La fondation d une église latine en Orient par saint Louis : Damiette - article ; n°1 ; vol.120, pg 39-54
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La fondation d'une église latine en Orient par saint Louis : Damiette - article ; n°1 ; vol.120, pg 39-54

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1962 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 39-54
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Richard
La fondation d'une église latine en Orient par saint Louis :
Damiette
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1962, tome 120. pp. 39-54.
Citer ce document / Cite this document :
Richard Jean. La fondation d'une église latine en Orient par saint Louis : Damiette. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1962,
tome 120. pp. 39-54.
doi : 10.3406/bec.1962.449635
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1962_num_120_1_449635LA
FONDATION D'UNE ÉGLISE LATINE EN ORIENT
PAR SAINT LOUIS : DAMIETTE
La charte de fondation de l'église cathédrale de Damiette,
en Egypte, est depuis longtemps accessible aux érudits.
Transcrite dans le registre F de Philippe Auguste, avec un
certain nombre d'autres actes émanant de la chancellerie
royale, au temps de la septième croisade \ elle a été dûment
répertoriée par Reinhold Röhricht, dans un de ses recueils
d'actes concernant l'histoire de l'Orient latin2, après avoir
été publiée par les soins de Baluze3. Néanmoins, les histo
riens paraissent avoir négligé ce texte : il a été notamment
ignoré de Davis, dans son histoire de la campagne de saint
Louis en Egypte 4.
Il mérite cependant, croyons-nous, de retenir l'attention.
Car c'est un acte exceptionnel : nous ne possédons pas d'autre
charte constituant en terre d'Orient un siège episcopal, une
église cathédrale et sa dotation, et fixant leur statut dans
une seigneurie latine au moment même où celle-ci venait de
s'installer sur un sol enlevé à la domination musulmane. Et
il peut contribuer à éclairer la politique qui fut, outre-mer,
celle des rois Capétiens.
La charte est datée de novembre 1249, au moment où
1. Bibl. nat., fonds latin, ms. 9778 (Colb. 2669, Regius 9852/3), fol. 1.
2. Die Kreuzzug Louis IX. gegen Damiette (in Regestenform), dans Kleine
Studien zur Geschichte der Kreuzzüge, Berlin, 1890, p. 18.
3. Miscellaneorum liber quartus, hoc est collectio veterum monumentorum, Paris,
F. Mugnet, 1683, p. 491-492 (dans la réédition des Miscellanea, par Mansi, t. Ill,
p. 100).
4. E. J. Davis, Invasion of Egypt in A. D. 1249 (A. H. 647) by Louis IX of
France, London, 1897. La meilleure relation de la septième croisade est actuell
ement celle qu'a donnée M. J. R. Strayer, dans V History of the Crusades, publiée
par l'Université de Pennsylvanie, t. II, 1962, p. 487-508. JEAN RICHARD 40
l'armée des Croisés campait devant Damiette conquise, de
l'autre côté du bras du Nil qui baignait les murs de la ville :
c'est le 20 novembre qu'elle allait se mettre en marche en
direction du Caire. Son préambule nous rappelle dans quelles
conditions quasi miraculeuses la grande cité commerçante
était tombée aux mains de saint Louis, le lendemain même
du jour où il avait débarqué sur la terre d'Egypte, par suite
de la fuite précipitée de la garnison et de toute la population,
qui laissaient derrière elles une ville intacte (5 juin 1249).
Saint Louis présentait donc la fondation du siège archiépis
copal comme un acte d'action de grâces pour une faveur
signalée de la Providence.
Ce qui nous étonne un peu, c'est l'absence dans cet acte
de toute référence à la création antérieure d'une église latine
à Damiette. Car la mosquée, préalablement purifiée des
paganorum spurcicia, où saint Louis érigeait le siège archi
épiscopal, après qu'elle eut été consacrée à la Vierge Marie,
avait déjà servi d'église trente ans plus tôt, lorsque les
Croisés avaient occupé Damiette pour la première fois. Elle
seule, d'ailleurs, devait être épargnée par les Mameluks
quand ils procédèrent à la destruction de la ville, en 1250 1.
S'était-on aussi inspiré du précédent de 1220 pour définir
la seigneurie concédée à l'archevêque à l'intérieur de la
ville? Nous l'ignorons totalement2. Saint Louis affectait au
nouveau prélat et à son chapitre un vaste terrain, voisin de
l'église, et qui allait jusqu'à l'enceinte. Deux tours de celle-ci
furent données à l'archevêque, avec une maison appelée la
Mahomerie et une place qui s'étendait en avant de ces deux
tours. Quant au « cloître » destiné aux chanoines, il allait
1. Elle avait été reconstruite en 1107 et devait l'être à nouveau au début du
xive siècle. Olivier de Paderborn nous en a laissé une description, avec sa vaste
cour, sa grande salle de prière à six nefs surmontée d'une coupole. Cf. Georges
Salmon, Rapport sur une mission à Damiette ( niai-juin 1901), dans Bulletin de
■l'Institut français d'archéologie orientale, t. II, 1902, p. 71-89 et particulièrement
p. 72-73 et 86. — Cf. la lettre de Blanche de Gastille au roi d'Angleterre (Mathieu
Paris, Chronica majora, éd. Luard, t. VI, Additamenta, p. 166-167) : « et reconci-
liato loco Mahomeriâe qui dudum, in alia captione civitatis ejusdem, ecclesia
erat beatae Mariae Virginis, redditis ibidem Deo altissimo gratiarum actionibus,
celebrata fuit missa in honore ejusdem Virginis a legato ».
2. Nous savons seulement que l'archevêque institué à cette date avait reçu
une des tours de l'enceinte (R. Röhricht, Geschichte des Königreichs Jerusalem,
p. 740). :
LA FONDATION DE L'ÉGLISE DE DAMIETTE 41
de l'escalier qui permettait de monter au rempart, près de
la petite tour de l'archevêque, jusqu'à une rue qui se trou
vait entre la maison du patriarche et celle de l'ordre de
Saint-Lazare (ce qui nous indique en passant que saint Louis
avait fait profiter de ses libéralités, dans la ville conquise,
les établissements religieux de Terre Sainte1). Dans ce
terrain, les chanoines devaient posséder un ensemble de
maisons et de places constituant un quartier où ils jouiraient
d'une franchise complète2.
Conformément aux règles établies en Terre Sainte par le
« concile » de ^aplouse3, l'église de Damiette devait tirer des
dîmes le principal de ses ressources. Mais, à la différence des
usages occidentaux, la dîme n'était pas ici conçue comme
une redevance de caractère agraire, perçue par le clergé sur
les tenanciers des tenures rurales — ceux-ci, d'ailleurs,
pouvaient appartenir à des communautés de rite oriental,
voire à la religion musulmane, et il n'aurait pu être question
de leur faire supporter les frais du culte latin. Le roi et les
seigneurs, qui appartenaient au rite latin, devaient supporter
la levée des dîmes sur leurs propres revenus4. C'est ce que la
charte de saint Louis appelle la dîme des « apauts » (de
appactis). Ce mot, qui vient de ad pactum, désigne dans
l'Orient latin le bail à ferme. Et c'est la ferme qui était le
mode normal d'exploitation des revenus seigneuriaux5.
La charte de Damiette nous donne, de ces revenus seigneu-
1. Cf. la Continuation de Guillaume de Tyr dite du manuscrit de Roihelin [Rec.
Hist. Crois., Hist. Occ, II, p. 594) : « Bones rantes et riches leur assena li rois,
et à l'arcevesque et aus chanoinnes, et aus Templierz ausint et aus Hospitalierz
et aus frères de Notre Dame des Alemenz et aus frères Meneurs et aus frères de
Saint Jasquez et aus frerez de la Trinité et aus autres que nous ne povons mie
tôuz nommer. »
2. La destruction systématique de la ville par les Mameluks, au lendemain
de sa réoccupation, rend vaine toute tentative de localisation cf. Georges Sal
mon, article cité.
3. En 1120 : cf. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio,
t. XXI, p. 263, et J. Richard, Le royaume latin de Jérusalem, Paris, Presses uni
versitaires, 1953, p. 100.
4. En 1120, le roi Baudouin s'exprimait ainsi : « reddo et concedo sacro-
sanctae ecclesiae... reddituum meorum décimas sicut ratio dioecesis... exigit ».
5. Sur le fonctionnement de ce système et les modalités de la levée des dîmes,
cf. J. Richard, Documents chypriotes des Archives du Vatican (XIVe et
XVe siècles), Paris, Geuthner, 1962, p. 62-70 (Institut français d'archéologie de
Beyrouth. Bibliothèque archéologique et historique, t. LXXIII). 42 JEAN RICHARD
riaux dans la cité et le diocèse, une liste assez détaillée.
Certains s'apparentent aux banalités de l'Occident : les
moulins, les fours, auxquels s'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents