Inventaire de meubles et de titres trouvés au château de Josselin à la mort du connétable de Clisson (1407) - article ; n°1 ; vol.66, pg 193-245

François-L. Bruel

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1905 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 193-245
53 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BIBLIOTHEQUE_DE_L-ECOLE_DES_CHARTES
• Publié le: 01 janvier 1905
• Nombre de lectures: 18
• Langue: Français
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Extrait

François-L. Bruel
Inventaire de meubles et de titres trouvés au château de
Josselin à la mort du connétable de Clisson (1407)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1905, tome 66. pp. 193-245.
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Bruel François-L. Inventaire de meubles et de titres trouvés au château de Josselin à la mort du connétable de Clisson (1407).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1905, tome 66. pp. 193-245.
doi : 10.3406/bec.1905.448236
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1905_num_66_1_448236INVENTAIRE
DE MEUBLES ET DE TITRES
TROUVÉS AU CHATEAU DE JOSSELIN
A LA MORT DU CONNETABLE DE CLISSON
(J407).
Cet inventaire de meubles appartenant à un seigneur breton
et placés dans un château du Morbihan fait aujourd'hui part
ie du fonds d'Albret, aux archives des Basses-Pyrénées1. On ne
s'étonnera pas de l'y trouver, si l'on remarque que Catherine de
Rohan, arrière-petite-fîlle du connétable de Clisson, épousa Jean
d'Albret, père d'Alain le Grand, sire d'Albret2.
Le document qui passa de la sorte dans le chartrier des sires
d'Albret est un petit cahier de papier de 46 feuillets, de forme
oblongue (il mesure 110 X 305 millimètres), commencé d'écrire
des deux côtés et comprenant de la sorte deux foliotages différents.
Du fol. 1 au fol. 22, c'est Г « Inventoirie des biens qui ont
esté trovez a Jocelin, » argent comptant, orfèvrerie de table et
de chapelle, lingerie profane et sacrée, vêtements, tapis, ameub
lements, titres, livres, tous les objets énumérés sans autre ordre
que celui qu'ils occupaient dans les diverses pièces du château,
ou dans les anciens inventaires repris. En retournant le volume,
du fol. 46 au fol. 30 (c'est-à-dire du fol. 1 au fol. 16 du second
foliotage), ce sont les « Lettres trovées et aprovées a Jocelin, »
1. Arch, des Basses-Pyrénées, E 134.
2. Beatrix de Clisson, fille aînée du connétable, eut de son mariage avec
Alain VIII, vicomte de Rohan, un fils, Alain IX. Alain IX épousa Marguerite de
Bretagne, fille du duc Jean IV, et en eut deux filles; la seconde, Catherine,
épousa Jean d'Albret, mort en 1467.
4905 13 494 INVENTAIRE DE MEUBLES ET DE TITRES
long rôle d'actes de toute sorte passés par Glisson, lettres d'achat,
de vente ou d'échange de diverses terres, traités d'accord, obl
igations souscrites envers le connétable qui conservait tous ces
titres à Josselin.
Nous n'avons sur le rédacteur et la date de rédaction de ce
texte aucun renseignement précis; il est toutefois certain que
Г « Inventoirie » est postérieure à l'an 1404, l'une des rares
dates qui y soient mentionnées1 et qui se rapporte à deux inven
taires fragmentaires anciens repris par son auteur. Quant à l'i
nventaire des titres, nous y trouvons une obligation souscrite
envers Glisson par Charles de Châteaubriant, le 28 septembre
1406 2. Or, les deux parties, quoique nettement tranchées,
semblent pourtant bien de la même main : il paraît donc vrai
semblable que le document dans son ensemble ne remonte pas
plus haut que l'an 1407.
Cette année précisément, Olivier de Clisson, âgé de soixante
et onze ans, agonisait à Josselin même, sa résidence d'élection. Il
testa le 5 février3 et confia l'exécution de ses dernières volontés
aux évêques de Saint-Malo* et de Saint-Brieuc5, à l'abbé de Notre-
Dame de Bonrepos6 et aux seigneurs de Rieux7 et de Beaumanoir8 :
1. Au fol. 17 v°, à la suite du n° 461, et au fol. 18 v, à la suite du n° 481.
2. № 594.
3. L'original de ce testament, publié en partie et de façon assez défectueuse
par dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire de Bretagne,
t. II, col. 779, se trouve à la Bibliothèque nationale, nouv. acq. lat. 2574, n° 15.
Le codicille, du lendemain (6 février 1407, n. st.), dont l'original existe dans le
môme manuscrit, n° 13, a été aussi publié en partie par dom Morice, op. cit.,
col. 782.
4. Robert II de la Motte, qui occupa le siège de Saint-Malo d'environ 1389 à
1423. {Gall, christ., t. XIV, col. 1009.) Par son testament, Clisson lui léguait
1,000 écus, sa grande haquenée noire et un annel d'or, présent de la reine de
Sicile.
5. Jean III de Malestroit, élu en 1406 évêque de Saint-Brieuc, passa en 1419
sur le siège de Nantes. {Gall, christ., t. XIV, col. 1097.) Clisson lui laissait
1,000 écus.
6. Yves I01' de Quimper, abbé de Notre-Dame de Bonrepos, maison ciste
rcienne au diocèse de Quimper (Côtes-du-Nord, comm. de Saint-Gelven). Il héri
tait de 500 écus.
7. Jean H, sire de Rieux et de Rochefort, maréchal de France en 1397, mort
en 1417. Fils d'Isabeau de Clisson, sœur du connétable, et de Jean Ior de Rieux,
il était donc le neveu du défunt, qui, dans son testament, l'appelle son cousin.
Il héritait de 4,000 francs et la dame de Rieux d'une petite croix en perles et
de la Bible en français de Clisson.
8. Robert de Beaumanoir, le plus fidèle ami et compagnon d'armes du con- TROUVES AU CHATEAU DE JOSSELItf. -193
il mourut1 le 23 avril. Peu de jours après le décès, sans aucun
doute, les exécute tirs testamentaires, qui avaient déjà du vivant
du « de cujus » arrêté le partage des immeubles, firent dresser
sous leurs yeux par quelque clerc breton l'inventaire qui nous
occupe. Le titre en semble assez significatif : « Inventoirie des
biens qui ont esté trovez a Josselin, faite par Messeigneurs ; »
le scribe ne désignait-il pas ainsi les exécuteurs testamentaires?
Pourquoi noter alors que certaines poches contenant de l'argent
ou des objets précieux étaient scellées du signet de l'évêque de
Saint- Malo2, le principal exécuteur? Comment, au moment où
l'inventaire fut dressé, ce prélat couchait-il dans une chambre
du château3, si le document ne fut pas rédigé dans le temps où
les exécuteurs séjournaient à Josselin pour accomplir leur mandat ?
Enfin l'inventaire se clôt parla mention suivante qui, d'une écri
ture plus petite, est pourtant bien de la même main que le reste
du cahier : « Membrance que on dit qu'il y avoit en la
chambre ou monseigneur trespassa I coffre ou quel avoit
draps comme l'en dit et espère l'en qu'il y avoit autres
choses*... »
Un bref commentaire de cette dernière mention ne nous semble
pas inutile. Le testament du connétable et son codicille nous
apprennent qu'ayant fait large la part de Dieu et des pauvres, il
ne se montra point avare des richesses qu'il allait quitter et les
répartit généreusement à tout son entourage de parents, d'amis
et de serviteurs. Pourtant, d'aucuns ne -se montrèrent point satis
faits ou préférèrent s'assurer dès lors quelques garanties : une
quantité de meubles disparurent pendant la maladie et avant la
nétable. Fils de Tiphaine de Chemillé et du héros du combat des Trente,
Jean III de Beaumanoir, c'était le beau-fils de Marguerite de Rohan, qui épousa
successivement deux veufs, Jean III de Beaumanoir et Clisson. Robert de Beau
manoir, ainsi que les deux évoques de Saint-Malo et de Saint-Brieuc, avait déjà
rempli le rôle d'exécuteur testamentaire pour Marguerite de Rohan. (Cf. le
testament de cette dernière, du 14 décembre 1406, imprimé dans dom Morice,
Preuves, t. II, col. 778.) Il héritait de 4,000 livres et d'un petit cheval blanc
qui était à Josselin.
1. « Cy gist noble et puissant seigneur monseigneur Olivier de Clisson..., qui
trépassa en apvril, le jour Sainct Jorge, l'an M CCCC et VII... » (Épitaphe du
tombeau de Clisson et de Marguerite de Rohan en l'église N.-D. de Josselin.)
2. №6 27-34, 83; pièces de toile signées de même « d'un bout, du signet
monseigneur de Saint Malou, » sous les n°" 288-293, 298, 306, 313-316.
3. Fol. 20 v% à la suite du n° 529.
4. №" 615 et suiv. INVENTAIRE DE MEUBLES ET DE TITRES -196
mort de Glisson. C'est ce dont nous instruit un monitoire de
Louis de Bar, légat du pape, qu'obtinrent les Rohan en 1410 4,
et qui menaçait d'excommunication les détenteurs de mauvaise foi
s'ils ne restituaient pas dans le délai de 30 jours. C'est aussi ce
qui peut nous expliquer que les exécuteurs, frappés de