L histoire de contre et la sémantique prototypique - article ; n°1 ; vol.130, pg 108-125
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Langue française - Année 2001 - Volume 130 - Numéro 1 - Pages 108-125
Walter De Mulder et Anne Vanderheyden : L'histoire de contre et la sémantique prototypique Following the book on diachronic prototype semantics by Dirk Geeaerts, this paper tries to show that prototype semantics is, by its very nature, fit to describe semantic change. The authors first propose a semantic analysis of the Modern French preposition contre in terms of a network, where the different meanings of the preposition (its spatial and adversative meanings, as well as the meanings of proportion and exchange) are organized around a prototypical sense (movement of an entity towards another entity which functions as a limiting point) - an analysis that also includes a schematic or basic meaning. In the second part of the paper, they try to apply the same type of approach to analyze the use of the preposition in Old French and to explain the evolution of contre from Old French to Modern French. In this way, they can point out some phenomena which confirm the prototypical nature of the meaning-structure of contre: more than one meaning can be at the basis of one and the same extension of meaning, some meanings are more relevant than others in order to understand the semantic evolution of the preposition, and some meanings are more stable than others. Moreover, it is shown, following Geeraerts, that the prototypical conception of meaning can maintain the isomorphic principle (one form, one meaning).
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Walter de Mulder
MME Anne Vanderheyden
L'histoire de contre et la sémantique prototypique
In: Langue française. N°130, 2001. pp. 108-125.
Abstract
Walter De Mulder et Anne Vanderheyden : L'histoire de contre et la sémantique prototypique
Following the book on diachronic prototype semantics by Dirk Geeaerts, this paper tries to show that prototype semantics is, by
its very nature, fit to describe semantic change. The authors first propose a semantic analysis of the Modern French preposition
contre in terms of a "network", where the different meanings of the preposition (its spatial and adversative meanings, as well as
the meanings of proportion and exchange) are organized around a prototypical sense ("movement of an entity towards another
entity which functions as a limiting point") - an analysis that also includes a "schematic" or "basic" meaning. In the second part of
the paper, they try to apply the same type of approach to analyze the use of the preposition in Old French and to explain the
evolution of contre from Old French to Modern French. In this way, they can point out some phenomena which confirm the
prototypical nature of the meaning-structure of contre: more than one meaning can be at the basis of one and the same extension
of meaning, some meanings are more relevant than others in order to understand the semantic evolution of the preposition, and
some meanings are more stable than others. Moreover, it is shown, following Geeraerts, that the prototypical conception of
meaning can maintain the isomorphic principle ("one form, one meaning").
Citer ce document / Cite this document :
de Mulder Walter, Vanderheyden Anne. L'histoire de contre et la sémantique prototypique. In: Langue française. N°130, 2001.
pp. 108-125.
doi : 10.3406/lfr.2001.1029
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2001_num_130_1_1029Walter De Mulder & Anne Vanderheyden
Université d'Artois
L'HISTOIRE DE CONTRE El LA SEMANTIQUE
PROTOTYPIQUE
0. Introduction
II est surprenant que la sémantique diachronique du français ne se serve guère de
la sémantique prototypique, alors qu'il existe bien des tentatives du côté allemand et
anglophone, même pour décrire l'évolution du sens en français (Blank 1997, Blank &
Koch 1999, Geeraerts 1997, Kellermann et Morrissey 1992, Nehrlich & Clarke 1988 et
1992). Dans cette contribution, nous montrerons que la linguistique prototypique est
par sa définition même disposée à décrire des évolutions sémantiques. Nous nous
intéresserons plus particulièrement à l'évolution du sens de la préposition contre, à
partir de l'une des études fondatrices de la sémantique cognitive, celle de Vandeloise
(1986), qui porte spécifiquement sur le sens des prépositions spatiales du français.
1 . Le sens spatial de contre en français moderne :
l'apport de Vandeloise
- contre, Lors d'une sur et discussion à -, Vandeloise consacrée retient à l'opposition deux caractéristiques1 entre trois prépositions pour la préposition de contact
contre (1986 : 202-205) :
1 ) Interaction horizontale entre cible et site :
Contre exprime un contact horizontal entre la cible, l'objet à localiser, et le site,
l'objet repère qui sert à localiser la cible - sur marquant un contact plutôt vertical.
Cette conclusion se dégage des exemples (l)-(3)2 :
(1) La tasse est sur (*contre) la table
(2) Le cadre est sur le mur
(3) Le balai est contre (* sur) le mur
En (2) la force exercée est bel et bien verticale selon Vandeloise (1986 : 202), même si
la relation entre le porteur (le mur) et le porté (le cadre) est intermédiaire, puisque « le
cadre est supporté par un clou et le mur ne s'oppose que par le frottement à son
1. Par « caractéristiques » Vandeloise entend les généralisations qu'effectuent les locuteurs en se fondant
sur les emplois connus des prépositions (1986 : 67).
2. Vandeloise limite ses analyses à des phrases où cible et site sont reliés par le verbe être et la préposi
tion analysée.
108 » 3. Cet exemple montre que les notions de verticalité et d'horizontalité ne poids
concernent pas tant le contact que la direction des forces impliquées. La pertinence de
la direction de la force exercée ressort aussi de ce que selon Vandeloise (1986 : 203) les
deux phrases suivantes ne renvoient pas à la même scène dans le monde :
(4) La carte bleue est sur la carte rouge
(5) La est contre la carte rouge4
Bien entendu, il existe des exemples dans lesquels contre exprime un rapport vert
ical, mais dans lesquels contre se justifie par le fait que « les forces en jeu dépassent
en intensité le poids de la cible » (1986 : 204) :
(6) La secrétaire écrase la mouche contre (sur) la table
C'est aussi cette dernière caractéristique qui explique la différence entre (6) et (7) :
(7) La mouche est {* contre / OK sur} la table
Selon Schepping (1991) et Talmy (1988), c'est la notion d'un rapport de forces oppos
ées qui permet l'emploi de contre dans (6), la préposition sur présentant le site non
pas comme une sorte d'obstacle (contre-force) à la force exercée, mais comme l'en
droit où se produit un événement (Schepping 1991 : 233) 5.
2) La position de la cible ne dépend pas de celle du site :
Cette deuxième caractéristique (Vandeloise 1986 : 203-204) explique pourquoi on
emploie sur dans (8) :
(8) Le curé colle un tapis de fleurs sur (*contre) les fresques
Bien que le rapport entre cible et site soit horizontal, on emploie la préposition sur
pour signaler que « la position de la cible est entièrement dépendante de celle du site,
mais (que) l'inverse n'est pas vrai» (Vandeloise, 1986: 204). En revanche, dans
l'exemple (3) ou encore dans (9) :
(9) L'armoire est contre le mur
la position de la cible n'est pas entièrement ou exclusivement dépendante de celle du
site, ce qui provoque l'emploi de contre.
L'analyse succincte de Vandeloise permet en outre de dégager deux autres carac
téristiques de contre, non développées par l'auteur :
3) Contact entre cible et site
4) Cible et site entretiennent un rapport deforce et de contre-force
3. Il n'empêche qu'on trouve aussi contre pour exprimer ce type de relations spatiales, comme il ressort
des exemples suivants, cités d'après Dendale et De Mulder (1998 : 408) :
(ia) Deux affiches collées sur une vitre (Zola, dans Discotext 1)
(ib) Une feuille de papier collée contre une vitre (Goncourt, dans Discotext 1)
(iia) Je vis sur le mur le portrait d'une dame poudrée (A. France, dans Discotext 1)
(iib) II y avait contre le mur de ce salon un très grand tableau (A. France, dans Discotext 1)
Dans la configuration spatiale correspondant à (3), Patrick Dendale, que nous remercions pour son
dépouillage méticuleux des exemples spatiaux du corpus employé dans Dendale et De Mulder (1998),
n'a trouvé que contre :
(iii) Un jour, Bouvard, qui rattachait la vigne, posa une échelle contre le mur de la terrasse
(Flaubert, dans Discotext 1).
4. « Pour la première phrase, j'imagine deux cartes horizontales superposées ; pour la deuxième deux
cartes horizontales se juxtaposant ou, peut-être, appuyées l'une contre l'autre comme dans les châteaux
de cartes d'enfants » (Vandeloise 1986 : 203).
5. Cette idée ne sera peut-être pas partagée par Vandeloise qui associe sur à l'idée de porteur/porté.
109 2. Élargissements
L'analyse de Vandeloise s'arrête là. Mais est-ce qu'elle fournit le sens de la pré
position contre ? Pour répondre à cette question, nous élargirons le corpus de deux
façons :
- en étendant la structure syntaxique « cible être contre site », structure assez étroite,
aux cas où contre, dans son emploi spatial, se combine avec d'autres verbes (cf.
Schepping, 1991) ;
- en tenant compte des emplois non spatiaux de la préposition (cf. Schepping, 1991
et Dendale & De Mulder, 1998).
Cela nous permettra de confirmer que les quatre éléments de sens énumérés ci-
dessus ne constituent ni des conditions nécessaires, ni des conditions suffisantes de
l'emploi de la préposition.
2. 1. Des verbes autres que être
Schepping (1991) distingue les trois contextes suivants pour les emplois spatiaux
de contre :
a) Le verbe est un verbe causatif de mouvement (1991 : 230) :
(10) Max pousse le lit contre le mur
(11) Max met l'échelle le garage
(12)se blottit contre la porte
(13) Max s'adosse l'armoire
(14)se serre contre sa maman

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