L Ostrevant. Enquête au sujet de la frontière française sous Philippe VI de Valois - article ; n°1 ; vol.82, pg 316-329
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1921 - Volume 82 - Numéro 1 - Pages 316-329
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1921
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jules Viard
L'Ostrevant. Enquête au sujet de la frontière française sous
Philippe VI de Valois
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1921, tome 82. pp. 316-329.
Citer ce document / Cite this document :
Viard Jules. L'Ostrevant. Enquête au sujet de la frontière française sous Philippe VI de Valois. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1921, tome 82. pp. 316-329.
doi : 10.3406/bec.1921.448653
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1921_num_82_1_448653L'OSTREVANT
ENQUÊTE AU SUJET DE LA FRONTIÈRE FRANÇAISE
SOUS PHILIPPE VI DE VALOIS
Le partage de l'empire de Charlemagne effectué, en août 843,
entre les trois fils de Louis le Débonnaire, fut la cause de nom
breuses contestations et souvent de conflits entre les chefs des
états formés à la suite de ce démembrement. Par le traité de
Verdun, Lothaire eut une longue bande de terrain comprise
entre l'Escaut et le Rhin jusqu'à la mer ; son royaume englobait
en outre, dans cette région, le Cambrésis et le Hainaut, puis,
suivant la Meuse, la Saône et le Rhône, s'étendait jusqu'à la
Méditerranée1. Après la mort de Lothaire II (8 août 869), son
royaume fut de nouveau divisé, et, d'après l'acte de partage de
870, la partie située à l'ouest de l'Escaut revint à Charles le
Chauve; par conséquent, le territoire formant le pagus Ostre-
banti, plus tard l'Ostrevant, fut réuni à la France2.
Quelles étaient l'étendue et les limites de l'Ostrevant? Le
mémoire présenté à Philippe de Valois permet de répondre avec
précision. On y dit que ce pays avait huit lieues de long et au
maximum cinq de large, et que, de plus, il était entouré d'eau.
1. Longnon, Atlas historique de la France, texte explicatif des planches,
p. 72.
2. Longnon, Atlas de la France, pi. VIII. C'est ce que l'on s'ef
force de prouver à l'aide d'arguments diplomatiques dans le mémoire que
nous publions. Voir aussi sur l'Ostrevant : le comte de Loisne, Dictionnaire
topographique du déparlement du Pas-de-Calais , et sur la composition
de l'archidiaconé d'Ostrevant, ibid., Introduction, p. xxxiv. Le Glay, Docu
ments pour servir à l'histoire du comté d'Ostrevant, dans : Mémoires
de la Société nationale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille,
1851, p. 531 et suiv. Ce travail a été reproduit par le même auteur dans ses
Nouveaux analecles ou documents inédits pour servir à l'histoire des faits,
des mœurs et de la littérature... Paris, Techener, 1852, in-8°. l' ostrevant. 317
II était borné, d'un côté par la Scarpe qui, d'Arras, passe à
Biache-Saint-Vaast, a Douai, près de Lalaing, à Anchin, à Mar-
chiennes, à Saint- Amand, puis va se jeter dans l'Escaut àMor-
tagne l ; d'un autre côté par la Sensée qui, après avoir baigné
Êtaing2, faisant déjà partie de l'Ostrevant, arrive dans les étangs
de Lécluse, passe ensuite devant Arleux et se perd dans l'Es
caut sous les murs de Bouchain. A partir de cette ville, c'est
l'Escaut qui , jusqu'à sa j onction avec la Scarpe , forme les
limites de l'Ostrevant3.
De prime abord, ce pays paraît bien délimité et il semblerait
qu'aucune contestation ne pût surgir au sujet des droits, tant du
roi de France que du comte de Hainaut ou des autres princes
dont les possessions étaient sur les rives opposées des cours
d'eau qui enserraient l'Ostrevant4. Mais, d'un côté, l'enchevê
trement des justices seigneuriales et ecclésiastiques au moyen
âge; d'un autre côté, la situation de certaines villes à cheval
sur les rivières formant les limites du pays, furent souvent la
cause de contestations entre la France et l'Empire ou ses vas
saux. Ainsi, la situation de la seigneurie de Mortagne et celle
de la ville de Valenciennes feront comprendre facilement com
ment les conflits purent surgir.
La seigneurie de Mortagne, à cheval sur l'Escaut et sur la
Scarpe, relevait de trois pays et de trois diocèses5. La rive
gauche de la Scarpe se trouvait dans cette région en Tournai-
sis et ressortissait au diocèse de Tournai ; la rive droite de l'Es
caut était dans le Hainaut et le diocèse de Cambrai, et entre les
deux cours d'eau se glissait l'Ostrevant qui relevait du diocèse
d'Arras. Les différentes parties de cette petite seigneurie se
trouvaient donc en Hainaut, en Ostrevant et en Tournaisis, par
conséquent dans l'Empire et dans le royaume de France.
1. Et non à Antoing, comme le dit le mémoire.
2. Étaing, Pas-de-Calais, arr. d'Arras, cant, de Vitry-en-Artois.
3. Le souvenir de l'Ostrevant a subsisté et subsiste encore dans les sur
noms de plusieurs communes des départements du Nord et du Pas-de-Calais.
On peut relever clans le Dictionnaire des postes : Sailly en Ostrevant, Marcq
en Ostrevant, Montigny en Ostrevant, et y ajouter, d'après Cassini : Mar
quette en Ostrevant, Masny en Ostrevant et Erre en Ostrevant.
4. L'Ostrevant confinait au Cambrésis par le sud, à la Flandre par le nord,
au Hainaut par l'est, à l'Artois par l'ouest (Le Glay, op. cit., p. 533).
5. A. d'Herbomez, Un épisode du règne de Philippe le Bel : l'annexion de
Morkujne à la France en 131b, dans Revue des Questions historiques, t. LUI,
p. 27. l'ostkevant. 318
La situation de Valenciennes était analogue. Traversée par
l'Escaut, une partie de la ville était en France et l'autre partie
dans l'Empire. D'après Henri d'Outreman1, le château et la
plus grande partie de Valenciennes dépendaient de l'Empire,
tandis que tout ce qui était au delà de l'Escaut relevait du roi
de France et était en Ostrevant; ce qui concorde avec le
mémoire du xive siècle, d'après lequel l'Ostrevant s'étendait
dans Valenciennes jusqu'à l'Escaut et au pont Noirron. Or, les
Valenciennois, qui, en 1292, se plaignaient du comte de Hai
naut, l'ayant vu prêter hommage au roi de France pour l'Ostre
vant, prétendaient que toute la ville était en Ostrevant et devait
ainsi se trouver en France2.
Jusqu'à Philippe le Bel, il ne semble pas que des difficultés
aient surgi entre les rois de France et l'Empire ou les vassaux
de l'Empire au sujet de l'Ostrevant; mais sous ce prince, des
contestations s'élevèrent avec le comte de Hainaut à propos des
limites de l'Ostrevant et des droits du roi en ce pays3.
Avant les dernières années du xiii0 siècle, l'Ostrevant apparte
nait au comte de Flandre; Marguerite de Constantinople, comt
esse de Flandre, morte le 10 février 1280 (n. st.), ayant assuré le
Hainaut à son fils aîné, Jean d'Avesnes, mort avant sa mère le
24 décembre 1256, ce fut Jean II petit-fils de Marg
uerite, qui, à la mort de cette dernière, entra en possession du
1. Histoire de la ville et comté de Valentiennes , 1639, in-fol. p. 105.
2. A. d'Herbomez, op. cit., p. 32.
3. A la même époque, on peut signaler de semblables conilits, à propos des
frontières, dans l'Argonne et dans le val d'Aran. Voir Julien flavet : la Front
ière d'Empire dans l'Argonne, enquête faite par ordre de Rodolphe de Habs
bourg à Verdun, en mai 1288, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLII (188 1),
p. 383. Cf. H. Stein et L. Le Grand, la Frontière d'Argonne (8&3-1659). Pro
cès de Claude de La Vallée (1535-1561). Paris, Picard, 1905. Philippe Lauer,
Une enquête au sujet de la frontière française dans le val d'Aran sous Phi
lippe le Bel, dans : Comité des travaux historiques et scientifiques. Bulletin
de la section de géographie, t. XXXV (1920), p. 17-38. Ces entreprises justi
fient bien ce que dit Wauters des vues ambitieuses de ce roi : « Philippe le
Bel et ses conseillers étaient bien décidés à ne rien négliger pour maintenir
ou étendre les droits et la prépondérance de la monarchie française. Ainsi
qu'on l'a parfaitement établi, ils aspiraient à donner à la France les limites
du Rhin et môme à doter de la dignité impériale la race de Hugues Capet. »
( le Hainaut pendant la guerre du comte Jean d'Avesnes contre la ville de
Valenciennes (1290-1297), p. 16 et 17; extrait du t. II, n° 6, 4e série des Bull
etins de la Commission royale d'histoire de Belgique). Cf. Boutaric, la
France sous Philippe le Bel, p. 410 et suiv. F/OSTREVAiNT. 3

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