Histoire des antibiotiques. - article ; n°2 ; vol.7, pg 124-138
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1954 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 124-138
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Desiderio Papp
Histoire des antibiotiques.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1954, Tome 7 n°2. pp. 124-138.
Citer ce document / Cite this document :
Papp Desiderio. Histoire des antibiotiques. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1954, Tome 7 n°2. pp.
124-138.
doi : 10.3406/rhs.1954.3405
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1954_num_7_2_3405Histoire des antibiotiques
S'il est une conclusion très générale qu'impose l'histoire de la
recherche scientifique, c'est l'unité de la pensée scientifique et
la continuité de son développement. Ces deux caractéristiques
trouvent leur brillante vérification dans l'histoire des antibiotiques.
En effet, ceux-ci offrent une démonstration fort instructive de
l'unité de la connaissance. Leur découverte, œuvre d'équipes de
spécialistes, fut le résultat final de la convergence de recherches
effectuées dans des domaines très différents, dont la diversité
montre, d'une façon spectaculaire, que les limites qui séparent les
différentes disciplines sont artificielles et que le fractionnement de
la science, imposé par des nécessités pratiques, manque de racines
dans la structure du savoir.
En outre, l'avènement des antibiotiques confirme la continuité
qui régit le processus évolutif de la recherche et met en évidence,
sur un exemple remarquable, que même les plus récentes acquisitions
de la connaissance ont leurs origines dans les idées et les recherches
de lointains précurseurs. C'est vrai à tel point, que, d'une part,
l'étude de certains problèmes de l'antibiose accompagne l'histoire
de la bactériologie presque dès ses débuts et que, d'autre part, la
connaissance empirique de certains faits, dont l'étroite relation
avec l'antibiose nous apparaît aujourd'hui indiscutable, remonte
à un passé bien plus profond, jusqu'à l'Antiquité.
Dans notre rapide synthèse nous pouvons à peine nous arrêter
un moment sur la longue préhistoire de notre problème. Nous
n'invoquerons pas les mânes de Dioscorides, le célèbre médecin
et botaniste du Ier siècle de notre ère, qui recommandait les levures
pour le traitement de blessures purulentes ; il considérait d'ailleurs
comme véritable panacée la plante Polyporus officinalis dont
certaines variétés, comme nous le savons à présent, possèdent
réellement des propriétés antibiotiques. De même, Pline, le grand
encyclopédiste romain, mentionne dans sa Naluralis Historia les
vertus curatives de la toile d'araignée capable d'empêcher l'infec- HISTOIRE DES ANTIBIOTIQUES 125
tion des blessures. Des indications semblables sur les effets théra
peutiques de mousses et des champignons ne sont pas rares dans
les herbiers du Moyen Age et abondent dans les manuels de phar
macologie après la Renaissance.
Si intéressantes que soient les connaissances empiriques que
révèlent ces documents, ceux-ci ne contiennent l'anticipation
d'aucun élément du futur concept de l'antibiose. Le climat intel
lectuel propice à la formation de ce concept ne se constitue pas
avant la puissante innovation produite dans les idées, à partir
de la seconde moitié du siècle passé, par la doctrine de Darwin.
Concédant à la lutte pour la survivance la hiérarchie d'une loi
universelle qui détermine l'évolution des espèces, la théorie de
Darwin suggère implicitement qu'à l'échelle microscopique — là
aussi — les êtres vivants pour subsister tendent à s'éliminer les
uns les autres. Il n'est donc pas surprenant que presque depuis les
débuts de la bactériologie — dont les origines coïncident avec
l'avènement du darwinisme — le phénomène de l'antagonisme
microbien ait été observé par divers chercheurs et que quelques-uns
aient même reconnu l'importante aide que l'activité antagoniste
parmi les micro-organismes pourrait un jour offrir à la thérapeutique
humaine.
I
Le nom glorieux de Louis Pasteur ouvre la file de ces précurs
eurs. Il a observé, en collaboration avec le physicien Jules Joubert,
une colonie de bacilles d'anthrax qui croissait abondamment dans
un bouillon à base d'urine stérile et qui resta inhibée dans son
développement et finit par être détruite quand Pasteur eût semé
dans le bouillon certains organismes aérobies. ne spécifia
pas dans son mémoire le nom de ces organismes, mais il reconnut
immédiatement la portée du phénomène et décida de compléter
son observation isolée par une expérience. Il injecta à des cobayes
simultanément des germes aérobies et de grandes quantités de
bacilles d'anthrax. Quelques animaux moururent, d'autres survé
curent, mais dans aucun il ne nota les symptômes du charbon.
Pasteur venait ainsi de mettre en évidence que l'activité de certains
micro-organismes était capable d'arrêter le développement d'autres ou encore de les détruire. La loi darwinienne
— le « struggle for life » du grand Anglais — agissait donc aussi
dans l'énigmatique microcosmos des organismes. Le travail de REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 126
Pasteur fut publié en 1877. Sans doute, quelques chercheurs comme
le médecin londonien Williams Roberts (1874) et le physicien
anglais John Tyndall (1876) le précédèrent dans l'étude de phéno
mènes similaires, cependant c'est le mémoire de Pasteur qui apporta
la première description claire et univoque de l'antagonisme micro
bien, et son auteur fut le premier à prévoir l'importance révolu
tionnaire que les antibiotiques allaient acquérir dans la médecine
de notre époque : « Tous ces faits, conclut Pasteur, autorisent
peut-être les plus grandes espérances au point de vue théra
peutique. »
Dans le sillage lumineux de la carrière de Pasteur, la découverte
que nous venons d'indiquer fut seulement un épisode. Il devait
s'orienter rapidement vers d'autres objectifs, étant absorbé à ce
moment-là par la laborieuse recherche de ses vaccins.
Mais l'idée de l'antibiose était lancée et plusieurs chercheurs
s'engagèrent dans le chemin que le génial Français avait signalé.
L'Italien Arnoldo Cantini (1885) proposa de traiter la tuberculose
en insufflant dans l'intérieur des poumons des cultures du bacterium
Termo, micro-organismes saprophites, dont l'antagonisme avec le
bacille de Koch inhiberait — ainsi le supposait Gantini — le déve
loppement de ce microbe pathogène. Cette initiative n'eut pas de
succès et la théorie impliquée dans l'expérience de Cantini — subs
titution d'organismes pathogènes par leurs antagonistes sapro
phytes — fut abandonnée.
Cependant, une autre orientation paraissait être pleine de
promesses ; son point de départ était ancré dans la question :
« Comment agit un micro-organisme pour empêcher le dévelop
pement d'un autre ? » Une fois admis qu'il existait une analogie
entre les plantes macroscopiques et les microbes, il était logique
de supposer qu'une espèce du microbe capable d'une reproduction
plus rapide que l'autre inhiberait le développement de celle-ci,
envahissant son espace vital et appauvrissant le milieu de culture
en substances nutritives. Cependant, cette hypothèse fut rejetée
par l'Autrichien Victor Babès en 1885, et deux ans plus tard par
le Suisse Karl Garré. Ces chercheurs, et avec plus de succès le
second d'entre eux, reconnurent, en se rapprochant sensiblement
du concept actuel de l'antagonisme microbien, que les substances
produites par un micro-organisme donné et toxiques pour d'autres
micro-organismes, étaient responsables de l'effet antibiotique.
Une fois admise cette conclusion, le pas suivant dut être, HISTOIRE DES ANTIBIOTIQUES 127
logiquement, de séparer du filtré de la culture la substance active.
Ce pas fut accompli en 1899 par les chercheurs allemands Rodolf
Emmerich et Oscar Lôw. Ces expérimentateurs isolèrent du filtré
de la culture du bacille Pseudomonas pyocyanea un extrait que
mettait en évidence in vitro une puissante activité contre toute
une série de pathogènes comme Bacillus anlhracis, Vibrio Cholerae
et Comeybaclerium diphleriae et d'a

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