L énonciation éditoriale à l épreuve de la traduction. Le cas des séries télévisées américaines - article ; n°1 ; vol.154, pg 83-97
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L'énonciation éditoriale à l'épreuve de la traduction. Le cas des séries télévisées américaines - article ; n°1 ; vol.154, pg 83-97

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Communication et langages - Année 2007 - Volume 154 - Numéro 1 - Pages 83-97
Dans cet article, Olivier Aim cherche à éprouver le concept d'« énonciation éditoriale» en l'appliquant à un domaine médiatique précis : la programmation des séries américaines par les chaînes françaises. C'est donc à la lumière de la traduction que cet article tente de prendre en compte la « sémiosphère » d'un produit culturel particulièrement vif dans ses investissements éditoriaux et lectoriaux: la série-de-télévision. Objet d'une multitude de médiations (production, programmation, diffusion, etc.), l'unité sémiotique de l'« épisode » subit ainsi une série de métamorphoses d'ordre trans-éditorial qui, en la combinant et la recombinant produit des formats et des relations de communication légèrement ou radicalement différents. Toujours est-il que ces gestes sont tout sauf anodins et reposent sur une matérialité typique de l'« énonciation éditoriale » qui, sous l'effet de la traduction, se fait d'autant plus manifeste.
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Publié le 01 janvier 2007
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Langue Français
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Extrait

Olivier Aïm
L'énonciation éditoriale à l'épreuve de la traduction. Le cas des
séries télévisées américaines
In: Communication et langages. N°154, 2007. pp. 83-97.
Résumé
Dans cet article, Olivier Aim cherche à éprouver le concept d'« énonciation éditoriale» en l'appliquant à un domaine médiatique
précis : la programmation des séries américaines par les chaînes françaises. C'est donc à la lumière de la traduction que cet
article tente de prendre en compte la « sémiosphère » d'un produit culturel particulièrement vif dans ses investissements
éditoriaux et lectoriaux: la série-de-télévision. Objet d'une multitude de médiations (production, programmation, diffusion, etc.),
l'unité sémiotique de l'« épisode » subit ainsi une série de métamorphoses d'ordre trans-éditorial qui, en la combinant et la
recombinant produit des formats et des relations de communication légèrement ou radicalement différents. Toujours est-il que
ces gestes sont tout sauf anodins et reposent sur une matérialité typique de l'« énonciation éditoriale » qui, sous l'effet de la
traduction, se fait d'autant plus manifeste.
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Aïm Olivier. L'énonciation éditoriale à l'épreuve de la traduction. Le cas des séries télévisées américaines. In: Communication et
langages. N°154, 2007. pp. 83-97.
doi : 10.3406/colan.2007.4692
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_2007_num_154_1_469283
L'énonciation éditoriale
à Tépreuve
de la traduction
Le cas des séries télévisées américaines
OLIVIER AIM
Quels sont les territoires exacts de la traduction ? On sait Dans cet article1, Olivier Aim cherche à
qu'il y a une très longue et très riche réflexion sur la éprouver le concept d'« énonciation
traduction comme pratique littéraire et plus généralement éditoriale» en l'appliquant à un
comme modèle d'appréhension des phénomènes inter domaine médiatique précis : la program
culturels. C'est pourquoi le modèle de conception de mation des séries américaines par les
l'épistémologie de la traduction reste avant tout linguis chaînes françaises. C'est donc à la
tique. On pourrait dire qu'à l'image de bon nombre de lumière de la traduction que cet article
processus communicationnels, la traduction a subi de
tente de prendre en compte la « sémios-
plein fouet le logocentrisme. Il n'est pas jusqu'à certains
phère » d'un produit culturel particuliphénomènes communicationnels plus abstraits qui ne
èrement vif dans ses investissements soient envisagés par le prisme de la traduction pour cette
éditoriaux et lectoriaux: la série-de- raison précisément qu'elle est synonyme de processus
télévision. Objet d'une multitude de translinguistique : qu'on pense ainsi à la vulgarisation
médiations (production, programmation, scientifique rapportée par certains chercheurs à une
pratique de pur transcodage. diffusion, etc.), l'unité sémiotique de
l'« épisode» subit ainsi une série de
Seulement, la traduction procède-t-elle d'un travail métamorphoses d'ordre trans-édito-
uniquement et uniment verbal, linguistique, ou même rial qui, en la combinant et la recombi
sémiotique ? Si la prégnance du littéraire peut faire nant produit des formats et des relations
douter - de manière un peu réflexe - de la pertinence de communication légèrement ou rad
d'une telle question, il semble que l'importation d'autres icalement différents. Toujours est-il que
produits culturels permette d'y répondre par la négative, ces gestes sont tout sauf anodins et
en mettant au jour d'autres enjeux communicationnels à
reposent sur une matérialité typique de ce mécanisme interculturel fondamental, notamment
l'« énonciation éditoriale» qui, sous liés à l'édition. Il semble même, et ce serait l'hypothèse
l'effet de la traduction, se fait d'autant principale de cet article, que la prise en compte d'une
plus manifeste. traduction étendue dessine un champ privilégié d'inves
tissement pratique et de confirmation théorique de
l.Une première version, beaucoup plus l'« énonciation éditoriale » telle que l'a définie Emman courte, de ce texte est parue dans le hors-
uel Souchier. Pour illustrer l'extension du champ de la série de janvier 2007 de la revue Média-
morphoses (éditions Armand Colin). traduction, nous choisirons le cas des séries télévisées
communication & langages - n° 154 - Décembre 2007 L*E :J G ": C I AT I On EDITOr.lALE Efi QUESTION 84
américaines qui, toujours plus nombreuses, font les beaux jours des chaînes
de télévision du monde entier2, et des françaises en particulier.
Domaines de la traduction
Au fond, à quels problèmes de traduction le diffuseur français est-il confronté,
qui importe des séries américaines ? Il est possible de discerner au moins trois
ordres d'enjeux, que nous illustrerons avec le cas — exemplaire - de la série améri
caine Lost qui a été importée en France au cours de l'été 2005.
1. Le premier niveau est d'ordre linguistique, sinon littéraire: comment
rendre en français la composante verbale (titre, dialogues, didascalies) du
programme traduit ? À commencer par l'exemple du titre de la série : dans la
version originale, la série s'intitule Lost Le choix de la traduction française est
d'accompagner le titre d'origine d'un sous-titre en français, à savoir Les disparus.
Ce problème avant tout linguistique se retrouve dans tous les cas de traduction
d'œuvres littéraires, mais aussi cinématographiques (avec cette même réflexion
sur l'opportunité prioritairement commerciale et secondairement esthétique de
conserver ou non le titre originel).
2. Le deuxième niveau n'est plus entièrement linguistique: il concerne le
doublage. Là encore, la problématique qui se pose aux traducteurs de séries télévisées
s'aligne sur celle qui concerne les œuvres cinématographiques. Toutefois la réflexion
ne relève plus d'un niveau littéraire, mais pragmatique. Une première distinction
mérite d'être faite entre le doublage proprement dit et la « version originale sous-
titrée» (ou v.o.s.t.). Les traductions qu'elles proposent du contenu linguistique,
essentiellement composé des dialogues entre les personnages, sont, en effet, sensibl
ement différentes voire divergentes. La version doublée est destinée à se substituer à la
version dialoguée originale, et « performée » par les comédiens américains, dans la
voix desquels les comédiens français devront entrer. Autrement dit, tant que faire se
peut, la version doublée doit reprendre le rythme, la prosodie et l'économie de la
parole (et non plus de la langue) d'origine, afin que l'illusion soit la plus parfaite à
l'intersection de l'audio et du visuel. La traduction n'est plus littérale mais adressée.
À ce premier paramètre essentiel, s'ajoutent d'autres considérations quant au
contenu : le public supposé de la version sous-titrée est considéré comme davantage
adulte et exigeant, ce qui fait que les dialogues traduits et restitués sous la forme
écrite de sous-titres à l'écran, seront volontiers plus techniques, plus élaborés ou plus
crus, selon les cas. Pour ce qui est de la télévision, la version sous-titrée est censée
être diffusée plus tard dans la soirée, ce qui autorise là encore la chaîne à être plus
audacieuse sinon plus leste. Ce schéma est en voie de remaniement depuis l'arrivée
de la TNT3 qui permet à la chaîne de dédoubler son offre. À charge pour le téléspec
tateur de choisir sa version : doublée (et seulement doublée) sur la chaîne « (encore
pour quelques temps) hertzienne », sous-titrée (ou non) sur la TNT4.
2. Voilà sans aucun doute un terrain qui serait riche à une observation de la réalité de la globalisation
de la culture, en l'occurrence « populaire »...
3. Soit la « Télévision Numérique Terrestre 

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