L'indivision foncière et le développement économique et social en Polynésie française. Les districts de Pueu et Paea, à Tahiti - article ; n°30 ; vol.27, pg 7-29

Alfred Grand

Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1971 - Volume 27 - Numéro 30 - Pages 7-29
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: JOURNAL_DE_LA_SOCIETE_DES_OCEANISTES
• Publié le: 01 janvier 1971
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
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Extrait

Alfred GRAND
Jean Guiart
L'indivision foncière et le développement économique et social
en Polynésie française. Les districts de Pueu et Paea, à Tahiti
In: Journal de la Société des océanistes. N°30, Tome 27, 1971. pp. 7-29.
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GRAND Alfred, Guiart Jean. L'indivision foncière et le développement économique et social en Polynésie française. Les districts
de Pueu et Paea, à Tahiti. In: Journal de la Société des océanistes. N°30, Tome 27, 1971. pp. 7-29.
doi : 10.3406/jso.1971.2310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1971_num_27_30_2310L'indivision foncière
et le
développement économique
et social
en Polynésie française.
Les districts de Pueu et Paea, à Tahiti.
Cette étude est un diplôme de V École Pratique des Hautes Études, VIe Sec
tion, préparé sous la direction d'Henri Desroches. Elle a été rédigée juste au
début de V installation à Tahiti du « Centre a" Expérimentation du Pacifique » et
montre à merveille les nuances' de la situation, tant rurale que semi-urbaine,
dans le contexte tahitien. Ce texte valait d'être publié, tant il offre, à la fois, par
moment de saveur et toujours de sérieux. C'est la première étude, sur le terrain,
par un tahitien, de ses propres problèmes. Elle est d'un niveau égal à ce que
des chercheurs de métier ont pu, apporter. Il y a bien là de quoi se réjouir.
Jean Guiart. SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
INTRODUCTION
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
SUR LES DEUX DISTRICTS ÉTUDIÉS
(SITUATION GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE, SOCIALE, ÉCONOMIQUE)
I. — Situation géographique et historique.
A l'occasion de nos enquêtes socio-économiques, à Tahiti nous avons
été amenés à travailler sur deux districts, Pueu et Paea.
Pueu.
Le district de Pueu est situé sur la côte Nord de la presqu'île de Taia-
rapu, du kilomètre 4,700 au kilomètre 12,200, entre les districts de Afaahiti
et Tautira, dernier village avant le « Pari » qui est la côte la plus sauvage
de l'île. Cette dernière partie de l'île n'est protégée de la haute mer par aucun
récif -barrière et cette côte, la plus pittoresque, subit régulièrement les assauts
de la grande houle du Pacifique.
Le district de Pueu est relativement petit par rapport à d'autres de plus
grande importance. Il ne comporte qu'une bande littorale variant de
500 mètres à 2 km de large et quatre vallées : Tehoro, Teruea, Vaioiti, Aha-
vini.
La climatologie du district comporte une proportion de précipitations
atmosphériques satisfaisante. Il a plu 162 jours en 1964 et spécialement
des mois de décembre à mars qui constituent la saison pluvieuse. C'est donc
un district relativement humide qui convient à certaines cultures.
Le lagon, qui est un plan d'eau séparé de la haute mer par une barrière
de récifs sur lesquels déferlent les vagues, atteint à certains endroits une
largeur de 2 km. Sa profondeur varie entre 1 m et 15 m. Il est en général
très poissonneux et communique avec le large par deux passes principales.
Il y a moins de 50 ans, le « Tropic-Bird » courrier reliant Papeete à San Franc
isco y faisait escale afin de se charger d'oranges, abondantes alors.
Sur le plan historique, le district n'est pas sans intérêt. Le plateau de
Te Huru et les deux vallées de Ahavini et Tehoro sont extrêmement riches
en vestiges antiques non encore restaurés, ni étudiés 1.
1. L'ethno-histoire du district pourrait être aisément retracée grâce au dépouill
ement scientifique des Buka Tupuna, livres des ancêtres, détenus par M. Aroma, membre L INDIVISION FONCIERE ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL
Paea.
Le district de Paea est situé sur la côte Ouest de l'île de Tahiti, entre
Punaauia et Papara, du kilomètre 18,400 au kilomètre 29,200. Il est beau
coup plus étendu que Pueu 1 et est composé, ainsi que le sont en général tous
les districts de Tahiti, d'un certain nombre de vallées fertiles (il y en a quatre
principales à Paea : Hopa, Orofero, Vaitupa et Tereina) et d'une bande
côtière littorale d'inégale largeur, de 1 à 3 km. Contrairement à ce qu'on a
pu constater à Pueu, le littoral de Paea est surtout résidentiel, la propriété
indigène a pratiquement disparu sur la côte pour laisser la place à de belles
villas de style à la fois local et californien. Le début des vallées commence
à s'urbaniser mais de façon anarchique (aucun programme d'urbanisme
n'existe à Paea).
Sur le plan climatologie, Paea est le district le plus sec de l'île (1 065 mm
de pluie en 1964. Le plus humide est Papenoo, côte Est de l'île, avec 3 385 mm
de dans la même année).
Le lagon de Paea offre les mêmes caractéristiques que tous les autres
de l'île, sauf à noter une diminution de la faune marine par suite d'un dépeu
plement intensif dû à la pêche sous-marine.
Sur le plan historique, Paea, autrefois Atahuru, était un district indé
pendant qui n'appartenait pas au clan des « Teva » mais à celui des « Teoro-
paa ». Il joua un grand rôle dans l'histoire tahitienne et possède actuell
ement le seul « marae » restauré en Polynésie, celui de.« Arahurahu », dont
le chef était Tumata-Ira.
II. — Conditions humaines.
La démographie.
La population de Pueu est passée de 579 habitants au 9 novembre 1962
à 701 personnes en juillet 1965, soit un accroissement annuel de 7,08 % de
du conseil de district et par des fouilles aux anciens sites dont font mention les pari pari
fenua et les himene, chants anciens.
Selon la légende, la vallée de Ahavini aurait été peuplée il y a trois ou quatre siècles
et peut-être même plus par une tribu venue de Hitiaa (district de la côte Est de Tahiti
Nui). Après de vaillants combats à Pueu, cette tribu aurait été Refoulée au fond de la
vallée de Ahavini et se serait installée dans dernière après s'être donnée pour chef
la Reine Ahu Ura. On retrouve d'ailleurs aux emplacements actuels des aménagements
témoignant d'une forte concentration de population à une époque très reculée : marae,
ahu, paepae, umu, etc.. Les vieux informateurs du district nous racontaient que l'accès
de la côte était tabu à la tribu des Ahavini et ces derniers ne pouvaient traverser une
certaine frontière sans être tués sur le champ. La visite de la vallée nous révèle d'ailleurs
un mur de pierres, en bon état relatif où s'enchevêtrent lianes et vanille sauvages, tra
versant à un certain endroit la vallée de part et d'autre. Par contre, les populations côtières
avaient la possibilité de se rendre au fond de la vallée moyennant un droit de péage con
crétisé par une noix de coco remplie préalablement d'eau de mer, vraisemblablement
pour saler les aliments. D'autre part, les pierres levées des guerriers, le bain dit de la Reine
et le chien de pierre légendaire sont opportunément répartis entre la côte et les deux
vallées dont il s'agit.
1. Le district de Paea a 3,300 km de plus que Pueu sur la route de ceinture. SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
la population. Durant la même période, celle de Paea est passée de 2 185 habi
tants à 2 680 en 1965, représentant un accroissement annuel de 7,55 %.
Ainsi que nous le constatons, la poussée ' démographique à Paea est plus
forte qu'à Pueu, motivée par une certaine immigration en provenance des
îles et des districts éloignés de Papeete (Mataica, Papeari et districts de la
presqu'île de Tahiti), s'ajoutant à l'accroissement naturel * :
recensement juillet 1965 accr. annuel 9 nov. 1962
Pueu . .*. 579 701 7,08 %
Paea 2 185 2 680 7,55 %
L'accroissement annuel de la population dans ces deux districts est satis
faisant. Cela tient à différentes actions menées simultanément par le Gou
vernement : le dépistage de la tuberculose ; l'anéantissement presque total
de la filariose ; une action sanitaire efficace (pré et post-natale).
Les grandes endémies ont pratiquement disparu et le Service de Santé
mène avec acharnement la lutte contre les maladies vén