Étude de quatre adjectifs atypiques : pluriel, multiple, singulier et unique - article ; n°1 ; vol.136, pg 73-88
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Langue française - Année 2002 - Volume 136 - Numéro 1 - Pages 73-88
Maria JARREGA : A four non typical adjectives study: pluriel, multiple, singulier and unique This article presents a new approach concerning the current use of pluriel, multiple, singulier and unique, because this contribution discusses the main classical configurations between adjectif qualifiant and adjectif de relation. First, we show why pluriel, multiple, singulier and unique cannot be apprehended by these two configurations. Second, we caractérise properties of each terms. Third, it is argued that the meaning of these terms is the result of a dynamic interaction between, the properties of this terms, those of the noun and the elemental properties of the rest of the sentence. We show that the meaning of these terms is structured by the opposition « même »/« autre ».
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maria Jarrega
Étude de quatre adjectifs atypiques : pluriel, multiple, singulier et
unique
In: Langue française. N°136, 2002. pp. 73-88.
Abstract
Maria Jarrega : A four non typical adjectives study: pluriel, multiple, singulier and unique
This article presents a new approach concerning the current use of pluriel, multiple, singulier and unique, because this
contribution discusses the main classical configurations between adjectif qualifiant and adjectif de relation. First, we show why
pluriel, multiple, singulier and unique cannot be apprehended by these two configurations. Second, we caractérise properties of
each terms. Third, it is argued that the meaning of these terms is the result of a dynamic interaction between, the of
this terms, those of the noun and the elemental properties of the rest of the sentence. We show that the meaning of these terms
is structured by the opposition « même »/« autre ».
Citer ce document / Cite this document :
Jarrega Maria. Étude de quatre adjectifs atypiques : pluriel, multiple, singulier et unique. In: Langue française. N°136, 2002. pp.
73-88.
doi : 10.3406/lfr.2002.6473
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2002_num_136_1_6473Maria JARREGA
Université de Paris X-Nanterre
ÉTUDE DE QUATRE ADJECTIFS ATYPIQUES :
PLURIEL, MULTIPLE, SINGULIER ET UNIQUE
1 . Cadre et propos de l'article
Cet article vise à définir le sens, dans leur acception courante et non pas spécif
iquement grammaticale, des adjectifs pluriel, multiple, singulier et unique. Cette étude
sera menée à partir de l'analyse des énoncés où ils sont employés comme épithètes
droites du nom (N).
Classiquement, on distingue deux catégories d'adjectifs, l'adjectif dit qualifiant et
l'adjectif dit de relation. Il se trouve que les adjectifs pluriel, multiple, singulier et unique
n'entrent ni dans la catégorie des adjectifs qualifiants, ni dans celle des adjectifs dits
relationnels avec lesquels ils partagent les propriétés d'épithètes droites seulement.
A priori, ces quatre adjectifs ont l'air d'appartenir à une même famille, mais on peut
observer que, sur le plan de leur comportement syntaxique, ils ne sont pas homog
ènes en ce qui concerne par exemple la compatibilité avec un intensif et la position
antéposée. Alors que multiple et singulier sont compatibles avec un intensif, une société
très multiple/une société ou une société très singulière/une société singulière, les
adjectifs pluriel et unique, eux, ne le sont pas. On aura difficilement *une société très
plurielle/une société plurielle ou *une société très unique/une société unique. Concernant la
position antéposée, l'adjectif pluriel ne peut pas s'antéposer au N qu'il qualifie :
(1) « C'est la gauche plurielle et divisée. » l
(2) *. . . la plurielle gauche.
(3) « Les êtres singuliers et leurs actes sociaux sont le charme d'un monde pluriel qui
les expulse. »2
* ...un pluriel monde qui les expulse. (4)
En revanche, l'adjectif multiple accepte d'être antéposé au nom sans que toutefois le
SN change sensiblement de sens, mais on remarque que dans ce cas on passe très
souvent au pluriel :
(5) « La disproportion s'accroît aussi entre le pouvoir d'invention dont chaque individu
est doué et la somme des connaissances qui lui sont livrées, entre sa valeur propre et
la richesse multiple qui lui vient de l'éducation. »3
(6) « Nous portons en nous, dit-il, par la multiple richesse de nos atavismes, tout un
peuple d'êtres divers sans cesse en travail. »4
1. Frantext : Péguy Ch., 1913, L'Argent, p. 1250.
2.: Cocteau )., 1929, Les Enfants terribles, pp. 95-96.
3. Frantext : Gaultier J. de, 1902, Le Bovarysme, p. 61.
4.: Bourget P., 1920, Le Beau rôle, p. 89.
73 «II lui sembla les voir tous deux, elle et Iglésia, debout parmi le piétinement (7)
multiple de la foule, l'incessant crissement du gravier parsemé ou plutôt souillé
de tickets perdants. »5
(8) « Ce même ruissellement obstiné, multiple, omniprésent qui se mélangeait, semblait
ne faire qu'un avec l'apocalyptique, le multiple piétinement des sabots sur la
route. »6
Sur le plan des propriétés syntaxiques donc, les critères distributionnels proposés
par les grammaires ne permettent pas de se faire une vue très claire de ce qui
rapproche ou oppose ces adjectifs. Sur le plan de leur comportement sémantique, les
définitions lexicographiques ne permettent pas non plus de saisir la différence de
sens qui existe, par exemple, entre pluriel et multiple dans les énoncés (9) et (10) :
(9a) « II lui sembla les voir tous deux, elle et Iglésia, debout parmi le piétinement
multiple de la foule, l'incessant crissement du gravier parsemé ou plutôt souillé de
tickets perdants. »
(9b) « La systématique classique se proposait au XVIIIe siècle de dresser l'inventaire des
êtres, [...] et portait par définition sur l'être multiple et fixe. » 7
(10a) « Les êtres singuliers et leurs actes sociaux sont le charme d'un monde pluriel qui
les expulse. » 8
(10b) « Elle [la société] doit s'adapter à un monde multiple qui déconcerte la raideur
linéaire de l'instinct. »9
L'adjectif multiple introduit l'idée d'une dispersion au sein d'un tout. Selon le type de
N, le SN peut recevoir deux interprétations différentes : une interprétation de type
« multiplication », en (9a), ou de type « division, » en (9b) et (10b). Si le N réfère à une
entité indécomposable, un N multiple est « un N qui se décompose en plusieurs
unités n quelconques », en (9a). Si le N réfère à une entité decomposable, un N
multiple est « un N composé de sous-unités In de N », en (9b). L'adjectif pluriel, quant
à lui, introduit l'idée d'une diversité cohérente au sein d'un tout. Un N pluriel est
« un N composé d'entités différentes au sein d'un tout », en (10a). Les définitions
lexicographiques rendent compte de la différence de sens entre (9a) et (9b) et (10b),
mais pas de la différence de sens entre pluriel et multiple. Nous voyons principal
ement deux raisons à cela : 1) elles étudient le sens de l'adjectif uniquement dans le
cadre du SN où il figure et 2) elles amalgament l'usage courant et l'usage métalin-
guistique des deux termes, à l'instar de l'approche grammaticale qui n'envisage la
marque du pluriel que relativement à une corrélation sémantique systématique entre
pluriel-multiple. Or, comme nous le montrons dans nos travaux10, cette association n'a
rien de systématique.
Notre propos, ici, est de dégager ce qui rapproche et oppose les adjectifs
mentionnés ci-dessus sur le plan de leur caractéristiques sémantiques, en nous
centrant principalement sur les adjectifs pluriel et multiple. Dans cette perspective,
nous posons que l'analyse du sens de l'adjectif ne saurait se limiter à la prise en
5. Frantext : Simon C, 1960, La Route des Flandres, pp. 230-231.
6.: C, La des pp. 276-277.
7. Frantext : 1964, Hist. Gén. Sciences, t. 3, p. 772.
8.: Cocteau ]., 1929, Les Enfants terribles, pp. 95-96.
9. Frantext : Mounier E., 1946, Traité du caractère, p. 473.
10. Cf. Jarrega M. (1998, 2000 et 2002).
74 compte du SN dans lequel il se trouve. Le sens de l'adjectif comme celui du nom
qu'il qualifie se construit dans l'énoncé et plus précisément, dans une interaction
complexe entre divers paramètres linguistiques : d'une part, le type de déterminant,
le type de N sur lequel porte l'adjectif et le placement de l'adjectif, et les propriétés
du contexte (les éléments qui entourent le SN), d'autre part. Tout au long de cet
article, nous prendrons le soin d'illustrer cette hypothèse de travail.
Notre article comportera deux parties. Dans la première partie, nous définissons
ces adjectifs en les étudiant dans des énoncés attestés fournis pour la plupart par le
corpus de la base de données textuelles Frantext11. Dans la deuxième partie, nous
montrons que, par delà leur spécificité, le sémantisme des adjectifs pluriel et multiple
s'organise autour de la problématique du « même » et de l'« autre » que chacun met
en scène différemment dans les énoncés. Dans le cadre de la Théorie des Opérations
Predicatives et Én

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