L État, la nation et les peuples au Moyen Âge: l expérience britannique - article ; n°1 ; vol.24, pg 17-28
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L'État, la nation et les peuples au Moyen Âge: l'expérience britannique - article ; n°1 ; vol.24, pg 17-28

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Description

Histoire, économie et société - Année 2005 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 17-28
L'histoire de la formation de l'État-nation anglais entre 900 et 1050 est un exemple remarquable pour l'étude de la fabrication d'un pays et d'un peuple. Cet article analyse les éléments - y compris le pouvoir royal, la mythologie ethnique et l'invention des noms - qui ont rendu ce processus possible. Vers 1100, l'identité anglaise était déjà façonnée et définie mais c'était une identité qui rendait impossible la construction d'autres liens entre l'Angleterre et les autres régions et peuples des îles Britanniques.
The history of the formation of the English nation state in the period 900-1050 presents a remarkable case-study of the making of a country and a people. This article analyses the elements - including regnal power, ethnic mythology and the invention of names - which made this process possible. By 1100 England's identity was shaped and defined; but it was an identity which also made it impossible for England to forge an effective relationship with the other countries and peoples of the British Isles.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sir Rees Davies
L'État, la nation et les peuples au Moyen Âge: l'expérience
britannique
In: Histoire, économie et société. 2005, 24e année, n°1. pp. 17-28.
Résumé
L'histoire de la formation de l'État-nation anglais entre 900 et 1050 est un exemple remarquable pour l'étude de la fabrication d'un
pays et d'un peuple. Cet article analyse les éléments - y compris le pouvoir royal, la mythologie ethnique et l'invention des noms -
qui ont rendu ce processus possible. Vers 1100, l'identité anglaise était déjà façonnée et définie mais c'était une identité qui
rendait impossible la construction d'autres liens entre l'Angleterre et les autres régions et peuples des îles Britanniques.
Abstract
The history of the formation of the English nation state in the period 900-1050 presents a remarkable case-study of the making of
a country and a people. This article analyses the elements - including regnal power, ethnic mythology and the invention of names
- which made this process possible. By 1100 England's identity was shaped and defined; but it was an identity which also made it
impossible for England to forge an effective relationship with the other countries and peoples of the British Isles.
Citer ce document / Cite this document :
Davies Rees. L'État, la nation et les peuples au Moyen Âge: l'expérience britannique. In: Histoire, économie et société. 2005,
24e année, n°1. pp. 17-28.
doi : 10.3406/hes.2005.2533
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2005_num_24_1_2533la nation et les peuples au Moyen Âge: L'État,
l'expérience britannique *
par Sir Rees DAVIES
Résumé
L'histoire de la formation de l'État-nation anglais entre 900 et 1050 est un exemple remarquable
pour l'étude de la fabrication d'un pays et d'un peuple. Cet article analyse les éléments - y compris
le pouvoir royal, la mythologie ethnique et l'invention des noms - qui ont rendu ce processus poss
ible. Vers 1 100, l'identité anglaise était déjà façonnée et définie mais c'était une identité qui rendait
impossible la construction d'autres liens entre l'Angleterre et les autres régions et peuples des îles
Britanniques.
Abstract
The history of the formation of the English nation state in the period 900-1050 presents a r
emarkable case-study of the making of a country and a people. This article analyses the elements -
including regnal power, ethnic mythology and the invention of names - which made this process
possible. By 1100 England's identity was shaped and defined; but it was an identity which also made
it impossible for England to forge an effective relationship with the other countries and peoples of
the British Isles.
Depuis plusieurs années, l'identité ethnique, la construction de la nation, et la for
mation de l'État sont au cœur de nombreux travaux historiques, sociologiques et
anthropologiques. Certaines des raisons qui ont amené à cette situation vont de soi : la
création de nouvelles nations et de nouveaux États, en particulier sur le continent afri
cain, l'impact de la globalisation sur les structures de pouvoir et de fidélité, ainsi
qu'une réaction aux présomptions d'une historiographie souvent nationaliste, comme
aux mythes qu'elle crée. Il faut également tenir compte de l'impact plus récent des
identités et allégeances ethniques sur le tissu politique européen et même mondial.
Dans la discussion de ces transformations, les développements de la période médiévale
* Cet article a fait l'objet d'une communication le 15 février 2002 dans le cadre du Séminaire d'Hist
oire Franco-Britannique (Université de Pans IV, Institut Britannique de Pans et University of London).
n° l, 2005 18 Sir Rees Davies
en Europe sont rarement considérés. Les nations, et encore plus le nationalisme, nous
dit-on, sont essentiellement des phénomènes modernes, postérieurs à 1800, et qui sont
indissociables d'une société moderne industrialisée, diune culture populaire et politique
de masse, ainsi que du pouvoir des média modernes. Dans la société médiévale, toujours
selon le discours dominant, les liens d'homme à homme et le caractère avant tout local
du pouvoir auraient laissé peu de place au développement du pouvoir de l'État et à
celui des allégeances nationales ; dans la mesure où il pouvait exister des horizons plus
larges à la vie de l'homme médiéval, ceux-ci ne pouvaient que prendre la forme d'une
reconnaissance de corps universels - l'Église, l'Empire, la papauté, la christianitas -
mais pas d'une allégeance à une nation ni à un État '.
Les historiens médiévistes ne peuvent qu'éprouver des réserves face à ces arguments.
Il leur paraît en effet possible d'avancer que leurs sources apportent un éclairage
important sur les trois questions que sont l'identité ethnique, la construction de la
nation et la formation de l'État. C'est ce que je me propose de faire ici en prenant
pour objet l'Angleterre médiévale et sa relation avec le reste des îles Britanniques.
L'Angleterre présente, en effet, un cas particulièrement intéressant, et cela à deux
titres: en premier lieu, les historiens anglais peuvent affirmer avec certitude que
l'Angleterre fut, vers 1050, le premier État-nation en Europe, et même le prototype de
tous les États-nations qui apparurent par la suite, en Europe et au-delà. En second lieu,
l'étude de la relation entre l'Angleterre et le reste des îles Britanniques - les pays/
nations que nous connaissons comme l'Irlande, l'Ecosse et le pays de Galles - permet
de mieux comprendre l'impact de la construction d'une nation et de la définition d'un
État sur les relations avec les peuples, nations, et corps politiques voisins.
Commençons par le terme «État». Les historiens continentaux, mais ils ne sont pas
les seuls, hésitent souvent à faire usage de ce terme pour décrire les corps politiques
du haut Moyen Âge et du Moyen Âge central: Patrick Geary, par exemple, peut ren
voyer aux années 1050-1200 comme à celles d'«une France sans État». Dominique
Barthélémy déclare préférer l'expression «ordre seigneurial» au terme «État» 2. En
fait, sur le continent, et particulièrement en France, ce n'est pas tant l'État en tant que
tel sur lequel on se penche, que les processus de formation de l'État et «les origines
de l'État moderne». En 1970, John R. Strayer publiait son court et célèbre ouvrage,
On the medieval origins of the modern State; vingt ans plus tard, Jean-Philippe Genet
pouvait annoncer sans hésitation que «l'État était né entre 1280-1360... son histoire
ne peut pas être retracée plus loin dans le passé» 3.
Les historiens anglais ne voient pas les choses ainsi, du moins en ce qui concerne
l'Angleterre. Pour eux, le terme «État» est bien celui qui convient pour décrire la
nature gouvernementale et politique du pouvoir en Angleterre vers l'an mille, et en
1. Parmi les adeptes de cette thèse en Angleterre, citons Ernest Gellner (Nations and nationalism,
Oxford, Blackwell Publishers, 1983), John Breuilly (Nationalism and the State, Manchester, Manchester
University Press, 1982) et Eric J. Hobsbawm (Nations and nationalism since 1780, Cambridge, Cambridge 1990). Pour une perspective très différente, voir Adrian Hastings, The construction of
nationhood. Ethnicity, religion and nationalism, Cambridge, Cambridge University Press, 1997.
2. Patrick Geary, «Vivre en conflit dans une France sans État: typologie des mécanismes de règlement des
conflits 1050-1200», Annales. Economies, Sociétés, Civilisations, 41 (1986), p. 1107-1133, Dominique Barthé
lémy, La société dans le comté de Vendôme de l'an mil au XVIe siècle, Pans, Fayard, 1993, p 320, 557. Voir en
particulier l'index, p. 1090 «État moderne, monopolisant la violence légitime donc opposable à l'ordre sei
gneurial, mais en même temps continuateur de l'accumulation seigneuriale (genèse entre 1180 et 1320).»
3. John R. Strayer, On the medieval origins of the modern State, Princeton, Princeton University Press,
1970; Jean-Philippe Genet, «L'État moderne: un modèle opératoire», dans L'État moderne. Genèse, bilans
et perspectives, Jean-Philippe Genet (éd.), Pans, Editions du CNRS, 1990, p. 261-281.
ne 1, 2005 la nation et les

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