L Etude Socio-Linguistique sur Orléans (1966-1991) : 25 ans d histoire d un corpus - article ; n°1 ; vol.93, pg 74-93
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L'Etude Socio-Linguistique sur Orléans (1966-1991) : 25 ans d'histoire d'un corpus - article ; n°1 ; vol.93, pg 74-93

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Description

Langue française - Année 1992 - Volume 93 - Numéro 1 - Pages 74-93
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 220
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gabriel Bergounioux
Jean Baraduc
Céline Dumont
L'Etude Socio-Linguistique sur Orléans (1966-1991) : 25 ans
d'histoire d'un corpus
In: Langue française. N°93, 1992. pp. 74-93.
Citer ce document / Cite this document :
Bergounioux Gabriel, Baraduc Jean, Dumont Céline. L'Etude Socio-Linguistique sur Orléans (1966-1991) : 25 ans d'histoire
d'un corpus. In: Langue française. N°93, 1992. pp. 74-93.
doi : 10.3406/lfr.1992.5812
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1992_num_93_1_5812Gabriel BERGOUNIOUX, Jean BARADUC,
Céline DUMONT, GRELO, Université d'Orléans
L'ÉTUDE SOCIO-LINGUISTIQUE SUR
ORLÉANS (1966-1991)
— 25 ans d'histoire d'un corpus —
De toutes les enquêtes contrastives entreprises en France, concernant
la variation sociale, la plus systématique et la plus ambitieuse reste sans
conteste l'Étude Socio- Linguistique sur Orléans (Socio-linguistic Study of
Orleans) — en abrégé : ESLO — à laquelle seul le projet du Français
Fondamental pourrait être comparé, au moins quant à l'ambition des
objectifs et l'ampleur des moyens 1. L'ESLO est la tentative la plus
achevée de construire un corpus intégrant dans ses paramètres :
— la variété de l'échantillon — du panel — par le croisement de
critères d'âge, de sexe et de catégorie socio-professionnelle ;
— l'unité des protocoles d'enquête et des questionnaires ;
— l'accessibilité des documents, par le catalogage et la vente.
Concrètement, le corpus est constitué d'un ensemble de 350 bandes 2,
soit environ trois cents heures de discours et, selon les calculs de ses
initiateurs, quatre millions cinq cent mille mots.
Il est symptomatique que l'initiative de cette enquête ne provienne
pas d'une équipe française — ses promoteurs sont des enseignants
anglais ; il l'est plus encore que son exploitation ait été le fait d'univers
itaires anglais, allemands, néerlandais et belges, si l'on excepte une
application ronéotée réalisée par le BELC (Bureau pour l'Enseignement
de la Langue et de la Civilisation française à l'étranger), associé au projet
initial, comme le confirment Colette Jeanjean et Claire Blanche-
Benveniste :
« Et en France ? Peu de choses, si ce n'est l'exploitation pédagogique
qu'en a tirée le BELC... Le grand corpus de français parlé, recueilli en
1. La dialectologie, en Europe francophone, et les travaux dee Québécois relativiseraient cette
affirmation s'ils n'étaient en dehors du champ de comparaison.
2. Conservé à l'Université de Colchester, l'ensemble a été remis au CRELO qui en a confié le dépôt
technique aux Archives Départementales du Loiret depuis décembre 1989. La sauvegarde de ce
patrimoine n'aurait pas été possible sans le soutien matériel de la mairie d'Orléans. Qu'il nous soit donc
permis de remercier Monsieur Charnier, Conservateur des Archives Départementales, Monsieur Sueur,
Député-Maire d'Orléans et nos collègues britanniques qui nous ont offert leur travail.
74 a été acheté et exploité uniquement hors de France... France,
Curieuse aliénation du milieu linguistique français ! » 3
Ce paradoxe n'est pas sans exemple dans l'histoire de la linguistique
et déjà, au XIXe, seule la pression de la concurrence allemande avait
permis qu'une romanistique acquière droit de cité dans l'université
française pour y assurer un traitement « national » des textes et docu
ments médiévaux. De même, le « Français Fondamental »...
L'enquête pour l'élaboration du français fondamental
Le Français Fondamental (FF) fut d'abord une réponse au BASIC
(appelé aussi « Basic English »), ou du moins à l'efficacité qu'on lui
supposait, comme il est constamment rappelé dans la présentation du
projet 4. En quête de travaux statistiques destinés à établir un vocabul
aire de base du français, les promoteurs du FF constatent que les seules
initiatives en ce sens ont été engagées outre- Atlantique :
« II existe actuellement deux dictionnaires de fréquence du français,
tous deux publiés aux États-Unis :
Г V.A.C. Henmon, A French Word Book Based on a Count of 400.000
running Words, Bureau of Educational Research, University of
Wisconsin, Madison (Wisconsin), 1924 (ronéotypé).
2° George E. Vander Веке, French Word Book, New York, the
Macmillan Company, 1935. In-8, 188 p. (Publications of the Ameri
can and Canadian Committees on Modern Languages, Vol. XV). » 5
À la différence du romanisme naissant, l'anticipation américaine
n'est pas affaire de supériorité méthodologique, les procédés de comptage
et le choix du corpus étant parfaitement traditionnels (dépouillements de
textes littéraires destinés à l'établissement de listes de fréquence). C'est
plutôt la conception de l'enseignement du français langue étrangère
(F.L.E.) qui a évolué, abandonnant sa dimension culturelle « gratuite »
pour devenir une technique parmi d'autres, évaluable en termes de coût.
L'efficacité de l'apprentissage linguistique, à des fins pratiques, suppose
une méthodologie particulière, fondée sur des relevés quantifiés moins
3. Jeanjean et Blanche-Benveniste (1987), p. 85.
4. Cf. Cougenheim et al. (1964), p. 28 et passim. Le nom initial du « Français Fondamental » était
« Français Élémentaire », comme porté en titre dans la première édition (1956) : le changement d'intitulé
est dû pour une bonne part à une polémique qui n'est pas du ressort de cet article.
5. Ibid., p. 32.
75 de la littérature classique 6. Pour des étudiants venant suivre dépendants
des études de langue en France, le « bain linguistique » pouvait suppléer
à une telle démarche, ce qui expliquerait l'absence d'approches statist
iques et même, à l'exception de la thèse de J.B. Haygood 7, d'études en
exploitant les résultats, comme il y en eut en Suède, aux Pays-Bas et aux
États-Unis. Une seule exception, en Belgique wallonne, concernait l'a
cquisition non du vocabulaire mais de l'orthographe des mots usuels par les
enfants 8.
Afin d'obtenir une image fiable du français, les réalisateurs du FF
avaient convenu de procéder à des dépouillements de français parlé. Pour
accélérer leurs travaux et forts de nombreux appuis officiels, ils entrepri
rent de recenser les fonds des différentes institutions dépositaires d'enre
gistrements patrimoniaux : Musée de la Parole — actuellement Phonothè
que Nationale — , Musée des Arts et Traditions Populaires et Archives de
la Radiodiffusion. Entre le peu d'intérêt du Musée de la Parole pour des
enregistrements de français 9, la dominante folklorique des documents
conservés au Musée des Arts et Traditions Populaires (2
exploitables) et le caractère gourmé 10 des interventions en dépôt aux
Archives de la Radio (6 documents exploitables), la moisson fut maigre.
Résignés à constituer leur propre corpus, les initiateurs du FF
choisirent de réaliser l'essentiel de leur travail avec des « Recordon », un
appareil maniable et peu coûteux qui enregistre sur des disques de papier
magnétique :
« Evidemment on ne pouvait demander à un appareil de ce genre la
reproduction exacte des timbres. Mais cet inconvénient, qui aurait
été sérieux pour une enquête de phonétique, était sans importance
pour nous. L'interruption dans les conversations que nous imposait le
changement des disques toutes les six minutes, au terme de leur durée
maxima d'enregistrement, ne présentait pas non plus d'inconvénient.
Nous ne nous souciions pas non plus de la conservation des disques. profitions largement de la possibilité qu'offrent les disques en
papier magnétisé d'être effacés et de servir ainsi à plusieurs enregi
strements successifs. Il aurait été beaucoup trop coûteux de conserver
6. Sur l'histoire de l'enseignement du français langue étrangère, nous renvoyons aux travaux de
Daniel Coste.
7. Citée in Gougenheim et al. (1964), p. 45.
8. Cf. ibid, p ; 51, à propos de la liste Aristizabal (1938).
surveillent attentivement les propos qu

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