La conjugaison dans le premier cycle - article ; n°1 ; vol.33, pg 111-124
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Description

Langue française - Année 1977 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 111-124
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Couté
La conjugaison dans le premier cycle
In: Langue française. N°33, 1977. pp. 111-124.
Citer ce document / Cite this document :
Couté Bernard. La conjugaison dans le premier cycle. In: Langue française. N°33, 1977. pp. 111-124.
doi : 10.3406/lfr.1977.5376
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1977_num_33_1_5376Bernard Coûté, CES Jean-Baptiste-Say, Paris
LA CONJUGAISON DANS LE PREMIER CYCLE
L'enseignement de la conjugaison a été en partie rénové à l'école
élémentaire par la circulaire du 4 décembre 1972. Par contre, dans le
premier cycle, où il devient possible de donner une connaissance plus
approfondie du système verbal, il semble quelque peu négligé, dans les
programmes (« Révision des formes verbales qui doivent êtres sues imper
turbablement »... programme de 5e) et dans la pratique. Cet enseignement
n'a guère bénéficié des études assez nombreuses qui sont consacrées à la
morphologie du verbe. Les travaux auxquels nous renvoyons dans la
bibliographie permettent de prendre conscience de l'organisation générale
du système en évitant la multiplication des règles qui donnent l'impres
sion décourageante qu'il n'y a pas de lois susceptibles de produire l'e
nsemble des formes verbales ou du moins une proportion appréciable des
formes usuelles.
Nous souhaiterions que cet article, qui tente d'utiliser dans une
perspective pédagogique les descriptions évoquées ci-dessus, permette à
nos collègues de concevoir un enseignement plus cohérent qui s'attache
avant tout à mettre en évidence les régularités du système.
La pratique courante de l'apprentissage des conjugaisons appelle deux
critiques essentielles.
1. Les analyses et les classements sont opérés sur le seul code écrit
(formes graphiques). Le dictionnaire de Bescherelle ne donne jamais la
prononciation et ne regroupe les verbes qu'en fonction de leur particul
arités orthographiques. Ainsi le tableau 15 (apprécier) sert de modèle
pour crier, uniquement parce qu'on écrit appréciions et criions, bien que,
en code oral, ils appartiennent à deux ensembles différents de verbes à
deux bases (appelées aussi radicaux ou thèmes, les bases sont les variantes
combinatoires du lexeme verbal. Ex : /tjs/, /tan/, /tjsn/, /tjld/ sont
les bases de tenir) : apprécier : /apresi/ ~ /apresy, crier : /kri/ ~
/krij/. Or il semble anormal, pour procéder du connu à l'inconnu,
d'aborder l'étude de la conjugaison sans se référer à la pratique orale
de la langue acquise dès le plus jeune âge par les élèves francophones.
111 Dans le cadre scolaire, la leçon de conjugaison qui consiste sur2.
tout à fixer les formes graphiques rebute par son aspect mécanique et
répétitif. La conjugaison, souvent encore synonyme de punition, semble
exclure l'observation et la réflexion. Elle consiste aussi le plus souvent à
apprendre chaque forme de chaque temps de chaque verbe à apprendre en
fait par enumeration. Appliquée à la syntaxe de la phrase une telle
« méthode » conduirait à apprendre une à une toutes les phrases possibles
dans une langue donnée. Ce serait renoncer à mettre en évidence un
système, qui est une grammaire. Une progression fondée sur la réparti
tion en trois groupes n'établit qu'un ordre apparent puisqu'il n'y a pas de
groupe où la forme de l'infinitif soit liée à une série de désinences gra
phiques (cueillir se conjugue comme chanter) et que, par ailleurs, à un
même type d'infinitif ne correspond pas une seule conjugaisin (dormir
et ouvrir, classés dans le troisième groupe se construisent l'un sur trois
bases /dor/, /dorm/, /dormi/, l'autre sur deux /uvr, /uvri/.
Il est nécessaire de mettre fin à cette situation de dispersion pour
montrer à l'élève qu'il existe un système de la conjugaison qui établit une
véritable grammaire du verbe. C'est en partant de ses connaissances ponct
uelles acquises au cours de sa scolarité élémentaire, qu'on peut l'amener,
par degrés, à poser sur celles-ci un système qui, une fois mis à jour,
l'aide à élargir sa compétence.
Dès lors quels objectifs peut-on proposer pour rénocer cet ense
ignement ?
I. Passer du code oral au code écrit.
La conjugaison d'un verbe présente un double système : celui de
sa conjugaison orale et celui de sa conjugaison écrite. Le premier doit
être considéré comme la conjugaison de base. L'apprentissage de la conju
gaison suppose donc deux opérations successives : assurer la maîtrise de
la conjugaison primitive et passer du code oral au code écrit. Le premier
objectif sera donc de montrer le plus simplement possible qu'il existe des
différences importantes entre les deux conjugaisons.
— Le code oral présente un nombre réduit de formes, trois le plus
souvent, cette réduction étant rendue possible par le jeu des indices per
sonnels. Ainsi pour conjuguer parler au présent, il suffit de connaître trois
formes /pari/, /parlo/, /parle/, associées à /33/, /ty/, /il/, /nu/,
/vu/, ou même deux puisqu'on observe la substitution fréquente de
/oparl/ à /nuparlô/. Mais pour l'écrire, il faut en connaître cinq :
parle — parles — parlent — parlons — parlez et les associer à je — il
— on, tu, ils, nous, vous.
— Le code écrit note des différences que ne marque pas le code
oral et à une forme orale peuvent correspondre plusieurs formes graphi
ques. Ex. /parlare/ = parlerais, parlerait, parleraient et même parlerai
(voir note p. 6) e, est toujours noté au futur des verbes en -er sans être
toujours prononcé.
112 — Inversement le CO marque des différences masquées par la gra
phie. Exemples : — étudie : i = /i/
— étudions : i = /j/
— oublions : i = /ij/
— La conjugaison orale n'emploie pas, dans les conditions normales
de la communication, toutes les séries (appellation préférée à celle, ambig
uë, de « temps ») figurant sur les grilles des manuels. La conjugaison de
base présente cinq séries : l'indicatif présent, l'imparfait et le subjonctif
présent qui constituent un premier ensemble morphologique, puis le futur
et le « conditionnel présent » qui en constituent un second. Ajoutons l'im
pératif et le futur périphrastique qui empruntent leurs formes à l'un des
temps primitifs et qui sont largement employés dans le code oral.
Le code écrit utilise des séries spécifiques. C'est le cas du passé
simple et de l'imparfait du subjonctif qui sont à étudier dans les textes
écrits et dont une connaissance « passive » est nécessaire pour lire. Ils
présentent un système morphologique particulier qui les isole dans l'e
nsemble des séries, et que nous n'étudierons pas dans le cadre de cet
article.
Dans l'ensemble les manuels scolaires consacrent peu de pages à la
morphologie verbale et les plus récents, même lorsqu'ils utilisent un cla
ssement par bases (Grunenwald-Mitterand, Itinéraire grammatical, 5e,
Nathan) ou attirent l'attention sur le code oral en donnant des transcrip
tions phonétiques (Obadia-Dascotte, Grammaire, 6e Hachette, note les
bases en phonétique) ne se proposent pas de tirer toutes les conséquences
pédagogiques de l'opposition des deux conjugaisons. La principale diffi
culté consistant à passer de l'une à l'autre, c'est en les comparant qu'on
peut espérer rendre les élèves maîtres de l'ensemble du système. Malgré
quelques progrès, le code oral reste la face cachée de la conjugaison.
II. Faire apparaître le système.
Le souci de construire un système n'a jamais été absent des manuels
scolaires.
Donner des verbes-types, c'est déjà rechercher une structuration.
Mais le refus de tenir compte du code oral conduit certains auteurs à des
choix dangereux. La « Grammaire fonctionnelle » de Vaillot-Maître, éd.
Belin, donne crier comme modèle des verbes du premier groupe. L'analyse
purement graphique cri-e, cri-ons ne révèle pas les deux bases, ce qui est
portant nécessaire pour prévenir la production de formes aberrantes :
Vilkrij/ en code oral, *nous crillons, en code écrit.
L'activité de structuration à proposer aux élèves doit se développer

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