Etude des prémisses théoriques de la pensée dialectique dans les doctrines sociales en France au siècle des Lumières - article ; n°1 ; vol.253, pg 390-401
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1983 - Volume 253 - Numéro 1 - Pages 390-401
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Hernani Resende
Etude des prémisses théoriques de la pensée dialectique dans
les doctrines sociales en France au siècle des Lumières
In: Annales historiques de la Révolution française. N°253, 1983. pp. 390-401.
Citer ce document / Cite this document :
Resende Hernani. Etude des prémisses théoriques de la pensée dialectique dans les doctrines sociales en France au siècle
des Lumières. In: Annales historiques de la Révolution française. N°253, 1983. pp. 390-401.
doi : 10.3406/ahrf.1983.1058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1983_num_253_1_1058ÉTUDE DES PRÉMISSES THÉORIQUES
DE LA PENSÉE DIALECTIQUE
DANS LES DOCTRINES SOCIALES EN FRANCE
AU SIÈCLE DES LUMIÈRES *
La « découverte », en tant que sujet de recherche universitaire,
d'une pensée dialectique relativement développée au sein de la
philosophie des Lumières, n'est pas, somme toute, très ancienne (1).
Encore ne s'agit-il là, on le sait, que d'une demi-découverte dont les
racines nous ramènent vers le début du XIXe siècle (2). Il est vrai que
le moment de cette re-découverte varie selon les pays et les conditions
concrètes qui y sont faites à la recherche (3). Toujours est-il que le
thème a connu dernièrement un regain d'intérêt en France comme à
l'étranger (4). Il y aurait lieu de faire une étude historiographique
♦ Extrait d'un chapitre de la thèse entreprise sur Pierre Dolivier curé de
Mauchamps, sous la direction d'Albert Soboul.
(1) J.-L. Lecercle, « Introduction » au Discours sur l'origine et les fondements
de l'inégalité parmi les hommes de J.-J. Rousseau, Paris, Éditions sociales, 1954,
p. 39, cite quelques passages célèbres de Y Anti-Dùhring d'Engels, à propos de la
dialectique rousseauiste, et ajoute que « la critique universitaire ignore [en 1954] ce
texte fondamental ».
(2) Les racines remontent à Hegel (surtout). Sur l'influence des pensées de
Rousseau et de Diderot sur celle de on peut consulter, pour le premier, l'étude
assez récente de Guy Besse : « Jean- Jacques Rousseau : maître, laquais, esclave »,
Hegel et le Siècle des Lumières, Paris, 1974, ainsi que, pour le deuxième,
l'« Introduction au Neveu de Rameau » de Roland Desné, Le Neveu de Rameau, de
Diderot, Paris, 1972.
(3) L'étude de la pensée dialectique a eu les faveurs de la recherche universitaire
en U.R.S.S. très tôt. Voir, par exemple, A.M. Déborine, « Préface du directeur » du
livre Denis Diderot. Œuvres Choisies, Moscou-Leningrad, 1926, t. I (en russe). Ou
encore, V,F. Asmus, Essais sur l'histoire de la dialectique philosophique à l'époque
Moderne, Moscou, 1930 (en russe).
(4) Histoire de la dialectique. XIV-XVHIss., sous la direction de T.I. Oizerman,
Moscou, 1974 (en russe). Georg Klaus, Dialektik und Systemdenken. Historische
Aspekt, Berlin, 1977. Jean-Louis Chédin, « La Dialectique à l'œuvre chez
J.-J. Rousseau », Les Études Philosophiques, Paris, n° 4, Octobre-Décembre, 1978,
pp. 405-443 LA PENSÉE DIALECTIQUE DANS LES DOCTRINES SOCIALES 391 SUR
notamment pour expliquer en profondeur les racines philosophiques,
culturelles, sociologiques, des disparités évoquées. Ce n'est pourtant
pas là notre sujet. Parmi les problèmes qui appellent l'action
concertée d'historiens et de philosophes, celui indiqué dans le titre de
cet article, et qui a trait au statut théorique de la pensée dialectique
au XVIIIe siècle, nous semble être l'un des plus importants et des
moins approfondis jusqu'à présent. Certes les quelques réflexions
qui suivent ne sont pas le travail de longue haleine que le thème exige.
D'où l'aspect restrictif du titre. Nous espérons cependant qu'elles
aideront à l'intelligence de quelques méandres du problème.
Au cours d'études sur des idéologies égalitaires au XVIIIe siècle,
notre attention a été attirée par un point concernant justement leur
organisation interne : quelle place la pensée dialectique occupe-t-elle
dans l'économie de ces systèmes, alors que, de toute évidence, elle
n'y possède qu'une existence « clandestine », cachée aux yeux
mêmes de ceux qui la pratiquent ? En approfondissant bien les
données du problème, ceci revient, tout d'abord, à se poser la
question du statut de la pensée dialectique au XVIIIe siècle. Tient-il
de la théorie de la connaissance des Lumières en France ? Ou, au
contraire, la dialectique n' occupe-t-elle, à ce niveau, qu'une position
vague, indéterminée et, par cela même, indéterminable ? En outre,
les auteurs de l'époque utilisent de manière pleinement consciente des
méthodes de pensée qui, identifiées à cette théorie de la connaissance-
là, sont éloignées, en apparence du moins, de la pensée dialectique.
Ce qui amène une deuxième question : quels sont les rapports de
celle-ci avec les méthodes inhérentes à la philosophie des Lumières ?
C'est-à-dire, quels en sont les prémisses méthodologiques ?
D'après les études existantes, la « conceptualisation » de la
pensée dialectique n'aurait pas dépassé l'emploi du mot
« paradoxe », ce qui est beaucoup plus le symptôme d'un problème
échappant à la maîtrise conceptuelle de l'époque que la prise de
conscience réelle d'un phénomène « nouveau », bien cerné dans sa
spécificité.
Sans doute a-t-on déjà approfondi des aspects extrêmement
importants de la pensée dialectique au XVIIIe siècle, souvent liés aux
œuvres de quelques grands auteurs — Rousseau, Diderot, par
exemple — mais pas exclusivement. Les résultats obtenus modifient
très sensiblement une certaine idée « traditionnelle » que l'on s'est
assez longtemps faite de la porté philosophique de la pensée des
Lumières, par le biais des écrits de ses épigones — les Idéologues — HERNANI RESENDE 392
ou de philosophes tels que Victor Cousin (5). Dans cette voie, on a
parfois l'impression que même quelques-uns des auteurs les plus
connus (c'était précisément le cas de Victor Cousin) passaient à côté
de questions essentielles par incapacité d'opérer avec les catégories de
la pensée dialectique et donc de les saisir à l'œuvre chez les auteurs du
XVIIIe siècle. A l'image d'une pensée « simplifiée », d'un intérêt
mitigé, vient se substituer celle d'une pensée pleine de ressources et de
trouvailles, où l'on « découvre » une dialectique, notamment
sociale, aussi vivante que le siècle lui-même (6).
Il est pourtant significatif que même dans la bibliographie
soviétique — l'une des plus étendues sur les problèmes de la pensée
dialectique française au XVIIIe siècle — nous n'avons pas trouvé le
problème de son statut posé en toute clarté. A cela certainement une
raison de poids : le besoin de s'attaquer préalablement aux questions
complexes de la dialectique chez chaque auteur, « isolément », ce
qui, bien sûr, n'empêche pas d'avoir des vues d'ensemble. Plus
récemment T.I. Oizerman a envisagé, dans une préface très dense, les
raisons d'ordre scientifique, philosophique et sociologique qui condi
tionnent la situation sui generis de la dialectique dans l'ensemble
de la pensée des Lumières. Mais l'analyse de son statut théorique ne
fait pas partie de l'étude du philosophe soviétique (7). Néanmoins
T.I. Oizerman est partiellement d'accord avec M. A. Dynikine
lorsque celui-ci soutient que la pensée dialectique du XVIIIe siècle
commence peu à peu à abandonner son essence métaphysique qui ne
correspondait plus aux exigences de la pensée scientifique (8). Chez
les auteurs de langue allemande, nous n'avons pas, non plus, trouvé
cette question posée explicitement. Peut-être repère-t-on des échos de
la problématique qui nous intéresse chez H. Horstmann, lorsqu'il
(5) « Ce n'est qu'après la Révolution française que la bourgeoisie parvenue
émasculera la pensée libre des Encyclopédistes pour en faire le catéchisme de la
platitude », écrit synthétiquement Roland Desn

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