
7 : antécédents de la première ou de la deuxième personne (cf. (4))
(3) a. Jean-Jacques a présenté Emile à Sophie. Elle est tout de suite tombée
amoureuse de lui.
b. Jean- Jacques a présenté Emile à Sophie. Elle en est tout de suite tombée
amoureuse.
(4) a. Il me parla de vous comme je veux qu'on en parle (Guez de Balzac),
b. Il m'a parlé de moi je en parle.
с Ne parlons pas de moi, veux-tu ? — Mais si, parlons-en (Paul Bourget).
Les sujets parlants, il est vrai, refusent souvent d'accepter des phrases, ou des fragments
de discours, où en/y sont censés prendre un antécédent humain. Je me contenterai pour
d'y indiquer leurs jugements. À mon heureuse surprise, la plupart m'ont répondu, certains joignant
des commentaires à la liste, certains aussi y ajoutant les jugements de collègues ou d'étudiants. Je
les remercie tous chaleureusement. Voici leurs noms : Jean-Claude Anscombre, Georges Bohas,
Jean-Paul Boons, Andrée Borillo, Pierre Cadiot, René Coppieters, Benoît de Cornulier, Annie
Coupas, Daniel Couquaux, Laurence Danlos, Marc et Mireille Dominicy, Alain Guillet, Béatrice
Lamiroy, Christian Leclère, Françoise Letoublon, Jean-Pierre Maurel, Annie Meunier, Philip Miller,
Marie-Louise Jean- Yves Pollock, Moreau, Liliane Claude Tasmowski Muller, Michèle De Ryck, Noailly, Claude Lélia Vandeloise, Picabia, Mireille Yves Van Piot, Peteghem, Marc Plénat, Cyril
Veken, Anne Zribi- Hertz, plus quelques anonymes. Du beau monde, assurément.
Je note en général les jugements d'acceptabilité en termes tranchés : OK ou l'astérisque. Il faut
les prendre relativement : toutes choses égales, telle phrase est meilleure que telle autre. Souvent, je
m'abstiens même de recourir à tout signe diacritique, si la discussion qui accompagne les exemples
indique clairement ce qu'il faut en penser.
J'ai fait, d'une manière plus sommaire, plusieurs exposés sur ce sujet : au Séminaire de syntaxe
avancée de Paris VIII (automne 1985), à l'Universitaire Instelhng Antwerpen (janvier 1986), à
Toulouse-le Mirail (février 1986), au Colloque sur le Lexique-Grammaire des Langues Romanes (La
Croix-en-Touraine, septembre 1986), à l'Université de Venise (novembre 1986), à New York
University, à l'Université du Québec à Montréal et à l'Université d'Ottawa (mars-avril 1987), à
l'Université de Lille (décembre 1987), et, tout récemment, à nouveau au Séminaire de syntaxe
avancée de Paris VIII. Parmi tous ceux qui sont intervenus et m'ont éclairé par leurs remarques et
leurs critiques (et outre ceux dont les noms figurent ci-dessus), je tiens à remercier spécialement
Guglielmo Cinque, Daniele et Pierre Corbin, Walter De Mulder, Paul Hirschbuhler, Nunzio La
Fauci, Paul Pupier, Georges Rebuschi, et Cari Vetters. J'ai une dette spéciale envers Anna Faure,
pour son soutien moral et logistique. Enfin, Marc Dominicy, Georges Kleiber, Liliane Tasmowski,
Jean-Marc Tixier, et Anne Zribi-Hertz ont lu la première version de cet article, et leurs observations,
dont on trouvera des traces ci-dessous, m'ont beaucoup aidé à rédiger la version « finale ». Que ceux
que j'oublie me pardonnent.
Je dédie cet article à mon vieil ami Shigeyuki Kuroda, grand pionnier des études sur les
« réfléchis à longue distance » (voir, entre autres, Kuroda, 1965, 1973, 1979). J'espère que Yuki me
pardonnera mon absence, due à la maladie, du Festschrift bien mérité que lui offrent ses amis (voir
Georgopoulos et Ishihara, éds., sous presse).
[Cet article était trop long, paraît-il, et les éditeurs du numéro m'ont sommé de le raccourcir.
Plutôt que de charcuter le texte, j'ai pris le parti de supprimer les notes, qui étaient fort
nombreuses ; de bons juges me disent qu'on peut à la rigueur s'en passer. Mais j'ai maintenu les
appels de note, ainsi que, dans les références, les titres qui n'étaient mentionnés que dans les notes
— sinon je serais injuste envers des auteurs dont les travaux m'ont été utiles. Mes lecteurs pourront
donc s'amuser à essayer de reconstituer les notes ; quoi qu'il en soit, je leur présente d'avance toutes
mes excuses. Je m'engage d'ailleurs à envoyer une photocopie des notes à qui prendra la peine de me
le demander.]
52 le moment de suggérer une explication que je crois assez générale, et qui relève plutôt
d'une théorie de la performance q

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