Encore Vorganium et Vorgium  - article ; n°1 ; vol.62, pg 181-201
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Annales de Bretagne - Année 1955 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 181-201
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Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 21
Langue Français
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Extrait

Monsieur Pierre Merlat
Encore Vorganium et Vorgium
In: Annales de Bretagne. Tome 62, numéro 1, 1955. pp. 181-201.
Citer ce document / Cite this document :
Merlat Pierre. Encore Vorganium et Vorgium . In: Annales de Bretagne. Tome 62, numéro 1, 1955. pp. 181-201.
doi : 10.3406/abpo.1955.1979
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1955_num_62_1_1979■
D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE 181 NOTICES
ENCORE VORGANIUM ET VORGIUM
Le nom de Vorganium nous est donné par certains
manuscrits de Ptolémée II, 8, 5, dans son énumération des
peuples de la province de Lugdunaise, comme étant celui
de la capitale des Osismes (1). Mais la Table de Peutinger
(2) mentionne, d'ailleurs sans vignette de capitale et en de
hors du territoire des Osismes qui y sont à tort localisés au
nord de la Seine, la station de Vorgium placée sur la voie
de Iuliomagus-Angers à Gesocribate-Brest ? par Dartori-
tum = Dariotitum-V annes et Sulim = Suli s -Castennec.
C'est pourquoi si certains auteurs n'ont pas admis
l'équivalence des deux noms et, se fondant pour la plupart
sur un argument philologique insoutenable (3), ont dissocié
Vorgium qu'ils identifiaient à Carhaix, et Vorganium qu'ils
prétendaient chercher sur la côte (4), la plupart des érudits
cl) Kai zs'asutixIoi (sur la côte N. de l'Armorique) ol [J-iy^pi to'j Tcëotiov
à.Y.pMTYipi.ov '0<Tt<7p.iot, wv Tronic Ovopyiviov (17°40' de longitude, 50°10' de
latitude). Variantes : Ovo pyov, Oùopyôviov, 'Qpyiviov.
(2) Cf. éd. E. Desjardins, 1869, segm* I, A ; Jullian, dans Rev.
et. anc, XIV, 1912, pi. I, segm* I, 1.
(3) A savoir que Vorgium devait être rattaché à gwor — pays haut,
élévation, tandis que Vorganium représentait, avec une mutation du
m en v, le celtique morgan = maritime. Opinion soutenue pour la
première fois, semble-t-il, par Lejean, en 1851 (cf. G. Lejean, An
nuaire soc. d'émulat. de Brest, 1851 = Notice histor. sur Carhaix,
p. 2; Ch. de la Monneraye, Mém. Ass. bret., 1883, p. 34-5), qui pla
çait Vorgium à Carhaix et Vorganium à Morlaix. — Une explication
philologique aussi fantaisiste est proposée par l'auteur de l'article
Carhaix du Diction. d'OGÉE (nlle édition revue et augmentée par
Marteville et Varin, I, 1843), p. 148, qui, identifiant d'ailleurs Vor
ganium et Vorgium, prétendait reconnaître dans Vorgium la même
racine que dans voraginium, voraginosum, « exprimant un lieu plein
de gouffres et d'ouvertures » !).
(4) Par ex., E. Halléguen, qui, après avoir songé à Douarnenez
pour Vorganium, proposa finalement Brest (L'Armor. bret., celt.,
rom., chrét., 1865, p. 120, 132). E. Desjardins, éd. de la Table de Peut
inger, p. 29, semblait accepter l'explication philologique de Lejean,
mais quoique doutant que Vorgium fût Vorganium, il se contentait
d'écrire : « Vorgium ou Vorganium Osismiorum ? postea Osism^i =.
Ker-Ahès-Carhaix ». 182 NOTICES D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE
ont pendant longtemps presque unanimement admis que
Vorganium et Vorgium (le second toponyme leur paraissant
être une forme syncopée du premier) désignaient un seul et
même site (5); cependant tandis que la majorité d'entre eux
localisaient la capitale des Osismes à Carhaix (Fin.), où ils
connaissaient des vestiges gallo-romains relativement nom
breux (6), d'autres, soit fausse interprétation toponymique,
soit trop stricte appréciation ou correction erronée des
coordonnées fournies par Ptolémée, la plaçaient à Coz-
Guéaudet, près de Lannion (7), dans la région de Tréguier
ou de Saint-Pol-de-Léon (8) ou même à Concarneau (9).
Quant à la commission de la carte des Gaules, si elle accept
ait de voir dans Carhaix l'ancien Vorganium, elle songeait
pour Vorgium à Aquitonia = Locmaria en Ergué-Armel,
près de Quimper.
Tout fut remis en question lorsque R.F. Le Men (10)
crut pouvoir lire à la dernière ligne de la borne militaire
de Kerscao en Kernilis (Fin.), la mention : Vorgan(ium)
m(ilia) p(assuum) VIII (octo) (11) et, complétant la lec
ture donnée par R. Mowat (12) de la dernière ligne de la
borne milliaire de Maël-Carhaix (C.-d.-N.) (13), la trans
crivit : (a) Vorg(io) leug{ae) VI (sex). De cette seconde
(5) Entre autres, A. de Valois (Valesius), Notitia Galliarum, 1675,
p. 394; d'Anville, Notice de l'une. Gaule, 1760, p. 720; Walckenaer,
Geogr. anc. histor. et comparée des Gaules, 1839, I, p. 379; Bizeul,
dans Assoc. bref., I, p. 9 et s.; IV, 1852, p. 107 et s.
(6) D'Anville, le Président de Robien, A. de Caumont, Bizeul.
(7) N. Sanson; il s'agit du Coz-Yaudet mod., en Ploulec'h (sur le
site, cf. Gallia, 1954, p. 155-6; sur le nom, cf. J.-L. Fleuhiot, Notices
d'arch. des An. de Bref., LXI, 1954, p. 328 et s.).
(8) Valois, Le, p. 395.
(9) Walckenaer, op. c, I, p. 379-80; III, p. 58, qui proposait plus
précisément Keverguen, près de Concarneau, dont la graphie exacte
était d'ailleurs Kervéguen sur la carte de Cassini; il est probable
qu'il orthographiait Keverguen pour mieux faire sentir la liaison
présumée avec Vorganium.
(10) R.F. Le Men, Rev. arch., n1Ie série, XXV, 1873, p. 267 et s.;
XXIX, 1875, p. 78 et s.; Assoc. bret., 1873, proc.-verb., p. 57 et s.;
BSAF, II, 1874-75, p. 18 et s.; III, 1875-1876, p. 108 et s.
(11) CIL XIII 9016.
(12) R. Mowat, Assoc. bref., 1873, proc.-verb., p. 62 et s. ; Rev.
arch., XXVII, 1874, p. 1 et s.
(13) CIL XIII 9013. D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE 183 NOTICES
indication il déduisait, en effet, que Vorgium était bien
Carhaix puisque la distance entre cette ville et Maël-Carhaix
est d'environ 11 km. 400 (14) ; mais l'emplacement où fut
découvert le milliaire de Kerscao étant éloigné de Carhaix
d'environ 70 kilomètres, alors que son inscription suggérait
une distance de + 11 km. 832 de cet emplacement à Vorga-
nium, il lui parut évident que Vorganinm, la capitale osis-
mienne selon Ptolémée, ne pouvait être Carhaix, contraire
ment à ce qu'on avait le plus souvent admis.
C'est pourquoi, reprenant l'hypothèse qu'il fallait voir
dans Vorgan l'équivalent par mutation du celtique mor-
gan, Le Men fut amené à chercher Vorganium sur la côte
même et le fixa, à 11.783 mètres de Kerscao, sur le site de
l'oppidum gaulois de Coz-Castel-Ac'h, près duquel semblait
aboutir la voie romaine qui, partant de Carhaix, passait
à Kerscao (15). Il estimait d'ailleurs qu'une telle localisa
tion convenait parfaitement à un peuple qu'il croyait avoir
vécu surtout de la mer, et correspondait à l'indication de la
Notitia dignitatum (16) mentionnant Osismi comme statio
nnement du praefectus militum Maurorum Osismiaco-
rum (17), ce qui le déterminait en outre à supposer que
la voie qui, sur la Table de Peutinger, mène de Iiiliomagus
à Gesocribate par Vorgium, avait en réalité son terminus à
Vorganium, Gesocribate n'étant en fait que le
d'un embranchement non indiqué comme tel.
La démonstration de Le Men parut un temps pleinement
convaincante et, à la suite de la commission de la topogra-
(14) Au lieu des 13 km. 332 auxquels correspondent 6 lieues. Mais
Le Men faisait justement remarquer que le milliaire n'avait pas été
retrouvé in situ, mais dans le cimetière du bourg où on l'avait trans
porté, à une époque indéterminée, d'un emplacement de la voie
romaine Carhaix-Erquy (ou Cor seul), qu'on ne peut fixer avec exac
titude (BSAF, II, 1874-1875, p. 43-4).
(15) Dans la commune de Plouguerneau (Fin.), à l'entrée de l'Aber
Vrac'h, sur une péninsule dépendant du village du Run; cf. R.F. Le
Men, BSAF, II, 1874-1875, p. 29-32; Rev. arch., XXIX, 1875, p. 79-81.
(16) Not. dign. occ, XXXVII, 1. 17, éd. Seeck, 1876 = éd. Bôcking,
1840, p. 107, B, 3.
(17) La défense du tractus armoricanus ne pouvant être, à ses
yeux, qu'une strictement côtière. 184 NOTICES D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE
phie des Gaules, E. Desjardins admit que si le Vorgium
de la Table de Peutinger pouvait être effectivement localisé
à Carhaix, le Vorganium de Ptolémée ne pouvait être cher
ché que dans les parages de Coz-Castel-Ac'h (18). Mais
Ch. de La Monneraye contesta cette dissociation (19) et
proposa de lire l'indication de distance fournie par le
milliaire de Kerscao, non : VIII (mille pas), mais XL... (mille
pas), ce qui lui permettait de ramener Vorgan

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