Essai de sémiologie préhistorique (Pour une théorie des premiers signes graphiques de l'homme) - article ; n°2 ; vol.74, pg 545-558

Georges Sauvet, Suzanne Sauvet, André Wlodarczyk

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1977 - Volume 74 - Numéro 2 - Pages 545-558
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1977
• Nombre de lectures: 85
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Georges Sauvet
Suzanne Sauvet
André Wlodarczyk
Essai de sémiologie préhistorique (Pour une théorie des
premiers signes graphiques de l'homme)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1977, tome 74, N. 2. pp. 545-558.
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Sauvet Georges, Sauvet Suzanne, Wlodarczyk André. Essai de sémiologie préhistorique (Pour une théorie des premiers signes
graphiques de l'homme). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1977, tome 74, N. 2. pp. 545-558.
doi : 10.3406/bspf.1977.8467
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1977_hos_74_2_8467Bulletin de la Société préhistorique française, tome 74, 1977, Etudes et Travaux, fascicule 2
Essai de sémiologie préhistorique
(Pour une théorie des premiers signes graphiques de l'homme)
par Georges et Suzanne Sauvet et André Wlodarczyk
Pendant un demi-siècle, en dépit de leur appa Il est vrai que la sémiologie ne s'est pas encore
rence abstraite, les signes paléolithiques ont été dotée d'un appareil méthodologique lui permett
considérés comme des représentations iconiques ant d'aborder l'analyse de systèmes inconnus
d'objets familiers des chasseurs préhistoriques. (si l'on fait exception d'une courte étude du
blason par Mounin). Pourtant nous croyons Interprétés comme des armes, des pièges ou des
huttes sur la base de comparaisons ethnogra qu'il pourrait y avoir, dès à présent, quelque
phiques hasardeuses, ces graffiti « d'obscure avantage à formaliser le problème des signes
signification » passaient volontiers pour l'expres paléolithiques et à le faire bénéficier des progrès
sion de pratiques magiques, votives ou commé- récents de cette jeune science. Nous voudrions
moratives. Reconnaître leur insertion dans une montrer ici les difficultés auxquelles se heurte
pensée symbolique élaborée était tout à fait hors un tel projet, mais aussi le bénéfice que l'on
peut en espérer. de question.
Comme toute recherche sur corpus, celle que C'est à Leroi-Gourhan que l'on doit la première
nous envisageons pose un certain nombre de étude d'ensemble des signes. A partir d'une
questions préalables dont la plus importante analyse morphologique et topographique des
concerne évidemment l'homogénéité structurale signes pariétaux, l'auteur distingue deux classes :
des éléments rassemblés. En effet, peut-on racelle des signes pleins et celle des signes minces.
isonnablement admettre que tous les signes du Le symbolisme sexuel proposé pour rendre
Paléolithique Supérieur occidental, échelonnés compte de cette dichotomie a suscité la polémi
sur 20 000 ans et répartis sur des millions de que que l'on sait et dans laquelle nous nous
kilomètres carrés, appartiennent à un môme abstiendrons d'entrer, préférant faire remarquer
système de pensée ? que pour la première fois le signe paléolithique
acquiert un véritable statut de signe au sens Si l'on a pris l'habitude de distinguer plusieurs
sémiologique du terme. Conformément à la déf « cultures paléolithiques » d'après leurs indust
inition de Saussure, il est conçu comme une entité ries lithiques et osseuses, c'est-à-dire d'après
à deux faces, possédant un signifiant (sa forme leurs traditions artisanales, il serait bien arbi
graphique) et un signifié (le concept qu'il repré traire de prétendre que les coupures matérielles
sente) liés par une relation conventionnelle. Des ainsi définies entraînent nécessairement des
relations structurales entre les signes sont égal ruptures dans le domaine de l'esprit, et d'ailleurs,
ement envisagées, de sorte que l'ensemble pré sur un plan au moins, celui de la décoration des
sente tous les caractères d'un véritable système. grottes, la continuité est manifeste. Elle est même
beaucoup plus profonde qu'il n'y paraît puisLa sémiologie, initialement définie par Saus qu'elle affecte à la fois le choix des thèmes et sure comme une science psychologique étudiant la facture. Il n'est qu'à rapprocher des peintures « la vie des signes au sein de la vie sociale », pariétales comme les « tectiformes » de Font-de- s'est fixée pour premier objectif de dire en quoi Gaume et de Kostienki pour se convaincre de consistent les signes, quelles lois les régissent et l'étonnante communauté de pensée dont témoicomment ils servent à la communication. Des gnent ces œuvres. chercheurs comme Buyssens, Mounin, Prieto
d'une part, Barthes d'autre part, ont posé les fon Est-ce à dire que l'on est en présence d'un
dements théoriques de cette science et aujourd système unique et statique ne présentant ni
'hui, malgré des divergences terminologiques particularités régionales ni évolution stylist
parfois gênantes, commencent à se faire jour ique ? Ce serait nier l'évidence. Pourtant rien
les éléments d'une véritable typologie des systè n'empêche de supposer que les hommes du
mes de signes non-linguistiques, basée sur les Paléolithique Supérieur ont puisé leur concept
notions d'articulation et de syntaxe. ion du monde, leurs aspirations métaphysiques
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Tableau I (suite) — ... VI. Pentagones tectif ormes vrais (a) et pseudotectif ormes ouverts (b). — VII. Flèches à axe simple (a) et à axe multiple (b). — VIII. Signes barbelés et signes en « rameau ». — IX. Chevrons pointe en haut (a) et pointe en
bas (b) ; zigzags (c). — X. Croix. — XI. Bâtonnets. — XII. Ponctuations en ligne simple (a) et en lignes multiples (b) ; nuages de points (c). N.B. — Les signes rassemblés ici ne sont que des exemples destinés à illustrer la grande variabilité des formes.
547 religieuses, leurs mythes et tout leur savoir CORPUS et
traditionnel aux mêmes sources et que cette
communion spirituelle trouve des prolongements Notre premier travail a consisté à réunir un sur le plan rituel ou artistique. L'activité graphi corpus de signes pariétaux paléolithiques aussi que notamment présentera des caractères large et aussi représentatif que possible. Dans communs révélateurs de la pensée qui l'inspire. son état actuel, ce corpus provient de 60 grottes Ce sont ces caractères que l'on peut espérer françaises et espagnoles (1), et représente 374
découvrir en rassemblant des signes qu'en l'ab situations dans lesquelles apparaissent un ou sence de preuve contraire nous supposerons plusieurs signes : cela va de quelques bâtonnets appartenir à un ensemble homogène (éventuell ou ponctuations isolées à de vastes panneaux ement découpé en sous-ensembles synchroniques chargés de plusieurs dizaines de signes comme à
et diachroniques). Niaux, au Castillo ou à la Pasiega.
Ce premier pas franchi, une nouvelle diffi Pour chaque groupe, nous avons consigné
culté apparaît : doit-on considérer ensemble son éventuel contexte animalier et les particull'art mobilier et l'art pariétal ou faut-il les dis arités topographiques de sa situation, la connaisjoindre ? Certes ils appartiennent au même sance de ces éléments pouvant se révéler indis
système, mais les contraintes techniques parti pensable pour l'interprétation. culières auxquelles ils sont soumis contribuent
probablement à leur conférer