L innovation technique dans l industrie textile pendant la Révolution - article ; n°1 ; vol.12, pg 51-61
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Description

Histoire, économie et société - Année 1993 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 51-61
Abstract The French Revolution, although an opposite version, did not slow down the breakthrough of technical innovations, imported from England, in the textile industry, and first in cotton, during the last ten years of the Ancien Regime. Some english mechanics made obvious this technological transfer, like James Collier (traced at Toulouse, between 1792 and 1796, then at Sainte-Foy and Coye, later in Paris), or John Newton Ford around Rouen. The State fostered also directly the innovations by the national competition for the best spinning machineries, in 1803, and by the opening, the following year, of a training school for mule-spinning in the Conservatoire, in Paris, The spinning factories were numbered 6 in 1789, 37 in 1799, and 234 in 1806.
Résumé Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la Révolution française n'a pas ralenti la percée des innovations techniques, empruntées à l'Angleterre, dans le travail des fibres textiles, et d'abord du coton, durant la dernière décennie de l'Ancien Régime. Quelques noms de mécaniciens anglais illustrent ce transfert de technologie : ainsi James Collier (successivement à Toulouse, de 1792 à 1796, puis à Sainte-Foy et à Coye, et enfin à Paris après 1805), ou John Newton Ford dans la région rouennaise. L'Etat encourage directement l'innovation par le concours national des meilleures mécaniques à filer, en l'an XI, et par la création, l'année suivante, d'une école de filature mécanique au Conservatoire. On comptait 6 filatures mécaniques de coton en 1789, 37 en 1799, et 234 en 1806.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Chassagne
L'innovation technique dans l'industrie textile pendant la
Révolution
In: Histoire, économie et société. 1993, 12e année, n°1. pp. 51-61.
Résumé Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la Révolution française n'a pas ralenti la percée des innovations techniques,
empruntées à l'Angleterre, dans le travail des fibres textiles, et d'abord du coton, durant la dernière décennie de l'Ancien Régime.
Quelques noms de mécaniciens anglais illustrent ce transfert de technologie : ainsi James Collier (successivement à Toulouse,
de 1792 à 1796, puis à Sainte-Foy et à Coye, et enfin à Paris après 1805), ou John Newton Ford dans la région rouennaise.
L'Etat encourage directement l'innovation par le concours national des meilleures mécaniques à filer, en l'an XI, et par la
création, l'année suivante, d'une école de filature mécanique au Conservatoire. On comptait 6 filatures mécaniques de coton en
1789, 37 en 1799, et 234 en 1806.
Abstract The French Revolution, although an opposite version, did not slow down the breakthrough of technical innovations,
imported from England, in the textile industry, and first in cotton, during the last ten years of the Ancien Regime. Some english
mechanics made obvious this technological transfer, like James Collier (traced at Toulouse, between 1792 and 1796, then at
Sainte-Foy and Coye, later in Paris), or John Newton Ford around Rouen. The State fostered also directly the innovations by the
national competition for the best spinning machineries, in 1803, and by the opening, the following year, of a training school for
mule-spinning in the Conservatoire, in Paris, The spinning factories were numbered 6 in 1789, 37 in 1799, and 234 in 1806.
Citer ce document / Cite this document :
Chassagne Serge. L'innovation technique dans l'industrie textile pendant la Révolution. In: Histoire, économie et société. 1993,
12e année, n°1. pp. 51-61.
doi : 10.3406/hes.1993.1660
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1993_num_12_1_1660L'INNOVATION TECHNIQUE
DANS L'INDUSTRIE TEXTILE
PENDANT LA RÉVOLUTION
par Serge CHASSAGNE
Résumé
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la Révolution française n'a pas ralenti la percée des
innovations techniques, empruntées à l'Angleterre, dans le travail des fibres textiles, et d'abord du
coton, durant la dernière décennie de l'Ancien Régime. Quelques noms de mécaniciens anglais
illustrent ce transfert de technologie : ainsi James Collier (successivement à Toulouse, de 1792 à
1796, puis à Sainte-Foy et à Coye, et enfin à Paris après 1805), ou John Newton Ford dans la région
rouennaise. L'Etat encourage directement l'innovation par le concours national des meilleures
mécaniques à filer, en l'an XI, et par la création, l'année suivante, d'une école de filature mécanique au
Conservatoire. On comptait 6 filatures mécaniques de coton en 1789, 37 en 1799, et 234 en 1806.
Abstract
The French Revolution, although an opposite version, did not slow down the breakthrough of
technical innovations, imported from England, in the textile industry, and first in cotton, during the
last ten years of the Ancien Regime. Some english mechanics made obvious this technological
transfer, like James Collier (traced at Toulouse, between 1792 and 1796, then at Sainte-Foy and
Coye, later in Paris), or John Newton Ford around Rouen. The State fostered also directly the
innovations by the national competition for the best spinning machineries, in 1803, and by the
opening, the following year, of a training school for mule-spinning in the Conservatoire, in Paris,
The spinning factories were numbered 6 in 1789, 37 in 1799, and 234 in 1806.
Grâce aux efforts de quelques grands administrateurs de la fin de l'Ancien Ré
gime, comme Tolozan et John Holker, la plupart des fabricants français n'ignoraient
rien, en 1789, des nouvelles mécaniques anglaises appelées à révolutionner le travail
des fibres, qu'ils pouvaient en outre découvrir dans le cabinet de Vandermonde, à
l'hôtel de Mortagne, rue de Charonne1. L'atelier de construction de cardes et de conti
nus des M Une, établi à Passy en 1785, a déjà produit une douzaine d'assortiments
complets de filature, destinés aux entreprises soutenues par le duc d'Orléans, à Or
léans et à Montargis2. Le mécanicien William Hall, installé à Sens par Holker en
1780, construit de son côté, jusqu'en 1786, 104 mécaniques à carder et filer (81 pour
la laine, 23 pour le coton)3. L'abbé de Calonne, frère du contrôleur général, fait
construire à Melun, au début de 1788, des «machines» (des mules-jennies, dira plus
tard leur auteur) par le mécanicien anglais Philemon Pickford, auparavant établi à 52 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
Ashton (Lancs), qu'engage bientôt le fabricant de Brive Leclerc4. Un autre anglais, S.
Spencer, dirige à Amiens, dans la fabrique de velours de Morgan et Massey, un atelier
de construction de cardes et de mules (à main). En janvier 1789, Tolozan autorise
l'installation, dans l'hôpital des Quinze- Vingts, de l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées
Leturc, envoyé secrètement l'année précédente aux frais du gouvernement en Anglet
erre et en Ecosse observer les différentes mécaniques en usage, et éventuellement dé
baucher quelques ouvriers expérimentés5. La confiance que Tolozan porte à cet
«homme très intelligent et surtout fort instruit dans l'art de dessiner et ensuite
d'exécuter toutes les mécaniques qu'il voit», l'empêche de prêter une oreille favorable
aux propositions que fait au secrétaire de l'ambassade de France à Londres, à la fin de
1788, le fabricant de mousselines William Douglas, de Manchester, «de construire en
France des machines à eau, des rouets à 120 fuseaux et des machines cyclindriques à
carden> (qu'il offre au prix respectif de 1000 et 1360 l.t.). Tout en éludant ses offres,
Tolozan cependant «croit devoir le distinguer d'une foule d'Anglais qui sont venus
dans ce pays-ci nous proposer de faire des mécaniques cylindriques pour le cardage et
la filature du coton ; nous les avons crus trop légèrement, car nos mécaniques ne pro
duisent pas à beaucoup près les effets promis»6. Au même moment, l'inspecteur des
manufactures d'Amiens, Villard, reconnaît que «ce sont moins les inventions utiles
qui manquent à nos manufacturiers que les encouragements nécessaires pour les pro
voquer à les adopter», et d'expliquer la lenteur à «employer des instruments aussi
précieux», d'une part «par la méfiance envers les avantages promis par les annonces
dans les papiers publics», d'autre part «par les grands frais entraînés par la construc
tion des machines qui ne peuvent convenir qu'à des manufacturiers opulents, mais
souvent retenus par la crainte de n'être pas suffisamment dédommagés des avances
qu'ils seraient obligés de faire pour se les procurer. Il faudrait pour vaincre leur timi
dité qu'ils eussent la certitude que leurs sacrifices ne leur deviendraient point oné
reux»7. La chute de l'Ancien Régime, intervenant dans le contexte libréchangiste ou
vert en 1 787, était-elle de nature à les pousser collectivement à l'innovation ?
Après la fête de la Fédération à laquelle il participe, le Strasbourgeois Charles Al
bert, fraîchement associé au négociant bordelais Воуег-Fonfrède, retourne en Anglet
erre, où il avait déjà séjourné en 1787, pour débaucher des techniciens capables de les
aider à monter la filature qu'ils se proposent d'établir à Toulouse, en bordure du canal
du Midi. A la fin de 1790, Boyer-Fonfrède, qui a rejoint son associé outre-Manche,
mais l'y laisse poursuivre sa mission d'espionnage industriel jusqu'à son arrestation à
Manchester l'année suivante, ramène avec lui une dizaine de spécialistes, grâce aux
quels il construit (en briques) et équipe sa filature hydraulique du Bazacle, de 45 m de
long sur 12 m de large et haute de six étages, dont les continus occupent les trois pre
miers niveaux, les cardes et les étirages les deux suivants, les claies à battre et les
tables à éplucher l'avant dernier et les mules le dernier. Au début de 1793, la filature
achevée, il en confie la direction technique au mécanicien juif anglais Isaac Gould-
broof, engagé par contrat pour vingt-

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