L audiovisuel remis en question - article ; n°1 ; vol.41, pg 39-51
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L'audiovisuel remis en question - article ; n°1 ; vol.41, pg 39-51

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Communication et langages - Année 1979 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 39-51
13 pages

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Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 30
Langue Français
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Extrait

Jean Cloutier
L'audiovisuel remis en question
In: Communication et langages. N°41-42, 1er-2ème trimestre 1979. pp. 39-51.
Citer ce document / Cite this document :
Cloutier Jean. L'audiovisuel remis en question. In: Communication et langages. N°41-42, 1er-2ème trimestre 1979. pp. 39-51.
doi : 10.3406/colan.1979.1287
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1979_num_41_1_1287L'AUDIOVISUEL
REMIS
EN QUESTION
par Jean Cloutier
Ecrire l'histoire de l'audio-visuel est impossible car la situation
varie non seulement d'un pays à l'autre, d'une institution à l'autre,
mais même d'un individu à l'autre. Il y a « ceux-qui-en-font » et
« ceux-qui-n 'en-font-pas » et cela fait toute une différence. De
plus, il est impossible de parler de l'audio-visuel sans se référer
à la communication. Pourtant on le fait souvent ; quant à moi, je
ne le ferai pas. La communication constituera le fil conducteur
de ma réflexion sur l'audio-visuel, envisagé tour à tour comme
un ensemble de techniques et comme une panacée avant d'être
mis en question.
Depuis 10 ans une évolution s'est produite chez ceux « qui font
de l'audio-visuel ». Au début, ils y croyaient sans savoir où \\s
allaient. Maintenant, ils y croient moins mais ils sentent qu'ils
arrivent quelque part, sans savoir où exactement. De même
depuis 10 ansrune évolution s'est produite chez « ceux-qui-n'en-
font-pas ». Avant, ils n'y croyaient pas mais ils avaient peur que
les autres, « ceux<|ui-en-ifont », arrivent quelque part. Mainten
ant, ils n'y croient toujours pas maisJls n'ont plus. peur. Ils
ont l'impression que les autres n'arrivent nulle part. Ils croient
avoir gagné, mais ils ne savent pas quoi.
C'est clair ? Peut-être pas mais d'une grande importance car
c'est en faisant cette double constatation que j'ai compris que
mon propos d'anniversaire en l'honneur de « Communication et
langages » ne serait pas le panégyrique de l'audio-visuel. Il sera
une tentative, non. pas de situer l'audio-visuel en 1979 mais
plutôt de proposer des clefs pour que chacun, ceux-qui-en-font
comme ceux-qui n 'en-font-pas, puissent se situer par rapport à
l'audio-visuel. Après 10 ans passés sur la ligne de feu, j'ai fait
le point, je sais où je suis. Puisse ma réflexion rétrospective et
subjective vous aider à déterminer vous-même où vous en êtes
par, rapport à l'audio-visuel. L'audiovisuel remis en question
LES TROIS COURANTS
Faire le point est difficile, la situation de la communication et
de l'audio-visuel est mouvante. Cependant, on peut distinguer
trois courants parallèles et très différents. Ils ont des sources
diverses, des caractéristiques spécifiques et des finalités
propres. Ils s'écoulent à des rythmes variés. Vous imaginez ais
ément la difficulté de passer de l'un à l'autre ; il y a des tourbil
lons qui se forment à la rencontre de chaque courant et cela
explique le malaise actuel de la communication et de l'audio
visuel. Beaucoup ont envie de changer de courant, mais peu y
arrivent. Les structures ont tendance à naviguer toujours sur
le même. Parfois, il faut se jeter à l'eau pour faire le passage
d'un courant à l'autre.
Trêve de métaphores. Les courants dont il s'agit sont bien réels.
Ce sontJes trois façons d'envisager l'audio-visuel, qui corres
pondent à trois manières de considérer la communication. Le
tableau ci-dessous expose ces trois grands courants qui consi
dèrent la communication et l'audio-visuel' comme étant respec
tivement :
— Premièrement, une transmission d'information et des tech
niques destinées à faciliter cette transmission ;
— Deuxièmement, un échange plus ou moins intéressé et une
panacée susceptible de rendre plus efficace cet échange ;
Fondement Point de vue Nature Schéma Accent
et finalité et discours
Une transmission linéaire message élististe
d'information
tabula rasa politique
Des techniques transmission conformité
audiovisuelles
Un échange plus cybernétique langage behavioriste
ou moins intéressé
stimulus-réponse économico-
socio-culturel
La panacée motivation efficacité CD audio-visuelle 1 1
I Une interaction mosaïcal l'homme humaniste
vitale
stimulus
organisme - + écologique
réponse
Un mode système ouvert EMEREC
d'interaction
O o S Audiovisuel 41
— Troisièmement, une interaction vitale des hommes entre eux,
avec leurs media et avec leur environnement, ainsi qu'un mode
d'interaction.
En outre; il précise pour chacun des courants le schéma qui
décrit le processus de communication, l'accent mis sur l'un ou
l'autre des éléments, le fondement qui en constitue la source, la
finalité qui l'oriente et le discours qui rend compte du point de
vue de ceux qui les empruntent.
LES TECHNIQUES AUDIO-VISUELLES
Pendant longtemps — et c'est le cas encore pour bien des
gens — . la communication n'a été envisagée que comme une
simple transmission -d'information. Ce sont les célèbres cinq
questions que posa Harold D. Laswell en 1948 : « qui - dit quoi -
» à qui - par quel moyen - avec quel effet ?» qui marquèrent et
marquent encore, hélas ! de nombreuses études sur la commun
ication. A partir de ces questions, des dizaines de schémas
linéaires ont été tracés afin de rendre compte du passage de
l'information entre un émetteur et un récepteur. En France,
l'accent est mis sur les messages, c'est-à-dire le contenu de
la communication alors qu'aux Etats-Unis on s'intéresse davan
tage à la transmission elle-même (d'où la théorie mathématique
de la de CE. Shannon et W. Weaver) 1.
L'audio-visuel est alors conçu comme un ensemble de techni
ques destinées à faciliter la transmission de ces messages
entre un émetteur-qui-sait et un récepteur-qui-ne-sait-pas. Ce
schéma linéaire étant celui de l'enseignement traditionnel, c'est
sans doute pour cette raison que l'audio-visuel s'implante (ou
tente de s'implanter) à l'école comme une série de techniques
ou d'aides, ou d'auxiliaires (on- utilise alors toutes ces express
ions), pour aider l'enseignant à transmettre son savoir à
l'élève. C'est aussi celui des mass média qui,- en France, ont
été appelés pendant longtemps — et c'est significatif — les
« grands moyens d'information » (presse écrite, radio et télévi
sion principalement).
Le fondement de cette conception de la communication et de
l'enseignement est évidemment à la fois élitiste (il y a ceux-qui-
savent, les émetteurs privilégiés et ceux-qui-ne-savent-pas, les
récepteurs, souvent passifs) et ■ dogmatique [\e message n'a
qu'un sens, celui de l'émetteur-détenteur-de-la-vérité). Il repose
sur le principe philosophique de la tabula rasa (T.R.) selon lequel
il y a des récepteurs (les élèves ou les lecteurs, par exemple,
qui-ne-savent-pas) et queceux-qui-savent (enseignants ou jour-
v
1. CE. Shannon et W. Weaver : Théorie mathématique de la communication
(Paris, Retz-C.E.P!., 1975). L'audiovisuel remis en question
nalistes)* doivent les informer et ainsi les former. La finalité
de ce courant est la conformité. La communication, tout comme
l'enseignement, doit permettre de transmettre les valeurs
reçues et l'audio-visuel sert de support à cette -transmission.
Les tenants démette approche ont. un point. de. vue (au sens de
McLuhan) et par conséquent un discours (au sens français) de
nature politiques II faut consacrer l'Autorité, conserver les
Institutions et ne rien remettre en question.
LA PANACEE AUDIO-VISUELLE
Les tenants du deuxième courant. s'élèvent, parfois violemment,
contre cette vision qu'ils considèrent conservatrice, pour ne pas
dire réactionnaire. Pour* eux, la communication est beaucoup
plus qu'une simple transmission d'information, c'est un échange ou moins intéressé entre un émetteur el un récepteur qui
devient à son- tour un émetteur (autrement, il n'y aurait pas
d'échange). L'introduction de la notion- de feed-back, dans le
processus de communicati

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