Histoire du régne de Henri IV, par A. Poirson.  ; n°1 ; vol.20, pg 81-97
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Histoire du régne de Henri IV, par A. Poirson. ; n°1 ; vol.20, pg 81-97

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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1859 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 81-97
17 pages

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Publié le 01 janvier 1859
Nombre de lectures 13
Langue Français
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Extrait

Amédée Tardieu
Histoire du régne de Henri IV, par A. Poirson.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1859, tome 20. pp. 81-97.
Citer ce document / Cite this document :
Tardieu Amédée. Histoire du régne de Henri IV, par A. Poirson. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1859, tome 20. pp. 81-
97.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1859_num_20_1_44567081
BIBLIOGRAPHIE.
des HisxoiEE lycées Saint-Louis du règne de' et Charlemagne, Henri IV, par conseiller M. A. Poirson, honoraire ancien de proviseur Г Univers
ité; Paris., Louis Colas et Cic, 1856, 2 tomes en 3 parties, in-8°.
Il n'est jamais trop tard pour parler d'un livre excellent, destiné à durer
et à devenir, pour ainsi dire, la base de toute étude ultérieure sur l'une des
plus grandes et des plus fécondes époques de notre histoire; d'autant que
ces sortes d'ouvrages, qui se recommandent surtout par leur solidité, ne
sont pas de ceux qu'on peut apprécier de prime abord à leur vraie valeur.
Composés avec la lenteur calculée de la patience, de la méthode, de la jus
tice, ils imposent à la critique les mêmes devoirs. Nous n'aurions donc
éprouvé nul embarras à entretenir, après deux ans, les lecteurs de la Biblio
thèque de l'École des Chartes de Y Histoire du règne de Henri IV de
M. Poirson. Cependant, comme en fait de critique Га-propos ne gâte rien ,
nous sommes heureux qu'une décision récente de l'Académie française, qui
a maintenu cette année-ci encore à M. Poiršon la plus haute de ses récomp
enses, nous offre une occasion plus naturelle de publier, à notre tour, le
résultat d'une lecture, ou, qui mieux est, d'une étude approfondie de l'œuvre
deux fois couronnée de l'éminent historien. Nous n'imiterons pas certains
critiques, qui, sans tenir compte des avertissements formels de l'auteur, et
du but spécial qu'il s'était proposé, ont eu plus à cœur de refaire que d'exa
miner son livre, et se sont trouvés avoir en réserve un plan tout prêt et des
jugements tout faits à substituer aux siens. Un travail opiniâtre et une médit
ation incessante de dix années nous ont paru mériter plus d'égards et de dé
férence; nous nous sommes attaché à bien comprendre la pensée de l'histo
rien, plutôt qu'à la corriger; nous avons accepté pleinement les limites qu'il
lui avait plu de se poser, et voulu raisonner avec lui d'après ses propres
principes, plutôt que d'après nos idées préconçues. Certaines lacunes, cer
taines inégalités de développement nous ayant frappé, tout d'abord, bien
nous a pris de ne pas en avoir triomphé comme de négligences échappées à
l'auteur; nous avons fait ce que, par justice, autant que par courtoisie, on
devrait toujours faire, en pareil cas, nous lui avons déféré à lui-même et
soumis nos doutes, nos scrupules, et les avons vu dissiper par quelques
mots de bienveillante explication, qui ont suffi à nous édifier pleinement
sur l'esprit et l'unité de cette remarquable composition.
L'auteur le sait et en convient : toute la chronique scandaleuse, toute la
partie anecdotique et pittoresque (pour nous servir d'un mot à la mode ) du
règne d'Henri IV manque dans son livre. Les maîtresses et les courtisans
du grand roi n'y jouent pas le principal rôle; mais il l'a voulu et entendu
ainsi, et nous n'avons pas la force de l'en blâmer. L'histoire, a notre avis,
depuis vingt ou trente ans, à d'illustres exceptions près, a trop renoncé à
V. (Quatrième séria.) 6 .

82
cette dignité dont les anciens avaient fait la première condition, la condi
tion essentielle du genre. Elle a suivi la pente générale et demandé le suc
cès, la popularité, à des moyens factices., tout comme le drame, le roman,
la peinture. Avide, par-dessus tout, de couleur locale^ de nouveauté, de
mise en scène, elle a, soi-disant pour ne rien laisser perdre des enseigne- ' ments et des révélations du passé, puisé sans mesure ni réserve à des sources
impures, jusque-là, quoi qu'on en dise, plutôt négligées qu'ignorées, et trans
porté pêle-mêle dans ses récits, mémoires, pamphlets, factums et chansons.
Devenue de la sorte, si l'on veut, plus vivante, plus dramatique, n'a-t-elle
pas en revanche compromis son autorité, c'est-à-dire son bien le pius pré
cieux ? Est-il donc nécessaire que l'histoire soit si amusante? Won : son but
est autre, et sa mission autrement élevée que d'enregistrer toutes les. ca
lomnies, toutes les indiscrétions, tous les cancans de la cour et de la
ville. L'historien est un juge qui ne peuE pas partager les passions des t
émoins qu'il écoute, et qui doit le respect même à ses victimes, à plus forte
raison à ses héros. Il fait fausse route, nous l'affirmons, en se faisant irr
évérencieux dans ses portraits et cavalier dans son style; la désinvolture, le
ton dégagé, familier, trivial, lui conviennent moins qu'à personne; et, tout
autant que la poésie, l'histoire a besoin de la forme, d'une forme sévère et
châtiée, pour vivre et pour durer. D'autre pari, elle a des règles rigoureuses
et immuables d'investigation, auxquelles on se soustrait trop volontiers au
jourd'hui : sous le nom spécieux (S! intuition historique, l'imagination, la
pure fantaisie a réussi à se faire accepter comme un utile auxiliaire de la
critique, et trop souvent ses créations chimériques ont été préférées à la réal
ité. Enfin le paradoxe est un dernier écueil qui, de nos jours, a porté mal
heur à plus d'un historien distingué ' : que de fois on a vu le talent, faute
de principes solides, trouver piquant de se fourvoyer dans telle ou telle ten
tative de réhabilitation impossible, celle de la Ligue, par exemple 2, ou de
l'administration d'unMazarin ! Non seulement M. Poirson a su échapper à ces
divers dangers, mais il a protesté, au début de son livre, avec toute l'éner
gie et toute l'éloquence du bon sens et du bon goût, contre cette triple er
reur de l'école moderne, contre ces trois rejetons bâtards de Fart historique,
que nous appellerons le genre pittoresque, le genre fantaisiste et le genre-
paradoxal. Sa méthode de composition 3 est proprement celle que les an
ciens, d'après une heureuse expression de Polybe, avaient nommée la mé
thode pragmatique : elle consiste, comme on sait, dans une perpétuelle
alliance de la narration et du raisonnement ; en vue de la clarté, de l'ordre,
i. Voy. (t. П, p. 872) ce que M. Poirson dit de ces critiques contemporains, dans
les écrits desquels « le persiflage des poètes petits-maîtres delà fin du siècle dernier »
a remplacé la discussion. Peut-être a-t-il entendu, designer là M. Bazin, esprit iin jus
qu'à la subtilité, qui, en général, ne se passionne que pour les thèses les moins popul
aires, les moins rebattues, mais aussi, disons-le, les moins généreuses.
2. Voy. ibid., t. I, p. 227-3.
3. Voy. p. xiv et xv de la préface .
83
de l'exactitude, au risque même de quelques longueurs et de quelques re
dites, elle n'expose les faits qu'en les discutant; elle ne chemine, si l'on peut
dire, que preuves en main, probando narrât. D'autre part, elle abrège
volontiers les parties qu'elle jug'e suffisamment connues et approfondies \
réservant ses développements et son érudition, soit pour rectifier des erreurs
consacrées, soit pour combler de regrettables lacunes. Au fond, c'est bien
la méthode historique de Voltaire, et nous savons de source certaine que
le Siècle de Louis XIV a été l'unique modèle de V Histoire du règne de
Henri IV.
A côté de cette profession de foi littéraire., M. Poirson, dans sa Préface,
et dans maint passage de son Introduction, deux des meilleurs morceaux
qui soient sortis de sa plume, a placé ime profession de foi religieuse, poli
tique et morale, dont la netteté, l'élévation, la sagesse, permettent de lui
appliquer sans flatterie ce qu'il dit quelque part de l'historien De ïhou , que
« l'excellence de son livre tient à celle de ses principes 2. » Trop d'écri
vains croient se dérober à la responsabilité attachée au beau nom

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