L auteur des Mirabilia - article ; n°1 ; vol.24, pg 479-489
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1904 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 479-489
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Louis Duchesne
L'auteur des Mirabilia
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 24, 1904. pp. 479-489.
Citer ce document / Cite this document :
Duchesne Louis. L'auteur des Mirabilia. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 24, 1904. pp. 479-489.
doi : 10.3406/mefr.1904.6327
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1904_num_24_1_6327DES* MUÌABILIA L'AUTEUR
Les récentes études sur les Mirabilia ont eu pour résultat,
d'abord de dégager, parmi les diverses recensions qui nous en
restent, celle qui doit être considérée comme la plus ancienne et
la source de toutes les autres, ensuite de déterminer la date de
cette rédaction originale. Sur ce dernier point on n'a encore
obtenu qu'une certaine approximation. Les Mirabilia ont été
composés vers le milieu du XIIe siècle, c'est tout ce qu'on en
dit. On y retrouve sans peine l'inspiration de ce temps-là. Très
fiers de leur jeune commune et de son sénat, très ardents à la
défendre contre les revendications du pape, les Romains du
XÏF siècle avaient senti l'importance que pouvait avoir pour
eux le culte des souvenirs antiques. Dans leurs propos, dont
nous avons des spécimens, ils se posaient nettement en conti
nuateurs de la vieille république romaine. Leur commune, c'était
la résurrection de l'ancien sénat. Après tant de siècles d'usur
pation de la part des empereurs et des papes, l'Etat romain
reprenait sa constitution légitime.
Avec cet enthousiasme nouveau pour les institutions de la
vieille Rome, devait marcher de pair le culte de ses monuments.
L'archéologie politique donnait l'essor à l'archéologie historique.
Les Mirahilia, qui, à Rome, représentent les plus lointains débuts
de celle-ci, sont un produit de l'éveil communal.
Telle est l'opinion généralement admise. En regardant de
plus près aux textes, je crois qu'elle comporte rectification, dans
une certaine mesure, toutefois, car, pour l'ensemble, elle reste l'auteur des mirabilia 480
vraie. La rectification que je propose se fonde sur une détermi
nation plus précise de la daté.
Les textes imprimés dans ces derniers temps s'accordent à
mentionner la sépulture d'Innocent IL Or Innocent II mourut le
24 septembre 1143. C'est donc postérieurement à cette date que
les Mirabilia auraient été rédigés. La conclusion semble forcée.
Cependant on n'a pas remarqué, à l'endroit considéré, que les
manuscrits offrent des variantes très significatives. Voici le fait.
Dans la description du château Saint-Ange, l'auteur rapporte
qu'au centre de ce monument avait été le tombeau en porphyre
de l'empereur Adrien, et il ajoute que ce sarcophage est mainte
nant au Latran: Later ani s ante fuïloniam, disent certains manusc
rits ; Later anis, sepulchrum papae Innocenta, disent les autres.
Le tort des éditeurs a été de combiner ces deux leçons et d'impri
mer Lateranis ante fulloniam, sepulchrum papae Innocenta. On
va voir que cette leçon composite est tout bonnement absurde.
Le tombeau d'innocent II était à l'intérieur de la basilique
de Latran. Boson, dans la vie de ce pape (1), le marque fo
rmellement ; Jean Diacre, dans son De ecclesia Lateranensi (2),
précise l'endroit, le bas de la nef du sud. Ces deux témoignages
du XIIe siècle suffisent à établir une chose qui, même sans
foulen" témoignage, serait à présumer. D'autre part la e (follonia)
était sûrement hors de l'église et même du palais. On la trou
vait sur la rue qui conduisait de Sainte-Marie-Majeure au La
tran (3), dans le voisinage du palais pontifical, et, si je ne me
trompe, tout près de l'aqueduc (4).
(1) L. P., t. II, p. 385.
(2) Migne, P. L., t. CXCIV, p. 1552.
(3) Cf. l'itinéraire de Benoît, Jordan, Topographie der Stadt Rom,
t. II, p. 665.
(4) Tout ceci a déjà été exposé par le regretté Paul Fabre dans
son mémoire intitulé Le Polyptyque du chanoine Benoît, t. I des Tra
vaux et mémoires des facultés de Lille, p. 21, n. 1 du tirage à part. l'auteur des mirabilia 481
De ceci il résulte :
1.° Que les deux leçons ante fuUoniam et sepulchrum papae
Innocenta ne peuvent figurer simultanément dans le texte des
Mirabilia ;
2.° Que le sarcophage du pape Innocent II, se voyait,
avant la mort du pape, devant le lavoir du Latran (1), hors de
l'église et du palais ; depuis quand était-il là, on ne nous en
dit rien ; tout ce que l'on nous dit c'est qu'il venait du maus
olée d'Hadrien ;
3.° Que la plus ancienne rédaction des JMirabilia est anté
rieure à la mort d'Innocent II (1143).
Il serait donc inexact de rattacher l'apparition de ce livre
à l'enthousiasme excité par la résurrection du sénat. Dans sa
description du Capitole, l'auteur s'inspire de cette idée que le
Capitole avait été le chef-lieu du monde, que les consuls et les
sénateurs y résidaient pour gouverner l'univers. Le principal
édifice, à ses yeux, ce n'est pas le temple de Jupiter, c'est un
palais d'une admirable splendeur. Là, suivant lui, avait été le
centre de l'empire romain. Une telle localisation est évidem
ment contraire à l'histoire réelle; mais celle-ci n'existait pas
pour notre autour: il n'a pas la moindre idée de l'importance
politique du Palatin ou de la Curia Iiostilia, du Comitium ou
du Forum. S'il avait écrit après la fondation de la commune,
on pourrait dire qu'il s'est inspiré de la nouvelle constitution
romaine pour parler des consuls et sénateurs antiques et que
son palais merveilleux, orné d'or, d'argent et de pierres pré
cieuses, n'est qu'une idéalisation du local où, dans les premières
années, se tenaient les assemblées communales. Mais puisqu'il a
écrit avant 1143 il faut bien chercher une autre explication.
(1) Cette fullonia ou fullonica était fort ancienne, plus ancienne
probablement que le Latran lui-même. Ceci résulte d'une inscription
encore inédite, dont j'ai eu connaissance par Mgr Wilpert. l'auteur des mirabilja 482
La voici. Ce n'est pas en 1143 que le Capitole a commencé
d'être le centre de la vie municipale de Rome. Il l'était nota
blement auparavant. En 1118, lors de l'élection de Gélase II,
les Frangipani s'étant emparés de la personne du pape, les Ro
mains s'assemblent pour le délivrer. Pandolphe, biographe de
Gélase (1), énumère les groupes: Pierre, préfet de Rome avec
ses gens, Pierleone et huit autres nobles, chacun avec son monde,
enfin les milices des douze régions de Rome, du Transtévère et
de l'île. Le lieu de rassemblement, c'est le Capitole: Capitolium
scandunt. C'est de là que partent les sommations envoyées aux
Frangipani dans leur forteresse du Palatin.
Et ce n'est pas par hasard que l'on se réunit en cet endroit.
Le Capitole paraît bien avoir été alors et depuis longtemps, la
résidence officielle du préfet de Rome. Le même Pandolfe, dans
sa vie de Pascal II, nous raconte que, le jeudi saint 1116, le
préfet Pierre étant venu à mourir, son fils, appelé aussi Pierre,
fut aussitôt conduit ad loca praefectoria. Il est vrai qu' il ne dit
pas expressément où était ce local. Mais dans la suite du récit,
on voit que, le pape n'ayant point approuvé le choix du nou
veau préfet, les partisans de celui-ci profitèrent de la proces
sion du lundi de Pâques pour assaillir le pontife. Du haut du
Capitole, ex Capitolici, ils l'accablèrent de vociférations et de
pierres (2).
Il est du reste très naturel que le préfet ait eu sa résidence,
ou plutôt son tribunal, au Capitole, car là était le point cu
lminant du marché. Aux temps byzantins le préfet siégeait ad
Elephantum, sur l'ancien forum olitorium. On l'y trouve vers
(1) L. P., t. II, p. 313.
(2) L. P., t. II, p. 302. Sans doute au moment où le cortège dé
bouchait du vicus Argentarius (v. di Marforio) pour passer sous l'arc
de Sévère. l'auteur des mirabilia 483
la fin du VIIIe siècle, présidant aux jugements criminels (1).
Là était la prison, d'où l'église Saint-Nicolas in carcere (2)
tire son vocable; là aussi on exécutait les criminels. Entre le
VIIIe

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