Georges Pompidou, président conducteur, et la première crise urbaine de l automobile - article ; n°1 ; vol.61, pg 30-43
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1999 - Volume 61 - Numéro 1 - Pages 30-43
Georges Pompidou, président conducteur, et la première crise urbaine de l'automobile, Mathieu Flonneau. On ne peut retenir des rapports privilégiés entretenus par Georges Pompidou avec l'automobile que la seule et légendaire formule « nécessaire adaptation de la ville à la voiture ». L'étude des archives et la relecture des discours présidentiels permettent un rééquilibrage du bilan d'un septennat écourté par la mort du président. Après 1968, l'automobile fut confrontée à sa première, vigoureuse et fondamentale, remise en cause, particulièrement dans les centres urbains où les nuisances suscitèrent des contestations multiples. Les pouvoirs publics, le président de la République en tête, n'y furent pas insensibles et encouragèrent des mesures en faveur de la sécurité routière et de la défense de l'environnement.
Georges Pompidou, The Driver-President, and the First Urban Automobile Crisis, Mathieu Flonneau.
There is more to Georges Pompidou's privileged relations with the automobile than the unique and legendary formula the necessary adaptation of the city to the car. Studying the archives and rereading the presidential speeches allow for a more balanced record of a mandate foreshortened by the president's death. After 1968, the automobile was dealt its first vigorous and fundamental challenge, particularly in the urban centers where pollution and noise provoked much dispute. The public authorities, and first among them the President of the Republic, were not hostile and encouraged measures in favor of road safety and defense of the environment.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mathieu Flonneau
Georges Pompidou, président conducteur, et la première crise
urbaine de l'automobile
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°61, janvier-mars 1999. pp. 30-43.
Résumé
Georges Pompidou, président conducteur, et la première crise urbaine de l'automobile, Mathieu Flonneau. On ne peut retenir des
rapports privilégiés entretenus par Georges Pompidou avec l'automobile que la seule et légendaire formule « nécessaire
adaptation de la ville à la voiture ». L'étude des archives et la relecture des discours présidentiels permettent un rééquilibrage du
bilan d'un septennat écourté par la mort du président. Après 1968, l'automobile fut confrontée à sa première, vigoureuse et
fondamentale, remise en cause, particulièrement dans les centres urbains où les nuisances suscitèrent des contestations
multiples. Les pouvoirs publics, le président de la République en tête, n'y furent pas insensibles et encouragèrent des mesures
en faveur de la sécurité routière et de la défense de l'environnement.
Abstract
Georges Pompidou, The Driver-President, and the First Urban Automobile Crisis, Mathieu Flonneau.
There is more to Georges Pompidou's privileged relations with the automobile than the unique and legendary formula "the
necessary adaptation of the city to the car". Studying the archives and rereading the presidential speeches allow for a more
balanced record of a mandate foreshortened by the president's death. After 1968, the automobile was dealt its first vigorous and
fundamental challenge, particularly in the urban centers where pollution and noise provoked much dispute. The public authorities,
and first among them the President of the Republic, were not hostile and encouraged measures in favor of road safety and
defense of the environment.
Citer ce document / Cite this document :
Flonneau Mathieu. Georges Pompidou, président conducteur, et la première crise urbaine de l'automobile. In: Vingtième Siècle.
Revue d'histoire. N°61, janvier-mars 1999. pp. 30-43.
doi : 10.3406/xxs.1999.3811
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1999_num_61_1_3811GEORGES POMPIDOU
PRÉSIDENT CONDUCTEUR
ET LA PREMIÈRE CRISE URBAINE
DE L'AUTOMOBILE
Mathieu Flonneau
Qui ne se souvient du président Pompi laquelle l'adaptation à l'automobile devait
dou amateur d'art contemporain et adepte faire renoncer chacun. Dès lors, il est sou
du « tout automobile »? A partir des ar vent tenu pour évident que Georges Pom
chives de la présidence, Mathieu Flonneau pidou fut un ardent promoteur de la voi
revient sur une idée reçue et brosse le ta ture et, par là même, un saccageur de
bleau d'un chef d'État aux conceptions premier ordre, tout particulièrement à Par
plus nuancées, si ce n'est plus bucol is... Par leurs excès mêmes, ces critiques
iques... auraient dû être disqualifiées. Pourtant,
leur vigueur actuelle leur confère un statut
De toutes parts s'affirme une contes de lieu commun. L'urbanisme pompido-
tation de la place prépondérante lien, sous couvert de croissance, aurait ou
de l'automobile dans les déplace vert toute grande la porte à la « bagnole »
ments en ville. Les récents actes réglement et à l'américanisation. Par-delà l'apprécia
aires, restés auparavant au stade de vœux tion du préjudice esthétique réel ou sup
pieux déplorant l'absence de limitation de posé, qui relève d'autres compétences, on la circulation automobile, ont révélé la se bornera à reconsidérer, sur ce point, le
crise de l'usage du transport individuel rôle joué par ce président rétrospectivedans les agglomérations importantes. Ces
ment mal aimé. En effet, si les années mesures ont constitué une rupture avec la
Pompidou sont tenues pour des années futendance inverse, presque séculaire, nestes en matière d'urbanisation - encore d'« automobilisation » des Français, paral
que, pour le logement, par exemple, la frlèle à l'urbanisation du pays qui concern
équente médiocrité du neuf n'a pas été par- ait, en 1970, plus de 70 % d'entre eux.
donnée tandis que la laideur du vétusté Certains se sont faits fort de signaler à cette
s'est trouvée parée de toutes les nostalgies occasion la fin du monde « tout automob
- elles furent, pour la majorité des Françile ». Alors fut stigmatisé avec une belle
ais, celles de l'accession, déjà abondamunanimité par les médias, peu avares de
ment décrite, à un bien-être matériel longsimplifications, un moment Pompidou qui
temps désiré. Dans le contexte général de aurait correspondu à l'apogée du « laisser-
forte croissance économique, l'automobile, rouler ».
archétype de ce confort nouveau, par la Les sympathies affichées du président
promotion sociale tangible qu'elle offrait à Georges Pompidou pour l'objet automob
ses nouveaux acquéreurs, faisait figure ile furent rappelées, assorties de
d'Eldorado. Le parc français doubla au commentaires lourds de reproches quant à
cours des années I960 pour dépasser les l'irresponsabilité de ses propos malheu
reux sur l'esthétique ancienne des villes, à 13 millions de véhicules en 1970, soit un
30
Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 6l,
janvier-mars 1999, p. 30-43. Georges Pompidou et l'automobile
taux de motorisation proche des 60 %. droite. Par exemple, les questions relatives
Pourtant, qui se penche sur les archives de aux tracés des autoroutes dans l'Ouest pa
la présidence de la République et reprend risien, dont la A 86 toujours inachevée,
la lettre des discours tenus alors découvre mobilisèrent de nombreux élus UDR. À Par
chez le personnage une passion raisonnée is même, les débats qui suivirent l'aban
pour la voiture, suivie d'une action pu don du projet de voie express sur la rive
blique relativement cohérente \ gauche de la Seine, signifié par le retrait de
l'argent de l'Etat pour le financement du
projet - abandon décidé dès mai 1974 par O CONCILIER LE SOMMET DE L'ÉTAT
le successeur du président défunt-, tourET L'AMOUR DE LA « BAGNOLE »
nèrent, dans les rangs de la majorité, au
grand déballage et provoquèrent dans la Georges Pompidou fut un président
capitale une durable recomposition policonducteur et l'automobile un thème ré
tique fondée sur de solides inimitiés 3. current de ses propos, au-delà de la prise
L'opposition fut aussi le fait d'intellecen compte normale, pourrait-on dire, du
tuels qui, pour certains, ostracisèrent celui secteur automobile dans la réalité écono
qui fut et aurait dû rester des leurs. Ce fait mique du pays. Ce domaine, qui n'est
fut particulièrement sensible chez Louis certes pas de tout premier plan, mérite
Chevalier, dont les relations personnelles pourtant d'être abordé tant il occupe de
avec le futur président remontaient à la place dans la vulgate pompidolienne. Ins
khâgne de Louis-le-Grand. À ses yeux, ce crit dans la mémoire du peuple pour ses
goût pour la « bagnole » était déplacé. Chez dirigeants au côté de la poule au pot
beaucoup se manifestait le sentiment diffus d'Henri IV - l'automobile fut et est encore,
que quelque chose ne cadrait pas dans ce au même titre, un signe d'abondance -, ce
goût trivial d'un personnage cultivé pour thème participait effectivement de la per
ce qui n'est après tout que le réceptacle sonnalité du président. Il en reste cepen
des faiblesses humaines et des passions dant une facette méconnue. En cédant à
consuméristes. cette marotte, Georges Pompidou human
A ce titre, rappelons que la voiture était isait la fonction solennelle du souverain
en la rapprochant de « Monsieur tout le devenue, dans le discours marxisant amb
iant, la clef de voûte d'une ségrégation à monde » et en l'exposant à la critique 2.
rebours, d'une « distinction » inversée. Ce Dans la réprobation du goût de
qui paraissait un bien relatif pour le G. Pompidou pour l'automobile, se diss
« peuple » était tenu pour un mal absolu imule une extension du procès à ses
par la classe éclairée et le conflit autour de conceptions en matière d'art moderne.
cet objet aliénant ne tolérait pas les posiPlus encore que ce dernier, le thème de la

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