L Économie science politique - article ; n°2 ; vol.4, pg 278-300
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Description

Revue française de science politique - Année 1954 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 278-300
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. -R. Boudeville
L'Économie science politique
In: Revue française de science politique, 4e année, n°2, 1954. pp. 278-300.
Citer ce document / Cite this document :
Boudeville J. -R. L'Économie science politique. In: Revue française de science politique, 4e année, n°2, 1954. pp. 278-300.
doi : 10.3406/rfsp.1954.452648
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1954_num_4_2_452648îelence Politique
j.-r; boudeville
Ceux qui étudient le courant des idées politiques ou écono
miques du xixe siècle ne peuvent qu'être frappés des diffé
rences de pensée qui séparent cette période à peine close de
celle où nous vivons. Un glissement d'intérêt s'est effectué qui
porte sur les questions posées et les méthodes utilisées pour les
résoudre. Nous n'avons plus les mêmes conceptions des liens qui
unissent les objets de nos expériences. Les abstractions et la te
rminologie reflètent des vues différentes sur ce qui constitue une
preuve et par conséquent sur ce que sont les faits. Les sciences
sociales du xxe siècle viennent de naître.
Tel est le cas des sciences politiques et économiques : fortes
de l'orgueil de la jeunesse, faibles d'être embrigadées dans les
grandes guerres idéologiques qui déchirent le monde. Les questions
posées ne sont pas seulement le reflet et le ferment de l'opinion
occidentale : influence des forces économiques sur l'Etat, la démoc
ratie et les intérêts, la classe ouvrière et les pouvoirs, Les pro
blèmes de notre époque se posent en termes de conflit et de domi
nation. Et si l'on avoue que derrière chacun de ces termes surgit
l'évocation du dogme marxiste, il est aisé de comprendre pourquoi
dans les sciences sociales, la découverte d'une technique suscept
ible de .réduire: les préventions intellectuelles est aussi Importante
que celle qui réduisit les erreurs expérimentales dans les sciences
naturelles.
L'unité profonde des sciences sociales a certes été menacée par
les tentatives de Spencer et de Marx. Pourtant les diverses bran
ches scientifiques trop spécialisées et même ésoiériques les unes aux
autres se doivent de s'unir sans trop craindre un relâchement dans
leur tension vers la recherche du vrai. Or, le terrain, de cette ren-
278 Science Politique UEconmnie-,
contre, de cette collaboration, c'est précisément la politique éco
nomique.
La politique économique est le point de convergence de tous
les problèmes collectifs et de tous les efforts Intellectuels de notre
époque. Cette rencontre est imposée par la violence même des
désordres économiques et sociaux contera ooralns. Les QMervç-s., ^es
dépressions inhérentes au libre développement de l'économie capi
taliste, les inflations., les bouleversements démographiques et sociaux
qu'ils ont engendrés ont suscité une intervention croissante de
l'Etat. Tout récemment le développement des économies insuff
isamment mises en valeur s'est placé au centre des problèmes de
survie du monde occidental. Le relèvement du niveau de vie des
nations qui constituent le prolétariat périphérique de notre civil
isation soulève de nouveaux problèmes de politique économique
concertée. Là plus qu'ailleurs, l'économiste, le sociologue, le démo
graphe et l'hygiéniste ne peuvent s'ignorer, Chacun doit permettre
à la science voisine de pénétrer dans le schéma raisonné de son
action. ïl importait de montrer que les efforts les plus récents et
les plus valables de l'économie politique sont orientés dans ce sens.
L'économie est la plus évoluée de toutes ies sciences sociales.
Fondée sur l'observation statistique des faits, aboutissant à des
résultats vérifiables, elle a pour vocation d'intégrer dans ses cons
tructions théoriques un nombre de nouvelles variables sans cesse
croissant. Elle sollicite des autres sciences des précisions sur ces
variables nouvelles et sur leurs relations avec les variables accou
tumées. Elle s'efforce de créer des modes de pensée et de langage
communs sur les frontières des domaines d'étude -.
Mais le renouvellement de la science économique ne se fait pas
seulement dans le sens d'une coopération ou d'une intégration. C'est
une direction nouvelle qui est imprimée aux efforts récents du seul
fait de l'orientation politique des théories récentes. La recherche
n'a plus pour but de prévoir, mais d'agir. Jadis il s'agissait de
rendre compte de l'avenir. C'était, dans un monde instable, une
tâche ambitieuse et ingrate. Aujourd'hui l'économiste se reconnaît
la responsabilité de conseiller l'homme d'Etat : il doit juger des
buts à poursuivre, indiquer les moyens nécessaires pour les attein
dre. Dans le premier cas, force lui. est de reconnaître l'insuffisance
1. Les œuvres de W. Rosxow et M.F. IvÏillïkan. sont à cet égard caractér
istiques. Non moins intéressantes sont les réalisations de ]. Tineergen en Hol
lande. En France le principal effort a pour animateur le professeur Jean
Marchal, orienté vers les problèmes de répartition.
279 J.-R. Boudevule
for»damentaïe de son savoir. Dans îe second, au contraire, les
instruments dont il dispose sont d'une valeur sans cesse perfec
tionnée.
LES BUTS D'UNE POLITIQUE ECONOMIQUE
Nous vivons dans un groupe de sociétés occidentales où une
majorité nationale librement consentie détermine l'orientation et
assure le contrôle du gouvernement. Telle est notre forme de démoc
ratie. Elle se fonde sur l'alliance de deux principes parfois con
tradictoires : le principe libéral de liberté et d'égalité des opinions,
le principe démocratique de la loi du plus grand nombre ou, en
d'autres termes, de la majorité. Sous ce régime, quelle est la pre
mière tâche de l'économiste ? Ne lui appartient-il pas tout d'abord
d'éclairer l'électeur et de conseiller ceux qui le gouvernent sur les
buts qu'ils entendent poursuivre ? Quelle est alors la valeur scien
tifique de son message ? Malgré l'insuffisance des connaissances
actuelles, il est possible de montrer que l'économiste n'est ni le
technocrate que le grand nombre redoute, ni le rêveur abstrait qui
fait sourire l'homme d'affaires et le politicien. Il peut à la fois
faire apparaître l'impossibilité du choix purement rationnel d'un
but idéal à poursuivre et réaliser un accord général sur des object
ifs communs. Dans ces deux voies une collaboration des sciences
sociales est envisageable 2.
Il est possible à l'économiste de montrer que le fonctionnement
îe plus satisfaisant possible de l'économie ne peut être amené ni
par le libre mécanisme des prix et des revenus, ni par îe libre
choix des bulletins de vote 3.
En ce qui concerne le premier point, la science économique
moderne a abandonné deux graves illusions : 1° l'hypothèse. irréelle
2. ï! serait utile de contraindre les économistes à faire sortir les problèmes
dits extra-économiques de leurs parenthèses et à inciter les autres chercheurs à
penser les problèmes appelés économiques.
3. Il doit, hélas ! pour le faire, se servir de procédés de raisonnement où
il s'est trop longtemps complu.
280 Science Politique L'Economie,
de la concurrence parfaite ne résout pas tous les conflits sociaux
suscités par le fonctionnement de l'économie ; — - 2° une politique
économique ne peut être fondée sur les abstractions ésotériques et
irréelles de l'économie de bien-être.
Le rêve dune concurrence parfaite n'implique pas seulement
une multiplicité des acheteurs et des vendeurs. Le problème du
commerce de détail nous montre à l'heure actuelle combien, dans
ces conditions, la concurrence peut être imparfaite. Il est néces
saire que les vendeurs soient capables de répondre rapidement aux
désirs des acheteurs et que ceux-ci exercent îa faculté de comparer
les vendeurs et de choisir les moins onéreux. Mais supposons que
toutes ces conditions soient remplies. Est-il vrai qu'alors tous les
facteurs de la production soient rémunérés suivant leur productivité
et l

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