Étude archéologique - article ; n°1 ; vol.23, pg 209-227

Maurice Paccard

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Gallia préhistoire - Année 1980 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 209-227
19 pages

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• Publié le: 01 janvier 1980
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M. Paccard
I. Étude archéologique
In: Gallia préhistoire. Tome 23 fascicule 1, 1980. pp. 209-227.
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Paccard M. I. Étude archéologique. In: Gallia préhistoire. Tome 23 fascicule 1, 1980. pp. 209-227.
doi : 10.3406/galip.1980.1650
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1980_num_23_1_1650NOTE
LA GROTTE DE VAULOUBEAU À SAINT-SATURNIN-LÈS-APT
(Vaucluse)
ÉTUDE ARCHÉOLOGIQUE
par Maurice PACCARD
1. SITUATION ET HISTORIQUE. confusions, tant chez les chercheurs du début du
siècle que chez les habitants actuels du hameau
La grotte de Vauloubeau se situe sur la voisin des « Allemands » qui ne la connaissent
rive droite et au débouché de la Combe de sous aucun des vocables cités.
Fontjouvale, appelée, en cette partie de son
C'est ainsi que Cotte [1] assimile grotte de cours, Vallon de la Lave, qui descend des
La Lave à grotte de Vauloubeau alors que Monts de Vaucluse pour s'ouvrir dans la
La Lave, vaste porche horizontal de 18 m plaine d'Apt.
sur 5 m mitoyenne avec Vauloubeau, fit Cette combe a été creusée par un torrent,
l'objet de fouilles de la part des frères Pellenc aujourd'hui asséché, dans les masses calcaires
en 1902, lesquels en remirent le produit à Marc bédouliennes de faciès urgonien (calcaire à
Deydier [2], en l'occurrence un ensemble de rudistes) constituant, en cette région, les sépultures chalcolithiques « pêle-mêle, éparses contreforts des Monts de Vaucluse qui culmi
et disjointées dans une espèce de fosse ayant, nent à 807 m dans la région de Javon ; ce
environ, 3 m de long sur 0,75 m de large, torrent s'étale ensuite sur les affleurements du
le tout fermé par un mur en pierres sèches ». Bédoulien terminal constitué de calcaires
marneux qui forment la plaine de Saint-Satur- Sylvain Gagnière et Léon Germand reprirent,
nin-lès-Apt. en 1934, la fouille de cet intéressant ossuaire
La cavité se situe aux coordonnées suivantes [3] et pratiquèrent un sondage réduit dans la
(carte au 1/50 000e dite d'État-major ; feuille cavité voisine dite grotte de Vauloubeau,
de Carpentras XXXI-41) : x = 841,10 y = celle-là même que Deydier dénommait « Baoumo
187,25. Dimensions : longueur : 25 m, largeur : inférieure » par opposition à la Baoumo du
10 m, hauteur : 6 m, altitude : 330 m. milieu (l'ossuaire) et à une « supé
Elle appartient; en fait, à un ensemble rieure », vaste cavité au substratum rocheux
cavernicole qui a donné lieu aux plus grandes partout apparent.
Gallia Préhistoire, Tome 23, 1980, 1. •
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Illustration non autorisée à la diffusion •*E
2 Coupe synthétique du sondage : Al, dépôt argileux jaune-ocre
compact adhérant à la paroi ; limite de lentille d'habitat ; industrie
et faune rares ; A, dépôt argileux cendreux plus meuble ;
et abondantes ; limite probable d'habitat ; Bl, dépôt argileux
compact jaune-ocre, plus charbonneux ; industrie et faune rares ;
C, dépôt argileux cendreux plus meuble ; contact entre Bl et la bor
dure de l'habitat B ; B, dépôt argileux cendreux plus meuble ; industrie
et faune abondantes ; D, dépôt jaune compact, base possible
de l'habitat susjacent ; E, dépôt jaune sableux sec et pulvérulent,
rare industrie et petite faune. Fin de sondage.
1 Coupe schématique d'après Deydier : niveau 1, pierrailles et limons — s. 2,80
où les petits os de lapin et les traces de charbon sont très rares ; niveau
2, terre argileuse, sableuse, roussâtre, espèce de limon déposé par le
torrent, avec pierrailles mêlées, contient des débris de charbon et des
os de lapins ; niveau 3, composé de limon du torrent, de mottes de
terre brûlée, de nombreux débris de charbon et des pierres de petites dimensions, le tout mêlé et contenant des
éclats de silex et percuteurs (pas de poterie) ; le bœuf, le cerf, le sanglier, le cheval, le lapin, helix nemoralis, helix
cespitum, zonites algirus, tous les animaux sont rares ; niveau 4, contient de nombreux petits foyers intercalés dans
des filons de terre argileuse, sableuse, roussâtre, apportés par les crues du torrent comme au niveau 2 ; il se termine,
en haut, par une légère couche de cendres et de terre brûlée ou noire indiquant les traces d'un foyer bien caractérisé ;
niveau 5, couche composée de divers éléments par places, terres fortes, noirâtres et graviers apportés par les crues
du torrent de la Lave. Des lits de cendres presque pures avec des pierres cuites semblables à des pierres à chaux (?)
au premier abord, on pourrait considérer ces couches comme quaternaires à cause de leur nature et de la situation
par étages ou par places qu'elles occupent. Mais à la base du niveau 5, nous avons trouvé dans du gravier, le fond
d'un plat ou d'une cafetière récente ayant une couche de vernis blanchâtre actuel à l'intérieur, et roux à l'extérieur.
Une nouvelle confusion s'établit ensuite très bien ce qui provient de La Lave ou de
entre la grotte sépulcrale de Buoux [1] et la Vauloubeau qu'il différencie, alors que, pour
grotte de Vauloubeau dont « les crânes néoli Deydier, les trois cavités constituent l'ensemble
thiques, dolichocéphales appartiennent au « de La Lave ».
musée de Grenoble alors que certains objets Par là-dessus, en 1884, un certain Louis
de cette même grotte sont la propriété du Jullian s'attaque au remplissage de Vaulou
musée de Marseille » [4 et 5]. beau, occupant à ces « fouilles », et selon
Si bien que la confusion entretenue par Deydier, « 5 hommes pendant 40 jours envi
Gotte devint complète et que l'on ne sait plus ron ». Il y trouva « un squelette complet, GROTTE DE VAULOUBEAU 211
couché sur le côté et déposé chez le cafetier documents lithiques, osseux et céramiques,
de Saint-Saturnin ; ce squelette était paré de de galets colorés, de monnaies même. On
colliers de coquilles, d'amulettes et des fra retire, de ce travail, l'impression d'un saccage
gments de poterie, des éclats de silex, des organisé dont le but était la recherche exclusive
morceaux d'ocre, des broyeurs ou mortiers de sépultures.
avec leurs pilons de pierre portant encore des Contre la paroi ouest (la grotte est orientée
traces d'ocre dont Mme Jullian se maquillait nord/nord-est) subsistaient des placages de
par plaisanterie (sic), entouraient la sépul dépôt jaune argileux compact que nous pen
ture ». sons en place ; c'est d'ailleurs la partie de la
Jullian payait bien ces hommes ; il était cavité qui reçoit le meilleur ensoleillement,
très riche et, fils d'armateur, possédait des le matin. Nous ne pouvons donc produire,
immeubles à Marseille. en tout état de cause, que deux coupes : l'une,
Le squelette, découvert par lui à Vauloubeau, provenant de Deydier (fig. 1) ; l'autre, schémat
resta longtemps exposé à la mairie de Saint- ique et synthétique à la fois, provenant
Saturnin puis en disparut sans que l'on puisse de nos relevés (fig. 2).
savoir ce qu'il en était advenu. D'autres sondages, en d'autres lieux du
remplissage, pourraient rencontrer des lamGomme on se trouvait à l'époque de la décou
beaux en place car l'abri est immense, mais verte des sépultures de la grotte des Enfants à
Grimaldi, Jullian crut voir une analogie exigeraient des moyens puissants.
Nous avons arrêté notre sondage à la couche entre ses trouvailles et celles de Menton ce
qui prouve son peu de connaissance en archéo E, en raison des éboulements permanents et
dangereux de déblais. Notre collègue M. Livache logie préhistorique.
a tenté, plus tard, de le poursuivre, mais sans Il y a une vingtaine d'années, une vitrine
succès. du musée Longchamp à Marseille, présentait
Plus de 20 ans après ces recherches, nous des séries lithiques et fauniques provenant
avons pensé que, l'industrie présentant une de Vauloubeau dont un splendide « massacre »
certaine homogénéité, il pouvait y avoir un de bœuf. Malgré mes recherches ultérieures,
certain intérêt à en présenter les résultats. il m'a été impossible de retrouver, dans ce
musée, la moindre trace de ces séries échappées
au naufrage des collections Jullian. 2. LA STRATIGRAPHIE.
Après ce long préambule, ind