Enlèvements et restitutions des tableaux de la galerie des rois de Sardaigne (1798-1816). - article ; n°2 ; vol.153, pg 459-481
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Enlèvements et restitutions des tableaux de la galerie des rois de Sardaigne (1798-1816). - article ; n°2 ; vol.153, pg 459-481

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1995 - Volume 153 - Numéro 2 - Pages 459-481
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicole Gotteri
Enlèvements et restitutions des tableaux de la galerie des rois
de Sardaigne (1798-1816).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1995, tome 153, livraison 2. pp. 459-481.
Citer ce document / Cite this document :
Gotteri Nicole. Enlèvements et restitutions des tableaux de la galerie des rois de Sardaigne (1798-1816). In: Bibliothèque de
l'école des chartes. 1995, tome 153, livraison 2. pp. 459-481.
doi : 10.3406/bec.1995.450785
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1995_num_153_2_450785ENLEVEMENTS ET RESTITUTIONS DES TABLEAUX
DE LA GALERIE DES ROIS DE SARDAIGNE
(1798-1816)
par
Nicole GOTTERI
La recherche et l'enlèvement d'oeuvres d'art effectués en Italie au cours des guerres
dont ce pays fut le théâtre sous le Directoire et au début du Consulat ont fait l'objet
de nombreuses études 1. Les opérations conduites en ce sens dans la péninsule ont
diversement retenu l'attention suivant l'importance des Etats et la qualité des col
lections. L'exemple du Piémont, où la galerie de Savoie à Turin fut seule concer
née, malgré l'existence de travaux anciens2 souvent repris, mérite d'être à nou
veau considéré à partir de sources différentes.
1. Les principales études sont, pour la France, celles de Paul Gaffarel, L'annexion du
Piémont à la France en 1798, dans La Révolution française, t. 2, 1890, p. 289-315 et
507-537 ; Charles Saunier, Les conquêtes artistiques de la Révolution et de l'Empire : reprises
et abandons des alliés en 1815..., Paris, 1902; M.-L. Blumer, La commission pour la r
echerche des objets de sciences et arts en Italie (1 796-1 797), dans La Révolution française,
t. 87, 1934, p. 62-88, 124-150 et 222-259, article qui reprend en partie le travail publié
par Eugène Müntz, Les annexions de collections d'art ou de bibliothèques et leur rôle dans
les relations internationales, principalement pendant la Révolution française, dans Revue d'his
toire diplomatique, t. 8, 1894, p. 481-497; t. 9, 1895, p. 375-393; et t. 10, 1896,
p. 481-508 ; Angus Heriot, Les Français en Italie, 1 796-1 799, trad, de l'anglais par Jacques
Brousse, Paris, 1961; Ferdinand Boyer, Les responsabilités de Napoléon dans le transfert
à Paris des œuvres d'art de l'étranger, dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1964,
p. 241-262; Gianni Carlo Sciolla, Trasformazioni e continuità délie instituzioni artistiche e
del dibattito sulle « Belle Arti » in Piemonte fra Antico Regime ed età giacobina, dans Dal
trono all'albero délia Liberia, Atti del convegno, Torino, 11-13 settembre 1989, Rome, 1991,
t. II, p. 693-702.
2. Dès le milieu du XIXe siècle, un ouvrage fut publié par J.-M. Callery, La galerie royale
de peinture de Turin, Le Havre, 1854. Mais les travaux essentiels demeurent ceux d'Ales-
sandro Baudi di Vesme publiés dans Le gallerie nazionali italiane, notizie e documend, anno III,
Rome, 1897, p. 14-19, repris Catalogo délia regia pinacoteca di Torino, Turin, 1909,
p. 13-18. Les conclusions de cet auteur se retrouvent dans de nombreuses publications pos
térieures, notamment dans Noemi Gabrielli, Galleria sabaudia, maestri italiani, Turin, 1971,
et Paul Wescher, I jurti d'arte : Napoleone e la nascità del Louvre, trad. ital. de FI. Cuni-
berto, Turin, 1988 (éd. all. sous le titre de Kunstraub unter Napoleon, Berlin, 1976). Il faut
BIBL. ÉC. CHARTES. 1995. 2 30
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 153, 1995. 460 NICOLE GOTTERI
Le 10 prairial an XIII (31 mai 1805), en marge d'un cahier dont il venait de
prendre connaissance, l'empereur Napoléon signa la remarque suivante qu'il avait
dictée : « Bon à conserver dans les archives de l'Intendance générale de ma Mai
son ». Il s'agissait d'une note détaillée concernant les « tableaux et autres effets qui
existaient dans le palais royal de Turin et qui sont sortis par ordre supérieur, avec
la désignation des personnes auxquelles ils ont été remis » 3. C'était une réca
pitulation de ce qui avait été soustrait aux collections du roi de Sardaigne depuis
l'époque directoriale.
La richesse et l'intérêt de la galerie du souverain sarde n'étaient pas inconnus.
Cet ensemble comprenait notamment la célèbre collection du prince Eugène de
Savoie, qui avait longtemps été conservée au Belvédère de Vienne 4. À la suite du
traité de Valenciennes conclu entre l'Autriche et la Sardaigne au début de 1794
pour le règlement des conquêtes qui seraient faites aux dépens de la France5,
le gouvernement de la République avait préparé la guerre contre le Piémont
dont l'invasion devait commencer en messidor (juin 1794). Or, le 4 prairial an II
(23 mai 1794), d'anciens membres de la Commission des monuments signalaient
au Comité de salut public les objets leur paraissant dignes d'être enlevés en Italie.
Ils mentionnaient, parmi les tableaux du palais de Turin, « L'Hydropique de Gérard
Dow que l'on peut regarder comme son chef-d'œuvre»; un «superbe tableau
de Teniers » ; des ouvrages de Van Dyck, de Paul Veronese, de Wouvermans, très
remarquables et qui, précisaient-ils avec assurance, « demandent des Français pour
possesseurs »6. Deux tableaux du peintre Dow avaient déjà attiré leur attention;
ils figuraient dans les collections Croy et Angiviller, dont l'inventaire avait été fait,
à Paris, en mars-avril 1793 7.
Les opérations de Masséna à Gênes entraînèrent le report de l'invasion du Pié
mont. Les armées de la République se contentèrent d'occuper les passages des Alpes.
Reprise par Bonaparte en 1796, la campagne aboutit à la rapide demande, par
le roi Victor-Amédée III, d'un armistice qui fut signé à Cherasco les 27-28 avril.
cependant remarquer que ces travaux sont dépourvus de toute référence et que les deux
derniers ne citent que Baudi di Vesme.
3. Arch, nat., O2 150, p. 511.
4. P. Wescher, I furti d'arte..., p. 82.
5. Voir le témoignage d'un contemporain, Charles Botta, dans son Histoire d'Italie de 1 789
à 1814, Paris, 1824, t. I, p. 215.
6. Arch, nat., F17 1276, dossier 15. Les signataires de cette lettre étaient l'abbé François-
Valentin Mulot, le peintre Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier, le peintre Nicolas-René Jol-
lain, le graveur Jean-Michel Moreau le jeune. La Commission des monuments avait été créée
en novembre 1790; elle fut remplacée progressivement par la Commission temporaire des
arts. Voir Procès-verbaux de la Commission des monuments (8 novembre 1 790-27 août 1 793),
publ. par Louis Tuetey, Paris, 2 vol., 1902-1903 (Nouvelles archives de l'art français, t. 17
et 18, 1901-1902).
7. Procès-verbaux..., t. I, p. 328 et 334. Il s'agissait des collections d'Anne-Emmanuel-
Ferdinand-François de Croy-Solre et de Charles-Claude de la Billarderie, comte d'Angiviller. MÉLANGES 461
À la fin des pourparlers, le général vainqueur confia au plénipotentiaire piémon-
tais, le colonel marquis Costa : « J'avais envie d'exiger, dans le traité que nous venons
de conclure, un fort beau tableau de Gérard Dow que possède le roi de Sardaigne
et qui passe pour le chef-d'œuvre de l'école flamande ; mais je n'ai pas su comment
placer ce tableau dans un armistice » 8.
Cette œuvre paraissait subjuguer les Français. L'année suivante, en effet, un fonc
tionnaire anonyme s'était rendu en Piémont, où, après une visite à l'ambassadeur
de la République, il avait été introduit au palais royal; il écrivait : « Les apparte
ments sont d'une richesse et d'une magnificence excessives. Il y a des tableaux
des trois écoles d'un très grand prix. On y remarque surtout celui du Flamand Gérard
Dow, connu sous le nom de Paralytique (sic)... Je suis fâché qu'au moment de la
pacification on ne l'ait pas demandé pour enrichir le Museum9 ».
Après la signature du traité de Paris, le 15 mai 1797, des rapports normaux entre
la France et le Piémont paraissaient s'être rétablis sur la base d'une promesse de
neutralité réciproque. Mais la passivité du roi Charles-Emmanuel encourageait l'agi
tation intérieure et les empiétements des représentants du Directoire 10. Des socié
tés secrètes, formées de jacobins et dont faisait partie le médecin Botta, conspi
raient contre l'absolutisme du souverain piémontais depui

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