L idée de noblesse dans les romans grecs - article ; n°1 ; vol.16, pg 115-128
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'idée de noblesse dans les romans grecs - article ; n°1 ; vol.16, pg 115-128

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1990 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 115-128
Les romanciers grecs, dont les héros appartiennent toujours à la noblesse, représentent deux courants d'idée bien différents. Dans le milieu d'Asie Mineure, Chariton d'Aphrodisias et Xénophon d'Ephèse renvoient à des thèmes tout à fait traditionnels et à des valeurs spécifiquement grecques, qui sont tous véhiculés, en particulier, par l'épigraphie locale. Mais Achille Tatius l'Alexandrin et Héliodore d'Emèse ont tous deux une conception internationale de la noblesse, ce dernier restant, en définitive, fidèle à une définition propre à l'Orient où seule a toujours compté l'appartenance à une caste sacerdotale.
In Greek novels all main characters are issued from nobility but they belong to different social systems. In Asia Minor social area, Chariton of Aphrodisias and Xenophon of Ephesos describe them according to traditionnal Greek values and use as conventional themas as local epigraphy. But Achilles Tatius (who probably is an Alexandrian) and Heliodoros of Emesos in Syria consider nobility as an international status and in the Aithiopika, it is even limited to members of priests dynasties.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

Madame Marie-Françoise
Baslez
L'idée de noblesse dans les romans grecs
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 16 N°1, 1990. pp. 115-128.
Résumé
Les romanciers grecs, dont les héros appartiennent toujours à la noblesse, représentent deux courants d'idée bien différents.
Dans le milieu d'Asie Mineure, Chariton d'Aphrodisias et Xénophon d'Ephèse renvoient à des thèmes tout à fait traditionnels et à
des valeurs spécifiquement grecques, qui sont tous véhiculés, en particulier, par l'épigraphie locale. Mais Achille Tatius
l'Alexandrin et Héliodore d'Emèse ont tous deux une conception internationale de la noblesse, ce dernier restant, en définitive,
fidèle à une définition propre à l'Orient où seule a toujours compté l'appartenance à une caste sacerdotale.
Abstract
In Greek novels all main characters are issued from nobility but they belong to different social systems. In Asia Minor social area,
Chariton of Aphrodisias and Xenophon of Ephesos describe them according to traditionnal Greek values and use as conventional
themas as local epigraphy. But Achilles Tatius (who probably is an Alexandrian) and Heliodoros of Emesos in Syria consider
nobility as an international status and in the "Aithiopika", it is even limited to members of priests dynasties.
Citer ce document / Cite this document :
Baslez Marie-Françoise. L'idée de noblesse dans les romans grecs. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 16 N°1, 1990. pp.
115-128.
doi : 10.3406/dha.1990.1457
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1990_num_16_1_1457DHA 16,1 1990 115-128
L'IDEE DE NOBLESSE DANS LES ROMANS GRECS/
Marie-Françoise BASLEZ,
Ecole Normale Supérieure, Paris
Le monde des héros romanesques est le monde des "bien-nés"
(eugeneis), qui sont les Premiers (Prôtoi) de leur communauté, c'est-à-
dire qu'ils appartiennent tous au cercle étroit des familles
politiquement influentes. La noblesse a dans le roman grec un
caractère social marqué, celui de l'origine familiale. Cette notion est
fondamentale dans la conception de la société que dépeignent
Chariton d'Aphrodisias et Xénophon d'Ephèse ! ; plus discrète, elle
est néanmoins présente dans l'oeuvre d'Achille Tatius 2 et
d'Héliodore 3.
Cette étude résulte d'une enquête faite pour ICAN II (International
Conference on the Antic Novel) Dartmouth College, juillet 1989, sur
l'invitation de James TATUM.
1. Chariton : pour Chairéas (II, 11, 2), pour Callirhoé (II, 5, 6 ; III, 1, 6),
pour Dionysios (II, 4, 4 et 11, 2 ; III, 6, 4). Xénophon : pour
Habrocomès et son père (I, 1, 1 et 2, 1), pour Anthia (II, 9, 4),
Hippothoos de Périnthe (III, 2, 1), pour le Sicilien Cleisthénès (V, 9,
3), pour Aigialée de Sparte (V, 1, 4).
2 Pour l'Ionien Thersandre (VI, 12, 2) ; pour Callisthénès (VIII, 18, 4).
3. Pour Chariclée : I, 22, 2 et VII, 26, 3 ; pour Thyamis et Théagène : VII,
4, 3 ; pour Achaiménès : VII, 24, 4. Marie-Françoise BASLEZ 116
Cette conception discriminatoire de la société est un héritage
de la cité classique : au IVème siècle, pour les familles engagées
dans la politique, genos, au sens de lignée, a pris une coloration
nobiliaire incontestable ; on rattacha à un "premier de lignée" tous
ceux qui étaient liés par la filiation et qui se transmettaient hérédi
tairement d'éminentes qualités comme la valeur, la richesse, le
pouvoir 4 ; cette "noblesse de fonction", héréditaire, s'ajouta dès lors
aux familles royales 5 et sacerdotales 6 qui constituaient à elles
seules, primitivement, les eugeneis. A l'époque impériale, dans le
milieu traditionnel des cités d'Asie où vécurent Chariton et
Xénophon, la transmission des charges au sein des mêmes familles
continua à être un élément distinctif, reconnu par la cité, comme le
prouvent les formules usuelles qui introduisent le cursus honorum d'un
notable sur un monument funéraire ou honorifique 7. La distinction
des Premiers au sein de la communauté, qui apparaissait déjà chez
Thucydide et Démosthène 8, est exaltée à Ephèse et à Aphrodisias
par la rhétorique officielle 9 comme par le protocole des cérémonies
4 F. BOURRIOT, Recherches sur la nature du genos, Paris 1976,
522-570 et 694-711.
5. Eugenes désigne la descendance des rois chez les Tragiques
(Perses, 442 et 704 ; Troyennes, 583 et Ion, 289), thème repris par
Isocrate, Nicoclès, III, 42, Evagoras, 72 et Bousiris, 10 à propos des
princes hellénisés; celle des rois et des héros chez Thucydide, I, 24
(Héraclide), 126 (Cylon), 132 ( roi de Sparte), mais déjà cet auteur (III,
65) assimile les familles politiquement importantes (les Prôtoi) aux
eugeneis.
6. L'antique noblesse des cités était constituée par les genè c'est-à-dire
les familles exploitant un privilège religieux héréditaire
(F. BOURRIOT, 1188-1250 et 1349-1361).
7. A Aphrodisias, voir MAMA, VIII, 410 ; 479 ; 484 , 490 ; 499. A Ephèse,
èx npoyovcûv eÙYEVïj pour un magistrat (Insch. v. Ephesos, 708, 6), Sièt
yévouç et/ou èx npoyóvov pour des Asiarques (642; 698; 810), des
bouleutes (935a), des prêtres (892 ; 958 ; 990 ; 1655 ; 2055), des
bienfaiteurs (710 b ; 730 ; 873 ; 3081) ; la qualité d'EUyevVjc est précisée
plusieurs fois (27 ; 374 ; 728 ; 6 ; 894, 8 ; 1540, 5) et la filiation s'exprime
de façon particulièrement caractéristique en 3017: ïyyovoç ...
npoéyyovoç ... ànoyovoç ...
8. Thucydide, III, 65, 2 (pour les Platéens) ; Démosthène, Sur
l'ambassade, 295 (npôrroç Meyapaov).
9. A Aphrodisias, la formule consacrée est yévoç топ nfxbxou, parfois
complétée par évSóCou et surtout ouvextixotoç tîiv naTpťSct (MAMA,
VIII, 468 ; 470 ; 471 ; 477 ; 481-483 ; 485 ; 492, а, 5 ; b, 7 ; с, 7 ; 498) ; DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 117
publiques 10 . Eugenes et eugeneia, qui reviennent à satiété dans les
inscriptions d'Asie, sont caractéristiques de sa structure sociale ;
richesse et influence y étaient héréditaires, concentrées dans les
mains de quelques familles n. Quand les romanciers évoquent sans
ambiguïté la société d'époque impériale, Xénophon présente
l'irénarque comme appartenant au cercle étroit des Premiers, ce que
confirme l'épigraphie 12, et, tout aussi naturellement, Héliodore
distingue l'Aréopagite parmi les Athéniens 13.
Pourtant Héliodore se situait hors du cadre de la cité. Mais
il était aussi sensible à la "bonne lignée", en réservant la qualité de
"noble" à la descendance des dieux et des héros u et aux familles
sacerdotales: c'est cette distinction que partagent Thyamis15,
Théagène et Chariclée (dans la version "éphésienne" que cette
dernière donne de leurs origines) 16, Chariclès à Delphes, Calasiris
à Memphis, Hydaspe et Persinna chez les Ethiopiens. Le romancier
T. Antonius est dit àvf|p Tfjç- лроттк xaÇàoç xai y^vouc (МАМА, VIII,
408).
10. A Ephèse, Habrocomès, qui appartient aux Premiers de sa cité (I, 1,
1), marche en tête de sa classe d'âge (I, 2, 2) : év тщ поцптн та прпта
еффето ; cette expression d'origine agonistique, "remporter le prix"
(Iliade, 23, 537), indique ensuite la préséance due aux nobles
(Hérodote, VIII, 104 ; Dion Cassius, 42, 57, 2 et 44, 4, 2 ; AP, VIII, 111) ;
elle est employée dans ce sens par Héliodore, VII, 24, 4. L'existence
d'une hiérarchie sociale au gymnase est confirmée par les
inscriptions ď Athènes d'époque impériale qui mentionnent au Ile s.
des Protengraphoi (voir mon étude sur "Citoyens et non-citoyens
dans l'Athènes impériale", The Greek Renaissance in the Roman
Empire, Londres 1989, 21-23).
11. L. ROBERT, Etudes Anatoliennes, Paris 1937, 259.
12. Ephésiaques, II, 13, 3. On comparera avec l'inscription d'Ephèse pour
un irénarque (708, 6) qui utilise la formule éx npoyovov EÚyEvň -
13. Ethiopiques, I, 9, 1. Les Aréopagites sont гЬ ycyovàjtç (lettre de
Marc-Aurèle, éditée par J.H. OLIVER, Hesperia, Suppl. XIII, 1970,
58-61 et liste de Gennètes /G, II2' 2339).
14. La généalogie de Th&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents