Fêtes saisonnières des Srê - article ; n°2 ; vol.46, pg 599-610
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1954 - Volume 46 - Numéro 2 - Pages 599-610
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R.P. Jacques Dournes
XVIII. Fêtes saisonnières des Srê
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 46 N°2, 1954. pp. 599-610.
Citer ce document / Cite this document :
Dournes R.P. Jacques. XVIII. Fêtes saisonnières des Srê. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 46 N°2,
1954. pp. 599-610.
doi : 10.3406/befeo.1954.5610
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1954_num_46_2_5610FÊTES SAISONNIÈRES DES SRÊ
par le
R. P. Jacques DOURNES
de la Société des Missions Étrangères de Paris
AVERTISSEMENT
Les Pays Montagnards du Sud Indochinois (P.M.S.I.) sont, comme on le sait
peuplés de «Montagnards» qui constituent plusieurs groupes ethniques diff
érenciés par des particularités accidentelles, mais communiant en un fond de types
et de coutumes. Les grands traits de la «famille montagnarde» ont été dégagés,
notamment dans le numéro spécial de France-Asie M consacré à ces populations, où
se trouve étudié entre autres le sujet qui nous occupe ici. L'analyse ci-dessous
de fêtes saisonnières est strictement localisée au groupe ethnique Srê et plus préc
isément encore aux villages de Drong dans le district de Djiring; s'il y a lieu, une
particularité sera signalée pour un village voisin. Les rites décrits ont été observés
sur place et rédigés directement, sans aucun intermédiaire, ni interprète. Les idées
énoncées sont le produit de conversations avec les autochtones, les anciens de
préférence.
Je commandai récemment un travail sur bois à un montagnard très habile; il
pouvait le faire dans la journée. Le soir venu, le travail n'était pas achevé et fort
peu soigné. Adi konhai, fut-il répondu à la critique, c'est-à-dire : «ce n'est pas
un jour propice de la lunaison» ; en effet c'était le quatorzième jour de la lune, qui
ne convient pas au travail. Peu de temps après je convoquai ce montagnard chez
moi ; contre son habitude il ne vint pas : к C'était le premier jour du premier
quartier, le seul propice pour refaire mon grenier à riz». Ces faits montrent assez
l'importance de la lune dans la vie montagnarde; elle ne régit pas seulement le
temps, mais encore le faste et le néfaste, et surtout elle détermine le calendrier des
fêtes liturgiques. Cycle agraire, cycle humain, cycle religieux se recouvrent : ils sont
calqués sur les mouvements de la lune (2>.
Les fêtes religieuses (il n'est pas d'autre fête) sont, dans leur ensemble, de
caractère familial ou de caractère agraire. Nous n'étudierons ici que les fêtes du
cycle agraire, fêtes des lunaisons de cultures. Après en avoir analysé quelques-unes,
nous tâcherons d'en établir un schéma et de trouver l'esprit profond qui les anime,
ce qui nous fera remonter aux croyances dont elles sont des manifestations.
W Dam Во, Les Populations montagnardes du Sud-Indochinois , numéro spécial de France-Asie,
V, n° U9-5o, Saigon, 1960.
W Cela explique en partie ce que Ton appelle (d'inconstance de caractère» des montagnards.
BÉFEO, XLIT-2. 38 a 600 R. P. JACQUES DOURNES
Les montagnards de Drong se livrent à trois sortes de cultures : celle essentielle
de la rizière inondée (srê), celle secondaire de la rizière de montagne (ямг), celle
enfin du jardin de village. La dernière, modeste jardinage fait à temps perdu, ne
donne pas lieu à des fêtes. Le travail du mir est occasion de quelques fêtes d'impor
tance moindre; par contre, il détermine toutes les cérémonies religieuses pour les
groupes qui vivent principalement du riz de montagne. Mais toutes les grandes
fêtes saisonnières ici sont des fêtes de culture de la rizière srê; c'est à ces dernières
que nous nous limiterons.
Le cycle liturgique des rites agraires commence avec les labours (mai-juin), la
première fête importante de l'année étant celle des semailles (août-septembre),
et se termine à la fin de la récolte par la fête de l'engrangement du paddy (février-
mars). Entre la fin d'un cycle et le début du nouveau (mars-avril), se place la fête
du Lir Bong, le Nouvel An.
Quelque temps après les semailles, à la septième lune^, on fête le «Lavement
des pieds du buffle» (nyu rao jông rôpuj. Le buffle, co-cultivateur avec le monta
gnard, a terminé ses évolutions dans la boue des rizières qui sont alors semées et
n'auront besoin de lui qu'à la dernière lune, pour piétiner les épis moissonnés.
Avant de prendre leur repos, les buffles et leurs anges, esprits protecteurs, vont
être bénéficiaires d'une fête originale.
Cette fête, domestique, se célèbre en une même nuit, dans presque toutes les
maisons du village. Ceux qui n'auraient pu le faire cette nuit-là attendront le sur
lendemain, afin de rester sur une nuit impaire de cette septième lune. De plus en
plus les villages situés près des routes et des centres européens laissent se perdre
ces éléments fixes de la tradition et tiennent moins compte des lunaisons ; à Drong,
le principe est encore généralement appliqué. Les participants de cette fête sont les
habitants de la maison où l'on nyu raojong, ceux qui les ont aidés à faire la rizière
cette saison, les gardeurs de buffles, et enfin les buffles eux-mêmes. Comme en
chaque fête montagnarde srê, il n'est pas d'autre célébrant désigné que le maître
de maison ; le chef n'intervient que lorsque la fête est commune à tout le village,
et non par maison ; le devin de village n'est qu'un ministre privé du culte, que
l'on consulte personnellement; en la présente fête, il opère chez lui, comme tout
le monde.
Le soir venu, en chaque case où se fera la fête, la maîtresse de maison, gardienne
du matériel, sort le panier (Mat) où sont rangés les ustensiles nécessaires et que
l'on sort une fois par an, à cette occasion. Parmi ceux-ci, c'est une gourde-calebasse
qui va servir d'abord. Une poule noire, pour tout le village, est égorgée dans la
rivière; l'eau rougie est immédiatement recueillie, à raison d'une calebasse par
maison. Dès lors, chacun rentre chez soi et y reste. La nuit est tombée ; la case n'est
éclairée que par un peu de bois de pin qui brûle au foyer. Le maître de maison
offre une jarre de bière de riz, une jarre basse et ronde («afin que cela incite les
buffles à être dodus comme la jarre v) ; comme d'habitude on bourre de branches
feuillues l'ouverture de la jarre, pour que le son de paddy ne remonte pas ; mais
cette fois-ci, n'importe quelles feuilles ne conviennent : il ne faut que du mhi
(quercus setuîosa) et du glê (variété de bambou), aux feuilles fines et nombreuses,
«comme on désire que soient les poils des buffles». On recouvre le tout d'un bol
retourné.
Vers septembre. SAISONNIÈRES DES SRK C01 FÊTES
A ce moment, le maître de maison commande : «Eteignez le feu!». L'eau est
versée dans la jarre, chacun des participants boit une mesure de bière de riz.
— « Ravivez le feu ! n La flamme jaillit au foyer ; on recouvre aussitôt l'ouverture
de la jarre; c'est la pause-conversation. — «Éteignez le feu!», à tous les foyers,
les tisons soufflés fument; la maison est dans l'obscurité presque complète : il ne
faut pas que les Caa (démons) voient les préparatifs de la cérémonie ; il faut cacher
à leurs yeux les hommes, comme les buffles d'ailleurs, «enfants de la fete??, sensés
présents dans la case. Le maître de maison va composer la drogue rituelle. Sa
femme, tenant à la main un peu de pin enflammé, cherche dans le panier kiat les
ingrédients : feuilles de rnoung, de kong-ran, racines d'herbe à paillote (ces dernières,
très longues, sont destinées à attirer, par symbolisme, de longues années aux
buffles). Ces plantes sont hachées et mises dans un bol de cuivre; on les arrose
avec le sang d'un poulet qui vient d'être égorgé. Alors le maître de maison prononce
la longue prière que l'on trouvera en appendice; il invoque les Esprits, «anges
gardiens я des buffles, afin que le bétail prospère à l'abri des maladies et du tigre.
C'est le moment de planter dans la jarre le bambou à b

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