Grandeurs faiblesses aspirations de la « political science » - article ; n°1 ; vol.4, pg 156-184
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Description

Revue française de science politique - Année 1954 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 156-184
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 4
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Duclos
Grandeurs faiblesses aspirations de la « political science »
In: Revue française de science politique, 4e année, n°1, 1954. pp. 156-184.
Citer ce document / Cite this document :
Duclos Pierre. Grandeurs faiblesses aspirations de la « political science ». In: Revue française de science politique, 4e année,
n°1, 1954. pp. 156-184.
doi : 10.3406/rfsp.1954.452641
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1954_num_4_1_452641la « Political Science de
PIERRE DUCLOS
S'il est permis de se référer ici i une expérience personnelle, aucun
doute ne nous paraît possible : entre 1944 et 1950, quiconque prenait
contact avec la science politique américaine se sentait en présence
d'un monument de la pensée sans équivalent en France. Depuis lors, diffé
rences œuvres, et tout spécialement le Traité de science politique du pro
fesseur Burdeau, ont paru et sont propres à modifier ce point de vue, niais,
à l'époque, notre pays avait bien peu de choses à opposer à des ouvrages
comme — - simples exemples — Systematic Politics de Ch. Merri'-"1 '1^^-'),
Man and the Siaîe, de Ch. Ebensceïn (1947), International Pol <- < 'i
3.948). de F, Schuman, Power and Society, de H, Lasswell et â K\l n
(195 S), et à la tradition de recherche curieuse, abondante, sûre o eYt-r- -~<
exprimée chaque année par des milliers de volumes et d'articles t tu ^ \-
taines de '-zvuss. cours d'universités et congrès d'associations s -* \ •<
Oui -crak resté ùidiiïêrent à h. ixçon ampic, totale, et surtoit c - ^
^îque pîutôr oue juridique, avec laquelle la science politique é^>c ^^o.d-^
là ? Devàrr cet sec^nr particulier, au pins haut point séduisant par ce qu'il
prt;c";r>;it d'^rUitiâl et de suggestif. l'on trouvait fermer les yeux; ?u
^oiîo pro\ Tsoireinenr. sur certaine ï-.:.iblcsses de cette preduedon ec -~-z
derû^nder si la scieries poUrique jincricaine ne méritait pas erreenvement
d'^LCC :hc:c en morl-Mf? de "éî.rv.ite exccprioi'ineiio.
M. r^i^î-i K.;ï.;v-": ^j -rofe>^eur as^istar- fie science politique à i'Umversir^
-j Chi'.s^o ^: membre de la Coni^.-ixt p-o^r i éiudc systématique ^ la
:.'."-icr.ec polivique or^hnisée pa? le S.xLI ?c!s:.;cc Research Council, ne se
L:.\>c- pas e;îvfi c-icr. J! rV--rornper; ceux -ie :.es coiiipatiiotes qui céderaient
1. David EaStgn. The Poiitic^i System : A\ ir^uiryhiio the state of pc-h-
ikai scier.cz. New Yo.-k, A. Knop:, 1953 ;-in~S°, X;ii-3:D p. S 4.00.
we Grandeurs et Faiblesses de m « PoUiiodl Science ;>
à l'orgueil national. Non. d'après lui, la science politique des Erarj-Unis
n'est pas a citer en exemple : elle manque de base ferme. Sa démonstration
est nuancée mais sans équivoque, perspicace, vigoureuse, Comment seia-
t-elle reçue dans un. ciel scientifique plein de solide admiradoa de lui-
même ? L'avenir le dira. Mais comment ne pas évoquer ici cette page
fameuse du Livre de Daniel dans laquelle le roi Nabucbodonosor apparaît
anxieux de savoir pourquoi la statue d'or, d'argent, d'airain et de fer qui a
troublé son sommeil a des pieds d'argile ?
La science politique américaine est-elle donc de la race des colosses aux
pieds d'argile ? Selon notre auteur, elle est dépourvue dune chose qui lui
semble malheureusement capitale : d'une théorie générale digne de ce nom.
Cette conviction fortement motivée conduit M. Easton à. examiner plusieurs
problèmes que ses compatriotes doivent résoudre par priorité s'ils veulent
rendre leurs travaux vraiment scientifiques. Prévenant toutefois une objec
tion, il s'attache ensuite à relever chez certains auteurs les traces d'une
pseudo-théorie générale (la théorie de l'équilibre) dont il fait justice. Il con
clut enfin à la nécessité de rajeunir, renouveler la théorie politique. Les
termes dont il use ne laissent guère de doute dans l'esprit du lecteur : une
étude critique de cette importance ne peut être elle-même que la matrice,
du moins à l'état d'ébauche, d'une théorie générale personnelle propre à
fournir à la science politique américaine les bases solides dont elle manque
encore.
Ce bref résumé dit assez f importance de cette œuvre austère.
Simplement polémique, le livre de M. Easton mériterait tout au plus
une mention, Mais il est d'une autre portée : à côté d'un procès équitable,
d'une demonstration soutenue par une érudition très documentée, il con
tient des séries d'aperçu*? et de développements, historiques, théoriques.
critiques qui. au delà du plan national nord-américain initialenieû- choisi,
confrontent finalement le lecteur avec les conditions de la science politique
en général. Ce n'est ^îus r empire des « political scientists » sur ia sconce
politique qui es; en cause : c'est celui de l'intelligence scienrificpe sur le
phénomène pcKiique. Y a-t-il sujet plus digne de cène Revue ?
I
INFIRMITES DE LÀ SCIENCE POLITIQUE DES ETATS -UHcS
1. Tout procès est d'abord examen, recherche, confrontation ce iaus er
de prétentions. Ici aussi ce n'est qu'après avoir attentivement auscuiré que
M. EastOQ diagnostique' la faiblesse- de la science politique de son pays.
157 Zhtclcs Pierre
Son livre, donc, est éminemment utile tout d'abord par la multiplicité
des indications et des jugements qu'il contient sur l'histoire et les états
successifs de la science politique nord-américaine. On lui en saura gré :
les études valables sur la question, descriptives, ou critiques, ne sont pas
tellement nombreuses 2 et, abstraction faite de travaux plutôt document
n'ont' pas aires de par la structure même des recueils dont ils font partie 3.
été, croyons-nous, traduites en français. M. Easton aide singulièrement le
lecteur à dépasser le point de vue chronologique banal et à s'élever jusqu'à
une vue synthétique de la science politique des Etats-Unis : il sait habi
tuellement mettre en valeur, avec sélectivité, ceux de ses compatriotes lès
plus remarquables par leur originalité, leur apport nouveau, leur influence;
il les situe clairement par rapport aux problèmes généraux qui le préoc
cupent ou aux principes qui, selon lui, conditionnent la méthode scientifique.
En second lieu, M. Easton fait aussi comprendre jusqu'à quel point
l'évolution des « political scientists », leurs positions successives, leurs
méthodes d'approche, leurs préoccupations maîtresses, leurs conclusions, en
bref, les écoles et les modes, ont été l'expression de l'expérience sociale
de générations successives, influencées par des circonstances historiques,
purement sociales, extérieures à toute doctrine. Son procès se double ainsi
d'une explication — au sens étymologique — des plus instructives : une
explication des traits principaux qu'il reconnaît à la science politique de
son pays, et finalement regrette.
2. Le principal et le plus regrettable de ces traits lui paraît ce qu'il
appelle Y hyperfactualism. Entendez par là le culte excessif, presque exclusif,
du fait pour le fait 4. M, Easton ne condamne point l'observation des faits :
elle est une condition préliminaire de la science. Mais il critique, chez la
plupa": de ses collègue;, la tond-'irice à penser que la science politique a
fait tout son devoir quand elle a recueilli des faits, toujours plus de faits.
Peur îui} la science doit aussi — et même surtout — interpréter, établir
ces généralisations iiniversellcnient valables,
Lk conséquence du travers qu'il incrimine est la suivante : sauf dans
quclques-iïns de ses représentants — M. Easton cite nommément (pp. 64-66}
2 C^o-ç notamment l'article de L. Bernard, dans Encyclopaedia of Social
^dermes, \cî. ï, pp. 324-349, — et l'ouvrage da A. Haddow, Political Science
-.n .';•;;.:-■-'.£.'; Colleges and Universities, 1939, cités par Easton, p. 38, n. 1.
?■ Iv;ctamment les articles divers contenus dans le Cahier n° Î9 de la Fond
a' ion Nationale des Sciences Politiques : H.D. Lasswell et D. Leenes, Les
■■'■ S.r:ences de la politique ? aux E'3is~Ur.is, Paris, Colin, 1951, — et dans le
recueil collectif de l'Lîr:?scc, La Si-icnce volitiqve

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