Grotte de Chaux-les-Port (Haute-Saône) - article ; n°9 ; vol.46, pg 367-376

J. Collot

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1949 - Volume 46 - Numéro 9 - Pages 367-376
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1949
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

J. Collot
Grotte de Chaux-les-Port (Haute-Saône)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1949, tome 46, N. 9-10. pp. 367-376.
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Collot J. Grotte de Chaux-les-Port (Haute-Saône). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1949, tome 46, N. 9-10. pp.
367-376.
doi : 10.3406/bspf.1949.2592
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1949_num_46_9_2592PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 367 SOCIÉTÉ
Grotte de ChauxlesPort (Haute^Saône).
Coordonnées géographiques : 103 10/20; 372 5/20; Altitude:
235 mètres; Etage : Bajocien oolithique inférieur.
PAR
J. COLLOT.
Fig. 1. — « La Grande Baume » de Chaux-les-Port.
La Caverne de Chaux-les-Port dite « La Grande Baume » s'ouvre
dans un banc Bajocien dominant la Saône d'une dizaine de mètres.
Sa vaste entrée est exposée à l'Est face au village précité. Au Nord
et à trois mètres de dénivellation, les éboulis récents laissent entre
voir « La Petite Baume » résurgence fossile qui entra en activité
après l'enfouissement du ruisseau souterrain de la Grotte supérieure.
C'est ce même ruisseau qui se jette actuellement au niveau de la
Saône (Enfouissement successif).
Le porche de la Grotte principale donne accès à deux couloirs
d'un développement total de 240 mètres. La Galerie axiale qui fut
le lieu de prédilection des hommes pré- et protohistoriques mesure
80 mètres de longueur et sa largeur varie entre 2 et 4 mètres. La
voûte, très inégale, ne dépasse pas 3 mètres à la première moitié
de la longueur, pour atteindre 7 à 8 dans la seconde partie.
A droite et à une quarantaine de mètres de l'entrée est située
la Galerie Nord, relativement droite, de 20 mètres de long.
En 1879, la Grotte avait déjà été fouillée par M. Poly qui y avait
pratiqué un trou de sonde de 2 mètres de profondeur. Il y aurait
découvert un os de mammouth, une dent de loup percée et de
nombreux silex paléolithiques (solutréen-magdalénien). Il signale,
en outre, le nombre prodigieux de débris de céramique jonchant
le sol; poteries de tous les âges, depuis l'époque néolithique jus
qu'aux temps mérovingiens.
Etonné par toutes ces trouvailles (et en particulier par cette dé- SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 368
couverte d'outils Paléo-Supéro dans cette grotte relativement jeune),
je décidai d'entreprendre la fouille complète de la caverne. Au mois
d'Août, je mis mon projet à exécution. Les travaux durèrent
248 heures comprises dans un espace de trois mois. La Grotte étant
creusée dans un Bajocien compact, les agents atmosphériques n'ont
pas agi sur la voûte et de là provient la faible épaisseur des horizons
Pré et Protohistoriques. De ce fait, résulte aussi le mélange des
couches, fait très regrettable, qui ne permet pas, en certains en
droits, de situer exactement le niveau auquel appartient telle ou
telle pièce. En plus de ces inconvénients naturels, il en est un arti
ficiel qui a considérablement nui aux vestiges de la Grotte. Depuis
des Millénaires des chiroptères de toutes sortes couvrent par milliers
la voûte de la Caverne. On y rencontre de nombreux types depuis
Fig. 2. — Coupe schématique de la Grande Baume.
le Rinolophus jusqu'à la Pipistrellus. Toute cette nombreuse colonie
répand sur le sol le « Guano » bien connu des Spéléologues et pré
historiens. En 1850, ce dépôt qui encombrait les galeries fut exploi
té comme engrais. Les ouvriers le véhiculèrent à l'extérieur et en
chargèrent 2 péniches. Pour faciliter le roulage des brouettes à
l'intérieur de la grotte, il fallut niveler le sol; ces travaux mélan
gèrent encore une fois les horizons. Malgré tous ces remaniements
nous réussîmes avec beaucoup de peine à classer chronolog
iquement les pièces découvertes. Nous avons agi aussi par compar
aison. Trois trous de sonde furent pratiqués dans diverses parties
de la caverne, particulièrement aux endroits propices à l'habi
tation, la moyenne des coupes nous a donné :
1. dépôts actuels (0m10 appâts, cailloux);
2. La Tène, Hallstatt 0m10;
3. Age du Bronze entre 0m05 et 0m15;
4. 2 faibles horizons néolithiques 0ш05.
Le tout reposant sur une épaisse couche d'alluvions dite « Argile
à Ours » lm30 mélangée à des galets roulés.
Dans cette dernière couche que nous n'avons exploré que par SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 369
ig. 3. — Plan de la Grande Baume.
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о
/ф i, — La Grande Baume : Hache à ailerons avec les 7 épingles gravées-
ďe dessins en arêtes de poisson; à gauche de la hache : épingle de type-
très rare; en bas : anneaux de bronze. Ech, 1/3. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 371
les trous de sonde, nous n'avons découvert aucun vestige d'homme
paléolithique, ni aucun des silex signalés par M. Poly.
L'unique raison en est qu'au Paléolithique les eaux souterraines
entraient souvent en activité et s'écoulaient par la galerie, déposant
ce limon jaune et argileux que l'on rencontre sur une grande haut
eur. La seule découverte intéressante dans ce niveau fut le crâne
fossilisé d'un jeune Ursus-spéléus (l'énorme tassement des terres
ayant facilité la fossilisation du crâne).
Les travaux s'avérèrent très durs dans les parties profondes de
la grotte, il fallut employer le plastic, un bloc de plus de 10 tonnes
arrêtant les fouilleurs. Au total plus de 30.000 kilos de roches furent
déplacés.
En général c'est sous ces blocs que furent découvertes les plus
belles pièces, dans une argile gluante mélangée à une grosse quant
ité de guano. Cette partie de la cavité est très humide. Pendant
les pluies, le ruisseau augmente de volume et envahit les parties
basses. Ordinairement les eaux traversent la grotte en sous-sol.
L'humidité constante de cet endroit de la caverne ainsi que le
guano épais de 0m50 par endroits la rendaient inhabitable. Le ravi
taillement en eau se faisait dans l'entonnoir qui surplombe le ruis
seau, fait nettement démontré puisque l'on a retrouvé dans le lit
de graviers des débris de poteries roulés et arrondis par les tour
billons.
Pièces découvertes : La faible base néolithique est caractérisée
dans ce gisement par une hache taillée en silex blond ayant subi
un premier polissage sur le tranchant (PL III, n° 12). La section est
ovalisée et son talon rond, ce qui la classe selon l'étude de A. Glory
dans le « Lacustre moyen ». Au « néolithique » notre région reçut
l'influence des « Palaflttes » suisses; la hache précitée en fait foi
ainsi (n° 7) que à la pédoncule découverte et à d'une barbelures pointe de flèche retenues. en silex La pointe brun (PI. médiIII,
terranéenne à base plate en évoluant a donné ce type que l'on
retrouve dans les Palaflttes de la Suisse occidentale. Les pointes
découvertes dans les Stations orientales ont en général la base con
cave.
Sous les éboulis du couloir Nord furent découverts une canine
de loutre percée et un manche d'outil en os gravé. Non loin de ces
derniers gisait une belle scie en silex foncé à retouches très fines,
pièce anciennement emmanchée (PL III, n° 8). La forme en est
quadrangulaire et les deux faces sont recouvertes d'un dépôt de
calcaire d'origine ancienne. Dans les fouilles nous avons mis au jour
de beaux couteaux de silex artistement retouchés datant du néoli
thique à l'âge du Bronze. Pendant une grande partie de cette der
nière époque, les hommes utilisèrent encore les outils en silex,
particulièrement dans nos régions où le cuivre et le bronze étaient
des matières rares. Par cette description des objets néolithiques
nous nous rendons compte que si la grotte n'a pas été habitée long
temps pendant cette période elle nous a livré des pièces très belles
et d'un beau fini. 372 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
PI. II. — La Gra