Gui de Mori et le roman de la Rose - article ; n°1 ; vol.68, pg 249-271
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1907 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 249-271
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1907
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ernest Langlois
Gui de Mori et le roman de la Rose
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1907, tome 68. pp. 249-271.
Citer ce document / Cite this document :
Langlois Ernest. Gui de Mori et le roman de la Rose. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1907, tome 68. pp. 249-271.
doi : 10.3406/bec.1907.452368
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1907_num_68_1_452368143 о
GUI DE MORI
ET LE ROMAN DE LA ROSE1.
Dans l'Avertissement qu'il a placé en tête de son édition du
Roman de la Rose, Méon dit : « Un poëte du commencement
du xive siècle exerça sa verve sur le Roman de la Rose, en y
ajoutant, retranchant, et en en renversant toute la marche.
A la fin de la partie faite par Guillaume de Lorris, il feint que
celui-ci avoit reçu le Bouton des mains de Yénus, qui avoit
emblê les clefs de la tour où étoit renfermé Bel-Acueil ; qu'il
garda le Bouton toute la nuit ; mais que le lendemain matin dame
Beauté vint le reprendre et le reporter dans la tour. Au surplus,
voici le compte qu'il rend lui-même de son travail :
En l'an del Incarnation
Ghi veil ma nel à rive traire2.
Il paroît que cet auteur se nommoit La Porte, et je n'ai rien
trouvé sur lui. Il a fait le même travail sur la continuation du
Roman par Jean de Meun3. »
Méon manque de précision lorsqu'il dit que le remanieur était
un poète du commencement du xiv6 siècle; c'est en 1290 4 qu'il fit
son travail. Il n'est pas certain qu'il s'appelait La Porte.
C'est par erreur que Méon attribue à ce remanieur la finale
1. Toutes mes références au Roman de la Rose seront faites d'après ma pro
chaine édition de ce poème; j'y ajouterai l'indication des vers dans les éditions
de Méon et de Michel, quand il y aura divergence.
2. Les vers cités par Méon sont au nombre de vingt-deux ; on les trouvera
plus loin.
3. Le Roman de la Rose..., par Méon, I, p. ix-x.
4. Peut-être en 1291, si le rimeur faisait commencer l'année à Pâques; mais
c'est très peu probable.
4907 M 250 GUI DE MORI
apocryphe qui fut écrite au xine siècle, indépendamment de la
continuation de Jean de Meun, pour servir de conclusion au poème
inachevé de Guillaume de Lorris.
Dans le manuscrit que Méon avait préparé pour son édition1,
il avait, entre les deux parties du Roman, intercalé ce qui suit2 :
Dans un manuscrit de la fin du хше ou du commencement du
xive siècle, qui m'a été prêté par M. l'abbé de Tersan, j'ai trouvé à la
suite du 4074e vers3 les suivans :
A che qu'estoie en tel destreche,
C'est H songe que j'ai songiet4.
Enssi fine H Rommans maistre Guille de Loris, comment il mena
ses amours à fin.
En l'an del incarnacion
Chi veil ma nel à rive traire.
Après ce que je Guis devant dis enc [lire : eue) ce premier livre
aussi fait comme chi deseseure [sic) est contenu, vint antre mes
mains li livres maistres Jehan de Meun, ouquel j'ai adjousté et osté
si comme j 'a voie fait en l'autre, et ai chest livre deviset en cincq
parties. En la premiere partie, qui est li quarte de tout le Rom-
mant5, sont contenu li dit de Raison, et commence où Belacueil est
encore en prison, et oste le fin du Rommant maistre Guillaume, por
ce qu'il se vantoit closement que s'amie estoit à lui venue. Si se
tient maistres Jehans de Meun, par qui est signifiés li amans si comme
désespérance (sec) de chou que leurs fais estoit aperchetis-, et pour ce
qu'il s'estoit d'amors complains et l'avoit comparé à fortune sa
muableté, pour che enquiert il qu'est Amors et qui est fortune. El
nuls ne l'en puet si bien dire le vérité comme Raisons. Et pour avoir
1. Ce manuscrit m'a été gracieusement donné par feu J. Croissandeau (alias
P. Marteau).
2. Avec recommandation de l'imprimer dans un caractère différent de celui
du texte.
3. Le dernier vers de la première partie du Roman.
4. Soixante-douze vers : la conclusion apocryphe du poème de G. de Lorris.
5. C'est-à-dire que le remanieur avait déjà divisé le de Guillaume de
Lorris en trois parties. LE ROMAN DE LA ROSE. 251 ET
la continuation des dis maistres Jehan as autres, nous recommencer
ons à la complainte de ramant qui dit ainssi :
Hé Bel-acueil bien sai de voir
Gar ge n'ai mes aillors fiance ^.
Ghi commenche H livres maistre Jehan de Meun sur le Rommant
de la Rose, qui est li quarte partie de ce livre.
Et si l'oi-ge perdu espoir, etc.
Il résulte de cet extrait du manuscrit de l'abbé de Tersan que
le remanieur s'appelait Gui; qu'il n'est pas l'auteur de la con
clusion en soixante-douze vers ajoutée au poème de G. de Lorris2 ;
qu'il avait déjà terminé son travail sur ce poème lorsqu'il eut
connaissance de celui de Jean de Meun.
Je n'ai jamais vu le manuscrit que l'abbé de Tersan avait prêté
à Méon ; j'ignore ce qu'il est devenu; et je serais heureux que la
présente notice fût une occasion, pour ceux qui pourraient le
connaître, de le signaler3; mais j'en connais un autre qui contient
le même texte, et qui, non seulement pour cette raison, mais pour
d'autres encore, me paraît digne d'une notice spéciale. Ce manusc
rit est exposé dans le Musée archéologique de Tournai ; grâce
à l'obligeance de l'administration municipale, qui a bien voulu le
1. Douze vers, les derniers de Guillaume de Lorris. Le remanieur veut dire
qu'il faut placer la continuation de Jean de Meun immédiatement après le
vers Car ge n'ai mes aillors fiance, sans tenir compte des soixante-douze
vers qui, dans son manuscrit, terminent l'action, et par conséquent sont en
contradiction avec ceux de Chopinel, qui la suppose interrompue.
2. Ces vers se trouvent dans des manuscrits qui n'ont rien de commun avec
le remaniement de Gui. D'ailleurs, dans deux passages cités plus haut, Gui
laisse voir qu'il attribuait ces vers à Guillaume de Lorris (dans la rubrique
Enssi fine, et dans le passage où il dit que Guillaume « se vantoit closement
que s'amie estoit a lui venue »). Il avait cependant, je crois, des doutes rel
ativement à leur authenticité.
3. Parmi les livres de l'abbé de Tersan, vendus à Paris le 8 novembre 1819
et les jours suivants (six mois après sa mort), se trouvaient deux manuscrits du
Roman de la Rose; mais l'un et l'autre sont datés du xve siècle dans le cata
logue de vente (nos 1180 et 1181); aucun d'eux ne peut par conséquent être
identifié avec celui que Méon datait de la fin du xine ou du commencement du
xiv" siècle (Catalogue des objets d'antiquité et de curiosité qui composaient
le cabinet de feu M. l'abbé Campion de Tersan, ancien archidiacre de Lee-
toure. Paris, 1819, in-8"). GUI DE MORI 252
mettre à ma disposition, dans une salle des archives, j'ai pu l'étu
dier à loisir, il y a une dizaine d'années.
Le manuscrit de Tournai est en parchemin1; il mesure 0m266
sur 0m196 ; il est composé de iv-171 feuillets, à deux colonnes de
trente-quatre lignes ; il est orné de très belles et très intéressantes
miniatures. Commencement du sixième feuillet (le second du
texte) : N'a se fables non.
Il est daté, à Y explicit, de 13302 ; il a probablement été écrit à
Tournai, tout au moins pour un Tournaisien. Outre une grande
miniature, en tête de la première page, figurant le jardin d'Amour,
à vol d'oiseau, avec les onze3 statues qui en décorent la façade, et
l'amant qui se tient au pied du mur; outre une belle lettrine
initiale, dans laquelle on voit le poète écrivant; une troisième
miniature, peinte au bas de la page, entre le texte et l'encadre
ment, représente le dieu d'Amour assis sur un arbre, d'où il lance
des flèches à une dame et à un chevalier à genoux devant lui ; le
heaume du chevalier est déposé à terre, son écu est suspendu à
une branche; cet écu est fascé d'argent et d'azur de huit
pièces au franc canton ďor, Vécu brisé d'un lambel à trois
pendants de gueule. Ce sont les armes d'une branche cadette
de la famille Pouret, de Tournai.
Le manuscrit a perdu de bonne heure de nombreux feuillets ;
huit ont été remplacés au xive siècle, d'après un texte de la même
1. Dans son article de l'Histoire littéraire (t. XXIII, p. 56-57) sur l

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