L'évolution agraire et sociale des Lowlands d'Écosse de 1680 à 1815 - article ; n°1 ; vol.18, pg 157-185

Thomas M.Devine

Description

Histoire, économie et société - Année 1999 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 157-185
Abstract This paper describes the great changes which lowland rural Scotland experienced in the eighteenth century. Farms were consolidated into larger units, the cottar class disappeared and the efficiency of agriculture improved markedly. The world before agrarian transformation is explored and the pace and nature of change analysed. Emphasis is given to the range of mechanisms by which agricultural productivity was boosted. The role of landlords in the process is delineated and the social impact of land consolidation on peasant dispossession, resistance and migration discussed at length.
Résumé Cet article décrit les grandes transformations survenues dans les basses terres d'Ecosse au XVIIIe siècle : les fermes furent amalgamées en grandes unités ; la classe des cottars disparut ; l'efficacité de l'agriculture fut grandement améliorée. C'est le monde qui précède ces bouleversements agraires qui est ici décrit, avant que ne soient analysés le rythme et la nature des changements. L'accent est particulièrement mis sur la diversité des mécanismes qui ont permis la croissance de la productivité de l'agriculture. Le rôle des propriétaires fonciers dans ce processus est clairement défini et les conséquences sociales du rassemblement des terres sur la dépossession paysanne, les résistances et les migrations sont pleinement étudiées.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Thomas M. Devine
Hannah Collings
L'évolution agraire et sociale des Lowlands d'Écosse de 1680 à
1815
In: Histoire, économie et société. 1999, 18e année, n°1. pp. 157-185.
Résumé Cet article décrit les grandes transformations survenues dans les basses terres d'Ecosse au XVIIIe siècle : les fermes
furent amalgamées en grandes unités ; la classe des cottars disparut ; l'efficacité de l'agriculture fut grandement améliorée. C'est
le monde qui précède ces bouleversements agraires qui est ici décrit, avant que ne soient analysés le rythme et la nature des
changements. L'accent est particulièrement mis sur la diversité des mécanismes qui ont permis la croissance de la productivité
de l'agriculture. Le rôle des propriétaires fonciers dans ce processus est clairement défini et les conséquences sociales du
rassemblement des terres sur la dépossession paysanne, les résistances et les migrations sont pleinement étudiées.
Abstract This paper describes the great changes which lowland rural Scotland experienced in the eighteenth century. Farms were
consolidated into larger units, the cottar class disappeared and the efficiency of agriculture improved markedly. The world before
agrarian transformation is explored and the pace and nature of change analysed. Emphasis is given to the range of mechanisms
by which agricultural productivity was boosted. The role of landlords in the process is delineated and the social impact of land
consolidation on peasant dispossession, resistance and migration discussed at length.
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Devine Thomas M., Collings Hannah. L'évolution agraire et sociale des Lowlands d'Écosse de 1680 à 1815. In: Histoire,
économie et société. 1999, 18e année, n°1. pp. 157-185.
doi : 10.3406/hes.1999.2023
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1999_num_18_1_2023L'EVOLUTION AGRAIRE ET SOCIALE
DES LOWLANDS D'ECOSSE DE 1680 À 1815
par Thomas M. DEVINE
Résumé
XVIIIe Cet siècle article : décrit les fermes les grandes furent amalgamées transformations en grandes survenues unités dans ; la les classe basses des terres cottars d'Ecosse disparut au ;
l'efficacité de l'agriculture fut grandement améliorée. C'est le monde qui précède ces boulever
sements agraires qui est ici décrit, avant que ne soient analysés le rythme et la nature des chan
gements. L'accent est particulièrement mis sur la diversité des mécanismes qui ont permis la
croissance de la productivité de l'agriculture. Le rôle des propriétaires fonciers dans ce proces
sus est clairement défini et les conséquences sociales du rassemblement des terres sur la dépos
session paysanne, les résistances et les migrations sont pleinement étudiées.
Abstract
This paper describes the great changes which lowland rural Scotland experienced in the
eighteenth century. Farms were consolidated into larger units, the cottar class disappeared and
the efficiency of agriculture improved markedly. The world before agrarian transformation is
explored and the pace and nature of change analysed. Emphasis is given to the range of
mechanisms by which agricultural productivity was boosted. The role of landlords in the pro
cess is delineated and the social impact of land consolidation on peasant dispossession, resis
tance and migration discussed at length.
Ce n'est que récemment que les historiens ont commencé à comprendre ce
qu'étaient la société et de l'économie traditionnelles des Lowlands d'Ecosse
avant le bouleversement majeur appelé Y Improvement qui a fondé le système
agraire actuel. Les écrits des auteurs de la fin du XVIIIe siècle ont, en effet,
longtemps constitué un obstacle pour la compréhension de ce monde ancien
car, au fil de leurs très nombreuses publications, ils en ont dénoncé les cou
tumes comme archaïques, limitées, gaspilleuses et techniquement primitives.
Les vues de Sir John Sinclair, éditeur du Statistical Account et doyen d'une
armée d'auteurs favorables à l'agriculture nouvelle, sont bien représentatives
du mépris et l'opprobre qui frappèrent alors les pratiques traditionnelles. Dans
un survol de tous les mauvais usages caractéristiques l'ordre ancien, il dénon
ça en particulier l'occupation jointe des fermes, prétendant que «le travail...
où tout le monde réclame une part égale dans la direction, ne peut jamais
aboutir avec succès», les charrues «qui étaient autrefois de la pire sorte», et
la distribution des terres en lots ce qui garantissait que «toute tentative d'amé-
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lioration était perdue d'avance» l. Les écrits de Sinclair et ceux de bien
d'autres commentateurs, insistent donc sur le net contraste entre l'âge d'or de
l'agriculture «améliorée» et la profonde obscurité du temps de l'agriculture
traditionnelle. La force, le nombre et l'autorité apparente de ces commentaires
furent tels qu'ils influencèrent pendant longtemps les générations suivantes.
En fait, il faut considérer avec précaution le travail de ces écrivains car ils
faisaient souvent œuvre de propagande afin d'illustrer les faiblesses de l'ordre
ancien. Formant les troupes de choc de Г Improvement, ils avaient pour objectif
non de comprendre la société traditionnelle en elle-même mais, au contraire,
de justifier sa destruction. La large diffusion des publications des partisans de
Y Improvement donna effectivement une grande impulsion aux idées les plus
progressistes, qui devinrent un moteur essentiel de la transformation radicale
qui eut lieu dans les campagnes des Lowlands d'Ecosse au cours de la deuxiè
me moitié du XVIIIe siècle 2. Mais, ce faisant, ils firent preuve de trop de pré
jugés contre les anciennes pratiques, les écartant comme irrationnelles,
obscurantistes et trop conservatrices. De plus, ils eurent tendance à juger la
situation dans la perspective de l'économie de marché qui se développa à partir
des années 1780. La société rurale de la période précédente, lorsque l'emprise
du marché était relativement faible, lorsque beaucoup d'exploitants ne cher
chaient qu'à subvenir à leurs besoins ou à ceux de la communauté locale, ne
pouvait que souffrir en comparaison. Dans leurs études sur l'histoire sociale
des campagnes des Lowlands avant Г Improvement, les chercheurs contempor
ains ont adopté une autre perspective : ils ont essayé de comprendre l'ordre
ancien en lui-même, plutôt que par rapport à une société plus tardive et assez
différente. Ils ont également commencé à travailler sur des sources originales
et diversifiées, y compris les archives des domaines, les impôts, l'Église, et les
registres légaux, afin de reconstruire la manière de vivre du peuple écossais
avant l'arrivée du capitalisme agraire, qui devait changer définitivement la
société rurale 3.
Il faut bien garder présent à l'esprit que l'agriculture formait vraiment la
base de la société écossaise du XVIIIe siècle. En 1750, seulement un Écossais
sur huit habitait en ville (si l'on considère qu'une ville est une agglomération
de plus de 4000 habitants) et il n'y avait que quatre grandes villes de plus de
10000 habitants. La grande majorité du peuple écossais gagnait sa vie grâce à
1. Sir John Sinclair, Analysis of the Statistical Account of Scotland, Edinburgh, 1825, 1831, vol. I,
p. 229-233.
2. E.J. Hobsbawm, «Scottish Reformers of the Eighteenth Century and Capitalist Agriculture», dans
E.J. Hobbbaum et al. (éd.), Peasants in History, Oxford, 1980, p. 3-26.
3. Voir par exemple, I.H. Adams et I.D. Whyte, «The Agricultural Revolution in Scotland : Contribut
ions to the Debate», Area, 9, 1977, p. 198-205; T.M. Devine, The Transformation of Rural Scotland,
Edinburgh, 1994, p. 1-35; R.A. Dodgshon, Land and Society in Early Scotland, Oxford, 1981 ; I.D. Whyte
et K.A. Whyte, «Some Aspects of the Structure of Rural Society in Seventeenth Century Lowland
Scotland», dans T.M. Devine et D. Dickson, (éd.), Ireland and Scotland, 1600-1850, Edinburgh, 1983,
p. 32-40; I.D. Whyte, Agriculture and Society in Seventeenth Century Edinburgh, 1979.
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l'exploitation de la terre et au travail dans la proto-industrie rurale, comme le
filage, le tissage, la pêche, et les mi