L attitude des acteurs et des auteurs anglais devant prologues et épilogues au début du XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.25, pg 159-177
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L'attitude des acteurs et des auteurs anglais devant prologues et épilogues au début du XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.25, pg 159-177

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Colloque - Société d'études anglo-américaines des 17e et 18e siècles - Année 1987 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 159-177
19 pages

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Publié le 01 janvier 1987
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Langue Français
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Pierre Danchin
L'attitude des acteurs et des auteurs anglais devant prologues et
épilogues au début du XVIIIe siècle
In: Rebelles dans le monde anglo-américain aux XVIIe et XVIIIe siècles. Actes du Colloque - Société d'études
anglo-américaines des 17e et 18e siècles, 1987. pp. 159-177.
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Danchin Pierre. L'attitude des acteurs et des auteurs anglais devant prologues et épilogues au début du XVIIIe siècle. In:
Rebelles dans le monde anglo-américain aux XVIIe et XVIIIe siècles. Actes du Colloque - Société d'études anglo-américaines
des 17e et 18e siècles, 1987. pp. 159-177.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0294-1953_1987_act_25_1_2256L'ATTITUDE DES ACTEURS ET DES AUTEURS ANGLAIS
DEVANT PROLOGUES ET EPILOGUES AU DEBUT DU
DIX-HUITIEME SIECLE
On sait fort bien que peu après la restauration de
Charles II en 1660, il devint habituel pour les théâtres
anglais de ne produire de pièces qu'accompagnées de prolo
gues et d'épilogues. Non point que ceux-ci fussent inconnus
auparavant, bien loin s'en faut, mais chez les anciens
Grecs et chez les Romains les prologues ou épilogues
n'avaient guère qu'une fonction rhétorique: dans le cas
de la tragédie, ils se bornaient à évoquer brièvement
le destin, et, pour ce qui est des comédies, ils se conten
taient de préparer le public au contenu de la pièce pour
ce qui est des prologues, ou de lui demander ses applaudis
sements pour ce qui est des épilogues. Les dramaturges
anglais des époques élisabéthaine et jacobéenne avaient,
lorsqu'ils avaient recours à ces appendices, largement
suivi ces modèles anciens, sans fréquemment innover.
Après 1660, sans doute sous l'influence d'acteurs à
la forte personnalité, comme J. Lacy ou N. Gwyn, on
voit le théâtre anglais, seul de tous les théâtres européens,
accoutumer ses spectateurs à n'accepter aucune pièce
qui ne soit accompagnée d'un prologue et d'un épilogue;
ceux-ci très tôt l'aspect d'une sorte
lation du public où transparaissent couramment les preoc
cupations sociales, politiques, voire religieuses des audi
teurs. Ce sont dorénavant les plus appréciés des acteurs
(ou des actrices, car celles-ci se spécialisent très tôt
dans la production des épilogues) qui se réservent le privi
lège de s'adresser ainsi à l'auditoire avant et après la
piece; et certains des meilleurs comédiens en font une
véritable spécialité.
Ce qui est frappant bien souvent (et tout particuli
èrement dans le cas des tragédies), c'est la brutale rupture
de ton entre le prologue et l'épilogue -généralement comi
ques- et la pièce qu'ils sont censés accompagner. Bien PIERRE DANCHIN 160
souvent ils n'ont avec celle-ci qu'un rapport très lointain.
Entre les trois partenaires -auteur, acteur, auditeur- ils
établissent une relation neuve où l'acteur paraît parler
directement aux spectateurs et s'exprimer en son nom
propre: prologues et épilogues sont devenus des morceaux
de bravoure destinés à mettre en valeur le talent multi
forme de celui ou celle qui les prononce. Mais le ton
généralement comique et satirique de ces morceaux n'était
pas sans poser quelques problèmes aux critiques ainsi
qu'à certains au moins des acteurs et surtout des auteurs.
Et, vers le début du dix-huitième siècle, après quarante
années de fonctionnement de cette nouvelle tradition,
certains ne manquaient pas de déplorer l'orientation que
celle-ci avait prise, voire de se révolter contre elle.
Assez nombreux sont en effet à ce moment les écrits
où les critiques, mais aussi les auteurs, dans les prologues
et épilogues eux-mêmes, formulent des réserves en se
fondant sur diverses considérations. Les critiques hostiles
au théâtre fondent le plus souvent, mais non exclusivement,
leurs objections sur le ton immoral ou irréligieux revêtu
par beaucoup de ces morceaux. Le plus célèbre de ces
critiques du théâtre, 3eremy Collier, s'en prend expres
sément à eux: "the Prologues, and Epilogues", dit-il, "are
sometimes Scandalous to the last degree", et il ajoute,
avec beaucoup de pénétration: "here, properly speaking,
the Actors quit the Stage, and remove from Fiction into
Life. Here they converse with the Boxes, and Pit, and
address directly to the Audience"; et il s'en prend tout
particulièrement à ce qu'il appelle 1' "Immodesty" de
la scène contemporaine:
These Preliminary and concluding Parts, are design'd
to justify the Conduct of the Play, and bespeak
the Favour of the Company. Upon such Occasions
one would imagine if, ever, the Ladies should be
used with Respect, and the Measures of Decency
observ'd. But here we have Lewdness without Shame
or Example: Here the Poet exceeds himself. Here
are such Strains as would turn the Stomach of an
ordinary Debauchee, and be almost nauseous in the
Stews. And to make it the more agreeable, Women
are commonly pick'd out for this Service. Thus the L'ATTITUDE DES ACTEURS 161
Poet courts the good Opinion of the Audience. This
is the Desert he Regales the Ladies with at the
Close of the Entertainment (1).
Mais, s'il s'en prend ensuite à l'irréligion des auteurs contemp
orains, que n'excuserait plus l'immoralité foncière de
la religion et des rites païens, il ne se préoccupe guère
d'un sujet que les auteurs de prologues abordent de nombreus
es fois au tournant du siècle, à savoir l'inutilité des
morceaux modernes, ainsi que la manière dont ils nuisent
au ton d'ensemble de la représentation.
Pour étudier les modalités de ces velléités de révolte
chez les dramaturges du début du siècle, j'examinerai
successivement les points suivants:
1. comment les auteurs de prologues évoquent fréquem
ment leur foncière inutilité, voire leur rôle destructeur
de l'illusion dramatique;
2. comment les entrepreneurs de spectacles s'efforcent
cependant de continuer a flatter le goût du public pour
ces morceaux, en s'efforçant, soit de les transformer
en intermèdes amusants, relevant plus de la farce que
de la comédie ou de la satire, soit en exploitant de nou
veaux thèmes, et notamment, au début du siècle, deux
d'entre eux: celui du patriotisme guerrier d'une part,
celui de la réflexion critique sur la nature, le rôle et
les règles du théâtre, d'autre part.
De l'inutilité des Prologues et des Epilogues
II est de fait, et c'est passablement paradoxal, étant
donné la grande popularité du genre, que les auteurs de
prologues de cette époque critiquent souvent cette activité
qui est leur. Prologues et épilogues sont à la fois difficiles
à écrire, comme le dit Rowe en 1704:
Or all the Taxes which the Poet pays
Those Funds of Verse, none are so hard to raise
As Prologues and as Epilogues to plays (Ep. de The
Biter), PIERRE DANCHIN 162
et, en conséquence, ils sont fréquemment bien mal compos
és, comme le dit Crauford, la même année:
Prologues to Plays are now so Common grown,
That tho' they must be spoke to please the Town,
For fifty bad ones, you will scarcely find
One to instruct or to divert the Mind.
(Love at First Sight, Pr.)
Et le même Crauford avait, en juillet 1700, évoqué à
la fois l'inutilité des prologues, et regretté que la coutume
les exige:
The bus1 ness of a Prologue, who can say?
I think it has no bus'ness in a Play:
For if the Play be good it need not crave it;
If bad, no Prologue on the Earth can save it.
But you plead Custom for this needless Evil,
Customl why ay, this Custom is the Devil.
(Courtship à la Mode, Pr.)
Motteux, l'année précédente, avait formulé une opinion
semblable:
Prologues, some say, are useless, grave or gay:
The first but clog, the last ne're save a Play.
Yet, since for hum'rous Prologues most you long,
Before this Play, we'll have a Ballad sung»
(The Island Princess, Pr., Février 1699)
Certains formulent même une opposition plus violente:
Theobald, en 1.708, écrit:
Curse on the Custom, that demands your Stay,
For Epilogue, when tir'd with damn'd dull Playl
Us, and your selves from this hard Tax release.
And let the grating Imposition

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