Jules Soury (1842-1915) - article ; n°2 ; vol.23, pg 155-164
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1970 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 155-164
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

M Pierre Huard
Jules Soury (1842-1915)
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1970, Tome 23 n°2. pp. 155-164.
Citer ce document / Cite this document :
Huard Pierre. Jules Soury (1842-1915). In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1970, Tome 23 n°2. pp. 155-
164.
doi : 10.3406/rhs.1970.3122
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1970_num_23_2_3122Jules Soury (1842-1915)
douleur l'esprit souffrance Toute (Campagne et que vie : de par elle psychique, l'âme la nationaliste, n'est mort. a grandi délivrée toute p. dans294.) viede de la la
Jules Soury, né le 28 mai 1842, était le fils d'un ouvrier pari
sien, Antoine-Marie-François Soury (1812-1881), domicilié rue Saint-
Julien-le-Pauvre, dans la Cité et qui gagnait à peine 2 francs
par jour. C'était aussi l'arrière-petit-fils d'un maître en chirurgie
flamand, J. B. Vaast (1742-1807). Il a lui-même rédigé une auto
biographie où il raconte sa jeunesse, sans pain et sans viande.
Jusqu'à douze ans, il fréquente une école primaire laïque mais
libre, sise, à peu près, à l'endroit où Siger de Brabant enseignait
au xnie siècle. Il devint ensuite apprenti chez un fabricant d'in
struments de précision en verre, de 1854 à 1858. Ses heures libres
sont employées à suivre un cours du soir de physique et de chimie
à l'Ecole des Arts et Métiers, à fréquenter la bibliothèque Sainte-
Geneviève et à apprendre le latin. Ses parents encouragent son goût
de l'étude et, malgré leur impécuniosité, le font entrer, à 17 ans,
en 1859, comme élève de sixième au lycée Louis-le-Grand, où ensei
gnait Michel Bréal. Il termine ses études secondaires au lycée
Saint-Louis d'où il sort, à vingt ans, en 1862, bachelier es lettres.
Licencié es lettres en 1863, il est élève de l'Ecole des Chartes
(1863-1867), en même temps que Camille Pelletan qui lui fit
connaître Anatole France, Fr. Coppée, Verlaine, Valade, etc.
Il se hasardait aussi quelquefois dans les cafés et les banquets
politiques et fréquenta ainsi Raoul Rigault et Gambetta.
Notons surtout que, dès 1865, il suivit, à la Salpêtrière, l'ense
ignement de deux importants neuropsychiatres, Jules-Bernard Luys
(1828-1897) et Auguste-Félix Voisin (1829-1898). Très lié avec eux,
il devint ainsi un des rares philosophes français familiers de la
neuro-anatomie et de la neurophysiologie. Il fut un des premiers REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 156
à acquérir cette formation médicale qui manquait à Théodule Ribot
(1839-1916), mais qu'il exigea de ses élèves Pierre Janet (1859-1947)
et Georges Dumas (1866-1946). Dès cette époque lointaine, Jules
Soury considérait que le grand problème était, pour lui, celui de
la sensation et de la pensée.
« Seule la psychologie scientifique, c'est-à-dire la science de l'aspect
psychique des phénomènes de la vie, représente pour l'homme l'acropole
de la connaissance. »
Mais n'anticipons pas. Jules Soury apprit à l'Ecole des Chartes
et de son bon maître Jules Quicherat « que la méthode demeure
la même dans toutes les sciences qui relèvent de l'observation,
qu'il s'agisse d'un cartulaire, d'une cellule végétale ou animale,
d'un cristal, etc. ».
En 1867, il devint archiviste paléographe, avec une thèse
consacrée aux Etudes hébraïques et exégétiques au Moyen Age
chez les chrétiens d'Occident (1867). Cette première publication
était le résultat des cours privés de Renan, auquel Jules Soury
avait été présenté par Michel Bréal. Privé de sa chaire au Collège
de France, Renan enseignait chez lui, rue Vanneau, et aussi à Sèvres,
où il habitait une partie de l'année et emmenait son élève se
promener dans les bois. Le second voyage au Levant interrompit
ces relations qui se renouèrent au retour de Renan en France.
Si Soury ne fut jamais (comme on l'a dit) le secrétaire de Renan
(son ambition était d'entrer à la Bibliothèque Nationale où il
travailla dès 1865), il vécut dans son ombre. C'est grâce à lui
qu'il devient rédacteur à la Bévue des Deux Mondes et au Temps
et qu'il entreprit ses recherches sur Luther exégète de l'Ancien
Testament (1871) et sur Duns Scot (1866-1867).
Pendant la guerre de 1870, il fut chargé de cataloguer les
documents dont s'était servi Napoléon III pour rédiger la vie de
César (J.O., du 11 novembre 1870).
Bien des amitiés le poussaient à militer dans la Commune de
Paris, mais ses parents l'emmenèrent, avec eux, en Seine-et-Marne
où il attendit la fin de cette aventure. Revenu à la Bibliothèque
Nationale en 1871, il publie beaucoup, aussi bien des ouvrages
d'érudition que des articles dans Le Temps, la Revue des Deux
Mondes et la Revue scientifique. Il donne également des traduc
tions françaises de Noedeke, Hugo Magnus, Oscar Schmidt et
Hacckel. T5^çr****«
Caricature de Jules Sour y
Dessin par Dubois vers 1877
(Cliché Archives Nationales)
T. XXIII. — 1970 11 158 revue d'histoire des sciences
II entre également à La République française que venait de
fonder Gambetta. Il collabore avec André Lefevre à la « Revue des
Sciences historiques » et avec Paul Bert à la « Revue scientifique »
du même journal. Les remarquables aptitudes de Jules Soury,
Paul Bert et Gambetta voulurent les reconnaître en faisant créer
pour lui une chaire d'histoire des religions au Collège de France.
Après un vote favorable du Parlement (1879), Jules Soury se heurta
à l'opposition de Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique et
de M. de Laboulaye, administrateur du Collège de France : la chaire
revint au pasteur Ré ville (1881).
Pour se consoler, Jules Soury soutint, en 1881, sa double thèse
de doctorat es lettres. La thèse française était dédiée à Ernest
Renan (Théories naturalistes du monde et de la vie dans l'Antiquité).
La thèse latine était dédiée à Emile Egger (De hylozoismo apud
Receniiores ) . Peu après, Paul Bert, devenu à son tour ministre,
ne put donner à son ami la chaire qu'il méritait, d'après Lanessan.
Il lui fit simplement obtenir une charge de cours à la IVe section
de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, le 30 novembre 1881.
Jules Soury devint, par la suite, directeur d'études adjoint, en 1896,
et directeur d'études titulaire, en 1898, sous la présidence de
Gabriel Monod. Il enseignait l'histoire des doctrines de psychologie
physiologique contemporaines. Cet enseignement, véritablement
nouveau et exceptionnel, eut un grand succès au point de mériter
une mention dans la rubrique de la vie littéraire du Temps, tenue
par Anatole France, dans le numéro du 8 novembre 1881. Jules
Soury est présenté « un scalpel à la main, un cerveau sur la table,
tranquille, enseignant à une élite d'élèves le jeu compliqué des
appareils de l'innervation cérébrale et développant la théorie des
localisations. »
Cet enseignement, qui devait durer vingt ans, a été la matière
d'articles parus dans des journaux médicaux [L'Encéphale de Luys ;
Les Archives de neurologie de Charcot) et de plusieurs livres dont
Le Système nerveux central, couronné par l'Académie de Médecine
et l'Académie des Sciences et sur lequel nous allons revenir.
L'existence de Jules Soury fut celle d'un célibataire pessimiste
qui avait appris « à l'user, que la vie ne valait pas la peine d'être
vécue ». Plébéien d'origine et ennemi des salons, il aspirait, comme
Heraclite, « à une aristocratie faite d'amertume, de tristesse et
d'orgueil ».
L'affaire Dreyfus le sépara de ses amis politiques et le poussa P. HUARD, M.-J. IMBAULT-HUART. JULES SOURY (1842-1915) 159
vers une curieuse attitude syncrétique où son athéisme foncier (1)
rejoignait un certain catholicisme traditionnel, éloigné de toute
pratique religieuse, et un antisémitisme intransigeant (2). C'est
dans ces dispositions qu'il est mort, à Paris, le 10 août 1915,
127, rue du Ranelagh, incroyant mais exigeant un service funèbre
à l'église (3). Il

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