Jean Prestet ou la bonne foi cartésienne (1648-1691). - article ; n°2 ; vol.13, pg 95-104
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1960 - Volume 13 - Numéro 2 - Pages 95-104
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

M ANDRE ROBINET
Jean Prestet ou la bonne foi cartésienne (1648-1691).
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1960, Tome 13 n°2. pp. 95-104.
Citer ce document / Cite this document :
ROBINET ANDRE. Jean Prestet ou la bonne foi cartésienne (1648-1691). In: Revue d'histoire des sciences et de leurs
applications. 1960, Tome 13 n°2. pp. 95-104.
doi : 10.3406/rhs.1960.3805
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1960_num_13_2_3805Jean Prestet
ou la bonne foi cartésienne
(1648-1691)
l'humilier Gomment tardive le s'attribuait Il tort publia La Son carrière de le talent cependant dépouiller lui mettait encore volontiers rendre de mathématique Jean ? à un Prestet l'abri ce ouvrage les qui inventions de des lui son souffrit retentissant, le flammes est gardait œuvre dû du d'un ? au de maître du Comment malentendu. fort profit la génie. vocation estimé (1), de Malebranche. le Une des public Si religieuse. faire Catelan prêtrise savants sans eut
et de ses confrères de l'Oratoire. Sa mort prompte l'empêcha
d'accéder à l'Académie des Sciences, où devait parvenir Carré qui
lui succéda auprès de Malebranche (2).
I. — Sa biographie
Trop peu intéressant pour l'Oratoire, pas assez pour l'Académie,
nous n'avons sur Prestet ni Mémoire, ni Éloge. Né à Chalon-sur-
Saône en 1648, il était d'humble origine. On dit qu'il en souffrit
beaucoup en un siècle où il était bon d'avoir quelque noblesse
authentique ou d'emprunt. Il vint à l'Oratoire de Paris pour « servir ».
Les Oratoriens ont droit d'avoir un « valet », Malebranche en fit un
secrétaire, puis un élève, certainement un familier (3).
Son apparition dans l'entourage malebranchiste est établi par le
(1) A. Robinet, L'abbé de Gatelan, ou l'erreur au service de la vérité, Revue ď Histoire
des Sciences, XI, 4, oct. 1958, pp. 289-301, et additif, infra, pp. 135-137.
(2) A. La vocation académicienne de Malebranche, ibid., XII, 1, janvier 1959,
pp. 1-18. Sur ce sujet, on verra « Le groupe malebranchiste de l'Académie des Sciences »,
chap. IV du t. XX des Œuvres complètes de Malebranche, Paris, Vrin.
(3) Nous avons noté dans Malebranche et Leibniz, Relations personnelles (en abrégé Rcl.
Pers.), Paris, Vrin, 1955, p. 27, n. 1, quelques détails qui aident à établir cette biographie,
fort négligée, de Prestet. On trouve d'autres allusions de Leibniz à Prestet dans deux
lettres publiées par P. Costabel, Deux inédits de la correspondance indirecte Leibniz-
T. XIII. — 1960 7 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 96
Privilège de la première édition de ses Éléments des mathématiques.
L'ouvrage est terminé le 27 septembre 1672. C'est un frère de
Malebranche, François, conseiller du roi, qui obtint le cachet.
C'est le maître qui « lance » l'ouvrage, en publiant dans son second
tome de la Recherche de la vérité un avis favorable « pour l'avanc
ement des sciences » (liv. VI, part. II, chap. VI).
Nous établissons, dans le tome Malebranche et Leibniz, Relations
entre les systèmes (en préparation), que la Recherche de la vérité fut
terminée bien avant son édition. Elle circulait en copie dès 1671
et repose sur un fonds culturel datant des années 1665-1670. Il en
va de même pour les Éléments des mathématiques comme le prouve
la date du Privilège et le fait qu'on l'attendait depuis longtemps
(cf. t. XVIII de la Correspondance de Malebranche). Prestet rappelle
d'ailleurs, dans la Préface de sa seconde édition, qu'il avait 22 ou
23 ans quand il mit sous presse son premier ouvrage.
On peut donc estimer que les Éléments furent composés vers
1670, de même que l'ensemble de la Recherche. Les retards provin
rent surtout de la nécessité de trouver les protections suffisantes
pour publier, dans un milieu hostile, des travaux « modernes » de
stricte observance cartésienne. Les deux ouvrages verront le jour
en même temps, sur la fin de 1675, cinq ans après leur composition.
Ce sont donc des écrits déjà vieillis scientifiquement qui seront
publiés et cette remarque est très appréciable si on examine le
contenu de ces Éléments au regard des derniers travaux mathé
matiques, ou l'énoncé des Lois du mouvement, qui ignore encore
Mariotte. Le fond de stricte obédience cartésienne, le peu d'ouver
ture des Éléments sur les œuvres de Hudde, Viète ou autres, en
font déjà un ouvrage dépassé : telle fut bien l'opinion de Leibniz.
Prestet serait donc apparu aux côtés de Malebranche vers 1670,
et sans doute un peu avant. Jusqu'en 1675, il se consacre à son
ouvrage de mathématiques. Mais de 1675 à 1680, il abandonne les
sciences exactes pour entrer à l'Oratoire et suivre la préparation
de la prêtrise. Faut-il voir dans cette vocation tardive quelque
dépit ? Toujours est-il que Malebranche n'hésite pas à écrire qu'il
l'a poussé dans cette voie comme il l'avait auparavant entraîné vers
les mathématiques.
Reyneau [Lelong], Revue d'Histoire des Sciences, II, 4, juillet 1949, pp. 311-332.
L. Batterel, Mémoires domestiques de l'Oratoire, IV, lui consacre une page, p. 432.
Moreri, Tabaraud, Michaud, se repètent sur une demi-colonne. JEAN PRESTET OU LA BONNE FOI CARTÉSIENNE 97
En 1675, nous pouvons établir un tableau exact des relations
entre Malebranche et Prestet, grâce à la connaissance directe qu'en
avait Leibniz, qui leur rendit visite à Paris (cf. Rel. Pers., pp. 25-27
et 41-66). Leibniz établit en historien consciencieux la dépendance
étroite de Malebranche qui patronus fueral juvenis et de Prestet qui
agit egiive à l'ombre de Malebranche. Il rectifia vivement l'attr
ibution que certains faisaient des Éléments à Malebranche. Il eut
toutes les raisons suffisantes pour établir un témoignage objectif :
contact direct, lettre de Prestet, connaissance de son ouvrage.
Il remonta un courant que Wallis devait codifier, et fit toujours de
Prestet l'auteur des Éléments.
La part de Malebranche ne devait pas être mince dans la
composition et dans la parution de cet ouvrage. Outre son patro
nage avoué, il ne faut pas oublier que Malebranche enseigne alors
les mathématiques à l'Oratoire, et qu'il en avait toute la capacité
nécessaire. Il faut également mentionner la présence d'une Préface
et de pages terminales où l'on reconnaît bien l'inspiration, sinon la
plume, du maître (cf. t. XX des Œuvres complètes, où nous recueil
lons ces textes intégralement).
Prestet n'apparaît dans les registres administratifs de l'Oratoire
qu'avec son entrée à la maison d'institution en 1675. Une série de
nominations le promène ensuite aux Vertus (2 octobre 1676), à
Juilly comme sous-préfet des pensionnaires (22 1677),
où il reçoit le diaconat (29 novembre 1678), enfin à Raroy
(1er février 1679). Il est ordonné prêtre en octobre 1680 (1) (Archives
nationales, Registre des nominations de l'Oratoire, MM. 582).
Il est envoyé à Nantes pour enseigner les mathématiques. Il y
arrive au plus chaud de l'offensive des Jésuites contre la chaire
qu'il devait occuper, et qui faisait tort à celle du collège. Il fut
aussitôt sacrifié (Archives nationales, MM. 583, f. 62, nomination
à Nantes le 4 septembre, et MM. 584, f. 30, retiré de Nantes et dirigé
sur Saumur le 2 décembre 1680) (2).
Il resta un an à Saumur avant de connaître un meilleur accueil
à Angers, où il enseigna trois ans. Arrivé à la Toussaint 1681, il
(1) Bibliothèque d'Angers, Actes des visites de la maison de V Oratoire, Ms. 789, f. 53,
date de juillet 1682 : « Le P. Jean Prestet, du diocèze de Châlons-sur-Saône, âgé de trente-
trois ans, fait prêtre au mois d'octobre de l'année 1680. Il enseigne les mathématiques et
vient d'achever sa première année de régence. »
(2) Sur ces querelles, cf. A. Bachelier, Essai sur VOratoire à Nantes au XVIIe et
au XVIII* siècle, Paris, Nizet, 1934. 98 revue d'histoire des sciences
fut « prié de remettre sa harangue faite à l'ouverture de son cours
pour impression aux frais de la ville » (Angers, Archives, BB, 96,
14 novembre 1681, et Bibliothèque, Ms. 1289 ; il touche 150 livres
par an, ce qui est tr

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