L esprit public dans le Morbihan sous la Restauration - article ; n°1 ; vol.45, pg 89-182
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Annales de Bretagne - Année 1938 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 89-182
94 pages

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Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 22
Langue Français
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Extrait

J. Mouchet
L'esprit public dans le Morbihan sous la Restauration
In: Annales de Bretagne. Tome 45, numéro 1-2, 1938. pp. 89-182.
Citer ce document / Cite this document :
Mouchet J. L'esprit public dans le Morbihan sous la Restauration. In: Annales de Bretagne. Tome 45, numéro 1-2, 1938. pp. 89-
182.
doi : 10.3406/abpo.1938.1777
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1938_num_45_1_1777MOUCHE! J.
L'ESPRIT PUBLIC DANS LE MORBIHAN
SOUS LA RESTAURATION
Le Morbihan en 1814-1815.
Il < si dillicilc de dire que! <'<l exacleinenl l'espril public d
Morbihan sons l;i Ileslauralion. r/esl une période trop ciiIiim
Elle dillrrc beaucoup à cet égard de celles (jiii l'enradren
l)epuis la Ilévolulion jusqu'au Consulat el à l'Empire.
Morbihan, plusieurs l'ois insurgé, a Iravei'so des (''pnipit
liioubl('ies. l'Ius lard, sous la Monarchie de Juillel. se niai]
l'esle encore une op[)osilio.iL ii'Li'iliini^le vigoureuse el, soiivei
\iolente. La Heslauralion. c'esl au coidraii'e le régime [xn
lei|U(d les royalisle de 1"< Mk-'sL s'élaienl ballus. 18] 5 a salisfn
leurs espi'i'ances. Ils nVnlreprennent même pas une réacl
violenlc fontre leurs ennemis de la veille, patriotes, fonc
tionnaires de la Révolution et de l'Empire, acquéreurs de
biens nationaux. Les royalistes manifestent leur contentement
par des cris, des illuminations, des fêles, des adresses et
des proclamations. L'opposition se tait. Si elle ose s'exprimer
quelquefois, c'est avec une telle discrétion, que l'administrat
ion n'a pas toujours les moyens d'ordonner des poursuites.
Peu à peu cependant, à partir de 1818 surtout, sa voix se
fait entendre. Le Morbihan apparaît alors, et il le reste,
jusqu'en 18:30, divisé nettement en (\o\\x camps entre lesquels
il n'est guère possible de distinguer ries groupes de tran
sition : les royalistes et tes libéraux, d'importance numérique
d'ailleurs très inégale. La population des villes est volontiers 1,'eSI'IMT riTULIC DANS T,E MOKJJÏIIAN 90
li])6rnle : bourg-cois propriétaires, avocats, médecins, magist
rats, hommes de loi, représentants du haut commerce, classe
de citoyens correspondant à peu près à l'ancien haut-Tiers
qui a vaincu la vieille noblesse et s'est revêtu d'une partie
de ses dépouilles, auxquels il faut joindre une partie des
fonctionnaires et même des artisans. Mais cette population
n'est qu'une minorité car le Morbihan ne possède pas de
grands foyers urbains : Lorient ne dépasse pas 19.000 habi
tants et Vannes n'en a pas 10.000 ; 6 autres villes seulement
ont plus de 2.000 habitants, TTennebont, Port-Louis, Auray,
Ponfivy, Ploërniel et Josselin ; la population urbaine agglo
mérée, même en comprenant une dizaine de localités qui ont
plus de 1.000 habitants, ne représente pas plus de 12 % de la
population totale du département.
Etat économique du — Les petites villes ne
peuvent se développer parce que l'industrie ne les anime
pas. En 1821 l'arrondissement de Ploërmel compte seulement
10 ouvriers occupés à l'extraction de minerais dans trois com
munes, et 108 travaillant aux fonderies (forges de Lanouce) ;
la clouterie et la serrurerie n'emploient que 40 ouvriers, dont
S cnfanls, répartis entre huit communes: le chanvre el le
lin sont filés dans les villes et les campagnes de tout l'arro
ndissement et occupent environ 20.000 femmes et 4.000 enfants,
mais il s'agit là d'une industrie purement domestique ; les
travaux de construction du canal de Nantes à Brest n'utilisent
pas une main-d'œuvre importante : 78 ouvriers seulement
sont employés entre Bôganne et Caden *. L'état industriel
des autres arrondissements est analogue. Quelques propriét
aires, Yillemain en particulier, ont essayé de créer des
usines, verreries ou forges, mais sans obtenir des résultats
bien encourageants2. La ville de Lorient, seule, fait except
ion, avec son port et son arsenal entretenant une population
1. Tableau des exploitations et fabrications de J'a i-rondissemenl de Ploëijnel,
1^1. — m. Slaiislique (1819-1835).
■i. Arc h. dép. du Morbihan, M. 501 (Cabinet particulier, AIT. générales), con
tient des pièces sur l'agriculture et l'industrie. .
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I.A itKSTALItATJOiV •" SOUS
ouvrière assez Frondeuse el ! ii'U \ an f. Dan- les bourgs, où les
artisans ne se distinguent guère des ruraux, les salaires sont
très faibles : le prix moyen de la journée de travail dans
l'arrondissement de Ploërmel est 0 Ir. TôG pour les ouvriers
cloutiers et serruriers (0 lï. ÏOG pour les enfamts) ; 1 fr. HO
pour les ouvriers des Forges de Lanouéc ; il ne dépasse pas
0 fr. 20G pour les l'eu unes et 0 fr. 15 pour les enfants lilant
le chanvre et le lin. Les ouvriers du canal sont., payés 1 fr. 20.
prix tout à fait exceptionnel qui, selon l'entrepreneur des
travaux, est le double du prix ordinaire dans le pays3. De
18f5 à 18:iO les salaires seinbleiiif d'ailleurs avoir baissé pen
dant qu'augmentait Je prix des denrées de consommation ;
la situation paraît être dans le Morbihan à peu près la même
que dans le Finistère, dont le députe Duc batelier établit que,
dans toutes les professions, le salaire a baissé en moyenne
de 22 % depuis 1800 cependant que le prix des objets de
consommation a monté de 00 % f>. Aussi la misère des ouvriers
est-elle généralement grande, bien que leurs besoins soient
très limités. Ils semblent d'abord résignés ; ainsi à Vannes
au début de 1818 : " la tranquillité la plus parfaite règne ici
el au milieu de la mauvaise saison personne ne se plaint, ce
qui nous porte à dire (\{ie nous avons l'espoir d'un avenir
qui en donnant de l'occupation aux malheureux nous donnera
aussy la satisfaction de les voir heureux. Pour y arriver nous
faisons avec le secours des Ames charitables des distributions
eo pain et en pommes de terre ; je préside à ces opérations
et je remarque avec plaisir (pie tout se passe fort bien el
([lie personne ne crie, ne témoigne de mécontentement, bien
que les secours que nous donnons soyent peu importants5 ».
En février, le mal augmente : l'administration municipale
emploie alors les chômeurs aux travaux de la Garenne,
depuis longtemps interrompus, qui donneront à la ville une
.'i. Tableau des c.\|i|(iiiatioiis et fabrication;, de l'arromliss, mcni |;|<m'|ih<
Ix-.M. -- AI. Statistique isHMs.'j.V.
i. Hisloirr. tir la France < oui nu i>ortihir [il. I,ayissk t. IV. S Charléty. p. :;I7.
,">. Commissaire de police de Vannes a Commissaire «r.'iiérn de police île
Loricnt (15 janvier lsis). l'esprit public daats le Morbihan 92
agréable promenade 6. L'état matériel et moral des ouvriers
n'a peut-être pas cessé de s'aggraver jusqu'en 1830. A
plusieurs reprises le préfet demande des secours ; en 1830
surtout : « la position de la classe ouvrière de mon dépar
tement est affreuse depuis que les froids excessifs qui se font
sentir ont suspendu tous les travaux ; celle des indigents
est non moins malheureuse...7 ». A Ploërmel « les besoins
augmentent journellement et la charité sans se fatiguer
s'épuise peu à peu 8 ». A Lorient le sous-préfet a ouvert une
souscription qui a produit près de 1.600 francs ; d'accord
avec la municipalité il fait procéder tous les dix jours à des
distributions en nature (1.800 livres de pain et 200 boisseaux
de pommes de terre9). Le conseil municipal accorde une
allocation extraordinaire de 2.000 francs et le tribunal de
commerce ajoute 600 francs a sa première souscription de
100 francs ; le 20 janvier s'ouvre un atelier de charité où
seront reçus tous les ouvriers sans travail et à partir de ce
jour les distributions de vivres sont rapprochées et augment
ées 10. Un bazar est créé à Vannes, un autre à Lorient : les
ressources qu'ils doivent procurer sont destinées à fournir
des secours. A Pontivy il existait déjà un atelier de charité
en 1819 et plusieurs autres ont été ouverts dans les chefs-
lieux de cantons, au moyen des secours de l'administration
et des versements particuliers des communes intéressées.
L'atelier de charité de Pontivy, mis en activité le 1er jan
vier 1819, après une distribution générale de pa

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