L « extrême Ouest » loin de l extrême droite. Le vote Front national dans le Finistère - article ; n°5 ; vol.46, pg 792-816
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L'« extrême Ouest » loin de l'extrême droite. Le vote Front national dans le Finistère - article ; n°5 ; vol.46, pg 792-816

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Description

Revue française de science politique - Année 1996 - Volume 46 - Numéro 5 - Pages 792-816
L'«extrême-ouest» loin de l'extrême droite le vote front national dans le finistère L'élection présidentielle d'avril 1995 a permis à J.-M. Le Pen, au niveau national, avec 15 % des voix, d'accroître son nombre d'électeurs et son influence politique. Mais, en Basse-Bretagne, sa région natale, il obtient des scores faibles et ne progresse pas, sauf sur le littoral. L'analyse des résultats dans le département du Finistère met en évidence les facteurs historiques et socio-économiques qui expliquent cette résistance de la Bretagne bretonnante. Le caractère égalitaire des relations familiales et la forte activité professionnelle féminine jouent un rôle de premier ordre, dans un département où l'immigration étrangère est très faible. L'influence du catholicisme et l'identité culturelle bretonne semblent aussi constituer des raisons déterminantes qui expliquent la modestie des succès rencontrés par le FN. The far-west far from the far right the front national vote in finistere The 1995 Presidential election enabled J.-M. Le Pen to increase, at the national level, with 15 % of votes, the number of his supporters and his political influence. But, in Lower Brittany, the region where he was born, he registered law results and did not progress, excepted in the coastal areas. This article, based on an analysis of Finistère, results, highlights the historical and socio-economic factors which explain Lower Brittany's resistance. The equalitarian family relationships and the high rate of women's employment play a big role in a département where there are very few foreign immigrants. The influence of Catholicism and the cultural identity of Brittany also seem to contribute strongly to the low score of the FN.
L'«extrême-ouest» loin de l'extrême droite le vote front national dans le finistère L'élection présidentielle d'avril 1995 a permis à J.-M. Le Pen, au niveau national, avec 15 % des voix, d'accroître son nombre d'électeurs et son influence politique. Mais, en Basse-Bretagne, sa région natale, il obtient des scores faibles et ne progresse pas, sauf sur le littoral. L'analyse des résultats dans le département du Finistère met en évidence les facteurs historiques et socio-économiques qui expliquent cette résistance de la Bretagne bretonnante. Le caractère égalitaire des relations familiales et la forte activité professionnelle féminine jouent un rôle de premier ordre, dans un département où l'immigration étrangère est très faible. L'influence du catholicisme et l'identité culturelle bretonne semblent aussi constituer des raisons déterminantes qui expliquent la modestie des succès rencontrés par le FN.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Luc Richard
L'« extrême Ouest » loin de l'extrême droite. Le vote Front
national dans le Finistère
In: Revue française de science politique, 46e année, n°5, 1996. pp. 792-816.
Citer ce document / Cite this document :
Richard Jean-Luc. L'« extrême Ouest » loin de l'extrême droite. Le vote Front national dans le Finistère. In: Revue française de
science politique, 46e année, n°5, 1996. pp. 792-816.
doi : 10.3406/rfsp.1996.395099
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1996_num_46_5_395099Résumé
L'«extrême-ouest» loin de l'extrême droite le vote front national dans le finistère
L'élection présidentielle d'avril 1995 a permis à J.-M. Le Pen, au niveau national, avec 15 % des voix,
d'accroître son nombre d'électeurs et son influence politique. Mais, en Basse-Bretagne, sa région
natale, il obtient des scores faibles et ne progresse pas, sauf sur le littoral. L'analyse des résultats dans
le département du Finistère met en évidence les facteurs historiques et socio-économiques qui
expliquent cette résistance de la Bretagne bretonnante. Le caractère égalitaire des relations familiales
et la forte activité professionnelle féminine jouent un rôle de premier ordre, dans un département où
l'immigration étrangère est très faible. L'influence du catholicisme et l'identité culturelle bretonne
semblent aussi constituer des raisons déterminantes qui expliquent la modestie des succès rencontrés
par le FN.
Abstract
L'«extrême-ouest» loin de l'extrême droite le vote front national dans le finistère
L'élection présidentielle d'avril 1995 a permis à J.-M. Le Pen, au niveau national, avec 15 % des voix,
d'accroître son nombre d'électeurs et son influence politique. Mais, en Basse-Bretagne, sa région
natale, il obtient des scores faibles et ne progresse pas, sauf sur le littoral. L'analyse des résultats dans
le département du Finistère met en évidence les facteurs historiques et socio-économiques qui
expliquent cette résistance de la Bretagne bretonnante. Le caractère égalitaire des relations familiales
et la forte activité professionnelle féminine jouent un rôle de premier ordre, dans un département où
l'immigration étrangère est très faible. L'influence du catholicisme et l'identité culturelle bretonne
semblent aussi constituer des raisons déterminantes qui expliquent la modestie des succès rencontrés
par le FN. The "far-west" far from the far right the front national vote in finistere
The 1995 Presidential election enabled J.-M. Le Pen to increase, at the national level, with 15 % of
votes, the number of his supporters and his political influence. But, in Lower Brittany, the region where
he was born, he registered law results and did not progress, excepted in the coastal areas. This article,
based on an analysis of Finistère, results, highlights the historical and socio-economic factors which
explain Lower Brittany's resistance. The equalitarian family relationships and the high rate of women's
employment play a big role in a département where there are very few foreign immigrants. The
influence of Catholicism and the cultural identity of Brittany also seem to contribute strongly to the low
score of the FN.OUEST» L'«EXTREME
LOIN DE L'EXTRÊME DROITE
Le vote Front national dans le Finistère
JEAN-LUC RICHARD
Terre de forte tradition catholique, le Finistère, pays d'émigration
massive jusque dans les années 1960, n'a été que peu concerné,
durant les dernières décennies, par l'arrivée de populations étrangè
res sur notre territoire national. Située à l'écart des grandes mutations
industrielles qui ont fortement marqué l'évolution politique récente de cer
tains bassins d'emploi, la Bretagne occidentale présente des particularités
incontestables. Si l'on classe les 96 départements métropolitains dans
l'ordre décroissant des scores que J.-M. Le Pen y a obtenus à l'occasion
du dernier scrutin présidentiel, le 23 avril 1995, le Finistère se classe en
84e position. Le département lui a accordé proportionnellement moins de
voix que sept ans plus tôt (9,2 % des suffrages exprimés, soit - 0,7 % par
rapport au scrutin d'avril 1988), dans un contexte de légère hausse de
son audience nationale (15,0 %, + 0,6 %). Pour le Front national, le
Finistère est une «terre de mission», comme il en existe d'autres dans
l'Hexagone1, à l'ouest d'une ligne qui va du Havre à Perpignan. L'étude
de son implantation dans le département le plus occidental de France pré
sente un réel intérêt. Plusieurs recherches récentes ont montré que le vote
FN s'analyse également à partir des systèmes politiques et socio-économi
ques locaux2. La quasi-absence locale de populations immigrées, dans le
Finistère, rend possible la mise en évidence du rôle de certains contextes
sociaux et de certains facteurs individuels qui amènent électeurs à
voter pour le FN ou en faveur de son président. Enfin, l'analyse des
résultats des derniers scrutins permet aussi de cerner l'ampleur de la
concurrence qui existe, auprès du corps électoral de l'Ouest de la France,
entre J.-M. Le Pen et Ph. de Villiers.
Les cartes retraçant l'implantation du lepénisme permettent de constater
la stabilité globale des aires géographiques où le vote FN est fort ou fai
ble. Les coefficients de corrélation entre les scores cantonaux successifs du
FN aux différents scrutins sont souvent proches de 0,90 (une parfaite simi
litude impliquerait un coefficient égal à l'unité). Cela laisse supposer la
permanence de certaines influences. L'analyse électorale ne donne pas sou
vent l'occasion d'observer l'émergence spontanée de formes aussi nettes et
1. C. Ysmal, Ph. Habert, «Les terres de mission», dans N. Mayer, P. Perrineau,
(dir.), Le Front national à découvert, Paris, Presses de Sciences Po, 1996, 2e éd., p. 322-342.
2. Cf., par exemple, J.-P. Brunet (dir.), Immigration, vie politique et populisme en
banlieue parisienne (fin XIXe -XXe siècles), Paris, L'Harmattan, 1995; P. Troufleau,
«Géographie des comportements électoraux en Eure-et-Loir: essai d'explication
socio-économique et problèmes méthodologiques», Espace géographique, 24 (2), 1995,
p. 155-168.
792 Le vote Front national dans le Finistère
simples, mais les facteurs traditionnellement avancés pour expliquer la
force du vote d'extrême droite (immigration étrangère, insécurité) semblent
ici peu efficaces. Les évoquer pour tenter de comprendre les résultats élec
toraux locaux du FN peut même apparaître comme déplacé. Il convient
donc de proposer des explications originales et spécifiques1.
Carte 1. Les 54 cantons du Finistère
Ouessant Ploudalmézea
Saint-Ren
Brest
10 cantons
1. Plusieurs thèses récemment soutenues nous ont fourni des éléments pour une
compréhension des évolutions récentes de la société basse-bretonne et pour leur prise en
compte dans notre analyse. Nous citons ici quelques-uns de ces travaux: F. Broudic,
L'usage du breton de l'Ancien Régime à nos jours, Rennes, Presses universitaires de
Rennes 2, 1994; J.-Y. Carluer, «Les protestants bretons du 16e au 20e siècle», thèse de
doctorat en histoire. Université de Rennes 2. 1992; J.-J. Monnier, «Le comportement
politique des Bretons», thèse de géographie. Université de Lille 3, 1993; J.-J. Urvoas,
«Tableau électoral de la Bretagne occidentale. 1973-1993», thèse de science politique,
Université de Brest, 1995.
793 Carte 2. Scores de la liste du Rassemblement national (FN)
aux élections régionales de mars 1986
< 3,2 %
3,2 % - 4,29 %
LU
4,3 % - 5,39 %
5,4 % et +
Carte 3. Scores de la liste de J.-M. Le Pen
aux élections européennes de juin 1989
< 4,9 %
4,9 % - 6,59 %
iiîiil
6,6% -8,29%
+'
8,3 Vo et
794 Tableau 1. Scores du FN ou de J.-M. Le Pen entre 1984 et 1995
Différence Indice Date Nature Résultat Résultat Finistère % Finistère/ du scrutin du scrutin Finistère France France % France
1984 Juin Européennes - 4,33 % 6,65 % 10,98 % 0,61
Mars 1985 Cantonales - 2,77 % 5.90 % 8,67 % 0,68 1986 Législatives - 4,00 % 5.72 % 9,72 % 0.59
Mars 1986 R&#

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