Jeunes appelés et rappelés en guerre d’Algérie - article ; n°1 ; vol.74, pg 56-61
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Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2004 - Volume 74 - Numéro 1 - Pages 56-61
Durant la guerre d’Algérie, y a-t-il eu, pour les jeunes du contingent, des brèches pour un engagement? Après les premières manifestations des rappelés en 1956, les manifestations contre la guerre n’émanent pas de jeunes en uniforme. Toutefois, l’attitude du contingent n’a pas été toute d’indifférence et de retrait et il faut revenir aux buts que se fixe l’armée pour saisir la marge d’engagement possible dont disposent les jeunes appelés. En effet une fois l’instruction achevée et les soldats embarqués, ils se trouvent plongés, sur la terre algérienne, dans un monde inconnu qui paralyse en partie les possibilités d’agir et de réagir, le service militaire se transformant en expérience guerrière. Après mai 1958, le référendum de septembre a constitué pour nombre d’appelés une étape de leur socialisation politique. Puis, avec le «putsch» des généraux, les rapports de discipline et de hiérarchie se modifient, posant les questions de l’autorité, de l’obéissance et de la soumission.
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 168
Langue Français

Extrait

1
.
Étude psychologique
d’un camp d’instruction,
1961/1962
, SHAT
27T154/1*.
D
urant la guerre d’Algérie, cet étrange conflit
de la métropole dans une de ses colonies, y eut-il, pour
les jeunes du contingent, des brèches pour un engage-
ment ? De cette guerre, on connaît les interventions
intellectuelles, la mobilisation étudiante, l’insoumis-
sion de certains jeunes hommes, isolés, traqués, empri-
sonnés, d’Alban Liechti à Noël Favrelière. Mais dans le
grand nombre des jeunes soldats, quelle fut la place
laissée à l’engagement, comme conduite et comme
acte, et à ce qu’il suppose de morale et de volonté,
d’implication et de responsabilité ? Les manifestations
contre la guerre, trouvant leur apogée dans le rassem-
blement étudiant du 27 octobre 1960, n’émanaient pas
de jeunes gens en uniforme : en quoi précisément le
fait de l’endosser venait-il faire entrave à la liberté de
s’engager ? L’attitude du contingent n’a pas été toute
d’indifférence et de retrait. Mais les
actes
impliquant
l’individu tout entier, pour le présent et pour l’avenir,
furent rares. Comment le comprendre ? Revenir aux
buts que se fixait alors l’armée, à l’
adhésion
qu’elle exi-
geait, peut permettre de saisir la marge de concertation
et d’action dont disposaient les jeunes appelés, comme
conditions d’un engagement possible.
De la contestation
à la soumission
Le conflit algérien transforma le service militaire en
expérience guerrière. L’engagement pouvait-il venir
d’une contestation de l’enrôlement ? En fait, les rites
festifs liés à la conscription continuaient à placer les
jeunes gens au centre de la vie des communautés
locales, qui de longue date avaient préparé leurs ado-
lescents à ce passage obligé, par une sorte d’intériori-
sation normative. Les jeunes hommes avaient intégré
intimement l’idée de cette obligation. En 1961, l’armée
lança une «
étude psychologique
» du contingent
1
. Elle
fit ressortir une évidence : il existait un «
consentement
naturel
» au devoir militaire. Son principe même n’était
contesté par aucun parti politique. Ce consensus
explique pour une bonne part que les réfractaires
soient demeurés une infime minorité, qui encourait
l’opprobre, l’exil ou la prison. Aussi est-ce surtout à
l’intérieur même de l’armée que se posait la question
de l’engagement.
Une fois la feuille de route reçue, le paquetage
déplié, l’uniforme revêtu, le jeune civil se transformait
en soldat, soumis à l’autorité de l’institution militaire.
Ses possibilités d’expression en étaient réduites d’au-
tant. Pourtant, c’est bien parmi ces soldats que jaillit
l’une des plus importantes mobilisations de ces années
décisives. Peut-on qualifier les manifestations contre le
rappel, en 1955 et 1956, de résistance active ? Ou
vaut-il mieux parler d’une fronde spontanée contre un
enrôlement jugé abusif ? De la manifestation de la gare
de Lyon à Paris, en septembre 1955, aux décrochages
de wagons et aux échauffourées du printemps 1956, en
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Jeunes appelés et rappelés
en guerre d’Algérie
Ludivine BANTIGNY
L
UDIVINE
BANTIGNY
est docteur en histoire, IEP Paris.
Inscription de Jeune Résistance, rue d’Ulm
(cliché Élie Kagan/BDIC)
.
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