L analyse sémantique du signe linguistique - article ; n°1 ; vol.4, pg 44-66
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Description

Langue française - Année 1969 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 44-66
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

K. Heger
L'analyse sémantique du signe linguistique
In: Langue française. N°4, 1969. pp. 44-66.
Citer ce document / Cite this document :
Heger K. L'analyse sémantique du signe linguistique. In: Langue française. N°4, 1969. pp. 44-66.
doi : 10.3406/lfr.1969.5457
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1969_num_4_1_5457Klaus Heger, université de Kiel.
L'ANALYSE SÉMANTIQUE DU SIGNE LINGUISTIQUE
Le but du présent article est de donner un résumé des développements
récents de la discussion portant sur certains modèles sémantiques du signe
linguistique. Il est évident qu'un tel résumé ne peut pas prétendre à
l'exhaustivité, ni en ce qui concerne les problèmes traités, ni dans les
références bibliographiques. Je prie le lecteur qui veut s'informer d'une
façon plus approfondie de tout ce qui n'est traité que marginalement
de se reporter à mon article « La sémantique et la dichotomie de langue et
parole », publié dans les Travaux de Linguistique et de Littérature, VIII 1
(1969).
Les modèles sémantiques dont il est question ici remontent tous,
soit en ligne directe, soit en ligne indirecte, à une analyse du signe li
nguistique connue depuis l'antiquité et dont l'expression la plus courante
est Г « aliquid stat pro aliquo » : quelque chose — appelons-le le signifiant
— sert à tenir lieu de quelque chose de différent, qui n'est pas (ou, plus
exactement, qui normalement n'est pas) identique ni semblable à lui. On
voit facilement que cette analyse implique trois composants dont deux,
à première vue du moins, ne posent pas de problèmes très graves : Г « al
iquid » que nous venons d'appeler le signifiant se présente à nous sous la
forme du phénomène acoustique ou écrit qui est le mode d'existence des
signes linguistiques, et, comme Г « aliquo » qui ne lui est ni identique
ni semblable, peut figurer tout ce dont on peut parler en langue humaine :
une chose quelconque — comme par exemple le papier sur lequel j'écris
cet article — ou une classe de choses — comme le papier en général si
je parle de ses qualités, de sa fabrication ou de ses emplois possibles. Dès
maintenant, il faut se rendre compte que la définition « tout ce dont
on peut parler » n'implique aucun engagement ontologique : Ulysse a sa
place parmi les « choses » aussi bien que Socrate, et les licornes ont la leur
parmi les « classes de choses » aussi bien que les chevaux.
44 Ce qui par contre pose des problèmes très graves, ce qui a nourri
une discussion millénaire sur Г « aliquid stat pro aliquo », c'est son tro
isième composant : le « stat pro », la question de savoir comment et par
quels moyens il est possible qu'un phénomène acoustique ou écrit puisse
tenir lieu d'une chose qui n'est pas lui, qui peut même être une classe
de choses dont on ignore le nombre exact d'éléments qui la composent.
Pour cerner de plus près la problématique de ce « stat pro », partons
de la forme sous laquelle Г « aliquid stat pro aliquo » a été si souvent mis
en question dans les dernières années : du modèle triangulaire qu'ont
proposé C. K. Ogden et I. A. Richards dans leur livre The Meaning of
Meaning :
référence
(pensée)
symbolise / \ se réfère à
(une relation causale) / Vautre relation causale)
о о
symbole réfèrent
tient lieu de
(une relation imputée)
Le « stat pro » que nous cherchons apparaît dans ce modèle sous deux
formes : celle de la relation entre le symbole et le réfèrent, relation directe,
mais qui n'est qu'imputée ou hypostasiée et qui par conséquent ne peut
pas servir de base à une analyse scientifique, et celle de la relation
indirecte et scientifiquement valable, qui établit le contact entre le symb
ole et le réfèrent à travers la référence.
Un seul mot en ce qui concerne la première de ces deux relations et
la valeur qui occasionnellement lui est attribuée pour des analyses li
nguistiques : cette valeur est limitée aux cas rares et plutôt marginaux
des vraies onomatopées.
C'est la deuxième relation, c'est-à-dire la référence, qui est d'un
véritable intérêt pour le linguiste, et tout dépend ainsi de l'interpré
tation qu'on lui donne. Malheureusement, et déjà dans le livre même
d'Ogden et Richards — et d'autant plus, par conséquent, dans les di
scussions qui y ont pris leur point de départ — , il en existe plusieurs
interprétations, légitimes certes, mais dont l'entrecroisement n'a point
facilité la résolution du problème du « stat pro ». Notre première tache
sera donc de rappeler les plus importantes parmi ces interprétations de
45 la référence. Il sera d'abord utile d'insister sur deux traits qui sont
communs à toutes : elles sont fondées sur la conviction — impliquée
dans le modèle triangulaire lui-même — que la relation entre le symbole
et le réfèrent n'est qu'indirecte; et elles en viennent à définir le signe
— soit explicitement, soit implicitement — comme se composant du
symbole et de la référence, mais elles en excluent le réfèrent. Ce dernier
procédé, qui n'est pas toujours avoué, s'explique facilement par Г « aliquid
stat pro aliquo » dont on est parti : pour que le signe ne soit pas réduit
au seul phénomène acoustique ou écrit (en tant qu'il peut être perçu et
observé comme un objet quelconque), il faut qu'il possède en lui-même
la capacité du « stare pro aliquo ». Mais d'autre part, il est également
évident que cet « aliquo » non identique au signifiant ne peut pas être
incorporé au signe sans que cette relation de non-identité soit mise en
question.
Ayant ainsi fixé le dénominateur commun des interprétations de la
référence, passons à ce qui les sépare. Trois d'entre elles ont été d'une
particulière importance dans les discussions :
1° Par « référence », on peut comprendre l'acte psychique individuel
qui établit une relation entre le symbole et le réfèrent. Cette interpré
tation présuppose que le symbole soit pris en tant qu'occurrence indivi
duelle, et le réfèrent en tant que dénoté respectif de cette occurrence de
symbole. Ce dénoté respectif peut être, on l'a vu, une chose aussi bien
qu'une classe de choses.
En ce qui concerne la référence, elle se présente dans cette inter
prétation comme un phénomène dont l'étude relève de la psychologie
plutôt que de la linguistique. De toute façon, il ne sera pas trop aventuré
de parler dans ce cas d'une interprétation référentielle psychologique du
signe, et de ne lui attribuer qu'une valeur plutôt marginale pour la li
nguistique.
2° Par « référence », on peut comprendre les conditions qui rendent
possible l'établissement d'une relation entre le symbole et le réfèrent.
Dans ce cas, il ne peut plus s'agir d'occurrences individuelles, puisque
ces conditions doivent être les mêmes pour toutes les occurrences d'un
symbole et pour tous ses dénotés respectifs. Au lieu du symbole en tant
qu'occurrence, on a donc affaire au symbole en tant que classe d'occur
rences, et au lieu du dénoté correspondant, qui pouvait être soit une
chose individuelle, soit une classe de choses, ce n'est qu'une classe de
dénotés et par là une classe de choses qui peut figurer comme réfèrent
(en laissant de côté le problème particulier des noms propres dont la
fonction est de désigner des concepts individuels).
La référence se présente alors comme un patron opérationnel dont
l'existence garantit le lien entre la classe des occurrences d'un symbole
et la classe de ses dénotés respectifs. Il convient donc de parler dans ce
cas d'une interprétation référentielle opérationnelle du signe et d'y voir
une base utile pour toute analyse en sémantique lin-
46 guistique. L'exemple actuellement le mieux étudié de l'emploi de telles
méthodes en linguistique est fourni par les investigations quantitatives.
En transposant dans leur terminologie cette deuxième interpréta

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