L’Europe des évêques au temps de la réforme catholique. - article ; n°2 ; vol.154, pg 509-531
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1996 - Volume 154 - Numéro 2 - Pages 509-531
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pr. Joseph Bergin
L’Europe des évêques au temps de la réforme catholique.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1996, tome 154, livraison 2. pp. 509-531.
Citer ce document / Cite this document :
Bergin Joseph. L’Europe des évêques au temps de la réforme catholique. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1996, tome
154, livraison 2. pp. 509-531.
doi : 10.3406/bec.1996.450829
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1996_num_154_2_450829L'EUROPE DES ÉVÊQUES
AU TEMPS DE LA RÉFORME CATHOLIQUE
par
Joseph BERGIN
Les réflexions qui suivent l ont pour origine un travail de longue haleine
mené sur les évêques de l'Eglise de France entre les débuts du règne de
Henri IV et la fin du ministère de Mazarin 2. Comme la recherche était par
tiellement prosopographique dans sa démarche, elle avait besoin de dates
clairement définies, car il fallait savoir d'emblée qui devait faire partie du
corpus episcoporum à constituer. Et comme l'Eglise de France était la plus
grande de l'Europe moderne (si on la mesure en termes d'évêchés compris
dans une structure institutionnelle unique et bien définie), cela a donné un
ensemble d'environ 350 évêques pour les années 1589-1661. Michel Péron-
net a compté 1416 nominations d'évêques pour la période qui s'étend du
concordat de Bologne de 1516 à la Révolution3. Du simple point de vue
des effectifs, la période 1589-1661 est donc très proche de la moyenne
de toute l'époque moderne.
Or une telle précision en matière de statistiques risque d'être trompeuse,
le danger étant de se concentrer sur ces quelque 350 hommes au point de
rétrécir le champ de vision et de finir par vivre avec eux en une sorte de
monde clos qui seul dégage les questions à poser. Mais il y a de cela dans
toutes les études dites prosopographiques. Pour bien comprendre l'original
ité de ce que l'on étudie de si près, il faut à un moment donné essayer
1. Ce texte est une version légèrement remaniée d'une conférence donnée à l'École des
chartes le 13 novembre 1995. Comme il s'agit pour une bonne part d'hypothèses de travail,
l'appareil critique qui l'accompagne est volontairement réduit. Je tiens à remercier l'Ecole
des chartes, et en particulier son directeur, Yves-Marie Bercé, de m'avoir fait l'honneur de
m'accueillir comme professeur invité au cours de l'année 1995-1996. Bernard Barbiche
m'a prodigué conseils et soutien au cours de mes activités à l'Ecole, et, en outre, a bien
voulu relire et corriger mon texte initial. Qu'il en soit vivement remercié.
2. J. Bergin, The making of the French episcopate, 1589-1661, New Haven (U. S. A.) et
Londres, 1996.
3. M. Péronnet, Les évêques de l'ancienne France, Atelier de reproduction de thèses, Uni
versité de Lille-III, 1977, 2 vol., t. I, p. 435.
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 154, 1996, p. 509-531. 510 JOSEPH BERGIN
de voir plus loin, et tenter des comparaisons soit avec d'autres groupes dans
le même pays, soit avec le même groupe dans d'autres pays. Ce que l'on
va lire n'est qu'une série de suggestions et d'interrogations, et non pas des
certitudes fondées sur de longues recherches ou des monographies exhaust
ives ; ces suggestions, de surcroît, sont limitées essentiellement à la format
ion des épiscopats de l'Europe catholique, et aux facteurs susceptibles de
nous faire comprendre leurs caractères originaux.
En effet, l'un des problèmes majeurs de l'histoire comparative est le carac
tère hétérogène de la matière première sur laquelle on travaille. Dans le
cas présent, le point de départ est une recherche de première main sur les
évêques français d'une période donnée ; mais, pour faire des comparaisons,
il faut se contenter d'ouvrages plus ou moins semblables et plus ou moins
bien faits sur les évêques des autres pays en question, ouvrages qui, de sur
croît, ne traitent pas toujours la même période. De plus, ces ouvrages
peuvent répondre à d'autres préoccupations historiographiques, selon les
auteurs, les pays et les époques. Ce qui revient à se demander si ce que
l'on voudrait comparer est vraiment comparable.
L'intérêt d'une comparaison entre les épiscopats des divers pays catho
liques de l'Europe post-tridentine semble aller de soi : ne s'agit-il pas de
mieux comprendre l'évolution de l'élite dirigeante de l'Eglise, chargée de
mettre en œuvre les réformes préconisées par un concile qui avait été le
plus « episcopal » des conciles ? Mais cette suprématie de l'épiscopat dans
les Eglises d'Europe n'a pas été partout la même. Pour des raisons que
l'on verra plus loin, elle correspond bien mieux aux réalités françaises
qu'à celles du Saint-Empire ou peut-être même à celles d'autres pays.
Dans l'Empire, un évêque qui n'était pas prince-évêque ne valait pas un
abbé qui avait aussi le titre de prince. Et, en plusieurs régions d'Italie ou
d'Espagne, les chefs de grands ordres religieux ou d'abbayes puissantes
avaient davantage d'influence et de prestige qu'un simple évêque. D'un pays
à l'autre, le statut de l'épiscopat à l'intérieur du haut clergé pouvait avoir
sa part d'originalité.
Quoi qu'il en soit, la comparaison prendra l'exemple français comme réfé
rence pour essayer de comprendre l'épiscopat des royaumes d'Espagne, de
certaines parties de la péninsule italienne, comme de la Savoie, de Venise
et dans une moindre mesure du royaume de Naples, avec en outre des coups
d'oeil sur les Flandres espagnoles et le Saint-Empire. Une ou deux ment
ions seront faites aussi de l'Eglise d'Angleterre car, même après les trau-
matismes de la réforme anglicane, les évêques de cette Eglise ressemblaient
encore beaucoup à leurs homologues catholiques du continent4.
4. Voir à ce sujet les analyses de Felicity Heal, Of prelates and princes : a study of the
social and economic position of the Tudor episcopate, Cambridge, 1980. L'EUROPE DES ÉVÊQUES 511
L'image de Vévêque. — Personne ne sera surpris d'apprendre que le renou
veau de l'épiscopat fut un objectif majeur de la réforme catholique, et ce
d'autant plus que les réformes luthérienne et calviniste, cette dernière sur
tout, furent résolument anti-épiscopales. Pourtant, l'Angleterre anglicane avait
conservé son épiscopat et, au début du XVIIe siècle, c'est Jacques Ier (qui
choisissait ses évêques avec grand soin) qui a le plus nettement rappelé
l'importance de l'épiscopat lorsqu'il a répondu aux critiques des puritains
à l'encontre de en tonnant : « Pas d'évêques, pas de rois » 5. La
défense et le renouveau de l'épiscopat furent aussi au cœur des débats du
concile de Trente, même si la question des relations du pouvoir episcopal
avec celui du pape a failli compromettre les derniers travaux du concile.
Mais les décrets d'un concile, même de celui de Trente, étaient très loin
de former un corpus achevé d'idées sur la nature de l'épiscopat, que les
générations ultérieures n'auraient eu qu'à commenter et à développer. Car,
même si une théologie de l'épiscopat pouvait s'abriter derrière les décrets,
les textes étaient extrêmement concis, portant sur des aspects juridiques de
la fonction épiscopale autant que sur ses fondements doctrinaux6. D'où
l'importance des évêques de la première génération tridentine et post-
tridentine, comme le Portugais Barthélémy des Martyrs, et ensuite des grands
Italiens, comme Charles Borromée ou Gabriele Paleotti ; d'où aussi l'habi
tude prise plus tard de signaler les évêques-modèles de l'Europe catholique
comme autant de nouveaux Borromée. Comme en d'autres domaines, le conc
ile ne fut qu'un début, dont les omissions ou les silences appelaient des
efforts de la part des générations suivantes7.
5. Norman Sykes, The Church of England and non-episcopal churches in the sixteenth and
seventeenth centuries, Londres, 1948, p. 34.
6. Giuseppe Alberigo, L'episcopato nel cattolicesimo postrtridentino, dans

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