L'appropriation et l'utilisation du sol en Polésine à la fin du XVIIIème siècle - article ; n°4 ; vol.2, pg 577-606

Jean Georgelin

Description

Histoire, économie et société - Année 1983 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 577-606
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1983
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• Langue: Français
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Extrait

Jean Georgelin
L'appropriation et l'utilisation du sol en Polésine à la fin du
XVIIIème siècle
In: Histoire, économie et société. 1983, 2e année, n°4. pp. 577-606.
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Georgelin Jean. L'appropriation et l'utilisation du sol en Polésine à la fin du XVIIIème siècle. In: Histoire, économie et société.
1983, 2e année, n°4. pp. 577-606.
doi : 10.3406/hes.1983.1343
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1983_num_2_4_1343L'APPROPRIATION ET L'UTILISATION DU SOL
EN POLËSINE A LA FIN DU XVIIIème SIECLE*
par Jean GEORGELIN
Cet article, centré avant tout sur les problèmes de l'appropriation et de l'utilisation
du sol, ne se veut qu'un jalon dans un ensemble plus vaste consacré aux structures agrai
res de l'Italie du Nord à l'époque moderne (1). Il sera suivi — du moins Fespère-t-on ! —
d'une étude de l'habitat dans cette même région (2). Que d'autres chercheurs italiens,
après s'être intéressés au mouvement des prix, en viennent eux aussi à s'interroger sur
les cadastres (3), ce n'est point là certainement l'effet du hasard : désormais tout pro
grès dans la compréhension des «sociétés traditionnelles» italiennes suppose une double
et permanente confrontation entre structures et conjonctures. Et l'on n'aura garde
* Nous tenons à remercier vivement le C. N. R. S. — qui nous a permis d'obtenir une vacation à
l'automne 1975 — l'Academia dei Concordi de Rovigo, ses responsables M. le professeur Romanato et
le docteur Mazzetti ; le docteur Rossi, directeur des Archives d'État ; enfin le docteur Rizzi qui a attiré
notre attention sur ce cadastre ; notre collgue, Paul Allard, assistant au département des Sciences hu
maines de l'U. E. R. scientifique de Luminy, a accepté de rédiger la partie proprement technique de
cette enquête, le programme pour le passage à l'ordinateur. Mme Le Godec et Melle Bernard ont assu
ré la perforation des cartes à partir des fiches que nous avions ramenées de Rovigo. Prétendre que ces
cinq ou six semaines de «mise en fiches» aient toujours été exaltantes serait exagéré... Mais il nous
semble indispensable que le chercheur effectue lui-même ce travail de copiste : une page étant d'ordi
naire réservée à l'état de section et l'autre à la feuille parcellaire, il peut ainsi «apprendre» les paysages
agraires polesans.
l.Georgelin Jean, «Une grande propriété en Vénétie au XVIIIème siècle : Anguillara»,!?. S. C,
1968 mai-juin, pp. 483-519 ; «Ordres et classes à Venise aux XVIIème et XVIIIème siècles : pp. 193-
197 in Ordres et classes. Paris, Mouton, 1973, 269 p. ; «Une bonification dans la bassa frioulane
(1779-1809), Studi Veneziani (1972), pp. 623-646 ; Venise au siècle des Lumières (1669-1 797). 2 vol.
Paris, Mouton, (sous presse).
2. En ce qui concerne la cartographie de cette région, l'on ne peut que renvoyer le lecteur aux
ouvrages de : — Marinelli Giovanni, «Saggio di cartografia délia regione veneta. Venezia, Deputazione
di Storia Patria», Monumenti, série IV 1 , 1881 , 444 p. — Marinelli Giovanni, Venezia nella storia délia
geografia cartograflca ed esploratrice. Firenze, Ricci, 1907, 61 p. ; Venezia, Antonelli, 1889 et Atti
del R. 1st. Veneto. Tome 7, 1888-1889, pp. 933-1000. -Mazzariol Giuseppe, Catalogo del fondo
cartografico queriniano. Venezia, Lombroso, 1959, 154 p. Enfin : — Franco Giovanni, Dissertazione
intorno alla regolazione de' fiumi e degli scogli del Polesine di Rovigo. Rovigo, Miazzi, 1775, 25 p.
Si l'on en croit ce dernier, qui a publié une très belle carte de Polésine datée de 1775 qui semble être
une copie de celle possédée par l'Ac. dei Condordi, la première triangulation de cette province, œuvre
de Marchetti, remonte à 1786. L'ouvrage de Coi', mentionné ci-dessous, possède également deux belles
cartes de Polésine. Enfin, l'on ne peut ignorer l'existence d'un autre instrument de travail : Ferrari
Giorgio, «II catalogo del fondo cartografico délia Querini. Stampalia di Venezia». Academie e Biblio-
teche d'Italia. 1959 (1-2), 6 p.
3. Mirri Mario, Richerche di storia moderna, Pise, Pacini, 1976,425 p. (présentation des travaux
du séminaire d'histoire moderne de l'Université de Pise). Pour une approche bibliographique générale
sur ce sujet : Zangheri Renato, «Storia dell'agricoltura», pp. 1277-1302 in La storiografia italiana negli
ultimi vent'anni. Milano, Marzorati, 1970, vol. 2. Jean GEORGELIN 578
d'oublier qu'en France un effort similaire a été entrepris entre autres par nos collègues
du Sud-Est : Durand (4), Bonnin (5), Garner (6).
La Polésine est cette petite province de la République de Venise séparée, au sud, du
Ferrarais et du Mantouan par le Pô, au nord, du Padouan par l'Adige, à l'ouest du Véro-
nais par le Tartaro et la zone des Valli Veronesi : 60 kilomètres sur 20 (7). Annexée en
1395 (8), annexion confirmée par le traité de Bagnolo (1484), elle jouit de 282 années
de paix de 1515 à 1797, sans incursion étrangère ni guerre civile (9).
Les géographes du XIXème siècle ont donné à ce terme de Polésine une coloration
plus «scientifique» (10) mais que l'on ne saurait retenir ici sous peine d'anachronisme.
Quant à la province du même nom créée au XIXème siècle, en sus de la Polésine de
Rovigo, de Loreo et Cavarzere — qui appartenaient au Dogado — elle englobe une par
tie du territoire ferrarais et la ville d'Adria. (Le terme Polésine, si l'on en croit Zucchini,
viendrait de polesini, ces hautes terres sèches qui, avant que la région ne fût bonifiée,
surgissaient au milieu des marais comme autant de petites fies.)
Le géographe Vincenzo Formaleoni, dans une étude parue en 1780 (1 1), a bien s
itué cette province à l'intérieur de l'Etat vénitien.
1780
Provinces Milles carrés Total des habitants Habitants par mille carré au km2
Dogado et Cologna 550 230 000 419 140
Istrie 700 84 284 120 40
Frioul 2 500 395 727 158 53
Bellunese 34 664 69 23
Feltrino 290 27 457 94 31
Trévisan 900 26-2 379 292 71
Illustration non autorisée à la diffusion Padouan 780 310 000 397 132
Polésine 250 64 167 85 256
Vicentino 750 212 855 284 95
Véronais 940 221 712 235 78
Bresciano 1 300 316 000 243 81
Bergamasque 600 206 343 114
Cremasco 80 39 441 493 164
Terre ferme 10 860 2 404 686 221 74
1 mille carré = 3,021 - 3,024 km2.
4. Durand Georges, «Terriers et plans parcellaires. Essai de méthode comparative», Cahiers d'His
toire, 1967 (1 et 2), pp. 97-103.
5. Bonnin Bernard, «Enquête fiscale et histoire économique et sociale : la révision des feux en
Dauphine (1697-1706)», Cahiers d'Histoire, 1967 (1-2), pp. 87-96.
6. Gamer Gilbert, «Les enquêtes agricoles du XIXème siècle : une source contestée», Cahiers
d'Histoire, 1967 (1-2), pp. 105-114, et «Premières lignes d'une recherche collective. L'appropriation
foncière citadine dans la région Rhône-Alpes du XlVème au XIXème siècle», Bulletin du centre d'his
toire économique et sociale de la région lyonnaise, 1975 (2), pp. 43-59.
7. La meilleure introduction géographique à l'étude de la Polésine reste encore l'œuvre de Bocchi
Francesco, «II Polésine di Rovigo» in Grande Illustra zio ne del Lombardo Veneto, vol. 5, Milan, 1861,
240 p. et, «Del canal bianco di Polésine», A dria, Ortore, 1870, 103 p.
8. Le contrat par lequel le marquis d'Esté, le 3 avril 1395, cède la Polésine à la République de
Venise, est reproduit p. 5 in Durazzo Giovanni, Dei rettori veneziani. Venezia, Tip. del Commercio,
1865, 151 p.
9. P. 1 1 6 in Bocchi, II Polésine. . .
10. «... l'espace compris entre les deux fleuves qui peut être considéré comme un delta commun...»,
pp. 332-333 in Reclus Elisée, Géographie universelle, tome 1 , Paris, Hachette, 1876, 1012 p.
11. Formaleoni Vincenzo, Notizie interessanti , Venezia, Gatti, 1781 , 208 p. APPROPRIATION ET UTILISATION DU SOL EN POLÊSINE 579
Les doutes, les incertitudes qui ont longtemps subsisté quant à l'estimation précise
de la population française à la veille de la Révolution ne sont point de mise ici : la qual
ité des six recensements effectués de 1766 à 1795 suffirait à les rendre vains.
750 kilom&#