James Bond Connery: un mobile - article ; n°1 ; vol.6, pg 88-102
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

James Bond Connery: un mobile - article ; n°1 ; vol.6, pg 88-102

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Communications - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 88-102
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Violette Morin
James Bond Connery: un mobile
In: Communications, 6, 1965. pp. 88-102.
Citer ce document / Cite this document :
Morin Violette. James Bond Connery: un mobile. In: Communications, 6, 1965. pp. 88-102.
doi : 10.3406/comm.1965.1074
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1965_num_6_1_1074ENQUETES ET ANALYSES
Violette Morin
James Bond Connery : un mobile
«' 1964 fut « l'année James Bond » 1. Avant cette année-là, les livres de Yan
Fleming, auteur des Bond, puis le premier film James Bond contre Dr No
du metteur en scène Terence Young, enthousiasmèrent bruyamment quelques
précoces fidèles. C'est en 1964, lorsque sortit le deuxième film, Bons baisers de
Russie, que la vraie « tempête... commença de souffler ». En ces premiers mois
de 1965, avec Goldfinger, troisième de la série, la tempête se transforme en
« cataclysme ». Le succès est « ahurissant » ; le « raz-de-marée » tient du déluge.
La bombe James Bond éclate sur tous les continents. N'ayons pas peur des mots :
non seulement « les Connery continuent » mais elles s'amplifient : la « bondo-
manie » s'est « abattue sur les français comme une rafale de mitraillette ».
Les faits sont là : « De phénomène de librairie, l'affaire James Bond est devenue
phénomène cinématographique, puis phénomène sociologique. » Sans préjuger de
l'antériorité d'un phénomène sur les autres, disons que les trois portent le témoi-
gnage d'une « idolâtrie bondienne » peu comparable en ampleur aux « cultes de
vedettes » pratiqués jusqu'à ce jour.
Le « phénomène de librairie » fut phénoménal à retardement. Ce n'est qu' « après
huit années d'échecs consécutifs » et surtout après les deux premiers films, que
la série des livres James Bond fit dans le monde le « bond en avant » que l'on sait.
Les treize du (combien aujourd'hui) « regretté » Yan Fleming se sont
vendus en quelques dizaines de mois à « deux millons de lecteurs français et
25 millions dans le monde ». D'autres informations portent le chiffre des lecteurs
« à 50 millions dans le monde ». Qu'il y ait entre les chiffres un décalage de
temps dans les statistiques ou d'enthousiasme dans les évaluations, l'un comme
l'autre donnent à penser qu'un renouveau culturel bat son plein « dans le monde ».
Les maisons d'édition « prennent du poids » avec James Bond comme des malades
soignés aux hormones. Quelles que soient « les chinoiseries d'édition » ou de luci-
1. A partir, essentiellement mais non exclusivement, de la presse parisienne pen
dant les huit jours de quotidiens et les quinze jours d'hebdomadaires qui ont entouré
en février 1965 la sortie du film Goldfinger à Paris. Les citations entre guillemets, mots
ou phrases, recouvrent les mots ou les idées les plus souvent rencontrés.
88 James Bond Connery : un mobile
dite derrière lesquelles ce soudain appétit de lecture donne envie de se replier,
« la réussite fracassante » de cette littérature est sans précédent.
Comme restent sans précédent les réussites fracassantes des trois films qui
l'accompagnent et la soutiennent. « Avant même sa sortie à Paris Goldfinger a
rapporté 4 milliards de francs, alors qu'il n'a coûté que un milliard et demi. »
Béni d'or avant de naître, ce film donne chaque jour les délires qu'il promettait.
Il « fait des malheurs » partout où il passe. Les files d'attente s'enflent et font
« craquer les frontières » comme des invasions. Le soir de la générale parisienne
de Goldfinger, James Bond Connery « descendit les Champs Elysées » sur son ^
Austin blindée comme un chef d'État. « Paris... (fut mis)... à l'heure 007 ». « Les<f"
48 millions de James Bond français » aussi. « II est impossible de s'ennuyer »
avec les films de Bond même si « l'humeur » n'y est pas et même s'il est
volontiers reconnu que nul n'y court le risque d'avoir « la migraine ». Dans la
France entière, le commerce et l'industrie, l'art et la littérature, l'esprit et le
verbe firent des « Bonds » dans toutes les directions.
C'est ce qu'on appelle le « phénomène sociologique ». « La panoplie complète
de l'agent secret » a envahi les garde-robes. En quelques jours « 6.000 à 6.500
détaillants ont eu au-dessus de leur comptoir la photo de Sean Connery, point
de ralliement de l'élégance en tous lieux et en toutes circonstances ». Aujourd'hui
les adultes n'ont rien à envier aux petits Davy Crocket et aux moins petits Steve
Mac Queen : ils ont trouvé les vêtements héroïques qui conviennent à leur âge.
Sous le « label 007 » ils peuvent s'habiller des pieds à la tête, hommes et femmes.
Ils ont même plus d'imagination que leurs enfants. Ceux-ci n'achètent de Davy
Crocket que ce qui est visible dans sa panoplie. Eux achètent ce qu'ils n'ont jamais
vu sur James Bond : des slips, des chaussettes, des portefeuilles... de la lingerie
féminine. « Les adultes n'ont pas marché, ils ont couru. » Ils ont tant couru qu'ils
ont provoqué « la campagne en or massif » que l'on sait : des milliards sont
entrés dans les caisses des fabricants qui ont joué le jeu 007.
La « bondomanie » a fini par se systématiser. Elle est devenue un « Réflexe
Conditionné ». Tout Signe bondien (Karaté, Beretta, Panoplie de charme, Label
007) a acquis l'efficacité d'un signal pavlovien : il déclenche indifféremment
n'importe quel achat. Le Beretta, objet * dont nous ne savons rien sinon qu'il a
fait passer au rang de fusil à cartouches les glorieux coïts du Western, provoque
l'achat de tout ce que la publicité lui fait frôler : billet de cinéma, livres, smoking
blanc, soutien-gorge, disques. Il suffit d'une petite valise (la fameuse) à côté
d'un pantalon d'homme, pour que la marque de sa fermeture-éclair devienne la
meilleure, celle qui marche au radar. Une japonaiserie bien encadrée peut mettre
à l'heure du Karaté ou du Judo bien des objets inoffensifs. Les « club 007 » ont
revitalisé bien des disques, des peintures, des boissons...
Enfin on peut en arriver à la James-Bondieuserie tout court : les Signaux
s'épurent, les Réflexes s'intériorisent, la ferveur se mystifie : tel « honorable
fonctionnaire des P.T.T. » se fait « tatouer 007 sur la ceinture », tel autre sur le
trousseau de clefs 2... Nous ne pouvons même pas douter de l'existence du héros,
comme Saint Thomas de l'existence de Dieu, puisque on nous encourage à aller
« voir et toucher (souligné par nous)... l' Aston Martin D B 5 truquée ». On peut
1. Qui est en réalité une marque, dit-on...
2. La doublure est imprimée 007. Les juniors divisent par deux le Label : a 003, 5 ».
Le prix de l'objet peut finir par 007 : 260 F. 07.
89 Violette Morin
acheter une Identité James Bond plus facilement qu'on n'achetait des Indul
gences au Moyen-Age : « James Bond de la tête aux pieds ; soyez James Bond
pour 325 F.. Il ne vous en coûtera pas davantage. » Nous sommes invités à un
vrai pèlerinage aux sources dans la maison même de Yan Fleming : « Golden
eye.. La maison de Yan Fleming.. L'endroit où sont nés plusieurs épisodes de
James Bond. » Une crèche...
... D'où partent des convertis, des imposteurs et des hérétiques. Pendant
que « Yan Fleming fait école partout », James Bond-Connery fait des enfants
« adultérins » dans tous les pays. Il y a, à Rome, un acteur qui a « les qualités et
canons propres à Sean Connery ». Monica Vitti, de son côté, devient « un agent
secret ; elle veut être un James Bond en jupons ». En Angleterre une « James
Bond femelle est née... ne boit ni gin, ni wisky mais du rouge ordinaire, méprise
les armes à feu, utilise de préférence le judo-karaté et éventuellement un arc et
des flèches ». En Amérique, un certain Napoléon Solo pourrait coiffer James
Bond au poteau de la gloire. « Sa panoplie est encore plus stupéfiante que celle
de B

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents