L Alcibiade de Thucydide et de Xénophon - article ; n°1 ; vol.13, pg 383-400
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Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens - Année 1998 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 383-400
L'Alcibiade de Thucydide et de Xénophon (pp. 383-400)
Xénophon et Thucydide écrivent tous deux l'histoire de la guerre du Péloponnèse. Ils veulent expliquer les causes de la défaite athénienne. Tous deux font d'Alcibiade un personnage de premier plan, très politique dans Thucydide, chef de guerre dans Xénophon. Au-delà de cette différence, les deux historiens font plutôt l'histoire d'une cité et d'un système politique que celui des grands hommes d'Athènes. Le personnage d'Alcibiade est le symptôme d'une crise morale ou sociale provoquée par le pouvoir excessif abandonné à la foule des citoyens. Xénophon est fasciné par le faste aristocratique d'Alcibiade, bien que l'image donnée soit globalement négative, puisque le chef de guerre ne parvient pas à redresser la situation militaire, victime d'un dysfonctionnement de l'Assemblée athénienne qui ruine sa propre patrie.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.M. Giraud
L'Alcibiade de Thucydide et de Xénophon
In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 13, 1998. pp. 383-400.
Résumé
L'Alcibiade de Thucydide et de Xénophon (pp. 383-400)
Xénophon et Thucydide écrivent tous deux l'histoire de la guerre du Péloponnèse. Ils veulent expliquer les causes de la défaite
athénienne. Tous deux font d'Alcibiade un personnage de premier plan, très politique dans Thucydide, chef de guerre dans
Xénophon. Au-delà de cette différence, les deux historiens font plutôt l'histoire d'une cité et d'un système politique que celui des
grands hommes d'Athènes. Le personnage d'Alcibiade est le symptôme d'une crise morale ou sociale provoquée par le pouvoir
excessif abandonné à la foule des citoyens. Xénophon est fasciné par le faste aristocratique d'Alcibiade, bien que l'image donnée
soit globalement négative, puisque le chef de guerre ne parvient pas à redresser la situation militaire, victime d'un
dysfonctionnement de l'Assemblée athénienne qui ruine sa propre patrie.
Citer ce document / Cite this document :
Giraud J.M. L'Alcibiade de Thucydide et de Xénophon. In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 13, 1998.
pp. 383-400.
doi : 10.3406/metis.1998.1089
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/metis_1105-2201_1998_num_13_1_1089de Thucydide et de xénophon' L'Alcibiade
Isocrate s'évertue à louer Alcibiade dans un plaidoyer destiné au fils de ce
dernier, Sur l'attelage, en s'appuyant sur l'attachement passionné qu'une
partie de l'opinion athénienne lui gardait, alors que d'autres le noircissaient
à l'extrême. Les Contre Alcibiade du Pseudo-Andocide et de Lysias lui
attribuent précisément une large gamme de méfaits, et Cornélius Nepos
résume le mieux la situation : excessif en tout, il ne laissait personne
indifférent2.
L'auteur latin représente toutefois une tradition littéraire déjà solidement
établie autour de la figure d'Alcibiade. Quant aux plaidoyers judiciaires,
quasi contemporains de l'homme politique athénien, ils grossissent à l'excès
ses qualités ou ses défauts, conformément aux lois du genre. Nous pouvons
tourner la difficulté grâce à l'histoire de la guerre du Péloponnèse relatée par
Thucydide et Xénophon, lesquels accordent une place marquante au chef
politique et militaire sans partialité outrancière.
Avant d'aborder les Helléniques de Xénophon qui font d'Alcibiade un
personnage de tout premier plan, il n'est pas mauvais d'envisager l'image
qu'en donne Thucydide qui fut le premier auteur à le décrire et, de ce fait, à
l'origine de la longue tradition littéraire le concernant.
L'objectif n'est pas de comparer ligne à ligne les portraits qui sont tracés
par Thucydide puis Xénophon, mais, après l'analyse des passages qui
présentent Alcibiade dans Γ Histoire de la guerre du Péloponnèse, après la
caractérisation de l'homme politique, après la mise en évidence de la place
qu'il tient dans cette histoire, il sera temps d'envisager ces points en détail
dans les deux premiers livres des Helléniques. Personnage de premier plan
avec Lysandre, Alcibiade révèle plus que tout autre la manière de Xénophon
1. Je tiens à remercier Claude Mossé pour sa lecture attentive du texte et pour ses
remarques.
2. Prodiderunt nihil Mo fuisse excellentius uel in uitiis uel in uirtutibus (Alcibiade, 1.1). 384 J.M. GIRAUD
dans la première partie de son histoire qui est, rappelons-le, une explication
de la défaite athénienne.
Alcibiade intervent à trois moments différents de la guerre dans l'histoire
de Thucydide : en 420, lors de la paix de Nicias (entre V, 43, 2 et V, 84, 1),
plus longuement quand se prépare et commence l'expédition de Sicile (entre
VI, 2 et VI, 93, 1), un peu plus longuement encore à l'occasion du coup de
force oligarchique (VIII, 6, 3 à VIII, 108, 2). Les informations que donne
l'historien se classent en trois thèmes : les ancêtres prestigieux, les
caractères de l'individu Alcibiade, son rôle politique à Athènes.
Le premier point est rappelé deux fois au début du discours en faveur de
l'expédition en Sicile3. Alcibiade appartient à une lignée prestigieuse. Cela
justifie en somme le mode de vie et les prétentions du chef politique.
L'historien insiste beaucoup plus sur le «portrait» d'Alcibiade qu'il organise
autour de trois éléments : l'homme est jeune, ambitieux, son train de vie est
luxueux.
Thucydide allègue la jeunesse d'Alcibiade pour justifier que celui-ci n'ait
pas été consulté en 420 quand se négocia la paix avec Lacédémone4. Au
fond, ce n'est pas tant le jeune âge de l'ambitieux qui est mis en cause par
Nicias, que sa témérité, voire son imprudence irresponsable; il ne faut pas
tenter des aventures hasardeuses, ni se hâter, dit Nicias dans son discours.
Alcibiade répond que sa vivacité fut cause du succès qu'il eut à Sparte. En
fait, c'est un comportement qui est mis en cause. En effet, l'extrême
indépendance dont fait preuve le personnage dans sa manière de vivre
comme la portée de ses vues effraient le plus grand nombre5. En 420 il
s'opposa à la paix par ambition et par orgueil, dépité d'avoir été mis à
l'écart, si bien qu'il fit tout pour la faire échouer6. Il jugeait sa place
méconnue, ajoute Thucydide qui revient sur ce trait de caractère au moment
de l'expédition de Sicile, en ajoutant cette fois une explication
supplémentaire : Alcibiade désire exercer le commandement, il s'emparera
de toute la Sicile, voire de Carthage, c'est promis, car il veut gagner en
premier lieu argent et gloire; c'est que son train de vie occasionne
d'énormes dépenses qui excèdent son revenu, si bien qu'il espère les couvrir
3. Thucydide, V, 43, 2 et VI, 16, 2. Le texte utilisé est celui de l'édition établie par R.
Weil et J. de Romilly pour les Belles Lettres.
4. Thucydide, V, 43, 2; en VI, 11, 6, 12, 2 et 13, 1 nous avons l'opinion de Nicias sur
cette jeunesse excessive et les conséquences que cela implique pour Athènes; Alcibiade lui
répond en VI, 17, 1.
5. Thucydide, VI, 15,4.
6.V, 43, 2 et 3, aussi en V, 45-46 quand il fait échouer l'ambassade
lacédémonienne. L'ALCIBIADEDE THUCYDIDE ET DE XÉNOPHON 385
par l'exercice d'une charge publique, en l'occurrence la stratégie7.
L'auteur dépasse ainsi le cas du seul Alcibiade pour envisager les
conséquences de son comportement. Le faste excessif peut s'expliquer par
le caractère aristocratique de sa lignée, par son orgueil, par sa démagogie; le
besoin d'une carrière politique s'explique, quant à lui, par l'ambition et le d'argent. Où est le bien public dans tout cela?
Ce dernier thème est bien entendu privilégié par Thucydide dont la
réflexion politique vise à comprendre la défaite athénienne, notamment par
l'étude des défauts de la vie politique. La place tenue à certains moments par
Alcibiade se justifie sans doute par la forte personnalité de l'homme qui ne
laissait pas indifférent l'historien. Celui-ci en fait ainsi une pièce maîtresse
de son récit en deux occasions essentielles : l'expédition de Sicile et la
tentative oligarchique de 41 1.
Avant cela, Alcibiade paraît quinze fois au livre V, entre la paix de Nicias
et la bataille de Mantinee, sept fois à Athènes, quand il fait échouer
l'ambassade lacédémonienne qui venait sauver la paix, huit fois dans le
Péloponnèse où sa place est moindre. Les premiers paragraphes sont
politiques, les derniers militaires. Les premiers sont défavorables à
Alcibiade, les seconds restent neutres, mais il est aussi moins présent et son
rôle moins exclusif. Nous l'avons vu, Thucydide expose son dépit d'avoir été
ignoré dans la négociation en vue de la paix, expliquant de cette manière sa
décision de ramener la guerre par tous les moyens. Il réussit, mais sa
campagne dans le Péloponnèse et la bataille de Mantinee n'apportent rien à
Athènes. L'historien introduit le personnage en quelque sorte, le présente en
action, il le fait juger en actes sans intervenir explicitement. Il décrit un
homme pressé d'arriver qui ramène

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