Innovation et travaux publics en France (1840-1939) - article ; n°3 ; vol.8, pg 403-414

Dominique Barjot

Description

Histoire, économie et société - Année 1989 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 403-414
Abstract : In the years from 1840 to 1939, French civil enginnering contractors stood as world leaders for innovation. To meet the demand, on the French market, of customers with exacting requirements - the Roads and bridges department (Administration des Ponts et chaussées), railway companies, or electricity firms - whilst saving on everrising labour costs, they strove to develop new materials, and to achieve high quality construction at the lowest cost. They were thus able to sustain, throughout this period, their highly competitive position on the international markets.
Résumé : Entre 1840 et 1939, les entreprises françaises de travaux publics se situèrent à la pointe de l'innovation mondiale. Afin de répondre, en France, aux besoins d'une clientèle exigeante - Ponts et chaussées, compagnies ferroviaires, ou sociétés d'électricité - tout en économisant une main d'œuvre de plus en plus coûteuse, elles s'appliquèrent à mettre au point des matériaux nouveaux ainsi qu'à réaliser des ouvrages de haute qualité au plus bas prix de revient. Elles préservèrent ainsi, tout au long de la période, un haut niveau de compétitivité internationale.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1989
• Nombre de lectures: 78
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Dominique Barjot
Innovation et travaux publics en France (1840-1939)
In: Histoire, économie et société. 1989, 8e année, n°3. pp. 403-414.
Résumé : Entre 1840 et 1939, les entreprises françaises de travaux publics se situèrent à la pointe de l'innovation mondiale. Afin
de répondre, en France, aux besoins d'une clientèle exigeante - Ponts et chaussées, compagnies ferroviaires, ou sociétés
d'électricité - tout en économisant une main d'œuvre de plus en plus coûteuse, elles s'appliquèrent à mettre au point des
matériaux nouveaux ainsi qu'à réaliser des ouvrages de haute qualité au plus bas prix de revient. Elles préservèrent ainsi, tout au
long de la période, un haut niveau de compétitivité internationale.
Abstract
Abstract : In the years from 1840 to 1939, French civil enginnering contractors stood as world leaders for innovation. To meet the
demand, on the French market, of customers with exacting requirements - the Roads and bridges department (Administration des
Ponts et chaussées), railway companies, or electricity firms - whilst saving on everrising labour costs, they strove to develop new
materials, and to achieve high quality construction at the lowest cost. They were thus able to sustain, throughout this period, their
highly competitive position on the international markets.
Citer ce document / Cite this document :
Barjot Dominique. Innovation et travaux publics en France (1840-1939). In: Histoire, économie et société. 1989, 8e année, n°3.
pp. 403-414.
doi : 10.3406/hes.1989.1534
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1989_num_8_3_1534INNOVATION ET TRAVAUX PUBLICS EN FRANCE
(1840-1939)
par Dominique BARJOT
Résumé :
Entre 1840 et 1939, les entreprises françaises de travaux publics se situèrent à la pointe de
l'innovation mondiale. Afin de répondre, en France, aux besoins d'une clientèle exigeante - Ponts et
chaussées, compagnies ferroviaires, ou sociétés d'électricité - tout en économisant une main d'œuvre de plus
en plus coûteuse, elles s'appliquèrent à mettre au point des matériaux nouveaux ainsi qu'à réaliser des ou
vrages de haute qualité au plus bas prix de revient. Elles préservèrent ainsi, tout au long de la période, un
haut niveau de compétitivité internationale.
Abstract :
In the years from 1840 to 1939, French civil enginnering contractors stood as world leaders for
innovation. To meet the demand, on the market, of customers with exacting requirements - the Roads
and bridges department (Administration des Ponts et chaussées), railway companies, or electricity firms -
whilst saving on everrising labour costs, they strove to develop new materials, and to achieve high quality
construction at the lowest cost. They were thus able to sustain, throughout this period, their highly
competitive position on the international markets.
En France, l'innovation constitue une exigence du secteur des travaux publics1.
Jusqu'en 1940, la nécessité de travailler pour l'administration, selon des règles de
passation et d'exécution très rigoureuses, le prix de revient élevé de la main d'œuvre,
surtout à partir de la Première guerre mondiale, et la relative lenteur avec laquelle
s'effectua la mécanisation orientèrent l'effort d'innovation vers la recherche de maté
riaux plus économiques et performants ainsi que vers la mise au point de produits
toujours mieux adaptés à la demande d'une clientèle exigeante : administration des
1 Pour une bibliographie détaillée, on se reportera à D. Barjot. «L'innovation dans les travaux publics
(XIXe - XXe siècles) : une réponse des firmes au défi de la demande publique ?», HES, n°2, 2e tr
imestre, 1987, pp. 209-231. Le présent travail se fonde en outre sur l'étude des archives de la F.N.T.P.
ainsi que de celles d'un certain nombre de grandes entreprises de travaux publics et de constructions
métalliques. HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE 404
Ponts et chaussées, compagnies de chemin de fer ou grandes sociétés de production -
transport - distribution d'électricité. Entre 1840 et 1939, ces deux problèmes ne
cessèrent de dominer l'évolution des techniques françaises de génie civil. La pénurie
de coke sidérurgique, la puissance de l'industrie cimentière et surtout le haut niveau de
formation des ingénieurs français conduisirent les entrepreneurs nationaux à dévelop
per très tôt l'usage du béton armé, puis à prendre la tête dans le domaine des applica
tions de la précontrainte. En matière d'ouvrages, ils furent particulièrement créatifs :
d'abord s'agissant de canaux et de ponts, puis de ports et de tunnels, enfin de bar
rages et de structures à grande portée.
DES MATERIAUX PLUS ECONOMIQUES ET PERFORMANTS
La recherche de matériaux plus économiques et performants constitua l'une des
tendances lourdes de l'évolution du génie civil français. A ce point de vue, la grande
dépression des années 1880-90 marqua un tournant essentiel en accélérant le passage
de l'âge du fer à celui du béton.
L'âge du fer
Au début du XIXe siècle, les ingénieurs français avaient pris une grande avance
dans la connaissance des phénomènes d'élasticité et de résistance des matériaux. Na-
vier et Cauchy ouvrirent la voie à de nombreux travaux appliqués, tels ceux de Lamé
et Clapeyron, dont Polonceau appliqua les idées aux constructions métalliques. Ces
avancées scientifiques favorisèrent le développement des structures métalliques à
grande portée. Le fer permit l'essor des ponts suspendus, grâce à la substitution par
Marc Seguin du système de la suspension par câbles à celui de la chaîne utilisé jusque
là par les Britanniques. Une étape essentielle dans l'adoption du fer comme matériau
privilégié de construction des grands ouvrages fut en 1840 l'introduction par les
Forges du Creusot des techniques anglaises du puddlage et du laminage : le premier
procédé permettait de produire des fers doux, d'élasticité bien supérieure à celle de la
fonte ; quant au second, il autorisait la fabrication d'une gamme beaucoup plus variée
de profilés, le fer étant plus facile à travailler que la fonte. Ce dernier matériau ne
connut pas le même succès qu'en Grande-Bretagne, car les ouvrages en fonte ne se
développèrent qu'à partir de 1833-1834, trop peu de temps avant l'initiative du Creus
ot.
Le fer l'emporta parce qu'il permettait de réaliser des bâtiments de très grande
ampleur à un prix relativement bas. Il devint le matériau privilégié des grandes
expositions ainsi que des principaux équipements urbains. Il s'imposa en matière
d'infrastructures ferroviaires, servant en particulier à la mise en place de grands halls
de gares. Son exceptionnelle résistance en fit aussi le matériau le mieux adapté à la
construction des ponts. L'usage croissant du fer eut pour conséquence la constitution
d'une puissante industrie des constructions métalliques. Les plus grosses entreprises
associaient constructions mécaniques et charpentes métalliques et pouvaient tout à la
fois fournir les infrastructures et livrer les matériels ferroviaires. S'imposèrent en tête INNOVATION ET TRAVAUX PUBLICS EN FRANCE (1 840- 1939) 405
de la branche deux firmes parisiennes, la Société Ernest Gouïn, future Société des
Batignolles, et les Etablissements Cail, une maison du Nord, la Compagnie de Fives-
Lille, et surtout Schneider et Cie du Creusot.
A ces grosses firmes s'ajoutaient un grand nombre d'entreprises spécialisées, en
général issues de la serrurerie. Les plus propères se rencontraient dans la région pari
sienne, à l'exemple des maisons créées par les centraliens Henri Moisant et Gustave
Eiffel. Homme d'affaires habile, ce dernier tissa autour de lui un réseau de relations
des plus efficaces : franc-maçon, lié de bonne heure aux Pereire, très introduit dans les
milieux républicains opportunistes, il obtint ainsi toute une série de commandes ex
ceptionnelles. Tout au long de sa carrière, il s'entoura de collaborateurs de grande
classe, comme Théophile Seyrig, Emile Nouguier ou Maurice Koechlin. Il fut en outre
un véritable innovateur, qui poussa très loin la préfabrication des pièces en atelier, et
même un inventeur, qui mit au point les