Histoire de France (Louis XI et Charles le Téméraire), t. 6, par Jules Michelet.  ; n°1 ; vol.5, pg 502-508
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Histoire de France (Louis XI et Charles le Téméraire), t. 6, par Jules Michelet. ; n°1 ; vol.5, pg 502-508

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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1844 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 502-508
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Publié le 01 janvier 1844
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Jules Quicherat
Histoire de France (Louis XI et Charles le Téméraire), t. 6, par
Jules Michelet.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 502-508.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Histoire de France (Louis XI et Charles le Téméraire), t. 6, par Jules Michelet. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1844, tome 5. pp. 502-508.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1844_num_5_1_451809502
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
de France (Louis XI et Charles le Téméraire), par M. Mj-
CHELET , tome sixième. — Un vol. in-8° , chez Hachette , rue Pierre-
Sarrasin, 12. Paris, 1844.
La mode , qui se prend à toute chose , même à l'histoire , nous a imposé,
dans ces derniers temps, un Louis XI à sa fantaisie. Certain chapeau ,
exhumé des chroniques ; une facilité à faire pendre le monde outrée au delà
du bon sens ; les pratiques d'une bigoterie ridicule substituées partout aux
actions sérieuses : voilà de quoi on s'est servi pour créer, comme on dit ,
une fleure ; triste figure que nous avons vue, dans les livres sur le
théâtre, errer, s'inquiéter, grimacer, et finalement ne retracer autre chose à
l'esprit que l'image d'un tyran de comédie , qui, par humeur, aurait trouvé
plaisant de détruire la féodalité. Cependant, il est douteux que Philippe
de Commines ait écrit ses mémoires pour prouver que son maître était un
personnage de comédie ; et quant à prétendre que Louis XI a détruit la
féodalité , le mot est au moins impropre, puisqu'on l'applique également à
Philippe Auguste , à Philippe le Bel , à François Ier , voire même au car
dinal de Richelieu , et qu'il n'est pas vraisemblable qu'à de si grands in
tervalles la même chose ait été tant de fois à refaire.
Dieu soit loué ! M- Michelet émonde l'histoire de France de toutes ces
exagérations et confusions. Costume , supplices et patenôtres occupent ,
dans son récit, la juste place qu'ils méritent; et l'intelligente sollicitude
avec laquelle il s'arrête à chaque pas pour démêler le caractère, la ten
dance, les intérêts du moment, le met en garde contre le danger des
aperçus incomplets , incertains, équivoques, vrais à demi, c'est-à-dire,
pires que faux.
Féodale était la France que Louis XI fut appelé à gouverner , et il la
laissa féodale ; mais, de même que du vivant de ses prédécesseurs, les
pratiques traditionnelles , qui jadis tenaient lieu de constitution , avaient
subi plus d'un changement , de même il employa les vingt-deux années de
son règne à les modifier encore davantage. Changer incessamment était
l'essence de ce gouvernement qu'on est trop habitué à prendre pour le type
de l'immobilité. Lorsque rien ne se faisait que par l'usage , tout dégénérait
en abus ; et il venait un moment où il fallait remédier aux abus ou sinon
s'en laisser écraser. L'abus , devenu intolérable au temps dont nous par
lons , était celui des apanages. Presque toutes les provinces , si chèrement
reconquises par les successeurs de Hugues Capet, se trouvaient aliénées
de nouveau ; on les avait prêtées aux membres de la race royale pour les
aider à vivre , et ceux-ci en usaient comme de leur propre pour s'essayer à
régner; tellement que ces beaux duchés et comtés, disposés comme une 503
ligne salutaire de fortifications autour du trône , n'étaient que des retra
nchements pour le harceler et le battre en brèche. Louis XI eut le bon sens
d'attribuer à cet état de choses les défaites réitérées de la France, que les
sages des générations précédentes avaient subies, sans y chercher remède,
comme un signe manifeste de la colère divine ; et , comme il voulut fe
rmer à tout jamais le royaume aux Anglais , il ne vit rien de mieux à faire
pour y réussir que de revendiquer sur les princes, devenus leurs alliés de
circonstance, les droits imprescriptibles de sa couronne : juste poursuite
qu'il entreprit à la fois comme suzerain contre des vassaux indociles , et
comme chef de famille contre une parenté ingrate.
M. Michelet met son Louis XI en scène avec ce programme Lien résolu
d'un règne prémédité , s'il en fut jamais. Le personnage tel qu'il le dépeint
répond à la conception qu'il lui prête , digne de l'avoir formée , capable de
la mettre à effet. Ce n'est pas dans un morceau d'apparat qu'il s'est
appliqué à le faire connaître, à l'imitation de plusieurs, de Duclos par
exemple , qui , tenant ses crayons en réserve aussi longtemps que se pro
longe son récit, a patiemment attendu son dernier chapitre pour y enca
drer le portrait du héros : portrait soigneusement touché , plein de nombre
et de cadence , de rapprochements et d'antithèses , fait dans les règles et
pour satisfaire à la règle, mais qu'on voit arriver là , comme une estampe
jointe à l'ouvrage, sans en dépendre , sans pouvoir en racheter la pâleur.
Chez M. Michelet , rien pour la décoration ni pour l'effet , rien d'isolé ni
de froid. La peinture qu'il a faite de Louis XI , c'est tout son livre. Ses
réflexions , qui sont rares , les traits qu'il multiplie tout en les disséminant,
les faits qu'il a choisis et la manière dont il les expose , tout concourt à
former la ressemblance qu'il a cherchée, qu'il a trouvée, en lui donnant
cette mobilité , ce je ne sais quoi d'imprévu, de changeant, de contradic
toire et pourtant de réfléchi, de constant, d'uniforme , qui constitue la vie.
Dès le premier chapitre, vous connaissez l'homme, son activité dévo
rante , sa perspicacité à laquelle rien n'échappe , sa persévérance que ne
peuvent ni les revers lasser , ni le succès endormir ; le sens droit, l'œil
prompt , la main leste; amoureux de ses desseins , quoique habile aies
corriger lorsqu'il en a saisi le défaut ; ennemi implacable de tout ce qui les
contrarie , non pas tant toutefois des personnes que des choses ; détaché
des apparences ; ouvert à toutes les belles idées de bonheur public , de
science , d'industrie , et plus avancé sur ces matières qu'aucun autre de
son temps. Avec cet esprit vaste , le cœur étroit , de la défiance , des pré
ventions , la crainte de n'être jamais servi à son gré , de ne pas assez tôt
réussir ; c'est pourquoi , dès le premier jour, il ruse, il ment , il brouille
tout pour s'avancer à voie couverte ; il réduit aux proportions d'une in
trigue l'exécution de la plus grande entreprise, et il aime mieux tout com
promettre que de n'être pas le seul qui voie, qui sache, qui agisse. Ce
n'est là ni un Tibère , ni un roi modèle , suivant les diverses expressions
de l'opinion d'autrefois : c'est un grand homme d'affaires. moins Voilà digne le Louis de l'histoire XI de M. nous Michelet. semble 504 Non le duc moins de conforme Bourgogne à la qu'il vérité, lui non op
pose. Chez celui-ci , tout le cœur qui manque à son adversaire ; mais com
bien de parties défectueuses dans son esprit ! du tumulte , du mouvement
sans conduite , l'agitation du vent ou de la tempête, pas d'activité véri
table ; des projets de roman ; de la lenteur à s'instruire ; une répugnance
plus qu'opiniâtre à se corriger. Génie malheureux, qui se laisse entraîner à
tous les écarts d'un faux jugement , il finit par perdre jusqu'au prestige
de sa valeur. Charles le Terrible était-il appelé au beau moment de sa puis
sance, et il est terrible effectivement lorsqu'on l'entend, dans le livre de
M. Michelet, haranguer les échevins des villes flamandes, leur détacher,
du fond de sa colère, des menaces dont l'âpreté fait frémir encore après
quatre siècles écoulés ; mais sur le champ de bataille de Nancy, lorsque ,
morne et sentant son heure prochaine, il se dégage de l'escadron renversé
autour de lui , pour aller chercher, dans une embuscade détournée, sa
mort et celle de son empire, alors l'historien fait bien sentir que ses hon
neurs lui sont passés , comme dit Philippe de Commines , et que si quel
que surnom lui convenait encore , ce serait celui de Charles digne de pitié.
Quelle action cependant que celle qui se passa

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