Inscription araméenne en caractères grecs de Doura-Europos et une dédicace grecque de Cordoue. - article ; n°3 ; vol.44, pg 289-306
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Inscription araméenne en caractères grecs de Doura-Europos et une dédicace grecque de Cordoue. - article ; n°3 ; vol.44, pg 289-306

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Description

Syria - Année 1967 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 289-306
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-T. Milik
Inscription araméenne en caractères grecs de Doura-Europos et
une dédicace grecque de Cordoue.
In: Syria. Tome 44 fascicule 3-4, 1967. pp. 289-306.
Citer ce document / Cite this document :
Milik J.-T. Inscription araméenne en caractères grecs de Doura-Europos et une dédicace grecque de Cordoue. In: Syria. Tome
44 fascicule 3-4, 1967. pp. 289-306.
doi : 10.3406/syria.1967.5939
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1967_num_44_3_5939INSCRIPTION ARAMÉENNE EN CARACTÈRES GRECS
DE DOURA-EUROPOS ET UNE DÉDICACE GRECQUE
DE CORDOUE
PAR
J. T. MILIK
Dans le temple des dieux palmyréniens à Doura, sur le mur Sud du
pronaos, se trouve gravé un graffite qu'on lit matériellement sans difficulté :
GAPOHNrOBNINAAABABIACAAMA
BANICANÀABAPZAKIKH.
La seule copie qui existe, celle du fouilleur, fait figurer après un alpha
de la première ligne, celui entre les deux betha, un trait vertical en point
illé; il est à ignorer. A la requête de F. Cumont, G. Levi Delia Vida a
discuté, dans le volume des fouilles, des diverses possibilités d'interpréta
tion de ce petit texte qui a été reconnu correctement comme araméen.
Il s'est arrêté à la traduction suivante : « Deux lingots d'or sur la main de
la statue, le 2 Nisan, Barzakiki », F. Cumont, Fouilles de Doura-Europos
(1922-1923), 1926, pp. 367-8, n° 11 et la figure. Sans grand intérêt se révèle
la version de du Mesnil du Buisson, laquelle combine des alternatives dis
cutées, et éventuellement rejetées, par Levi Delia Vida : « Deux globes
d'or pour la main de la statue, (lesquels) a construit Sana', fils de Zaqiqé »,
Inventaire des inscriptions palmy réniennes de Doura-Europos, 1939, pp. 33-4,
n° 51. En gros, l'interprétation du savant italien reste valable, si l'on corrige
sur deux ou trois points.
Observons d'abord que dans le fac-similé le troisième alpha de la ligne 2
est surmonté d'un trait vertical. C'est donc le chiffre 1 . Il n'est pas permis '
290 SYRIA [XL1V
d'y joindre l'alpha qui suit, pour lire 2 , même en faisant abstraction de
l'idée qu'un double alpha grec puisse jamais exprimer le nombre « deux » ou
« deuxième ». Également dans les écritures sémitiques, à côté des symboles
spéciaux, on emploie les lettres pour les chiffres, et le 2 sera toujours
exprimé par le beth. Le chiffre 1 du graffite ne peut être que le quantième
du mois et la coupe ba-nisan, « au (mois de) Nîsân, le 1er (jour) », devient
par conséquent certaine, et non seulement probable ou vraisemblable.
Pour la première ligne je fais une remarque syntactique. Après des
noms à l'état absolu, le terme qui exprime le matériau doit être nécessa
irement à l'état indéterminé, lui aussi. Donc daab et non pas daaba. La
séquence de lettres qui vient après n'est plus bid-salma « dans la main
de la statue », quelles que soient les objections d'ordre archéologique et ic
onographique, mais abidsalma, où l'on reconnaît facilement un nom propre.
Ceci dit, voici ma coupe et ma translitération, ma traduction et mon com
mentaire :
(3a-viaav a' a-BapÇaxwa;
tartên gobnîn dahab ' Ab'dsalmâ
a-Barzaqîqê bRNîsân 1
« Deux fromages d'or, 'Abdsalmâ,
le 1er Nisan, à Barzaqîqê. »
Par son contenu, rappel d'une offrande ou d'un ex-voto, ce graffite
rejoint de nombreuses épigraphes grecques qui couvraient les murs du
même temple, par exemple Afitâaruiic, 7coTÉ(pt.a) Suo, pp. 383-5, n° 21, ligne 15.
Dans les grafïites grecs il y a aussi des mentions de calendrier, qu'on
retrouve de plus dans les inscriptions palmyréniennes de même provenance,
du Mesnil du Buisson, Inventaire, pp. 10-11 n° 18.
A propos de gobnin Levi Delia Vida mentionne le sens habituel du mot,
à savoir « fromage »; il l'écarté pour des raisons insuffisantes. Il est vrai
qu'en judéo-araméen gubnâ, pluriel gubnîn, est masculin. Cf. encore l'éthio
pien gebn et l'arabe gubn, bien que dans ce dernier cas, la forme plus employée
soit le nom d'unité gubnah, dialectal gibné. En syriaque pourtant, le singul
ier est gebettâ, et le pluriel déterminé gubnê, ce qui rejoint l'accadien INSCRIPTION ARAMÉENNE ET DÉDICACE GRECQUE 291 1967]
gubnatu « fromage de chèvre », Chicago Dictionary, 5, p. 118. Ce détail
du genre grammatical féminin, tartên gobnîn, détermine adéquatement
l'origine linguistique est-araméenne de l'auteur du texte.
Évidemment les « deux fromages d'or » étaient les petits modèles, coulés
en métal précieux, de ce produit du lait de chèvre. On imagine facilement
comment un berger, au cours du printemps, aura déposé dans un sanctuaire
de la ville, sur le territoire de laquelle il vivait, deux modestes ex-votos,
fussent-ils relativement coûteux pour lui. Il remerciait de cette façon les
dieux pour la protection de ses troupeaux et il s'en assurait pour l'avenir.
Qu'il suffise de renvoyer à des inscriptions grecques, où les bergers font des
dédicaces « pour leurs bêtes et leurs chiens », qu'a réunies L. Robert,
Hellenica, VII, pp. 152-160; X, 28-33; XI-XII, 578; L'Antiquité classique,
XXXV, 1966, 383-4.
Le berger de la chôra de Doura enregistra son acte religieux en grattant
un court texte sur l'enduit d'une paroi du temple dont il se considérait
le dévot. Il connaissait l'alphabet grec et la valeur numérique des lettres
grecques, mais non la langue des citadins. Il transcrit par conséquent
quelques mots en son dialecte villageois, dans une phrase dont le caractère
paratactique rappelle les textes économiques. Il est probable que c'est de
cette façon, grecque par l'écriture, araméenne par la langue, qu'il maintenait
sa comptabilité à lui et celle de son entreprise. Tout au moins, il lui arrivait
fréquemment de signer son nom en caractères grecs. Parmi les milliers
d'inscriptions qu'avaient laissées, piquetées sur les galets basaltiques, les
bergers du désert syro-jordanien, on repère quelques douzaines d'épi
graphes grecques. Parfois même une petite bilingue, une gréco-safaïtique
dans le tlarrâ du Sud-Est de la Syrie, ou bien une quasi-bilingue, gréco-
thamoudéenne, sur le plateau du Moab, Milik, Syria, XXXVII, 1960, pp. 96-
98, et Studii Bibl. Franc. Liber Annuus, XI, 1958-9, pp. 353-8. Une bilingue
gréco-safaïtique, trouvée au Nord de la Jordanie, sera publiée par Winnett
et Harding. Un berger, ou un paysan, étale sa connaissance d'un second
alphabet sémitique dans une signature bilingue, palmyréno-thamoudéenne,
gravée sur un bas-relief provenant du désert qui environne l'oasis de Pal-
myre, J. Starcky, Syria, XXVI, 1949, pp. 36-8, nos 2 et 3, pi. II. Sur le
même relief on lit en plus un nom propre écrit en grec, Titoç [...], p. 39, SYRIA [XLIV 292
n° 6; cependant, c'est ici un soldat plutôt qu'un villageois ou un berger.
Le nom propre ' Abdsalmâ est actuellement bien attesté. Sur un billet
d'admission à un banquet sacré on lit 'bdslm, Recueil des tessères de Pal-
myre, 1955, n° 682 et p. 158. Dans le temple de Be'lsamên à Ilatra on ren
contre deux frères dont le père s'appelait 'bdslrn ; le second, 'Aqîbâ, était
maître du temple de Be'lsamên, rbytf (pour rb bytf) dy [b'ismjn, F. Safar,
Sumer, VII, 1951, pp. 178-9 de la partie arabe, nos 15 et 16; A. Caquot,
Syria, XXIX, 1952, pp. 97-8; Milik, Revue numismatique, 1962, p. 53. Un
grand prêtre de ce sanctuaire, kmr' rvv (pour rb'), porte le nom de Nsrybh br
'wbd'ly br 'bdslmh, n° 25, locis cit., p. 182, p. 104 et pp. 55-6. Noter l'orth
ographe de la finale; le hé est très net sur le fac-similé, contre 'bdslm* de
Safar et de Caquot. Un haut dignitaire de la cour possédait une statue dans
le temple du Soleil, inscrite comme suit : slm* 'bdslm' br br'y mrbyn dy dy
mlk' [d]'rb zky br 'bdsmy' [mW] dy 'qym Ih ' g '... « (Ceci est) la statue sntrwq
de 'Abdsalmâ fils de Bar' ai, précepteur de Sanatrûq, roi des Arabes, le
victorieux, fils de 'Abdsimyâ le roi, que lui a érigée 'Ogê... », Safar, Sumer,
XVIII, 1962, pp. 63-4 de la partie arabe, n°203;

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