La fonction du couple saint évêque/saint moine dans la mémoire de l Église de Reims au Xe siècle - article ; n°1 ; vol.149, pg 225-240
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La fonction du couple saint évêque/saint moine dans la mémoire de l'Église de Reims au Xe siècle - article ; n°1 ; vol.149, pg 225-240

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Publications de l'École française de Rome - Année 1991 - Volume 149 - Numéro 1 - Pages 225-240
Quand le chanoine Flodoard écrit au milieu du Xe siècle une Histoire de l'Église de Reims, il fait trois fois intervenir, parallèlement à de saints évêques des VIe et VIIe siècles, de saints moines. Et dans les trois cas, la mémoire des couples ainsi formés est liée à la fondation d'un prestigieux monastère du diocèse.
À l'évêque Remi (av. 475-v. 534) est associé le moine Thierry qui donne son nom au plus ancien monastère du diocèse de Reims : Saint-Thierry. À l'évêque Gilles (av. 573-590) est associé le moine aquitain Basle et la fondation du monastère Saint-Basle de Verzy. À l'évêque Nivard est associé le moine Bercaire et la fondation du monastère d'Hautvilliers. Ces trois couples sont examinés successivement pour établir quelles places respectives l'historien assigne à l'évêque et au moine, et dans quelle mesure ils ont valeur exemplaire pour le Xe siècle.
Dans les trois cas, la fondation monastique est attribuée à l'évêque qui impose au Xe siècle, la réforme de ces monastères.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 33
Langue Français
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Extrait

Michel Sot
La fonction du couple saint évêque/saint moine dans la mémoire
de l'Église de Reims au Xe siècle
In: Les fonctions des saints dans le monde occidental (IIIe-XIIIe siècle). Actes du colloque de Rome (27-29 octobre
1988). Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 225-240. (Publications de l'École française de Rome, 149)
Résumé
Quand le chanoine Flodoard écrit au milieu du Xe siècle une Histoire de l'Église de Reims, il fait trois fois intervenir,
parallèlement à de saints évêques des VIe et VIIe siècles, de saints moines. Et dans les trois cas, la mémoire des couples ainsi
formés est liée à la fondation d'un prestigieux monastère du diocèse.
À l'évêque Remi (av. 475-v. 534) est associé le moine Thierry qui donne son nom au plus ancien monastère du diocèse de
Reims : Saint-Thierry. À l'évêque Gilles (av. 573-590) est associé le moine aquitain Basle et la fondation du monastère Saint-
Basle de Verzy. À l'évêque Nivard est associé le moine Bercaire et la fondation du monastère d'Hautvilliers. Ces trois couples
sont examinés successivement pour établir quelles places respectives l'historien assigne à l'évêque et au moine, et dans quelle
mesure ils ont valeur exemplaire pour le Xe siècle.
Dans les trois cas, la fondation monastique est attribuée à l'évêque qui impose au Xe siècle, la réforme de ces monastères.
Citer ce document / Cite this document :
Sot Michel. La fonction du couple saint évêque/saint moine dans la mémoire de l'Église de Reims au Xe siècle. In: Les fonctions
des saints dans le monde occidental (IIIe-XIIIe siècle). Actes du colloque de Rome (27-29 octobre 1988). Rome : École
Française de Rome, 1991. pp. 225-240. (Publications de l'École française de Rome, 149)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1991_act_149_1_4199MICHEL SOT
LA FONCTION DU COUPLE SAINT ÉVEQUE/SAINT MOINE
DANS LA MÉMOIRE DE L'ÉGLISE DE REIMS
AU Xe SIÈCLE
En 948, le synode réuni à Ingelheim, près de Mayence, a mis fin
aux conflits qui troublent gravement la vie de l'archevêché de Reims.
En 925, en effet, le comte Herbert II de Vermandois avait imposé sur la
cathèdre archiépiscopale son jeune fils Hugues, âgé de cinq ans. Ce
dernier fut expulsé six ans plus tard, en 931, par le roi Raoul qui impos
a alors un moine de Saint-Remi de Reims nommé Artaud. L'archevê
que Artaud était à son tour déposé en 940, tandis que Hugues retrouv
ait son siège d'où il était à nouveau expulsé en 946, au profit d'Artaud.
Ce chassé-croisé d'archevêques de Reims témoignait en fait d'une lutte
triangulaire entre princes que se livraient, autour du lieu de pouvoir
capital qu'est Reims, le roi de Francie de l'Ouest (Raoul de Bourgogne
(922-936) puis Louis IV d'Outremer (936-954)), le comte Herbert de Ver
mandois qui cherche à se constituer une principauté en France Mineur
e, et le duc robertien de Neustrie Hugues le Grand, devenu duc des
Francs en 936. Le tout sous l'œil attentif du roi saxon de Francie de
l'Est, d'abord Henri puis le futur empereur Otton Ier.
Le concile d'Ingelheim, réuni sous l'autorité d'Otton Ier mit un te
rme à cette période troublée en imposant définitivement l'archevêque
Artaud à Reims, en excommuniant son compétiteur Hugues de Ver
mandois et en confortant le pouvoir du roi Louis IV d'Outre-Mer par la
condamnation et l'excommunication du duc des Francs Hugues le
Grand.
C'est à la suite de ces événements et des solutions imposées par le
concile que le chanoine Flodoard écrit, entre 948 et 952, peut-être à la
demande de l'archevêque de Trêves Robert, une Histoire de l'Église de
Reims. Ce texte apparaît comme une mise en ordre de la mémoire de
l'église depuis les origines de la cité «jusqu'à nos jours», en suivant très 226 MICHEL SOT
attentivement la liste episcopale1. Or, par trois fois, traitant des évê-
ques des VIe et VIIe siècles, Flodoard semble s'écarter momentanément
de son sujet pour faire intervenir, parallèlement aux saints évêques, de
saints moines. Et dans les trois cas, la mémoire des couples ainsi for
més entre saint évêque et saint moine est liée à la fondation d'un presti
gieux monastère du diocèse de Reims :
- à l'évêque saint Remi (av. 475-v. 534), le plus illustre des évê
ques de Reims, est associé le moine saint Thierry qui donne son nom au
plus ancien monastère du diocèse de Reims, situé à 7 km au nord de la
cité;
- à l'évêque Gilles (Egidius, av. 573-590) est associée le moine
saint Basle qui donne également son nom à un monastère situé à une
quinzaine de km au sud-est de la cité;
- à l'évêque saint Nivard enfin (av. 657-673) est associée la mé
moire du saint moine Bercaire qui participe à la fondation de l'abbaye
d'Hautvillers, dominant la Marne près d'Épernay, à environ 20 km au
sud de Reims.
Dans la perspective de ce colloque, j'examine successivement ces
trois couples saint évêque/saint moine en me demandant quelle est leur
fonction dans l'histoire telle que la conçoit et l'écrit un chanoine de la
cathédrale de Reims au milieu du Xe siècle; quelle place respective assi-
gne-t-il à l'évêque et au moine dans ces couples historiques et dans
quelle mesure ont-ils valeur exemplaire pour le Xe siècle. Mais nous
savons bien que l'historien, au Xe siècle comme à toutes époques,
dépend aussi de ses documents et pas seulement de sa problématique
ou des buts qu'il assigne à son œuvre. Et en lisant Flodoard, il faudra
s'interroger sur ses sources, des textes hagiographiques dont nous
allons voir qu'ils sont généralement récents, puisque souvent rédigés
sous la puissante impulsion de l'archevêque Hincmar (845-882).
Si bien que la mémoire des évêques et des moines dont il est ici
question, c'est celle qu'a élaborée l'historien du Xe siècle, lecteur des
1 Historia Remensis Ecclesiae, éd. J. Heller et G. Waitz, MGH SS, t. 13, 1881, p. 490-
599. Cité désormais HRE. C'est par Flodoard aussi que nous connaissons les événements
qui viennent d'être évoqués. Il les a consignés, année par année comme le veut le genre
littéraire, dans ses Annales, éd. P. Lauer, Paris, 1905 {Collection de textes pour servir à
l'étude et à l'enseignement de l'histoire, 39). LA FONCTION DU COUPLE SAINT ÉVÊQUE/SAINT MOINE 227
hagiographes du IXe siècle, qui nous parlent, à partir de documents
souvent disparus, de saints des VIe et VIIe siècles.
Il restera au terme à s'interroger sur les rapports entre l'image
idéale des relations de l'évêque avec le moine véhiculée par cette
mémoire et la réalité du milieu du Xe siècle, autant que l'on peut la
connaître.
Saint Remi et saint Thierry2
Pour Flodoard, Remi, quinzième évêque de Reims, est en tous
points l'évêque exemplaire. Élu de Dieu dès avant sa naissance miracul
euse, il a converti les Francs à l'orthodoxie catholique. C'est lui qui
donne la victoire à Clovis et qui légitime son pouvoir. Sur le plan pro
prement religieux il prêche, défend la bonne doctrine et réconcilie les
pécheurs. Il a en outre acquis de nombreux domaines pour l'église de
Reims et lui a légué ses biens propres par son fameux testament3.
Depuis sa mort, les miracles n'ont pas cessé : miracles de protec
tion des biens de l'église que Flodoard classe par ordre chronologique
depuis la mort du saint prélat jusqu'à l'époque où il écrit; miracles de
guérison auprès du corps de saint Remi, en particulier lors des grandes
translations qui ont eu lieu en 881-882 et au tout début du Xe siècle4.
Ces miracles témoignent de la présence active de saint Remi depuis sa
mort usque hodie. Tout ce qui est important à Reims remonte à Remi et
dépend de lui : le monachisme aussi.
Aux treize chapitres que Flodoard consacre à Remi dans le livre I
de son Histoire, il en rajoute deux concernant saint Thierry (Theoderi-
cus) et l'un de ses successeurs, saint Thiou (Theofuldus)5.
Ce n'est pas tout à fa

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