L inscription dite de Vo-çanh - article ; n°1 ; vol.55, pg 107-116
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1969 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 107-116
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Filliozat
VI. L'inscription dite "de Vo-çanh"
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 55, 1969. pp. 107-116.
Citer ce document / Cite this document :
Filliozat Jean. VI. L'inscription dite "de Vo-çanh". In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 55, 1969. pp. 107-116.
doi : 10.3406/befeo.1969.4856
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1969_num_55_1_4856L'INSCRIPTION DITE « DE VO-CANH »
PAR
Jean FILLIOZAT
L'inscription sanskrite la plus ancienne qui ait été jusqu'ici trouvée
dans la Péninsule indochinoise, et même dans l'ensemble de l'Indochine
et de l'Indonésie, est connue depuis plus de soixante-dix ans et a donné
lieu a deux publications et à de nombreuses observations ou études.
Son importance d'une part, sa mutilation de l'autre, font qu'elle n'a
pas cessé de préoccuper les épigraphistes. Il nous a paru à nous-même
utile d'en reprendre l'étude à la lumière des données que nous sommes
amenés à recueillir dans l'Inde sur les cultures de l'époque des relations
les plus actives avec le Sud-Est asiatique.
Publiée pour la première fois par Bergaigne sous le nom d'inscription
de Nha-trang1, elle avait été trouvée effectivement dans la région de
Nha-trang, au village de Vô-canh ou, plus exactement, selon Finot qui
Га rééditée, au limitrophe de Pho-vân ou Phu-vinh, canton de
Xirong-hà, hyuçn de Vinh-xutfng (Khánh-hoa)2. Parmentier a ajouté
en 1923 les précisions suivantes : « Au Khanh-hoà, une nouvelle enquête
nous a appris que la fameuse inscription de Vô-canh (Gœ. E. 40) fut trou
vée couchée sur la lisère S. d'un tertre cam vaguement orienté, situé à
400 mètres à l'orient de l'église. Une fouille exécutée en ce point le
19 novembre 1922 en présence de M. Sylvain Lévi n'a fourni comme
vestiges que quelques rares débris de briques énormes : 0 m. 18 xO m. 35 X
0 m. 08 »3. La grandeur des briques signalées ainsi par Parmentier indique
(1) Inscriptions sanscrites de Campa et du Cambodge. Notices et extraits des mss de la
Bibl. nat., t. XXVII, 1, Paris, 1893, p. 191. Inscr. n» XX, pi. 18, fig. XXA et XXB.
(2) L. Finot, Notes ďépigraphie, XÎV-XX. BEFEO, 1915, t. XV, 2, p. 3.
(3) H. Parmentier. Notes d'archéologie indochinoise. I. Relevé des points cams découverts
en Annam depuis la publication de l'Inventaire. BEFEO, t. XXIII, 1923, Hanoi, 1924, p. 269.
L'inscription a été mentionnée antérieurement dans G. Cœdès, Inventaire des inscriptions
du Champa et du Cambodge, BEFEO, VIII, 1908, p. 43 (n» 40).
8 JEAN FILLIOZAT 108
qu'elles sont les vestiges d'une construction ancienne, sans qu'on puisse
tirer de ce fait une indication précise d'époque.
La localisation de la trouvaille sur le territoire de l'ancien royaume
de Campa et l'ancienneté des caractères sanskrits employés dans l'in
scription ont fait d'abord considérer celle-ci comme appartenant au
royaume de Campa hindouisé. Mais dès 1927, Finot l'attribuait plutôt
à un état indépendant vassal du Fou-nan, sans exclure la possibilité que
cet état ait été ensuite absorbé par Campa1. C'est finalement l'opinion
la rattachant au Fou-nan qui prévaut2. De toute façon, le site de la trou
vaille doit être celui où elle avait été érigée, car il est peu probable que le
bloc sur lequel elle a été gravée ait été transporté d'ailleurs une fois
inscrit. Il s'agit d'un granit de plus de 2 m. 50 de haut, en forme de
pilier grossièrement rectangulaire de 0 m. 72 dans sa plus grande largeur
et 0 m. 67 dans sa plus grande épaisseur (cf. fig. 1).
Le haut du bloc est brisé obliquement sur une des faces de la largeur
(fig. 2) et l'inscription sur la face opposée est presque complètement
effacée jusqu'à la ligne 6 (fig. 3 et 4). Il en est de même sur la face laté
rale gauche et, là, jusqu'à la ligne 8. Sur la face latérale droite (fig. 5)
seules apparaissent quelques traces de caractères (fig. 6).
Les caractères sont très grands, de 4 cm. de hauteur en moyenne.
Leurs détails sont parfois indistincts malgré cette dimension, par suite
des inégalités du granit. Certains de ces détails utilisés dans le déchiffr
ement donné ci-après, ne sont pas visibles sur les photographies ni les
estampages (fig. 7), mais décelables ou confîrmables seulement en
suivant du doigt le tracé du caractère sur la pierre elle-même, car ainsi
on a pu distinguer souvent des irrégularités naturelles du roc le trait
artificiel continu de la gravure.
Comme l'avait souligné Bergaigne, ces caractères sont comparables à
ceux des inscriptions de Rudradâman à Girnar et de Vâsisthïputra à
Kanheri du ne siècle de notre ère. Il estimait que l'inscription de Vô-
canh ne semblait pouvoir en aucun cas être postérieure au ше siècle3.
Sans contester l'ancienneté de l'inscription depuis lors admise par
tous, plusieurs épigraphistes ont d'abord discuté les rapprochements
qu'avait faits Bergaigne avec les inscriptions de l'Inde.
M. R. С Majumdar4 a souligné deux caractères qui la différenciaient
de celles de Rudradâman et de Vâsisthïputra : l'absence d'une légère
courbure des hampes verticales en crochet vers la gauche, qui existe dans
les deux dernières inscriptions, et l'absence de l'incurvation vers la
gauche de l'extrémité supérieure du trait vertical de /, qui existe aussi
dans ces mêmes inscriptions. De plus diverses particularités de l'écriture
de Vô-canh se retrouvent dans les inscriptions kusâna. Il en résultait
pour M. Majumdar que cette écriture était originaire du Nord de l'Inde
et même que les premiers « colonisateurs » de l'Indochine étaient origi
naires du Nord5.
(1) J. A., 1927, 1, p. 186 ; BEFEO, 1928, XXVIII, p. 286-287.
(2) G. Cœdès, Les états hindouisés ď Indochine et ď Indonésie, 3e éd., Paris, 1964, p. 81.
(3) ISCC, p. 192.
(4) La paléographie des inscriptions du Champa, BEFEO, 1932, XXXII, p. 136.
(5) Ibid., p. 138. DITE «DE VÔ-CANH» 109 L'INSCRIPTION
M. K. A. Nilakanta Sastri1 a contesté les arguments de M. Majumdar
et souligné qu'on ne pouvait en tout cas en tirer une conclusion quant à
l'origine nordique des premiers Indiens établis en Indochine. Il a fait
valoir également et à juste titre que l'écriture de Vô-canh est antérieure
à celles des inscriptions de Bhadravarman et de Mûlavarman2.
Cette dernière opinion est toujours celle de M. Chhabra3.
M. D. G. Sircar a cependant tenté de soutenir que l'inscription de
Vô-canh était beaucoup plus tardive qu'on ne l'avait cru. Mais les
raisons qu'il en a données n'étaient pas d'ordre paléographique. Au
contraire, pour expliquer la forme ancienne qu'il admettait pour l'écri
ture, en contradiction avec la date qu'il avançait (pas plus tôt que la
première moitié du ive siècle et peut-être plus tard), il invoquait
le « conservatisme des scribes indochinois ». Ce conservatisme était
supposé pour l'occasion. Il n'en existe pas de preuve. Au contraire
Bergaigne avait déjà relevé que les modes graphiques de l'Inde, dans
la période où les inscriptions abondent, étaient aussitôt adoptées en
Indochine, avant que les écritures s'y soient particularisées suivant
les régions et aient commencé à suivre leur évolution propre4. Ce
conservatisme supposé supposerait d'ailleurs lui-même une interrup
tion dans les relations avec l'Inde, autrement on ne comprendrait pas
qu'il ait pu se maintenir en face des variations indiennes incessantes.
M. Sircar en diminue lui-même d'autant plus la vraisemblance qu'il
rapproche davantage l'inscription de Vô-canh de l'époque de celle de
Bhadravarman, laquelle témoigne d'une nette évolution de l'écriture
entre les deux. Le conservatisme, nécessaire à imaginer pour expliquer
l'archaïsme de l'écriture dans l'hypothèse de l'abaissement de la date,
aurait brusquement dû cesser précisément si la date était abaissée.
L'argumentatio

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