Fragments de l histoire de Saint-Mesmin de Mici [premier article]. - article ; n°1 ; vol.23, pg 333-347
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1862 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 333-347
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1862
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eugène De Certain
Fragments de l'histoire de Saint-Mesmin de Mici [premier
article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1862, tome 23. pp. 333-347.
Citer ce document / Cite this document :
De Certain Eugène. Fragments de l'histoire de Saint-Mesmin de Mici [premier article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1862, tome 23. pp. 333-347.
doi : 10.3406/bec.1862.445823
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445823FRAGMENTS
DE L'HTSTOIRE
DE S.-MESMIN DE MICI.
Réforme de ce monastère. — Les Les derniers Feuillants jours de S. l'abbaye. Mesrain et le Sire de Balzac. —
Au mois de juillet de l'année 1583, une troupe de moines,
partie des environs de Toulouse, s'acheminait vers Paris. Ils
étaient au nombre de cinquante et marchaient, conduits par leur
abbé, sous la protection d'une escorte de cinquante cavaliers.
Pâles, exténués par les jeûnes et les veilles, ils avaient entrepris
de faire pieds nus cette longue route. De temps en temps ils
s'arrêtaient pour prendre en plein ajr un repas plus que frugal
ou pour accomplir leurs exercices de piété^ sans se laisser trou
bler par Г affluence des curieux attirés et édifiés par ce spectacle.
Ils arrivèrent ainsi jusqu'à Charenton, où le roi Henri III, qui se
trouvait alors au couvent des Bons-Hommes dans le bois de Vin-
cennes, s'était porté à leur rencontre. Ils se prosternèrent devant
lui, et le roi, leur ayant fait donner la bénédiction par le cardi
nal de Bourbon qui raccompagnait, leur procura un asile, en a
ttendant que le couvent qu'il leur faisait construire dans la rue
Saint-Honoré fût en état de les recevoir.
Ces moines étaient des religieux de l'abbaye de Eeuillans, près
Toulouse, que conduisait Jean de la Barrière, leur abbé et leur
réformateur. Il n'est pas inutile de dire ici quelques mots de la
réforme introduite par ce saint personnage, réforme assez consi
dérable pour former bientôt un ordre particulier, détaché de
l'ordre de Cîteaux.
Jean de la Barrière se distingua dès sa jeunesse par une ex
trême piété. Il avait reçu l'abbaye de Feuillans par la résignation
que lui en fit le cobjîc de Crusse] ? et, après l'avoir terni? en com- 334
mende pendant plusieurs années, il se fit scrupule, dit le P. Hel-
yot auquel nous empruntons ces détails ' , de jouir plus long
temps des revenus d'un ordre auquel il n'appartenait pas. Il fit
donc profession, et au scrupule, fort rare alors, qu'il avait éprouvé
il ajouta l'exemple non moins rare d'un abbé commendataire al
lant résider dans son abbaye et vivre de la vie de ses religieux.
Il ne s'en tint pas là. Trouvant que la règle de Cîteaux s'était
singulièrement relâchée dans son monastère, il entreprit de la
rétablir. Mais la réforme, telle qu'il la conçut, était trop radi
cale pour ne pas rencontrer une vive opposition. En effet, Jean
de la Barrière, non content de rétablir la règle primitivement
instituée par les fondateurs de Cîteaux, en augmentait encore la
sévérité. Ainsi, il imposait l'usage delahaire, delà discipline et
autres mortifications. Les religieux devaient aller nu-pieds et
tète nue, dormir tout vêtus sur des planches, prendre leur ré
fection à genoux. Quant à la nourriture, ils ne devaient user
que de pain d'orge grossier et d'herbes cuites sans aucun assa
isonnement; ni œufs, ni beurre, ni poisson. L'eau était la seule
boisson permise. Ce régime assurément dépassait en rigueur ce
lui qui fut imposé aux abbayes cisterciennes au douzième siècle
et que l'on a fait connaître dans ce recueil 2 .
Les anciens moines de Feuillans étaient mal préparés à des
austérités pareilles. Aussi la plupart refusèrent-ils de s'y sou
mettre ; ils se séparèrent de leur abbé, il y en eut même qui
complotèrent d'attenter à ses jours. Cependant sa vie toute de
pénitence et d'abnégation, les exemples d'ardente piété qu'il
donnait et qui dans ces temps de fermentation religieuse frap
paient vivement les esprits, attirèrent autour de lui plus de
prosélytes zélés qu'il n'avait perdu de mauvais moines. Il réunit
bientôt cent quarante religieux profès sans compter les novices.
Ce fut en vain qu'une opposition, partie de Cîteaux même, es
saya d'arrêter les progrès d'une entreprise dans laquelle les
chefs de cet ordre dégénéré trouvaient la condamnation de leur
conduite. On essaya de faire passer Jean de la Barrière pour un
homme remuant, un esprit inquiet, un novateur. Le pape Sixte Y
intervint et se prononça pour la réforme de Feuillans. 11 donna
1. F. Helyot, Histoire des ordres religieux, t. V ; 401 et s.
2. Art. de M, d'Arbois de Jubainville, Biblioth. de l'École des Charles, 4e série,
i. III ; 271. 335
à l'abbé et à ses religieux la permission de fonder de nouveaux
monastères; il fit même venir à Home plusieurs des
réformés et leur donna un établissement.
L'ordre trouva uti autre puissant protecteur dans le roi
Henri III, porté par la tournure de son esprit aux excès les
plus opposés. Il accueillit avec une faveur marquée tout le bien
qu'on lui dit de cette réforme austère. Bientôt il voulut avoir des
Feuillants près de lui, à Paris. Il leur fit bâtir dans la rue Saint-
Honoré un magnifique couvent dont les dépendances, aujour
d'hui traversées par la rue de Rivoli, se prolongeaient jusqu'à
la terrasse du jardin des Tuileries, encore appelée terrasse des
Feuillants. C'était pour l'occuper qu'il avait demandé les cin
quante moines qu'il alla recevoir à Charenton. Le roi voulut
retenir près de lui Jean de la Barrière, qu'il avait entendu prê
cher devant sa cour avec grand succès ; mais celui-ci préféra re
tourner à son monastère. Les religieux qu'il avait amenés
furent installés dès le mois de septembre de cette année 1583
dans le vaste établissement que la magnificence royale leur avait
destiné.
Comment Henri Ш fut-il récompensé de ses bienfaits ? comme
il arrive trop souvent, par l'ingratitude. Quand les troubles de
la Ligue éclatèrent, les Feuillants devinrent de furieux ligueurs.
L'un d'eux, D. Bernard de Montgaillard, dit le petit Feuillant, se
distingua parmi les séditieux par l'excès de son fanatisme, et
poursuivit de ses prédications furibondes Henri III forcé de s'
éloigner de Paris.
Il faut le dire à la louange de Jean de la Barrière, il ne donna
pas dans les excès de ses religieux . Il demeura fidèle au protec
teur de son ordre. Mais il ne tarda pas à éprouver qu'il ne suff
it pas d'être un saint homme pour trouver grâce auprès de cer
tains partis. Il faut être saint à leur manière, c'est-à-dire suivant
les exigences de leurs passions politiques. On fit un crime au
réformateur de son attachement, de sa fidélité au prince. Sur un
mot d'ordre venu d'au-delà des monts, un chapitre général des
Feuillants fut convoqué en Italie et fut tenu en 1592 sous la pré
sidence d'un Dominicain, depuis évêque de For 11. Dans ce cha
pitre Jean de la Barrière fut accusé de crimes imaginaires. Il ne
répondit qu'en battant sa coulpe et en disant qu'en effet il était
un grand pécheur.
Cette réponse fut regardée comme un aveu, Jean de la Barrière 336
fut suspendu de l'administration de son abbaye, avec défense de
dire la messe et ordre de se présenter au tribunal de l'inquisition.
11 se retira à Borne au monastère feuillant de Saint-Bernard.
Pour en finir avec ce personnage d'une piété exaltée, mais dont
on ne saurait nier les grandes vertus et la loyauté, ajoutons que le
pape Clément VIII lui rendit une tardive justice. Touché de ce
qu'il entendait dire de sa patience et de sa vie exemplaire, il fit
reviser son procès, et, lorsque les griefs élevés contre lui eurent
été reconnus mal fondés, il proclama que c'était un saint homme
persécuté par la calomnie. Le promoteur de la persécution, Fé-
vêque de Forli, fut disgracié et condamné à faire amende hono
rable à sa victime, ce dont il conçut, dit-on, tant de chagrin qu

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